jeudi 28 octobre 2010

Voir grand sur écran géant


Illustration : Pour réaliser l'affiche du 29e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, la graphiste Staifany Gonthier a bien saisi l'essence de cette véritable fête du cinéma international, hautement improbable en ce 48e parallèle nord, qui continue de séduire et d'étonner pour cette 29e édition.

Voir grand sur écran géant

Tradition oblige, je vais encore une fois vous parler, comme chaque année, de MON Festival, celui où j'ai déjà travaillé en coulisses, aux communications, la seule édition où je n'avais pas pu voir un mozusse de film, mais depuis je me reprends, puisque la fin octobre signifie toujours ma grosse brosse de cinéma, mon rendez-vous annuel avec le septième art et mes amis tout aussi mordus que moi, dans cet amalgame de fête, de p'tites et grandes vues, de rencontres magiques et de folie douce qui va s'abattre sur nous à compter du 30 octobre jusqu'au 4 novembre.

Pendant 6 jours, seront présentés 17 longs métrages, 83 courts et moyens métrages, dont 42 animations, en provenance de 25 pays : Algérie, Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Burundi, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Irlande, Italie, Malawi, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Royaume-Uni, Russie, Suède, Suisse, Vénézuela. La programmation de cette année présente 35 films primés et 36 primeurs, dont 16 mondiales, 10 nord-américaines et 10 québécoises.

Tout un programme! Vous en saurez plus en cliquant sur le site du FCIAT : http://www.festivalcinema.ca/

Comme vous l'imaginez, je serai présente là-bas plutôt qu'ici au cours des prochains jours. Je ne verrai pas tout, ce serait impossible, mais je ne bouderai pas mon plaisir, c'est certain, quitte à prendre les bouchées doubles pour me ménager des plages libres dans mon horaire déjà fou et me sauver au Festival.

En plus des projections qui se déroulent au Théâtre du Cuivre, il y a aussi les nombreuses activités qui se greffent autour du Festival : Le public en formation (volet jeunesse), la leçon de cinéma, avec le conférencier Pierre-Henri Deleau, les sorties cinéma aux quatre coins de la région, Espace Court (Dominic y présentera son film, Entre l'épinette et la licorne, samedi soir au Cabaret de la dernière chance), les Nocturnes et autres événements rassembleurs qui participent à cette frénésie qu'on sent déjà partout en ville, à Rouyn-Noranda du moins.

Je ne vais pas manquer surtout, dans le bloc 3 de dimanche après-midi, une primeur mondiale, le film Voir Ali, du réalisateur Martin Guérin. Ce film-là, j'en entends parler depuis deux ans, entre autre parce que Dominic y participe de tout son coeur, à la caméra, au montage, étalonnage et quoi encore. Ce documentaire raconte une histoire formidable, 100 % véridique, une anecdote incroyable qui démontre que tout est possible dans une région comme la nôtre, quand de merveilleux fous se mettent à vouloir la même chose en même temps de toutes leurs forces.

La bande-annonce de Voir Ali, vous pouvez la visionner ici : www.vimeo.com/15468250

Dans quelques minutes, je quitte pour aller au 5 à 7 de lancement de ce film. On m'a invitée comme faisant partie de tous ceux qui ont participé, de près ou de loin, à ce documentaire qui raconte cette si belle histoire qui serait tombée dans l'oubli si Martin Guérin n'avait pas tenu à la porter au grand écran. Quelle fut ma participation? Même sous la torture, je ne dirai rien... avant la semaine prochaine, après la projection de Voir Ali, en grande première mondiale!

jeudi 21 octobre 2010

La première maison

Photo : Cette petite maison dans un arbre, au bord du lac Osisko, me fascine et m'émerveille chaque fois que je la vois. Elle a été construite par le papi de Félixe, non pas Crocodile Dundee mais son autre papi, Guy, un architecte au coeur tendre, qui s'était amusé à créer quelque chose de spécial et d'amusant pour sa fille Ariane, qui a aujourd'hui 21 ans!

