vendredi 20 juillet 2012

Encore des vacances... ou presque!










Photo 1 : Aujourd'hui débute la période folle qu'on appelle au Québec « les vacances de la construction ». Si la plupart des gens souhaitent de la chaleur et du soleil, je nous souhaite de la pluie le plus souvent possible, la nuit de préférence, pour que la nature ne souffre pas de sécheresse et que cessent les feux de forêt. Ici, la lumière étrange d'un ciel alourdi par le smog des feux de forêt avec un coucher de soleil souffreteux sur la rivière des Outaouais dans le secteur Rapide Deux. C'est beau mais c'est triste... 

Photo 2 : Le 24 juin à 6 heures du matin, en partance pour les Îles de la Madeleine, on a fait un clin d'oeil à la rivière Darlens du haut des airs alors que le soleil s'apprêtait à se lever. On va souvent jouer sur cette rivière qui croise la rivière des Outaouais, toujours dans le secteur de Rapide Deux. 

Photo 3 : Le 1er juillet dernier, nous revenions de notre séjour aux Îles et l'avion a fait un petit saut de puce à Gaspé avant de s'envoler à nouveau vers Québec/Montréal et Rouyn-Noranda. Ici, j'ai pensé très fort à Barbe Blanche et son beau pays, la Gaspésie. 

Photo 4 : Le 7 juillet dernier, nous avons célébré le mariage en plein air, à Rapide Deux, de nos amis Carole et Stef. Après 20 ans de vie commune, ils ont voulu officialiser leur union, en présence de leurs deux filles, des parents et des amis. Le plus beau et le plus romantique mariage que j'ai jamais vu de ma vie. Tout en simplicité, en amour, en musique et en amitié. 

Photo 5 : Le 8 juillet, mes zamours m'ont fait une petite fête où il y avait tout ce que j'aime. En regardant les photos, je me disais qu'une famille qui chante ensemble, c'est une famille unie et heureuse. 

Photo 6 : Le 13 juillet, en débarquant au campe, j'ai été heureuse de constater que mon amélanchier m'offrait quelques fruits bien mûrs et que les oiseaux m'en avait laissés. En arrière-plan, le campe, où le calme et la paix nous envahissent en arrivant. C'est là que je serai beaucoup pendant les deux prochaines semaines. 

Photo 7 : Le 14 juillet, en allant explorer une grande baie peu fréquentée de la rivière Darlens, au retour, nous avons aperçu de loin ce bateau avec un grand parasol vert lime, 4 rames dans les airs pour attirer notre attention. Je venais juste de dire à Crocodile Dundee que j'avais donc de la misère à m'arracher des Îles de la Madeleine. Nos joyeux naufragés avaient manqué d'essence, on s'est fait un plaisir de les remorquer jusqu'à leur camp et aussitôt qu'ils nous ont adressé la parole, je leur ai dit : « Mais t'as l'accent des Îles, toi? » et deux m'ont répondu qu'ils étaient Madelinots!!! On a chanté tout le long du remorquage et on a eu un plaisir fou avec ces joyeux lurons. On a parlé des Îles, on a chanté les Îles et on a découvert que l'un des deux Madelinots était parent avec moi. Non mais c'est pas un conte de fée, j'ai vraiment retrouvé mes Îles au milieu de nulle part, dans la Baie du Trappeur, sur la rivière Darlens! 

Photo 8 : En revenant à notre campe, on a rencontré mon frère Yves et Anne-Marie qui s'en allaient se baigner. On a décidé de les accompagner et c'est là qu'on a vu un Ti Caramel tout mignon qui dégustait des plantes aquatiques sur le bord de la rivière. Il n'a pas eu peur de nous tant que ça mais on ne l'a pas approché d'aussi près, c'est moi qui l'ai zoomé. Crocodile Dundee est très inquiet pour Ti Caramel parce qu'il ne semble pas avoir de maman... 

