dimanche 10 juillet 2016

ÊTRE MAMAN, ÇA S'APPREND!


C'était le 4 juillet dernier. Félixe nous a fait un de ses nombreux spectacles de danse, de chant et d'acrobaties pendant que son papa Dominic et sa petite soeur Blanche, avec « son bébé » sont un public charmé et attentif. 


Le lendemain, 5 juillet, Blanche prend une pause dans les bras de sa maman, Isabelle, mais même si elle est très fatiguée, elle n'abandonne jamais « son bébé »!



Là, c'est le 7 juillet, notre anniversaire à toutes les deux. On dirait que « son bébé » est greffé à son bras gauche! 


Encore là, avec « son bébé » qui ne la quitte pas, on peut quasiment dire que je suis déjà une arrière grand-mère!


Hier après-midi, après sa sieste, Blanche avait sa collation préférée, des bleuets, et elle en offrait régulièrement à « son bébé ». 

ÊTRE MAMAN, ÇA S'APPREND!

Je vais vous confier un secret... Avant d'être maman, j'avais peur de ne jamais devenir une bonne maman. D'ailleurs, ma mère m'a souvent raconté que toute petite, je ne jouais pas avec des poupées. Je m'intéressais à plein de choses mais pas aux poupées, sauf une peut-être, à laquelle j'accordais parfois un peu d'attention, une poupée noire. Ce choix de vie de mettre des enfants au monde, d'en prendre soin, de les aimer, de les aider à grandir, d'en faire des êtres capables d'aimer et d'être aimé, me semblait une responsabilité bien trop grande pour que je fasse ce choix qui n'allait pas de soi tant que ça pour moi, même si j'étais très en amour et que j'ai toujours aimé les enfants. 

J'ai eu beau réfléchir longtemps à la maternité puisque cela ne s'est produit qu'après 9 ans d'attente et d'espérance. Tous les examens s'étant avérés non concluants à la clinique de planification des naissances, on voyait bien que la médecine n'arrivait pas à expliquer pourquoi nous étions incapables de concevoir. À chaque fois que j'allais à cette clinique, et Dieu sait qu'on y va souvent, surtout quand certains examens doivent être recommencés plusieurs fois, dans la salle d'attente, les autres femmes m'abordaient spontanément en croyant que j'étais là moi aussi pour une interruption de grossesse. 

Je les laissais penser ainsi. Je ne cherchais pas à rétablir les faits. Il me semblait que dans un moment pareil, elles n'avaient pas besoin d'entendre que de concevoir un enfant pouvait être si ardu, au cas où elles remettraient en question cette difficile décision qu'elles avaient prise contre leur gré et, la plupart du temps, avec un sentiment de culpabilité qu'elles supportaient toutes seules.

Comme je ne parlais pas de moi, je recevais beaucoup de confidences de celles qui vivaient un moment de grande fragilité dans leur vie. Vous savez qu'on se confie plus facilement à des étrangers qu'à nos proches... J'ai toujours eu beaucoup de respect, d'empathie et de compréhension pour celles qui faisaient un choix différent du mien. Au fond, nous étions si proches dans notre façon de voir la maternité comme quelque chose qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Avoir un enfant, si c'est ce qu'on veut vraiment, ça peut être la plus belle expérience de vie au monde. C'est mon cas. Mais avoir un enfant au mauvais moment, dans des conditions difficiles, pour les mauvaises raisons ou avec un piètre partenaire, ça peut avoir pour effet de rendre cet enfant malheureux ou carencé du point de vue affectif. Il n'y a pas de chance à prendre et c'est par amour pour les enfants que j'ai toujours été, que je suis encore et que je serai toujours pour le libre choix. 

Pendant ce temps-là, les années passaient, j'avançais dans la vingtaine et nous avions fait une demande d'adoption à l'international qui était en cours de cheminement lorsque le miracle s'est produit. J'étais enceinte! Tout au long de cette grossesse psychologique qu'est une demande d'adoption et l'attente qui s'en suit, je me disais que j'avais eu beaucoup d'intuition, enfant, quand j'avais eu un coup de coeur pour cette poupée noire parce que c'était peut-être mon destin d'accueillir un enfant venu d'ailleurs pour en faire le nôtre. Les autorités responsables de l'évaluation psychosociale des adoptants, à l'annonce de mon test de grossesse positif, ont fermé notre dossier d'adoption parce que la loi le voulait ainsi à l'époque  mais ils m'avaient assuré que si je ne menais pas ma grossesse à terme, ils allaient réactiver notre dossier d'adoption aussitôt, sans devoir passer à travers les procédures administratives qui prennent tant de temps.

Et puis, vous connaissez la suite, au bout d'une grossesse difficile et de plusieurs séjours à l'hôpital, j'ai accouché à terme d'une belle petite fille en santé à l'âge de 29 ans. C'est l'âge qu'a ma fille aujourd'hui...

À l'instant où elle est née, j'ai cessé de douter, ou plutôt je suis devenue plus forte que mes doutes, comme si j'étais venue au monde moi-même en même temps qu'elle. Je me suis fait confiance. La maternité est la plus belle aventure humaine qui me soit arrivée et j'en vis toujours de grands bonheurs qui sont multipliés par trois avec la présence de mes deux petites-filles. 

Je viens d'avoir 59 ans. Je fais des bilans et des constats. Comme maman et comme mamie, tout ce que je peux dire, c'est que j'ai fait de mon mieux avec tout ce que je suis et tout ce que je crois. Quand je vois ma fille et mes deux petites-filles interagir entre elles, avec moi, avec les autres et dans leur univers où elles s'épanouissent, j'aime croire qu'elles sont un miroir qui  reflète ce que j'avais en dedans de moi, qui ne paraissait pas, que j'ignorais aussi mais qui ne demandait qu'à vivre.