mercredi 19 octobre 2016

D'ENFANCE D'HIER ET D'AUJOURD'HUI



D'ENFANCE D'HIER

Ce sont mes cousines Lise et Raymonde qui m'ont fait parvenir cette photo de nous trois dont elles m'avaient parlé quand nous nous sommes vues début septembre dernier, au mariage d'une autre de nos cousines. En fait, je ne me rappelais pas du tout de cette photo de « nos petites robes de velours » et c'est lorsque Lise me l'a fait parvenir en fin de semaine que tout m'est revenu.  Quel beau cadeau elles m'ont fait, quels merveilleux souvenirs sont rattachés à cette photo où Lise et moi avions 7 ans et Raymonde, 5 ans. 

Ces quelques mois où j'habitais chez elles durant la semaine, de septembre à décembre, resteront à tout jamais gravés dans ma mémoire d'enfant. À ce moment-là, mon père travaillait à la mine Orchan à Matagami, il habitait dans une « bunkhouse » avec d'autres mineurs comme lui et il revenait à La Sarre les fins de semaine. C'était en attendant qu'il se qualifie pour avoir ce qu'on appelait à l'époque « une roulotte de la mine ». 

Maman avait vendu notre maison à La Sarre, elle était retournée habiter chez ses parents dans la grande maison du Rang VII  avec mes deux petits frères (2 ans 1/2 et 6 mois) et moi, comme j'allais à l'école durant la semaine, je restais en pension chez mon oncle Raymond et ma tante Yvonne. Pour ces quelques mois, et pour mon plus grand bonheur, j'avais deux soeurs avec lesquelles j'avais tant de plaisir, Lise et Raymonde. 

Mon oncle Raymond travaillait fort et quand il arrivait pour souper, malgré la fatigue, il jouait avec nous autres comme s'il avait eu notre âge. Il nous faisait tout le temps rire, mon oncle Raymond, il était tellement drôle et joueur de tours. Et puis, il était amoureux fou de ma tante Yvonne. Je le comprends, elle était tellement belle... 

Ma tante Yvonne était si féminine, si complice avec nous, si douce. Elle cuisinait tout ce qu'on aimait, elle coloriait avec nous autres, à la même table, en nous chantant des chansons, en nous racontant des histoires vraies, pas des histoires dans des livres là, des vraies histoires des Îles de la Madeleine qu'elle avait entendues là-bas ou ici. Elle était habile de ses mains, pour créer, décorer la maison, coudre, tricoter, crocheter et faire des merveilles avec rien. Elle savait nous faire plaisir, avoir une attention pour chacune de nous. Moi, encore aujourd'hui, quand je fais un gâteau blanc avec un glaçage blanc et des petits bonbons de couleurs dessus, je pense à ma tante Yvonne!  

Avec mes cousines, jamais de chicane. Ma tante Yvonne n'aurait pas enduré ça. Elle voulait qu'on s'aime. Et on s'aimait beaucoup. 

Elle nous a montré à jouer au catalogue! Vous souvenez-vous quand on recevait le catalogue de Noël de Sears? C'était la fête! Ma tante Yvonne nous assoyait toutes les trois ensemble et nous disait de tourner les pages tranquillement et de mettre le doigt tout de suite sur ce qu'on voulait que le Père Noël nous apporte! Des heures de plaisir... 

À l'approche de Noël cette année-là, on voyait bien lorsqu'on rentrait de l'école, Lise et moi, que ma tante se dépêchait de ranger ses tricots et se mettait tout de suite à brasser son souper. Raymonde venait nous rejoindre et ne semblait pas savoir elle non plus ce que sa mère tramait en notre absence. 

Et puis, à Noël, on l'a su... Sous le sapin, Lise, Raymonde et moi, on avait une boîte faite sur la longueur du même format exactement et joliment emballée. Ma tante Yvonne voulait qu'on les ouvre toutes les trois en même temps. Chaque fois que je reparle de ça avec mes cousines, elles rient aux larmes et moi, je pleure de bonheur.

