mercredi 17 septembre 2014

Une question de perception


Voici le genre de pancarte qu'on voit beaucoup sur la route dans certaines régions, dont la nôtre. Celle-ci est près de Rouyn-Noranda. L'orignal, cet animal pacifique et végétarien, dégage beaucoup d'assurance et d'élégance. On aurait le goût de le rencontrer, il me semble. 


À Rouyn-Noranda, nous sommes à quelques kilomètres des lignes ontariennes. Lors d'une petite escapade en Ontario récemment, j'ai vu plusieurs de ces pancartes le long de la route. À chaque fois, j'avais envie en rire : Les orignaux me semblent beaucoup plus agressifs chez nos voisins ontariens! On nous avertit même du « danger ». Si j'étais responsable des relations publiques des orignaux, je m'empresserais de faire changer ces pancartes qui faussent nos perceptions!!!


Toujours en Ontario, sur les rives du beau grand lac Témiscamingue, à New Liskeard, une petite ville au charme fou, il y a mon magasin préféré où j'aime faire des trouvailles ou des cadeaux : chez Amber's. À chaque fois que j'y vais, j'ai l'impression de faire un voyage dans une autre époque. On m'y accueille toujours en français, il faut dire que le Nord-Est ontarien est très francophone. 


C'était la première fois que je remarquais cette mini-librairie « donnez au suivant » à côté de mon magasin préféré. Je sais, l'idée existe au Québec et à beaucoup d'endroits dans le monde mais c'est en Ontario que j'ai vu cette idée devenue réalité pour la première fois. 

Une question de perception

Une idée toute simple, pleine de générosité et de respect pour tout ce qui s'écrit, que cette mini librairie où l'on peut déposer et/ou prendre un livre. Et c'est ainsi qu'un ouvrage reste plus vivant que lorsqu'il est rangé dans une bibliothèque où personne ne va pouvoir en profiter.  J'aime cette idée!

Mes plus beaux livres, je ne les ai plus, sauf exceptions. C'est bien simple, quand je suis enthousiaste à la suite d'une lecture, je prête le livre à qui veut le lire et vous connaissez l'histoire, le livre ne me revient jamais et je ne peux plus me rappeler à qui je l'ai prêté. 

L'autre idée que j'aime beaucoup et c'est là où je fais affaires très souvent, c'est la boutique de livres usagés qu'il y a dans ma ville. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif où l'on peut apporter nos livres et en acheter d'autres à prix réduit. La boutique est tenue par des bénévoles, tous passionnés de lecture, et les profits sont remis, comme les livres en surplus, à des communautés pas riches ailleurs dans le monde. Le plaisir est double : en achetant des livres, on contribue, en donnant nos livres, on contribue aussi. Mais il y a plus encore...

Quand j'ai déménagé l'année dernière, j'avais rempli des boîtes de livres que j'avais apportés à cette boutique. J'ai eu le bonheur de voir deux bénévoles se dépêcher de découvrir le contenu de mes boîtes et de s'exclamer joyeusement. 

Une autre fois, au printemps dernier, la bibliothèque municipale était fermée et j'avais amené Félixe avec moi à cette boutique, en lui disant qu'elle pouvait se choisir des livres à son goût et qu'on irait les lire chez nous. Comme elle hésitait entre quelques-uns, on a décidé de les prendre tous, ce qui faisait un total de 6 $, je m'en souviens encore. À la caisse, le monsieur très gentil qui nous avait vu faire, a tendu à Félixe une petite clé au bout d'un long ruban, en lui disant : « Est-ce que tu aimerais te choisir un cadeau dans le coffre aux trésors? »

Ah si vous aviez vu l'étonnement et la joie sur son visage quand elle s'est tournée vers moi avec un point d'interrogation dans le regard... Elle qui carbure aux histoires de pirates et de chasses aux trésors, elle a dû se croire à Walt Disney. Le gentil monsieur a sorti une grosse boîte en bois avec le dessus arrondi, fermée avec un cadenas. Un vrai coffre aux trésors, comme dans les livres!  

Fébrilement, Félixe a mis la clé dans le cadenas, on l'a aidée un peu, et elle a pu ouvrir le coffre. Ce qu'il y avait dedans, c'étaient des petites choses de rien du tout mais en grande quantité, des petites bricoles, des petits colliers, des personnages en caoutchouc, des choses du genre auxquelles les enfants ne s'intéressent habituellement pas tellement. Mais là, comme c'était dans un coffre aux trésors, tous ces petits objets prenaient de la valeur, comme par magie. Elle a hésité longuement et s'est choisie un petit cadeau dont je ne me souviens pas mais je n'oublierai jamais l'expression de son visage et l'émerveillement qui la submergeait dans cette boutique de livres usagés. 

Le monsieur bénévole qui était à la boutique ce jour-là avait l'air aussi heureux que nous!