La première maison

Il s'agit donc de la première maison d'Ariane dans la cour arrière chez ses parents. J'imagine qu'elle y reviendra toujours même si elle a grandi... En tout cas, moi, si j'étais à sa place, j'y reviendrais avec attendrissement, à la rencontre de mon enfance et de l'insouciance de ces années-là.

Si je m'attarde aujourd'hui à cette idée de la première maison qu'on n'oublie pas, c'est que tout à l'heure, dans une heure à peine, Isabelle et Dominic seront chez le notaire, en train de signer tous les documents officiels qui feront d'eux des nouveaux propriétaires. La transaction est décidée, approuvée et planifiée depuis des mois, c'est aujourd'hui qu'ils achètent leur première maison.

Mes souvenirs me ramènent au début de l'année 1981 quand nous avons acheté notre première maison, Crocodile Dundee et moi. Nous en avions visité quelques-unes avant mais celle-là nous avait ralliés plus que toutes les autres. On s'y reconnaissait, on se voyait vivre là, dans chacune des pièces, dehors, dans la cour, dans l'atelier-garage, partout. Nous étions prêts à tout.

J'avais 23 ans, Crocodile Dundee, 24, mais nous en paraissions 15 à peu près! D'ailleurs, notre nouveau voisin, un monsieur âgé, tout à fait charmant, était venu nous souhaiter la bienvenue dans le quartier, celui qu'on appelle Noranda-Ouest, le même quartier qu'habiteront Isabelle, Dominic et Félixe à compter de cette fin de semaine...

Monsieur Côté était venu cogner à notre porte pour connaître ses nouveaux voisins. Nous étions là, avec mes parents, en train de peinturer la cuisine et la salle à manger. On s'affairait avec vaillance, bonne humeur et énergie, tout en continuant de jaser avec lui, encouragés comme on l'était, on n'avait pas une minute à perdre. Après un moment, avant de prendre congé, il a serré la main de mon père et de ma mère, en leur disant : « En tout cas, vous avez des jeunes qui sont travaillants, c'est pas tous les jours qu'on voit ça! » et là, on a compris qu'il croyait que mes parents étaient les nouveaux propriétaires de la maison, que Crocodile Dundee et moi, on était frère et soeur!

Notre nouveau voisin n'en revenait pas quand on lui a dit que nous étions les nouveaux propriétaires. Il a fallu que mes parents lui confirment que c'était bien vrai, il ne nous croyait pas. Il a longtemps raconté cette anecdote-là à tout le monde qui voulait bien l'entendre. N'empêche que d'acheter une maison unifamiliale de ce prix-là, à l'époque, avec les taux d'intérêt qui frisaient les 22 %, c'était une vraie folie. Il fallait être jeunes, pleins de fougue et d'insouciance et croire que tout était possible. Je me souviens que mon père nous avait donné un conseil qui valait son pesant d'or et qui nous a servi souvent depuis. Il nous avait dit : « Vous êtes deux? Vous voulez la même chose de toutes vos forces? Quand t'es deux, t'es fort en masse! ».

Retournons en janvier 1981. Jeunes mariés, nous habitions un grand logement, une moitié de duplex, avec 3 chambres, salon, cuisine, salle à manger, salle de bain, sous-sol avec salle de lavage, atelier, grande cour, bien situé, à 160 $ par mois, ce qui était tout à fait honnête et dans l'ordre des choses. Nous achetions une maison unifamiliale de 42 000 $, avec le quart de la somme comme versement initial, à un taux d'intérêt qu'on avait pu négocier, de peine et de misère, à 17 %, ce qui était génial. Notre versement hypothécaire mensuel, je m'en souviens encore, s'élevait à 435 $. Nos amis nous disaient : « Mais vous êtes malades! »

On n'oublie pas ces choses-là, on s'en souvient avec humour et tendresse. Notre première maison, on l'a habitée et rénovée de fond en comble, on y a été heureux pendant 7 belles années. Quand nous l'avons vendue, Isabelle avait 18 mois. Aujourd'hui, à 23 ans elle aussi, elle retourne tout près de là, à quelques rues seulement, en tant que copropriétaire avec Dominic d'une propriété où je leur souhaite autant de bonheur que nous en avons connu nous-mêmes dans notre première maison.

