lundi 27 février 2012

Journée de tournage







Photo 1 : Si les journées de tournage commencent tôt, c'est qu'on passe énormément de temps au CCM!



Photo 2 : Mes « collègues » pour cette journée-là, on nous appelle « les femmes Moose ». Nous voici presque toutes prêtes à partir du CCM pour aller au lieu de tournage de nos scènes individuelles et collectives.


Photo 3 : La cantinière du plateau avait eu de l'aide pour le souper, à la fin de cette journée de tournage. Voici une grosse partie de l'équipe « cast and crew » de Chasse au Godard d'Abbittibbi, jour 6.



Journée de tournage



Pour en savoir plus sur ce long métrage actuellement en tournage dans notre région, « Chasse au Godard d'Abbittibbi », du réalisateur Éric Morin, je vous suggère de lire cet article :



http://www.amecq.ca/arts_et_culture/2012/2/3/tournage_du_1er_long_metrage_d_eric_morin_malgre_le_frette_il_y_a_godard/

Vendredi dernier, j'étais attendue, comme beaucoup d'autres femmes, pour un petit rôle à jouer dans cette production, une participation bien humble en ce qui me concerne mais qui allait me permettre de vivre une expérience formidable de cinéma, de faire des rencontres passionnantes, de partager des moments intenses et de jouer à l'actrice improvisatrice en étant le plus authentique, intègre et sincère possible. Je n'allais pas passer à côté de cette chance.



Il s'agit d'un film d'époque : 1968. Jean-Luc Godard était venu dans notre région. Ça, c'est la vérité. Le réalisateur et scénariste Éric Morin s'est servi de ce fait historique comme point de départ.



Déjà, au début de la semaine, l'assistante à la production m'avait demandé de lui envoyer par courriel quelques photos récentes de moi, à la demande de l'équipe dédiée du CCM (Costumes/Coiffure/Maquillage) qui s'inquiétait de ma coupe de cheveux, très 2012, du genre qu'on ne voyait jamais jamais à l'époque. Ah oui? Ah bon! On m'avait pris rendez-vous avec Kim le jeudi après-midi... Je n'ai pas voulu faire ma diva, j'ai accepté de bonne grâce de faire couper mes cheveux pour qu'ils conviennent à la coiffure qu'on voulait me faire le lendemain, version d'époque.



Vendredi matin, à l'aube, je déjeunais avec Crocodile Dundee. Je n'avais pas le droit de me coiffer ni de me maquiller pour arriver là-bas toute neutre et qu'on puisse me transformer. Il m'a suggéré de prendre des photos de ma transformation, il voulait voir ça absolument, sa blonde en 1968! Sur le bord de la porte, avec sa boîte à lunch, on s'est souhaité bonne journée et j'ai voulu le prévenir que même si je prenais des photos, il ne fallait pas qu'il s'attende à rien, on n'allait pas faire de moi une belle madame, j'allais être « laitte » et ça me faisait rien pantoute, j'allais m'amuser. Ce à quoi il a répondu quelque chose comme « y ont beau être des professionnels, y réussiront pas à te rendre laitte». J'ai trouvé ça gentil de sa part... ;o)



Vendredi matin, nous arrivions toutes l'une après l'autre au CCM, à 15 minutes d'intervalle, on m'avait convoquée dans les toutes premières, à la même heure qu'Émilienne. Notre complicité a été instantanée. On se demandait tout au long de la journée comment il se faisait qu'on ne s'était pas connues avant, tellement on avait d'atomes crochus, de plaisir à être ensemble et d'idéaux communs.



Quand je lui ai ouvert la porte, à notre arrivée, nous étions chargées comme des mulets toutes les deux, on a fait des farces avec ça, je l'ai trouvée tellement belle, Émilienne, on a déposé nos choses où l'on nous a indiqué et on nous a séparées tout de suite pour nous prendre en charge et s'occuper de nous, d'abord nous affubler d'un costume 1968 (robe, chaussures, châle, bijoux, foulard, bas culotte... beurk... des bas culottes!...) ensuite, coiffure, pas une seconde à perdre, Kim savait depuis la veille où elle s'en allait avec ma tête et Maïna au maquillage avait le mandat de compléter l'ensemble, avec ses deux tables pleines de fards, mascara, vernis à ongles, rouges à lèvres, fonds de teint, en tout cas, le comptoir de cosmétiques des grandes surfaces arrive au 2e rang à côté du plan de travail de Maïna, chef maquilleuse sur ce plateau.