Page 9 : Souhaitons que Ti Caramel ait suffisamment l'instinct de survie pour passer au travers de l'été, grandir un peu, se faire des forces et échapper aux prédateurs qui sont nombreux dans le secteur. Les ours et les loups n'en feraient qu'une bouchée, maintenant qu'il n'a plus sa maman pour lui apprendre la vie d'un orignal et le protéger. 

Encore des vacances... ou presque!

Vous pensez que j'ai fait un grand ménage de mes récentes photos? Oui, c'est un peu ça! Avant de m'absenter pour un petit moment, je voulais vous dire de ne pas vous inquiéter de mon absence partielle. Crocodile Dundee « tombe » en vacances aujourd'hui (voilà une drôle d'expression « tomber en vacances », c'est tu comme « tomber en amour »?...) puisqu'il est un travailleur de la construction! Et moi, comme je suis travailleuse autonome, je serai en semi-vacances seulement puisque je devrai revenir à la maison (au bureau), surtout les mardis, mercredis et vendredis. 

La destination rêvée pour Crocodile Dundee pendant ses vacances, c'est sa forêt, ses sentiers, ses rivières, ses castors, ses orignaux, ses dorés et sa très chère liberté. Et moi, ben... J'ai rien contre ça!

vendredi 6 juillet 2012

Les Îles 2012 - Billet 7








Photo 1 : Le phare de l'Île d'Entrée. Il joue un rôle dans la belle histoire de Farmer que je vous raconterai bientôt, comme je l'ai racontée à Félixe depuis notre retour des Îles. 

Photo 2 : Le phare du Cap Alright à la Pointe Basse, à Havre-aux-Maisons. On ne peut pas l'approcher de plus près, il est sur une propriété privée et bien clôturée. 

Photo 3 : Le même phare mais d'un peu plus près, on peut y voir un bateau qui le croise et on distingue mieux l'Île d'Entrée, à 16 km de là. Je vous le disais plus tôt, on la voit de partout. 

Photo 4 : J'avais promis à Félixe que Mamie se ferait poser à côté de tous les phares qu'on allait voir. Là, on est maganés un peu, on revient de la pêche au homard, on n'a pas dormi de la nuit et on vient juste de finir de dîner mais j'avais promis à ma Félixou...  

Photo 5 : Le phare de Belle Anse. Officiellement, son nom, c'est le phare de L'Étang-du-Nord mais je l'ai toujours entendu nommer « le phare de Belle Anse » parce qu'il est situé... à Belle Anse! À mon humble avis, c'est le plus beau phare des Îles de la Madeleine. Et c'est le plus bel endroit pour admirer un coucher de soleil. Quand je suis là, j'envoie toujours la main à Barbe blanche... dans sa Gaspésie, juste en face,  à 215 km! 

Photo 6 : Ça, c'est un faux phare mais je le trouvais comique! Il est situé à Grande-Entrée, juste à côté de la boutique de Marie Marto. 

Photo 7 : J'avais promis à Félixe... Tous les phares! Celui-là, c'est un phare jouet, au Chalet des Sillons, à la Dune du Sud, à Havre-aux-Maisons. C'est là qu'on séjournait pendant notre semaine aux Îles. 

Au pays des phares 


J'ai toujours été fascinée par les phares. Poétiques. Droits et fiers. Symboliques. La lumière dans la nuit, le repère dans l'espace/temps... 

Mon phare, c'était mon père et chaque fois que je retourne dans son pays, je sens sa présence qui m'accompagne, j'entends son rire et son bel accent madelinot, je vois son sourire attendri, je reconnais chez ses cousins des traits de figure, des façons d'être et de penser. 

Un phare, ça peut même me faire pleurer tellement c'est beau. 

Avec Félixe, on joue souvent aux phares. J'ai un beau grand livre des phares du St-Laurent qu'on regarde ensemble, elle et moi. Avec des blocs ronds de différentes grandeurs qu'on empile, on fabrique des petits et des grands phares, ensuite, on allume la lumière sur le dessus (une mini lampe de poche) et on a des bateaux qui reviennent au quai avec du monde dedans. Parfois,. il faut prendre un plus gros bateau et aller les secourir. Nos histoires finissent toujours bien, par exemple. On se crée toutes sortes d'univers et on adore jouer aux phares, elle et moi.