mardi 12 octobre 2010

Pays de contrastes




Photo 1 : Vendredi dernier, le soleil se levait tout timide et de mon bureau, je n'ai eu qu'à faire deux pas pour photographier la maisonnette sous cette lumière nostalgique d'automne. Si la porte avait été ouverte, on aurait vu tous les dessins faits à la craie cet été par Félixe et nous, chaque fois qu'on allait y chercher nos vestes de flottaison pour une sortie en bateau : des canards, des huards, des fleurs, des soleils, des bateaux, des voiliers, des pommes, des bananes, etc.

Photo 2 : Toujours vendredi dernier, j'étais en Abitibi-Ouest, à une heure de route de chez moi. Sur le chemin du retour, en fin de journée, juste avant le beau village de Palmarolle, j'ai été saisie par la splendeur de la lumière, du ciel, des couleurs et du paysage de mon enfance. J'ai stationné ma voiture sur l'accotement et croqué sur le vif un peu de ce moment.

Photo 3 : Sans débarquer de ma voiture, j'ai rapproché la scène où l'on voyait un tracteur et une remorque en plein travail à la tombée du jour. Je ne sais pas grand chose du travail de la terre mais j'admire ces gens dont le labeur est proportionnel au coeur et au courage que ça prend pour choisir et assumer ce mode de vie.

Pays de contrastes

Ce matin, beaucoup de choses à mon esprit, mais rien qui vaille la peine d'en faire un billet. Et je considère que ce n'est pas une raison valable pour ne pas en écrire un! On le sait, publier régulièrement un nouveau texte est une gymnastique qu'il ne faut pas négliger trop longtemps, sinon les courbatures et les mauvais plis s'installent insidieusement, le désintérêt se pointe de manière floue d'abord, ensuite on cherche sa motivation et on ne la trouve plus et ainsi ce goût d'écrire qui avait toujours été là s'estompe, s'étiole et meurt sans faire de vagues, comme une chandelle qui s'éteint. Je lutte contre ça en ce moment.

Ma façon à moi de bloguer n'est pas celle de la plupart du monde. Depuis 4 ans, je fais partie d'un genre de réseau non organisé, libre, des lieux d'échange, de réflexion et de discussion, d'amitié réelle et/ou virtuelle, avec ceux que j'appelle mes blogues-amis, que je visite fidèlement et qui me le rendent bien. Cette liste se trouve là, juste à côté, la voyez-vous? C'est ce qu'on pourrait appeler « MA blogosphère ». D'autres personnes me lisent aussi, commentent parfois ou pas du tout, et tous sont importants à mes yeux. Je veux leur dire merci sincèrement pour ce temps précieux qu'ils m'accordent, cette écoute si généreuse qui me va droit au coeur et que je ne prendrai jamais pour acquise, tellement elle m'étonne et m'émerveille à chaque fois.

Pourtant, quand les bases de mon réseau s'effritent comme en ce moment, ce réseau social tissé serré qu'était la blogosphère, telle que je l'ai connue, ce réseau social disais-je, est devenu démodé lorsque Facebook et Twitter ont mieux répondu à ce que les gens recherchaient. Le blogue comme moyen de communication et de discussion a perdu des plumes au fil des derniers mois à un point tel qu'il est passé tranquillement de démodé à moribond, à mon avis. Bloguer n'a tout à coup plus le même sens pour moi non plus. Je vous le dis comme je le pense, sans chercher à m'expliquer davantage et sans savoir ce qui adviendra du mien. J'ai toujours dit que je serais la dernière à fermer mon blogue tellement j'y trouvais du plaisir mais quand tous mes blogues-amis auront quitté, il faudra bien que je songe à fermer boutique moi aussi...