Je me suis vue dans le miroir. Un choc. J'ai beau ne pas avoir d'ego... Heille, j'aurais fait dur, moi, en 1968!!! Quand j'ai vu arriver Émilienne, transformée elle aussi... Je l'ai trouvée toujours belle pourtant, mais d'une manière différente qu'à notre arrivée. Sont venues à tour de rôle toutes ces femmes et quelques autres, certaines que je connaissais déjà, avec lesquelles ce furent des retrouvailles enjouées et chaleureuses, d'autres que j'apprenais à connaître en me demandant comment il se faisait qu'on s'était si souvent croisées dans nos vies professionnelles, nos implications sociales et culturelles, mais qu'on se rencontrait pour la première fois... Depuis je me demande qui a bien pu orchestrer tout ça. Il y a eu une synergie incroyable entre nous toutes.



Vers l'heure du dîner, on partait en groupe du CCM pour aller au lieu de tournage. Mais nous restions à l'écart des autres tant que notre scène n'était pas tournée. L'une après l'autre, on jouait nos scènes individuelles. Enfin, pas si individuelles que ça, parce que chacune de nous donnait une « entrevue » filmée et répondait aux questions de Marie, le rôle principal joué par la belle Sophie Desmarais, une comédienne de talent qui s'est illustrée ces dernières années dans plusieurs productions cinématographiques et télévisuelles.



Nous autres, on n'avait pas de rôle écrit. On avait les consignes d'Éric mais on n'avait pas le droit au scénario, on ne savait rien des questions qu'elle allait poser pour que justement on puisse répondre ce qui allait émerger, sans être appris par coeur, ce qui venait de notre « fond », comme femme, comme citoyenne, comme dans un vox pop... mais en 1968. Il y a une partie de cinéma vérité dans ce long métrage, c'est voulu, c'est ce qu'il faut comprendre. Après notre scène individuelle jouée, nous avions le droit d'assister aux scènes des copines, les autres femmes Moose. En fin d'après-midi, retouches coiffure et maquillage pendant le changement de décor, avant de jouer les scènes collectives, et nous étions devenues au cours de la journée les femmes membres d'une même association ou regroupement d'aide, les seuls groupes de femmes de l'époque, on a suivi les consignes du réalisateur et j'ignore encore ce qu'ils vont garder et ce qu'ils vont couper au montage. Le réalisateur sait exactement où il va. C'est beau de le voir travailler. Je lui fais entièrement confiance!



D'ailleurs, puisqu'on parle de confiance, ça faisait rire les copines, à chaque fois qu'on me demandait la permission de retoucher mon costume, mes cheveux, mon maquillage, moi je répondais « je suis une motte de plasticine entre vos mains expertes! » et je prenais plaisir, comme toutes les autres, à discuter de comment on avait vécu cette année-là, quel âge on avait, où l'on vivait, ce que faisaient nos parents, nos grands-parents, nos enseignantes, les femmes de ce temps, quelle avait été l'évolution de la société et des femmes depuis ce temps, le contexte historique et social de l'Abitibi au temps où l'on ouvrait des villages au lieu d'en fermer, etc.



Au cours de la journée, entre les scènes ou dans les pauses, on a vécu des choses à la fois drôles, touchantes et intenses. Parmi ces femmes que j'aime et que je voyais débarquer au CCM à 15 minutes d'intervalle, il y a eu des retrouvailles avec Rachel, comédienne et metteure en scène, enracinée dans notre région pour le meilleur et pour le pire, une collègue que j'admirais quand nous étions voisines de bureau, deux profs d'université que j'ai tant aimées, dont l'une qui m'enseignait la psychologie et pédagogie de la créativité, qui m'a forcée à me dépasser dans la vie et dans mes projets de jeune femme, et tellement d'autres de ces femmes qui se sont battues pour qu'on ait des chances égales, qui sont des pionnières dans leur domaine, dans une région comme la nôtre.