Dans chaque boîte vide de papier ciré qu'elle avait récupérée, il y avait au fond un petit bébé tout nu et par-dessus il y avait toute une garde-robe qu'elle avait crochetée : des robes, des jupes, des chapeaux, des petits souliers avec une gance, des manteaux, des tuques, des foulards et même un petit sac à main coordonné. Pendant combien de semaines elle avait passé tous ses temps libres à nous crocheter pareils cadeaux? Je ne le saurai jamais mais chacune de nous avait son bébé avec les vêtements qu'il fallait pour l'habiller chic. Comme nous, quand elle nous habillait avec nos petites robes de velours! 

Aux vacances de Noël cette année-là, Papa est revenu de Matagami avec une bonne nouvelle : on avait enfin eu une roulotte de la mine! On est déménagés à Matagami, sur la rue Rupert, après le Jour de l'An. J'étais de retour avec ma famille maintenant réunie, dans une nouvelle ville minière qui se construisait, dans une nouvelle école temporaire en attendant que la vraie école soit construite et je ne connaissais personne. 

Papa avait dit un bon mot à la mine pour mon oncle Raymond et mon oncle Edwin qui ont été embauchés tous les deux et j'ai retrouvé mes cousins cousines à la fin de l'année scolaire, ils venaient d'emménager eux autres aussi dans une roulotte de la mine sur la même rue que moi. Ce n'est pas tant que ça un coup de chance, il n'y avait pas beaucoup de rues à l'époque, à Matagami!

Retour en 2016 : Dimanche dernier, j'avais à souper chez moi ma petite famille, dont mes deux petites-filles et même que Félixe avait son amie Mara avec elle. Comme j'avais reçu par erreur dans mon publi-sac deux catalogues de Noël, il m'est venu une idée. Je leur ai proposé de jouer au catalogue comme ma tante Yvonne nous le suggérait dans le temps que j'avais 7 ans, comme elles aujourd'hui. À ma grande surprise, ça marche encore tellement, ce jeu-là. Félixe et Mara ont eu tellement de plaisir, chacune avec son catalogue, à tourner les pages et choisir ce qu'elles allaient « commander ». La seule différence, c'est que dans le temps, on faisait attention au catalogue, jamais on n'aurait déchiré les pages ou encerclé au crayon un jouet. Aujourd'hui, les deux filles m'ont demandé d'avoir un gros surligneur pour encercler leurs jouets préférés! 

ET D'AUJOURD'HUI



Mamie, Félixe et Blanche, à la bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda, un dimanche de septembre dernier. 


Blanche, 2 ans, avec son papa Dominic, à la bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda. 


La première visite de Blanche à la bibliothèque a été un véritable succès!



J'en ai parlé souvent, depuis que Félixe a 3 ans, je vais la chercher à la garderie ou à l'école maintenant, une fois par semaine, pour notre sortie de filles à la bibliothèque et c'est toujours un bonheur, tant pour elle que pour moi. 

Depuis un petit bout de temps, Félixe me demande quand est-ce qu'on va amener sa petite soeur avec nous et moi, je lui réponds que lorsqu'elle aura 3 ans, on ira toutes les trois ensemble parce qu'il faut qu'elle soit capable de suivre une histoire quand on la lui raconte, qu'elle doit comprendre aussi qu'il ne faut pas faire de bruit pour suivre les consignes comme une grande. Félixe comprend tout cela mais elle me dit qu'elle a très hâte de partager nos sorties de filles avec sa petite soeur. 

Un dimanche de septembre dernier, on jouait dehors chez elles et j'avais invité Dominic et les petites à dîner pendant que ma fille donnait un spectacle à La Sarre, en avant-midi, pour jeune public, dans le cadre des Journées de la culture. 

Comme on s'apprêtait à aller dîner, Isabelle téléphone à Dominic et en apprenant qu'on va dîner ensemble, elle nous supplie de l'attendre, que ça lui prendra une petite heure pour s'en revenir de La Sarre et elle viendra nous rejoindre. Alors, on a cherché comment occuper cette petite heure, la pluie venait tout juste de commencer, ça ne nous tentait plus de jouer dehors. 