J'ai observé depuis 4 ans des phénomènes humains fascinants dans cet univers virtuel où j'ai participé avec joie, avec ardeur, dans un bonheur sans cesse renouvelé. Je me suis attachée à des gens que j'apprenais à connaître et à aimer profondément... sans jamais les avoir rencontrés. Ce n'est pas si étrange après tout, on communique ici à l'aide de nos mots, de nos images, et lorsqu'on écrit, on plonge obligatoirement au plus profond de soi, dans le vrai, dans le vif des sujets, dans des zones où l'on ne va pas souvent fureter au quotidien, dans nos relations sociales souvent superficielles. Inévitablement, des amitiés naissent et se développent, des liens se tissent, des fidélités, des affinités, des habitudes se créent et au final, ces relations virtuelles deviennent bien réelles. Enfin, pour moi, c'est ça.

Voilà où j'en suis. Et je passe sans plus tarder à d'autres sujets.

Des alliances prometteuses

Vous savez à quel point j'aime ma région et le Québec tout entier. À cause de cela, je ne peux plus supporter le clivage (surtout médiatique) entre Montréal et Québec, entre Montréal et les régions, et tout ce qui contribue à nous diviser, nous opposer, nous ignorer ou nous mépriser entre nous plutôt que de s'allier dans nos différences, chercher à devenir complémentaires ou partenaires dans les objectifs que nous avons en commun.

Ce que je prône, j'ai une belle occasion de vous en présenter aujourd'hui un exemple éloquent. Si je vous en parle, ce n'est pas seulement parce que Dominic y prend part cette année comme cinéaste, je vous prie de me croire.

L'année dernière, pour la première fois, le réseau Accès culture Montréal s'associait à une autre région du Québec pour leur offrir une vitrine à Montréal et mieux faire connaître ses artistes, son milieu, la richesse de sa créativité et de son territoire. L'événement « De l'Île à la mer » ouvrait grand ses portes aux artistes de la Gaspésie et des Iles de la Madeleine, le Québec maritime rayonnait pendant deux mois à Montréal, à l'automne 2009. Je trouve ces alliances constructives et riches de retombées, tant pour les régions concernées que pour la métropole qui s'ouvre sur le Québec tout entier, une région à la fois.

Cette année, l'événement invite l'Abitibi-Témiscamingue. Le projet s'intitule « AT@MTL » qui signifie, vous l'aurez deviné, l'Abitibi-Témiscamingue à Montréal. Du 26 septembre au 28 novembre, le réseau Accès culture, un regroupement de 24 diffuseurs montréalais, présente des artistes de notre région en spectacle, en musique, théâtre, films et expositions regroupant beaucoup de nos talents, créations et productions. Accès culture Montréal met en lumière la vitalité culturelle d'une région chaque automne et cette fois, c'est la nôtre qui est à l'honneur.

Ils sont nombreux à y travailler avec fierté et acharnement depuis des mois. Pour en avoir une petite idée, on peut consulter des sites, des blogues, divers réseaux sociaux qui y sont dédiés, comme accesculture.com/evenement/ATMTL, vimeo.com/12398660, atamtl.tumbir.com et plusieurs autres que je fais exprès de ne pas inclure en liens cliquables pour ne pas ralentir Blogger. Si j'en entends parler depuis un bon moment, c'est que Dominic avait le mandat de réaliser un documentaire qui ferait le portrait de notre vie culturelle pour le présenter à Montréal lors du lancement de cet événement qui s'échelonnera sur deux mois. Un sacré défi qu'il a relevé avec brio, dans un documentaire de 20 minutes, en y mettant sa vision, son coeur et son talent au service de notre région et de ses artistes. Parce que ce n'était pas simple... Il a été à la rencontre d'une cinquantaine d'artistes, aux quatre coins de notre vaste région et il n'a pas compté ses heures ni ses pas. Il a décidé de montrer notre réalité, et là, je le cite, tel qu'il le disait lui-même dans un extrait d'entrevue publiée dans L'Indice bohémien, « même des centres-villes avec de la tôle parce que c'est aussi ça qui fait notre côté brut et honnête ».