La photo 3, c'est un autre beau moment. Notre journée de tournage terminée, toute l'équipe avait rendez-vous pour souper, après avoir passé par le CCM, où l'on a pris trois photos de chacune de nous, l'une de la tête au pied pour le costume, l'une de face montrant le haut du corps pour la coiffure, et la dernière, de très près et sous un éclairage puissant, pour le maquillage. Ça c'est pour être raccord la prochaine fois. Après, on pouvait enlever chaque pièce de vêtement et chaque accessoire, entreposé et bien identifié à notre nom, au CCM. Donc à partir de ce moment-là, exit les bas culottes couleur chair, les ti souliers de memére, les robes en fortrel et les boucles d'oreilles à clip, là on voulait les oublier, on retrouvait nos habillements de 2012! Méchant coup de jeune au souper!!! On se trouvait donc cutes!



En fin de semaine, j'ai eu un coup de fil de Joëlle, l'assistante à la production. On voulait savoir si le jeudi 15 mars me convenait parce que, imaginez-vous que je pourrai vivre une autre journée de tournage, d'autres scènes sont encore à tourner ou à retoucher. De là toute l'importance d'être raccord la prochaine fois. C'est tu parce qu'on a été pourries ou bien qu'on a été trop bonnes? Moi, je veux même pas le savoir, j'ai dit oui de manière très enthousiaste avant qu'ils changent d'idée. Je me débrouillerai bien pour être là, « comme une motte de plasticine entre leurs mains expertes » et vivre ça avec les femmes Moose auxquelles je me suis attachée... et j'ai senti que c'était réciproque.

mardi 21 février 2012

C't'écrit dans'gâzette







Photo 1 : Novembre 2011. Isabelle célébrait chez nous ses 25 ans comme elle l'avait souhaité, avec des gens qu'elle aime, un souper « de chalet » concocté par sa Môman Zoreilles!




Photo 2 : Que souhaitait-elle plus que tout au moment de souffler les bougies de son gâteau au rhum?




Photo 3 : Reconnaissez-vous autour de la table quelques personnages du Stage de Kassandra?




C't'écrit dans'gâzette




Je peux quasiment pas passer à côté, c't'écrit dans'gâzette :






On pourrait penser que je suis une maman fière parce qu'elle a remporté la finale régionale du concours L'Univers-Cité en spectacle la semaine dernière et qu'elle représentera ainsi l'UQAT à la grande finale qui réunira à Rouyn-Noranda le 7 avril prochain les gagnants et gagnantes de toutes les universités du Québec et même celle de St-Boniface au Manitoba.




Mais c'est pas pour ça que je suis le plus fière.




Ce soir-là, elle regrettait un peu de s'être inscrite à ce concours. Elle ne voyait pas comment elle pourrait se libérer toute une soirée et aller faire ses chansons sur scène alors qu'elle nageait en plein stage 4 dans son bac en enseignement du français, avec ses cours à donner, sa préparation de classe, ses analyses réflexives, ses travaux, ses corrections, ses amours, sa petite Félixe et ses nombreuses implications sociales et artistiques qui lui prennent le meilleur de ses énergies.




Heureusement qu'il y a tout plein d'amour dans sa vie. Et le support indéfectible de Dominic.




Puis l'élan lui est venu comme un éclair de génie. Elle n'avait pas eu le temps de pratiquer ni ses chansons ni sa guitare mais elle les avait écrites et mises en musique avec tout ce qu'elle est, ces chansons-là. Elle a ramassé sa pile de correction, sa guitare, s'est maquillée une petite face pas trop cernée, a mis ses belles bottes rouges, un foulard porte-bonheur et elle est partie à l'université après avoir souhaité bonne nuit à sa petite Félixou que Dominic s'apprêtait à aller border après lui avoir lu une histoire.




Heureusement pour elle, au tirage au sort, sa prestation sur scène allait être la dernière de la soirée. Tant mieux qu'elle se disait, elle allait pouvoir s'avancer dans ses corrections. Elle n'a pas eu le temps d'avoir le trac. Ou si peu. Sa fébrilité montait à mesure que sa pile de correction descendait. Puis on a annoncé l'auteure compositrice interprète...




