mardi 26 novembre 2013

Nos sorties de filles


« Mamie, on va tu jouer dans ma chambre? »


« Là c'est mon tour, je veux prendre une photo de toi! »


« Savais-tu que je sais lire maintenant? »


Dans notre nouvelle maison, la chambre de Félixe est au deuxième étage, ce que j'appelle la chambre mansardée, l'un de mes petits coins préférés. Dans les « ravalements », on peut y ranger pas mal de choses mais nous avons conservé le plus grand qu'on a repeint en blanc pour qu'il soit super bien éclairé et qu'elle y installe son petit coin bien à elle avec ses jouets, ses livres, etc. Quand sa chambre devient chambre d'amis pour un soir ou deux, on n'a qu'à fermer les portes et tout disparaît. 


Quand elle dit qu'elle sait lire, c'est qu'elle me raconte l'histoire tout haut en suivant de son doigt les mots qui s'alignent et les phrases qui se succèdent. Et je suis émerveillée de constater l'histoire qui se répète à l'infini, de revoir ainsi naître et grandir l'amour des livres, des histoires, de la lecture. Félixe ne sera jamais seule dans la vie et elle ne s'ennuiera pas!

Nos sorties de filles

Cette propension à aimer lire, je l'ai reçue en héritage de ma mère et de ma grand-mère maternelle. Il faut dire que les deux ont été des enseignantes au primaire, elles savaient transmettre cette curiosité insatiable, ce goût de l'apprentissage par la lecture et la communication par l'écriture. Je me souviens qu'avant même ma première année, (il n'y avait pas d'école maternelle encore quand j'avais 5 ans) je rêvais du jour où je saurais lire pour vrai, que je pourrais déchiffrer et comprendre tous les livres de toutes les bibliothèques du monde entier! 

Quand je suis devenue maman, j'ai revécu avec ma fille ce même émerveillement devant cet univers qui s'offrait à elle à travers les livres d'enfants et les maisons d'édition spécialisées qui se multipliaient de façon exponentielle dans ces années-là, pour mon plus grand bonheur et le sien. 

J'ai vu aussi Isabelle à l'âge de 3-4-5 ans dire qu'elle savait lire et me le démontrer en suivant de son doigt les histoires qu'elle savait par coeur et qu'elle me racontait à voix haute, à son tour. Je l'ai même vue faire des dessins magnifiques, très colorés, et « écrire » quelques lignes juste en bas pour raconter l'histoire qu'elle venait d'illustrer. Quelques années plus tard, à l'âge de 8 ans, elle publiait aux éditions D'ici et d'ailleurs, un recueil de textes et dessins intitulé « Rêveries d'enfant pour adultes », édition épuisée depuis longtemps bien sûr et qui n'a pas été réimprimée, son éditeur étant décédé et la maison d'édition fermée quelques années après cette publication dont il était très fier. Isabelle lit et écrit toujours : des chansons, des textes variés, des scénarios, du théâtre, etc. Son baccalauréat en enseignement du français au secondaire lui sert déjà à transmettre quelque chose de précieux à ses élèves, même si elle n'enseigne pas dans son domaine pour le moment. 

Aujourd'hui que je suis devenue mamie, j'ai la chance de revivre avec Félixe ces moments de lecture et de découvertes qu'on partage avec le même bonheur. Ce sont nos sorties de filles à la bibliothèque municipale et je ne saurais dire laquelle de nous deux en profite le plus. 

Une fois par semaine, en général je m'organise avec ses parents pour savoir ce qui leur conviendrait le mieux à eux, j'invite Félixe à venir avec moi à la bibliothèque le lendemain. Elle ne dit jamais non, j'ai toujours un oui très enthousiaste de sa part, c'est comme une fête. J'arrive à la garderie vers 3 heures, après la sieste et la collation et nous partons toutes les deux le coeur léger pour notre sortie de filles hebdomadaire!

La bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda est magnifique, particulièrement pour les enfants. Un étage complet avec tout ce qu'il faut, des vitrines immenses d'où l'on surplombe la ville et son agitation de fin d'après-midi, des fauteuils confortables, des petites tables, une agora avec des dizaines de coussins posés en marches d'escalier en rond, une section films avec des écrans dans une mini salle de cinéma, une joujouthèque bien garnie et surtout des étagères remplies de milliers de livres sur des milliers de sujets. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas encore pu explorer l'univers des films et des jouets, on a à peine effleuré le monde des livres et pourtant, nous y allons chaque semaine pendant quelques heures depuis au moins deux ans. 

Quand on arrive à la bibliothèque, les dames nous saluent, Félixe et moi, elles nous connaissent comme des clientes régulières et savent qu'on va filer tout droit en haut du grand escalier, passer à côté du « ruisseau qui chante », aller choisir plein nos bras ce qu'on va lire pour les prochaines heures avant d'enlever nos manteaux et nous plonger dans nos histoires passionnantes. Félixe choisit les siens et je choisis les miens mais on les lit ensemble. En fait, c'est moi qui lis et elle qui tourne les pages, bien souvent elle préfère s'asseoir sur moi. Je la laisse choisir l'ordre dans lequel on va les lire. Mais on les lit tous! Et parfois, s'il nous reste du temps, on retourne s'en choisir un ou deux petits derniers avant de partir. On les lit sur place, on ne les emprunte jamais, ce serait quelque chose à gérer par ses parents et on n'a pas pris cette habitude-là. 

Quand on quitte, la tête pleine d'histoires de toutes sortes, je lui demande dans la voiture laquelle était sa préférée aujourd'hui. Et je lui dis quelle était ma préférée à moi. En général, on a pas mal les mêmes goûts. Et on a de la misère à faire des choix! Parfois, on s'autorise à faire trois ou quatre choix... 

Nos sorties de filles me permettent de connaître Félixe sous un autre jour, d'après ses goûts, ses hésitations, ses réflexions, ses questions, ses conclusions, sa perception des choses. À la bibliothèque, je ne suis presque plus sa mamie et elle, presque plus ma petite-fille. Nous sommes pour quelques heures deux amies du même âge, passionnées de lecture, d'histoires et de contes. 

On ne transmet pas toujours ce qu'on voudrait mais on transmet assurément ce qu'on est...

Ici, j'ai le goût de vous citer quelques extraits choisis de Rêveries d'enfant pour adultes qui expliquent bien ce que ma fille trouvait dans la lecture et l'écriture lorsqu'elle était enfant : 

« Écrire, c'est une autre manière de DIRE »

« Écrire, c'est une manière de se dire toutes les histoires qu'on voudrait se rappeler pour toujours »

« Je m'appelle Isabelle. J'ai huit ans. Avant de savoir lire, j'inventais des histoires juste à regarder les images dans mes livres. Je parlais fort et je faisais croire à tout le monde que je savais lire. Ce n'était pas des mensonges, je croyais vraiment que c'était ça, savoir lire! »


mardi 12 novembre 2013

Des nouvelles de Pierre 19


Cette pancarte me fait toujours rire à chaque fois que je la croise. Parce qu'elle suit de très près l'autre d'avant qui annonce qu'on entre dans le 49e parallèle, dans la région Nord-du-Québec :
 « Bienvenue dans le vrai nord! ». Celle-ci se trouve peu avant le secteur qu'on appelle VVB pour Villebois, Val-Paradis, Beaucanton, un peu au nord de La Sarre, en Abitibi-Ouest. Pierre 19 habite toujours à Val-Paradis, son village natal qu'il a choisi de nouveau après avoir fait le tour du monde dans ses jeunes années. 

Des nouvelles de Pierre 19

Je vous ai déjà parlé de lui dans ma série de billets sur Joutel en novembre 2009. Pierre 19 est un personnage impossible à saisir, à décrire, à résumer, mais il existe vraiment, je vous le jure. Entre autre, il est celui qui a « fermé les lumières de la ville » de Joutel et il me l'a prouvé hors de tout doute. J'ai toujours dit qu'il était un sujet à film ou à roman, un personnage plus grand que nature. Pour une présentation plus complète et quelques anecdotes sur l'homme, on peut retourner lire ce billet dans lequel je parlais de lui et de notre première rencontre, inoubliable! : 

http://chez-zoreilles.blogspot.ca/2009/11/la-fin-de-joutel-racontee-par-pierre-19.html