Dominic n'a pas fait de compromis sur l'authenticité et l'honnêteté, je le reconnais bien dans ce choix artistique. Mais on verra aussi des choses belles, des êtres formidables, des artistes engagés et engageants, un ciel de jour et de nuit, avec des étoiles ou des aurores boréales comme fil conducteur de ce pays qui nous habite autant qu'on l'habite. J'ai eu le privilège (de belle-maman) de visionner son film et j'ai été fière des choix qu'il a faits et de ce qu'il veut montrer de ce que nous sommes, dans cette particularité culturelle, cette appartenance à ce territoire, cette façon qu'on a de créer et vivre ici.

Le documentaire de AT@MTL s'intitule « Entre l'épinette et la licorne ». Après avoir été lancé à Val-d'Or le 6 octobre dernier, il fera son entrée montréalaise cette semaine, jeudi le 14 octobre à 17 heures, à la Maison de la culture Maisonneuve. Mes enfants, Isabelle et Dominic (celui-là, je l'ai adopté) y seront présents. Pas moi même si j'aurais aimé ça... J'ai plus important à faire, comme passer du bon temps avec Félixe!

Mots d'enfant

Le jour où ses parents seront en pleine conférence de presse à Montréal pour le 5 à 7 de lancement de l'événement AT@MTL, Félixe aura tout juste 21 mois, l'âge adorable où le langage et la communication se développent à un rythme effarant. Et drôle. Et touchant. J'en ai eu encore une belle preuve hier, alors que nous passions l'avant-midi ensemble, elle et moi.

Tout n'est pas tout à fait au point encore dans sa manière d'exprimer les choses qu'elle veut dire mais elle m'a fait tellement rire hier quand elle a m'a servi une parfaite imitation de moi. Quand j'y repense, j'en ris encore. Elle voulait que j'aille dessiner avec elle, comme on l'a fait si souvent cet été. Elle s'est organisée pour que je comprenne son message. Elle avait sorti les gros crayons (lavables), les feuilles de couleur, les autocollants de minous, de fleurs, de papillons. Et puis, avec son expression enjouée, énergique, les yeux brillants, le sourire invitant, elle m'a dit :

« Mamie-mamie-cri-là-foye-collants-élisse-weuriodena-wow c'est boooooo-élisse » ce qui signifie « Mamie, mamie, viens écrire là sur les feuilles, on va mettre des autocollants et quand moi, Félixe, je vais te montrer ce que j'ai fait, tu vas t'exclamer encore « Wow c'est boooooo Félixe! »...

On a beaucoup dessiné, nous deux, hier. Elle m'a raconté plein de choses, je n'ai pas tout compris mais la conversation allait bon train, c'était fluide, il était question de minous, de fleurs, de bateaux, de huards, de papa huard, maman huard et des p'tits p'tits huards sur son dos, tombés dans l'eau, de jus de pommes, de wow c'est beau et de tout ce qui est très important dans la vie.

mercredi 6 octobre 2010

Rapprocher des rivages




Photo 1 : Pour accéder à notre camp numéro deux, il y a deux kilomètres de sentier et plusieurs ponts pour enjamber les ruisseaux et les marais. Celui-ci, Crocodile Dundee l'a baptisé « le pont de la rivière Kwaï ».

Photo 2 : Cette photo ne vous dit peut-être pas grand chose mais attendez que je vous raconte l'histoire. Moi, en tout cas, j'ai été impressionnée!

Photo 3 : La seule journée où il a fait un peu beau, c'était le lundi 27 septembre en après-midi. On en a profité pour aller marcher en forêt. Voilà un autre petit pont tout mignon, dissimulé sous les feuilles, construit sans subvention ni appel d'offres ni enveloppe brune!

Rapprocher des rivages

Au premier jour de nos vacances, le vendredi 24 septembre dernier, il fallait d'abord se rendre au camp avec les VTT et notre bagage réduit au minimum. Trop contents de partir, malgré le déluge annoncé dans une alerte météorologique, nous étions confiants de nous y rendre sans aucun problème, surtout que Crocodile Dundee avait sécurisé quelques passages problématiques lors des fins de semaine précédentes.

Gisèle et moi avions décidé de marcher le sentier, devant ou derrière les véhicules tout terrain qu'on voyait se tortiller dans cette soupe marécageuse, ces bouts de sentiers détrempés, noyés par le déluge, ce qui s'annonçait pas mal plus vivable que d'embarquer à l'arrière des chevaux de fer conduits par les gars.