Elle a livré tout ce qu'elle avait dans le coeur. Paroles et musique. Trois chansons. Présence aussi. Elle habite la scène. Je la connais bien, elle ne fait jamais rien à moitié, elle. Pendant que le jury délibérait, elle a terminé ses dernières corrections. Tellement fière d'elle. Avec la hâte de rentrer chez elle, faire un bisou à sa petite qui dormait sûrement et se blottir bien au chaud dans les bras de son beau Dominic.




On a annoncé d'abord le Prix du public : Isabelle Rivest. Et le Prix du jury : Isabelle Rivest.




Mais c'est pas juste pour ça que je suis une maman fière...




Dans l'article du journal, on cite ses propos. Cette ouverture au monde, cette créativité, ce goût du partage, de la rencontre des autres, son amour des forêts, des rivières, du ciel et de la terre, de son pays auquel elle donne enfin une parole, sa musique, son âme... Là, elle m'impressionne et je l'admire. C'est déjà une artiste accomplie.




Mais c'est pas juste pour ça que je l'aime...




Depuis 6 ans, elle a entrepris des études universitaires qu'elle a menées de front avec tellement d'autres travaux, participations, projets, réalisations, les principales et les plus importantes étant des zamours zamoureuses et bienheureuses, son mariage qui venait sceller cette promesse d'avenir partagé avec bonheur sans cesse renouvelé, une enfant désirée, portée dans l'amour et l'espoir, mise au monde, allaitée entre deux cours, aimée à temps plein, éduquée à deux, accompagnée en famille et entre amis.




Elle l'aura relevé le 27 avril prochain, ce défi qu'elle avait entrepris avec courage, acharnement et détermination, ce rêve d'enfant auquel elle s'est consacrée et qu'elle aura réalisé sans jamais perdre de vue l'essentiel.




Et ça, ça là, ça rend une maman très très très fière. Peu importe ce qu'on lui reconnaîtra le 7 avril prochain, le 27 du même mois, Isabelle aura obtenu avec très haute distinction son bac en enseignement du français à l'UQAT.




En passant...




Il se tourne un film présentement à Rouyn-Noranda. Du réalisateur Éric Morin, Chasse au godard d'Abbittibbi dont le scénario a été écrit par le réalisateur lui-même, sur les rives du lac Dufault à ce qu'on dit, comportant deux rôles principaux, tenus par Alexandre Castonguay, un gars que j'adore, un enraciné profondément, authentique et passionné, talentueux et généreux, si vous voulez lui voir la binette, il est sur la photo 3 celui à l'extrême droite. Si vous habitez la région, vous l'avez sûrement vu au théâtre mais autrement, vous pourriez l'avoir vu dans La Rage de l'ange, un film de Dan Bigras.




L'autre rôle principal sera incarné par la comédienne de talent, Sophie Desmarais, que vous pouvez voir présentement dans la série télévisée Yamaska mais que vous pourriez déjà avoir remarquée dans les récents films qu'elle a tournés, dont Décharge, où sa performance m'avait littéralement épatée, moi, personnellement.




Dans ce film actuellement en tournage, Isabelle tiendra un rôle, Dominic aussi, mais pas comme comédien, lui, autre chose... Même moi, j'ai une petite journée de tournage, en compagnie de Sophie Desmarais, ce sera vendredi de cette semaine. Il faut croire que mon « air de beu » dans la websérie Le Stage de Kassandra avait de quoi plaire au réalisateur. J'ai même pas passé d'audition. Mais je saute à pieds joints sur l'expérience par exemple. Je vous en reparlerai sûrement. Je pourrai pas faire autrement.







mardi 14 février 2012

La fête des coeurs

J'ai déjà publié cette photo que j'avais prise à l'automne 2006 et qui avait servi à illustrer un billet où je pétais une coche à propos de cette fête commerciale qu'est la Saint-Valentin. Vous croyez que je radote? Non, je recycle!



La fête des coeurs



Rassurez-vous, je ne pèterai pas de coche aujourd'hui, je sais que ça ne servirait à rien. Cette fête va demeurer commerciale, les marchands auraient trop à perdre à nous la faire oublier, et il y aura aujourd'hui des coeurs esseulés qui seront encore plus tristes de n'avoir pas de grand amour dans leur vie et c'est ce qui m'attriste.