J'ai pensé à la bibliothèque! Dominic était d'accord. Les petites sautaient de joie. Blanche ne savait pas trop de quoi on parlait mais elle sautait de joie quand même, elle imite toujours sa grande sœur. On s'est dit que pour une première fois dans son cas, une visite rapide allait peut-être suffire, histoire de s'apprivoiser un peu à ces consignes de calme et de presque silence, à cet univers rempli de livres et de jouets.

Félixe faisait sa grande et voulait accompagner sa petite soeur au royaume des découvertes. Mais Blanche n'avait aucune envie d'avoir un guide, elle était dans un état d'émerveillement qui faisait plaisir à voir. Elle a pris quelques livres à sa hauteur et elle voulait tous les « lire ». Elle se promenait en essayant toutes les chaises, toutes les tables, en répétant sans cesse « Wowwwwww », tant et si bien qu'à la fin, elle oubliait de parler tout bas et il fallait la surveiller pour qu'elle n'amène pas tous les livres à sa hauteur sur la table qu'elle avait choisie. On a eu de la misère à la suivre un peu mais on a vu que lorsqu'elle aura 3 ans, elle sera très intéressée elle aussi par nos sorties de filles à la bibliothèque. 

En plus, elle a charmé tout le monde qu'il y avait là, les clients comme les dames qui sont aux prêts de livres au premier étage. Ces dames qui nous connaissent bien pour nous voir ensemble toutes les semaines ont bien deviné qu'il s'agissait de la petite soeur de Félixe mais elles s'en sont informées auprès d'elle, parce qu'elles voyaient bien la ressemblance et la complicité entre les deux petites soeurs.

Ah si vous aviez vu la fierté de Félixe de leur présenter Blanche et leur dire que l'année prochaine, elle sera abonnée elle aussi à la Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda parce qu'elle aime vraiment beaucoup les livres!

dimanche 2 octobre 2016

Suite du billet précédent

Quand je vous disais qu'on a été complètement happés par toutes sortes d'émotions à la suite de la présentation de l'avant-première de ce film de mon histoire, « Des Îles de la Madeleine à l'Île Nepawa »...

C'était le 4 septembre dernier, à l'Île Nepawa, et depuis ce temps, les événements s'enchaînent et se bousculent à un rythme effréné, au point où j'avais oublié qu'on avait été interviewés, plusieurs d'entre nous, dont ma mère, mon oncle Eddy, le frère de mon père, des amis et parents également ainsi que moi-même, par TVC9 qui en a fait un reportage qui vous en donne un aperçu.

Vous allez voir ce que ça donne quand Zoreilles est émue! Mais ma mère était encore plus émue que moi, ça se voit et ça s'entend!

https://vimeo.com/184433581

Également, dans la foulée du lancement du documentaire, au Centre d'archives régional des Îles, on va créer un fonds d'archives à mon nom avec tout ce que j'avais laissé au Musée de la mer, en juin 2012, dont la bio de ma grand-mère maternelle. 

Et parce que les technologies de l'époque où j'avais réalisé les entrevues qui ont mené à cette bio de ses récits et ses souvenirs, en 1993, j'ai décidé de tout reprendre depuis le début, sans changer la moindre virgule de ce que ma grand-mère racontait, mais en retouchant la mise en page, en ajoutant des photos d'époque et autres mises à jour devenues nécessaires, entre autres par le fait de les avoir conservés, ces vieux fichiers informatiques de 1993, sur une disquette 3.5.

Et j'ai terminé ce document ce matin!

Si ça vous intéresse de lire « Rencontres avec elle - Éva Poirier 1904-1993 » donnez-moi votre adresse courriel et je vous ferai parvenir ce fichier de 3.5 Mo qui contient 52 pages couleur avec une quinzaine de photos environ.