Au premier pont, il a fallu replacer les madriers qui flottaient mais qui n'étaient pas encore partis dans le courant du ruisseau devenu presque rivière, tellement il était gonflé par cette pluie incessante depuis la veille.

Au deuxième pont, c'est la photo 2 que j'ai prise au retour, et non pas à l'aller, on a cru qu'on allait devoir virer de bord et aller coucher au camp numéro 1, tellement l'obstacle nous semblait infranchissable : l'une des deux travées était partie à la flotte, il n'en restait plus qu'une qui s'accrochait encore désespérément (!) à des arbustes submergés...

C'est à ce moment-là que Crocodile Dundee nous a servi encore une fois avec logique et assurance sa fameuse marotte, « À force de manquer de toutttt, on manque de rien ». Gisèle, Robert et moi, on ne voyait vraiment pas comment il allait faire pour nous construire un pont qui serait assez solide pour faire traverser les VTT de l'autre côté de cette « rivière » déchaînée, tellement élargie.

Il avait son plan. Je ne le comprenais pas, son plan, mais lui, il savait où il s'en allait. Il disait qu'il fallait abattre et ébrancher deux grandes épinettes d'à peu près la nouvelle largeur de la rivière et les faire tomber par-dessus, s'ajuster sur place pour la distance parallèle exacte entre les roues des VTT. Oui mais, c'est rond, un billot, comment circuler là-dessus sans risquer d'échapper le véhicule dans la rivière?

En rigolant, Crocodile Dundee m'a offert de me prendre dans ses bras pour me traverser de l'autre côté si j'avais peur... Sa proposition était très romantique, et j'ai bien failli l'accepter, mais le problème n'était pas là, je pensais plutôt aux VTT et aux remorques attachées après et qui me causaient ces inquiétudes...

Dans son coffre rouge « patenté » derrière son VTT, Crocodile Dundee trouve toujours des bouts de broche et de câble, une hache, un marteau, un couteau, des clous de toutes les grandeurs, une barre à clous, des pinces, une scie à chaîne, et plein de bricoles de toutes sortes qui me sont totalement inconnues... et inutiles. Mais pas pour lui. C'est comme son coffre à jouets.

Après avoir abattu les deux grandes épinettes qu'il avait évaluées avec son oeil de menuisier, il a pris son ruban à mesurer (il avait ça dans son coffre?...) pour les espacer juste ce qu'il fallait pour recevoir les roues, a récupéré le petit reste du pont à la flotte, a décloué les madriers en deux temps trois mouvements, les a fixés sur le dessus des billots, mis quelques rondins de travers pour faire les joints entre les bouts de madriers qui ne pouvaient pas se rejoindre et voilà le travail, il venait de nous construire un pont temporaire pour traverser sur l'autre rive, et les personnes et les VTT avec les remorques attachées. En plus, il ne s'est même pas mouillé le fond de culotte!

Je n'ai pas de photo de ça mais c'était impressionnant de le voir à l'oeuvre avec tant de facilité, je vous assure. Comme de raison, avec le déluge en cours, il était hors de question de déballer le stock empaqueté solidement pour faire le voyage bien au sec, et mettre la main sur ma caméra. J'ai donc pris cette photo au retour, alors que la rivière en furie était redevenue un ruisseau inoffensif mais on peut s'imaginer la largeur du cours d'eau avec du courant dedans, qui dépassait légèrement les billots, en voyant les vestiges du pont construit en quelques minutes avec les moyens du bord, mais surtout apprécier la jarnigoine d'un débrouillard qui l'a fait en chantant et en riant, qui n'est jamais mal pris ni en forêt ni dans la vie, mais cette fois-là, il l'a fait sous les yeux ébahis de sa blonde (moi), de sa grande soeur (Gisèle) et son beauf (Robert).

Tout à coup, sa marotte, « À force de manquer de toutttt, on manque de rien » s'illustre avec force, sans qu'on ait besoin de l'expliquer. Mais chacun pourra y trouver la signification qu'il préfère!