Non, moi, je veux vous proposer autre chose qui donnerait un sens illimité et inclusif à cette fête des coeurs. Pourquoi faudrait-il la considérer absolument comme la fête de l'amour genre « la love » comme dans les vues? Même les magasins y trouveraient leur compte avec ma proposition.



Faisons la révolution de la Saint-Valentin!




On pourrait semer de l'amour et de l'amitié, sous forme de tendresse et de chaleur, avec un peu de délicatesse, des petites douceurs, des instants de bonheur offerts simplement à ceux et celles qui ne s'y attendent pas du tout.



Des coeurs. En dentelle, en ballons, en bonbons, en chocolat. Pas très original mais ça fait toujours son effet à cause du message que ça véhicule.



Des fleurs. Un petit bouquet de rien du tout acheté à l'épicerie si vous voulez, même des fleurs dessinées. Pourquoi pas?



Des mots. Dans une carte, un petit papier plié en origami, un courriel, une vraie lettre parfumée délicatement qui arrivera par la poste dans quelques jours (mais d'où sort ce vieux restant de romantisme collé au fond?...)



Du temps. Pour un coup de fil, prendre des nouvelles, un café, faire une invitation à la dernière minute pour une sortie impromptue, un rendez-vous doux qu'on remettait depuis trop longtemps, préparer le dessert préféré d'une personne et lui apporter tout chaud.



Et à qui Cupidon décocherait ses flèches?



À des personnes âgées qui s'ennuient trop souvent et qui aimeraient sûrement vous raconter leurs histoires d'amours passées et/ou présentes...



À la voisine qui vient de perdre son conjoint et pour qui la vie n'a plus le même sens...



À l'infirmière débordée de travail qui n'a plus de temps pour elle-même ni pour une vie sociale...



À votre vieux chum qui s'adonne à être en peine d'amour (Lui proposer une bière dans un bistrot sympathique au lieu d'un coeur en chocolat)...



À un prof qui passera la soirée de la Saint-Valentin à corriger 80 copies, bourrées de fautes, et qui finira par mettre en doute des règles de grammaire apprises au primaire...



À la réceptionniste qui vous accueille toujours avec un sourire radieux et qui fait la différence dans votre journée...



À l'éducatrice en garderie qui donne à nos enfants ce qu'elle a de meilleur et de plus aimant...



Au cousin qui vit un moment difficile...



À l'amie d'enfance à laquelle on pense...



Aux enfants qui vous rendent heureux et fiers, particulièrement s'ils ne sont ni heureux ni fiers, ils en ont d'autant plus besoin...



À ceux qui n'ont plus la force de sourire, parce qu'ils ont tant besoin du vôtre qui leur servira de miroir...



Dans ma révolution de la Saint-Valentin cette année, j'ai offert mon coeur-pas-du-tout-en-chocolat à tous les Madelinots et Madeliniennes. Pour leur sens de l'entraide légendaire, de la famille, de l'amitié, de l'humour, de la débrouillardise et leur joie de vivre communicative dans cette épreuve qu'ils vivent présentement.



Et puisque le coeur multiplie et ne divise pas, j'ai commencé ma révolution depuis vendredi dernier! Vous savez quoi? C'est moi qui ai le plus reçu jusqu'à maintenant. Rien qui vient du magasin par exemple. Gnan gnan gnan gnan gnan!


jeudi 2 février 2012

Humour madelinot






Photo 1 : Je l'ai piquée sur un site vraiment extraordinaire. Il s'agit d'une photo d'un mariage célébré à l'Île Nepawa, en Abitibi-Ouest, dans les années ????



Photo 2 : Elle raconte tellement d'histoires, celle-là. Je l'ai trouvée par hasard dans un livre, « Les Iles de la Madeleine, Une histoire d'appartenance » lors de mon dernier séjour aux Iles, fin juin 2008. Imaginez... Je pouvais revoir mes grands-parents maternels, Aubin et Éva Poirier, avec le vieux Emmanuel (Poirier), mon arrière grand-père, quelques-uns de mes oncles et l'une de mes tantes, alors qu'ils étaient enfants, à quelques jours de leur départ des Iles pour venir s'établir en Abitibi.