On l'a revu dernièrement, ce drôle d'oiseau, ce génie, ce patenteux, ce lumineux, ce rêveur, cet ermite sociable qui ne sort plus très souvent de son Val-Paradis tant aimé, dans le vrai nord! C'était la soirée d'ouverture au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue et nous avions prévu une vraie fête, un après-midi et souper de retrouvailles chez les amis Gilles et Martine, dans la serre, tous réunis autour de l'immense table réfectoire, des gens de Loin-Noranda bien sûr, de la Montérégie, de La Sarre et de Val-Paradis. Madame Leblanc et son fils Gilles nous avaient cuisiné une gigantesque tourtière du Lac-St-Jean, accompagnée de salades, marinades maison et plein de bonnes choses à boire et à manger. 

Comme plusieurs d'entre nous avaient participé au tournage de Chasse au Godard d'Abbittibbi présenté en soirée d'ouverture, nous devions être rendus au Théâtre du Cuivre au plus tard à 19 heures 45 pour gagner nos places et assister à la projection tant attendue. Pierre 19 ne voulait pas manquer ça pour tout l'or du monde. Il a vraiment fait des efforts pour venir assister à cette soirée et le meilleur moment pour lui était l'avant soirée d'ouverture où il prenait part à la fête et aux retrouvailles avec un plaisir évident. Et partagé. 

Il était si content de nous revoir. Et c'était réciproque! Quand nous sommes arrivés au cours de l'après-midi, Pierre 19 avait le coeur à la fête comme si lui-même portait le film sur ses épaules. Il nous a fait rire comme jamais, il était déchaîné, je l'avais jamais vu fou de même. Il buvait quelque chose, je ne sais pas trop ce que c'était mais il voulait absolument que j'y goûte, juste mouiller tes lèvres qu'il disait, ça goûte les herbages, c'est un remède, une boisson qui fait rire. C'est vrai que c'était bon, son truc, mais c'était fort en Simonac, je n'ai pas voulu qu'il m'en serve un verre, même un tout petit, je ne voulais pas manquer le film! 

Entre deux fous rires et trois gestes d'éclat de sa part, je lui ai demandé sur quoi il planchait ces temps-ci comme projets révolutionnaires ou inventions flyées. Voici ce qu'il m'a répondu : 

« Tu sais, sur ma terre, de l'autre côté de la salle de bain Renaissance au milieu de nulle part et plus loin que la cabane aux étoiles et le B-52? Ça fait 10 ans au moins que je passe le rotoculteur de manière à tracer des lettres immenses qui pourraient être vues du ciel. Bon là, la préparation du terrain est faite et mes arbres sont prêts. Avec les enfants de l'école à Val-Paradis, au printemps prochain, je veux qu'ils viennent tous planter des arbres dans les lettres géantes P A X. Ça veut dire paix en langage universel. Imagine-toi ça, le mot PAX vu d'en haut, comme un message lancé dans l'univers. Les enfants qui vont participer à cette création seront sensibilisés pour la vie, à l'environnement, à la paix, et c'est à Val-Paradis que ça va se passer!  J'ai toujours voulu laisser une trace de mon passage mais pas pour moi, pour les autres, pour laisser quelque chose... »

Il était très sérieux en disant cela, même un peu ému. Tout son non verbal parlait aussi fort que lui-même en racontant ce projet qui lui tient à coeur depuis des années. 

Le souper était servi, deux tourtières géantes trônaient à chaque bout de la table. On a repris nos folies de plus belle en se passant les plats et les pots de marinades, en remplissant nos verres de vin, en portant des toasts pour tout et pour rien, à l'amitié, aux nouvelles stars du cinéma qu'on allait découvrir bientôt, à notre belle visite du nord et du sud, au plaisir de se retrouver tous ensemble. 

Au moment de débarrasser la table pour s'en aller en vitesse au Théâtre du Cuivre, tout s'est fait en 5 minutes avec la participation de tous et de toutes. 