Photo 3 : Quelques maisons sur le rivage, à partir du bateau qui nous amenait sur la lagune de Havre-aux-Maisons, cet endroit que mon père appelait « la baie d'en dedans ». De quelle couleur sont-elles, ces maisons? Difficile à dire mais on peut supposer qu'il n'en reste plus une seule de la couleur très spécifique qu'on appelle là-bas « vert Fatima »!



Humour madelinot



Mes deux parents sont nés à Havre-aux-Maisons aux Iles de la Madeleine. Je m'en vante souvent! Ça fait de nous des descendants des Iles, des Madelinots dans l'âme, même si on n'est pas nés là-bas. On reste très attachés à nos racines, et malgré qu'on ait perdu le bel accent de nos parents, il nous reste une propension irrésistible à se chercher de la parenté, à chanter nos chansons, à rechercher nos souvenirs, à mettre en valeur nos chères îles... et bien sûr, notre humour madelinot! Ça nous amène aussi à vouloir retourner aux Iles aussi souvent qu'on le peut, comme un saumon retourne frayer là d'où il vient, et c'est plus fort que nous.



Là-bas, ils nous appellent « les exilés », un terme affectueux riche de sens, qui fait de nous des touristes pas ordinaires et de ce fait, ils nous accueillent comme la famille au loin que nous sommes.


Un site extraordinaire existe sur Facebook, où nous sommes plus de 4000 membres à s'échanger des photos d'époque, des anecdotes et des petits bouts de notre histoire faite de déportations et d'exils successifs, au Nouveau-Brunswick, sur la Côte-Nord, en Gaspésie, dans le comté de Matapédia, au Saguenay-Lac St-Jean et finalement, les deux derniers contingents, ceux de l'Abitibi, en 1941, (104 Madelinots) dont mon père était, et en 1942, (ils étaient 102) pour la famille de ma mère. J'y contribue moi aussi à ce site et j'ai vu se passer là des choses absolument incroyables et émouvantes lors de publications de certaines photos. Mais aussi, j'y ai lu des échanges remplis de cet humour si particulier où je reconnais les réparties bien typiques des Madelinots et leurs descendants.

En quelle année?



La photo 1, par exemple. Quelqu'un l'a publiée sur ce site en faisant un appel à tous, pour voir si on reconnaissait des Madelinots exilés en Abitibi, étant donné que c'était posé à l'Île Nepawa, on ne savait même pas en quelle année. Chacun y est allé de ses suppositions, on essayait d'identifier des gens ou des détails. Au bout de quelques échanges, la question « en quelle année » est revenue avec force et ça ne nous disait rien du tout. Alors, il y en a un qui a résolu la question : « Je sais pas c'est en quelle année mais c'était dans le temps que les balcons était bâtis solides! »



Le vieux Emmanuel



À mon dernier séjour là-bas, j'étais tellement contente d'avoir fait cette trouvaille de livre dans une librairie de Cap-aux-Meules, avec ces photos et bien d'autres qui racontaient une partie de notre histoire, que je traînais ça avec moi partout où j'allais, comme un trésor dont on ne peut se séparer.



Fred à mon oncle Will voulait absolument m'amener sur le bateau à fond de verre qui va sur la lagune de la baie d'en dedans. Il tenait à me présenter le capitaine et son second, deux frères, parents avec nous, qui étaient déjà venus en Abitibi, à la recherche des traces de leur grand-père, le frère du mien, et notre arrière grand-père, le vieux Emmanuel dont ils avaient perdu la trace après 1942. Ça tombait pile, j'avais mon livre et j'ai tellement fouillé notre généalogie que je la connais par coeur.