Pierre 19 est embarqué avec l'un de nous, on s'est tous retrouvés devant l'entrée du TDC. Pierre était comme un enfant heureux et terriblement excité mais il n'entrait pas. Certains lui disaient déjà au revoir et l'embrassaient. Je lui ai demandé pourquoi il ne venait pas avec nous, était-ce qu'il n'avait pas pu trouver de billet? 

Non, m'a-t-il répondu, j'ai essayé vraiment très fort mais je vois bien que je ne serai pas capable d'entrer... Je voulais manquer le moins possible tous ces beaux moments avec vous autres. Je suis agoraphobe. Même en étant pas mal pompette, ça s'arrange pas mon affaire. J'aime mieux ne pas entrer, j'étouffe rien que d'y penser, je ne me sens pas bien dans un endroit fermé avec trop de monde, je suis habitué aux grands espaces. 

Alors, qu'est-ce que tu vas faire pendant toute la soirée, que je lui ai demandé? 

« Je vous sais heureux, j'ai fêté avec vous autres, j'ai vu plein de beau monde, c'est surtout ça que je voulais. Je vais marcher jusqu'au Cabaret de la dernière chance, fumer mon petit pétard en m'en allant et prendre une bière tranquille jusqu'à temps que vous veniez me rejoindre. Je vais coucher chez Gilles et Martine et m'en retourner à Val-Paradis demain. ». Sur ce, comme nous n'allions pas poursuivre la soirée au Cabaret, il m'a serré très fort dans ses grands bras, a fait un gros câlin à Crocodile Dundee également et on s'est dit à la prochaine. 

Longue vie, Pierre 19, et PAX dans ton coeur, oui PAIX sur Terre aux hommes de bonne volonté...


mardi 5 novembre 2013

Mémoires d'enfant


Août 1960, c'est écrit en arrière de la photo. Dans les bras de mon père, j'avais à peine trois ans. Il me semble que j'ai passé toute mon enfance ainsi, dans les bras de mon père! Pourtant, il devait bien me laisser marcher de temps en temps... Maman, belle et fière, sourit à peine, on dirait La Joconde... Sa cousine Julienne, qu'on a toujours appelée « ma tante Julienne » semble songeuse et regarde au loin... 


Noël 1962. Je me souviens de cette fois-là, dans le salon chez nos grands-parents Poirier à la maison du rang VII. Papa était particulièrement beau et heureux. Notre famille s'était agrandie au mois de mai avec la venue au monde de mon petit frère Yves. 

Mémoires d'enfant 

Est-ce la même chose pour tout le monde ou bien si je suis une extra terrestre? J'ai des souvenirs d'enfance très précis qui remontent à mon très jeune âge au point où cela semble presque impossible que j'aie capté à cette époque tant d'images, d'expressions, de visages, de sons, d'odeurs, d'impressions qui se sont incrustées de manière aussi forte dans mes mémoires d'enfant. 

Par exemple, sur la première photo, je me souviens exactement de ce qui trottait dans ma petite tête blonde ce dimanche du mois d'août. Les histoires s'enchaînent et les photos en noir et blanc se succèdent dans mes souvenirs. Tout me revient comme si c'était hier. Papa travaillait comme serveur dans un hôtel les soirs de fin de semaine, en surplus de son travail du lundi au samedi inclusivement. Il faisait beaucoup de pourboires, il aimait les gens, il était drôle, il avait beaucoup d'entregent. Il rentrait tard la nuit, je n'en avais pas connaissance mais il se levait tôt quand même le lendemain pour laisser dormir ma mère et pour profiter de sa seule journée de congé. 

Le dimanche matin, il m'amenait à la messe de 10 heures à l'église Saint-André de La Sarre. Il lui arrivait de tomber endormi durant le sermon et j'avais la mission de le réveiller si ça se produisait... et ça se produisait régulièrement! Au retour, on arrêtait à l'épicerie Noël et je pouvais choisir les biscuits que je voulais. Des biscuits « à la livre ». Des biscuits Viau dans de grosses caisses de carton. Mes préférés étaient les sandales de romains (tellement sucrés que ça lève le coeur!...) mais Papa en choisissait d'autres plus à son goût et à celui de Maman, des biscuits aux figues. J'aimais les dimanches parce que ces jours-là, Papa et Maman étaient en congé. Pendant la semaine, je me faisais garder et je n'étais pas bien chez ma gardienne, notre voisine. Je sentais très bien qu'elle me gardait pour l'argent et qu'elle n'aimait pas les enfants, c'est tout juste si elle aimait les siens. 