La croisière sur la lagune nous a permis de voir des paysages extraordinaires, d'explorer les fonds marins grâce à ce fond de verre de la partie avant du bateau et de vivre des retrouvailles joyeuses et chaleureuses. Comme si on s'était toujours connus. Ça n'a pas été bien long qu'on a sorti une guitare et qu'on a chanté ensemble, ri comme des gamins, « défricheté » notre parenté, échangé des nouvelles, mis ensemble les petits bouts qu'on savait, des morceaux de puzzle qui se complétaient et s'emboîtaient comme par magie. En tout cas, le bateau était revenu au quai depuis une bonne heure, accosté, amarré solide et on ne pouvait tout simplement plus se quitter. En dernier, on était 7 ou 8, dont le capitaine et son second, j'ai sorti mon livre, je leur ai montré cette photo-là et à la vue du vieux Emmanuel, que je présentais comme mon arrière grand-père et le leur, tous ceux qui étaient là ont tous répliqué en même temps : « C'était mon arrière grand-père à moi aussi, le vieux Emmanuel! ». Je n'ai pas pu faire autrement que de leur faire remarquer ce qui se passait de fulgurant : « Non mais réalisez-vous que peu importe notre nom de famille et d'où l'on vient, on se retrouve tous ici en même temps et on a le même arrière grand-père, le vieux Emmanuel? »


Ça aurait pu être un moment d'émotion et de recueillement qui nous aurait foudroyés sur place... Un silence respectueux et attendri? Un moment d'éternité orchestré par le vieux Emmanuel du haut de son nuage pour faire un clin d'oeil à quelques-uns de ses nombreux descendants? Une synchronicité inexpliquable qui nous aurait laissés émus et songeurs?



Pas du tout!



Après deux secondes pour accuser le coup, les commentaires ont fusé de toutes parts :



« Une chance qu'il était pas gai, lui! »



« Il peut bien rester assis, il devait être fatigué! »



« On dirait pas ça à le voir mais c'était tout un séducteur! »



« On peut pas juger un crapaud à le voir sauter! »



et j'en passe et des meilleures, mais pas toutes racontables devant des jeunes zoreilles...



Vert Fatima



Les Madelinots sont de bons conteurs. Et tellement moqueurs. Un tantinet délinquants aussi. Pas trop. Juste assez! Pas menteurs et pas voleurs. Du bon monde. Mais ils sont capables de mettre de la dentelle autour de la vérité pour faire plus joli. Moi, je les trouve débrouillards.


On m'a raconté ça comme un fait vécu aux Iles, dans les années 50 à peu près. Je sais pas si c'est vrai. D'un autre côté, ça leur ressemble tellement que je serais portée à le croire!



Au large des côtes des Iles de la Madeleine, il y a eu plusieurs naufrages. Ils sont d'ailleurs répertoriés sur une carte que j'ai vue au Musée de la mer, à Havre Aubert. Enfin, je veux dire, quand ce furent des drames, l'histoire en a tenu compte. Mais d'autres fois, un naufrage, ça signifiait plutôt la manne pour les insulaires et là, on ne retrouve pas de documents officiels... C'est la tradition orale qui prend le relais et qui raconte l'anecdote.



Le petit village de Fatima est situé tout près de Lavernière et de Cap-aux-Meules, du côté ouest de l'archipel, tout près de Belle Anse, là où il y a les plus magnifiques couchers de soleil sur la mer.



Un cargo s'était échoué un peu au large de la côte ouest et le personnel à bord avait pu être secouru par les gardes côtiers. Ce bateau transportait toute une cargaison de matériaux de construction et de peinture qui n'étaient pas destinés aux Iles, dont un lot de peinture de couleur verte.



Les autorités avaient dû comme toujours faire enquête pour les assurances et ainsi, ils avaient interrogé plusieurs Madelinots du côté de Fatima, pour savoir s'ils avaient eu connaissance de quelque chose, s'ils avaient vu flotter des matériaux, s'ils avaient ramassé du butin échoué sur les plages, etc. Non. Personne n'avait eu connaissance de ça, personne n'avait rien vu, ni au large ni sur les rivages, personne n'avait rien ramassé sur la grève non plus. Mystère. Les policiers, les gardes côtiers, les autorités maritimes ont conclu la même chose : la cargaison échouée était une perte totale. Dossier clos.



Au printemps suivant, il paraît que ça rénovait en grand à Fatima! Et bizarrement, tout le monde avait choisi la même couleur pour repeindre sa maison : Vert.


Ils ont appelé cette couleur : « Vert Fatima! »