J'étais une enfant docile. Je n'aimais pas me faire garder chez la voisine mais je ne m'en plaignais pas. Pourtant, un matin, alors que j'avais 4 ans, j'ai clairement opposé un ultimatum à ma mère. Dans ma tête d'enfant, j'avais décidé que c'était assez, que ça ne pouvait plus durer, que je n'irais plus là. Ma mère me mettait une manche de manteau, je l'enlevais. Elle m'expliquait qu'elle devait aller gagner des sous pour acheter des belles choses, je lui répondais que j'en voulais pas, des belles choses. Elle me remettait une manche de manteau, je l'enlevais en la regardant droit dans les yeux, sans dire un mot. Je voulais rester toute seule à la maison au pire, là-dessus j'étais négociable mais je n'allais pas retourner chez la voisine, c'était sans appel. Je l'avais dit à ma mère beaucoup plus tard que la voisine m'avait chicanée fort la veille et j'avais juré en mon âme et conscience que c'était fini. Cette détermination que j'avais à 4 ans, je la reconnais, j'ai quitté deux emplois de la même manière au fil de ma carrière. Je peux être compréhensive et patiente mais quand ça ne  passe plus, ça ne passe tellement plus!

Enfant unique pendant 5 ans, je demandais parfois à mes parents quand est-ce que j'allais avoir un petit frère. J'aurais pu demander une petite soeur mais non, ce que ce que je voulais, c'était un petit frère. J'ai eu de la chance, j'en ai eu deux, à deux ans d'intervalle. 

Le jour où mon petit frère Yves est né, je m'en souviendrai toute ma vie. Il faisait un soleil aveuglant qui réchauffait la peau de mon visage et de mes bras en cette fin mai. C'est la cousine à ma mère, Suzanne, qui était venue à la maison. Elle aimait beaucoup les enfants, Suzanne. Je me sentais bien avec elle et puis elle savait toutes les chansons. Elle faisait du repassage et elle me laissait plier les débarbouillettes et les linges à vaisselle. Elle m'encourageait à faire des belles piles, elle me disait que je travaillais bien et elle me montrait comment plier les linges à vaisselle en trois d'abord puis en quatre ensuite, pour en faire des belles piles toutes égales. C'est plus fort que moi, je les plie encore de même et je me sens heureuse à faire des belles piles toute égales! 

Comme on achevait notre belle ouvrage, Suzanne et moi, Papa est arrivé de l'hôpital, il a dit quelques mots à Suzanne et il m'a amenée dehors au soleil, on s'est assis dans l'escalier de la galerie d'en avant.  Il était beau, Papa, en bel habit à chemise blanche avec une cravate et son paletot chic, son sourire radieux, comme sur la photo de Noël de cette année-là. Il m'a appris la grande nouvelle, que j'avais un petit frère, qu'il était tellement beau... et que j'allais le voir bientôt. 

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Aujourd'hui je réalise que j'étais une enfant très sensible qui ne s'exprimait pas beaucoup. « Ce qui ne s'exprime pas s'imprime »...  Avec les souvenirs viennent aussi systématiquement différentes lumières qui enrobent chacun de ces moments-là. Je demeure toujours très touchée par la luminosité des choses, d'une photo, d'un moment, d'un événement, d'un film. 

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Et parmi les films que j'ai beaucoup aimés cette année au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, il y a « Les vies de mon père : Yvan Ducharme » de la réalisatrice Nathalie Ducharme, sa fille. J'ai eu les yeux dans l'eau dès les premières secondes et des grands bouts jusqu'à la fin. Non pas que c'est un film triste, bien au contraire, son témoignage est touchant, trop vrai et si lumineux. Il s'agit d'une histoire d'amour et d'admiration dans une relation père-fille. Nathalie Ducharme était très touchée de la réaction du public à son film, présenté dans la ville natale de son père, en première mondiale. Elle nous a appris que son documentaire sera présenté le 29 décembre prochain au canal D.