J'ai aussi un phare musical. C'est Maman qui me l'a rapporté de son voyage dans les Maritimes à l'été 2005, quelques mois après le décès de Papa. Elle m'avait dit qu'elle ne savait pas du tout ce qui l'avait poussée à acheter pareille bébelle, ce n'est pourtant pas son genre. Elle ne connaissait pas du tout cette musique-là mais l'objet était joli, disait-elle. Quand j'avais tourné la petite manivelle, la musique avait commencé tout doucement à jouer et je connaissais trop bien cette chanson : « Did you ever know that you're my hero ». C'est ce que j'ai toujours dit à mon père. Maman doit avoir beaucoup d'intuition...

Je me suis rapporté à moi-même cette année un petit phare crée par les Artisans du Sable. Il trône à côté de mon phare musical et de mon grand livre des phares du St-Laurent, tout près des blocs, des bateaux et des petits personnages qui peuplent notre univers marin, à Félixe et à moi. 

Son phare préféré, elle, c'est celui du Cap Alright, instinctivement elle doit être attirée par celui-là qui est à Havre-aux-Maisons et qui est pas mal à son échelle. En effet, il est tout petit, mais d'une grande importance pour les pêcheurs de homard qui vont se cotiser et payer de leur poche pour le réparer, l'entretenir et qu'il continue à jouer son rôle dans leur paysage. Parce que le gouvernement fédéral leur a coupé même ça... C'est Fred, Arthur et Hugo qui m'ont dit ça. Félixe n'arrête pas de me dire qu'elle veut aller dedans, demander la permission et ouvrir la porte pour monter ouvrir la lumière et que les bateaux reviennent avec tout le monde dedans. Quand on ira ensemble aux Îles avec elle et ses parents, je suis prête à faire mer et monde pour réaliser son rêve. Après tout, je suis responsable de l'avoir fait rêver ainsi... 

Je n'ai pas vu encore cette année le phare de l'Anse-à-la-cabane, c'est du côté de Bassin. On m'a dit qu'il était devenu propriété privée lui aussi... 

Pour voir ceux de l'Île Brion et du Rocher aux Oiseaux, il faut aller en expédition sur un zodiac et la température ne s'y prête pas tout le temps. Celui du Rocher aux Oiseaux me fascinerait encore plus que tous les autres parce que mon grand-père y a déjà été gardien de phare pendant un moment, c'était avant qu'il épouse ma grand-mère. Ces deux phares sont sur des îles qui ne sont plus habitées. On en a fait des réserves écologiques et c'est très bien ainsi. 

Vous ai-je dit qu'autour des Îles, il y a eu 400 naufrages? J'ai réussi à trouver (chez Marie Marto) une carte des naufrages, un véritable objet de collection, on y retrouve tous les naufrages autour de l'archipel, tels qu'ils ont été répertoriés par le Père Frédéric Landry, un historien brillant qui a été le fondateur du Musée de la Mer. Je ne pouvais pas l'apporter dans mes bagages en avion sans risquer de la briser alors c'est Joce et Guylaine qui m'ont offert de l'apporter avec eux (ils s'en retournaient en bateau) et ils me l'apporteront quand ils viendront en Abitibi dans quelques semaines. 

Je pars dans moins d'une heure pour la fin de semaine avec Crocodile Dundee, retrouver notre camp, notre rivière et nos forêts boréales. Comme il m'est difficile chaque fois de quitter le pays des phares, il m'est tout aussi difficile présentement de mettre fin à cette série de billets. Alors, ce n'est peut-être pas encore la fin, je ne sais pas, je verrai la semaine prochaine. Et puis, je ne voudrais pas vous lasser... 

En tout cas, avec 7 billets en deux jours, je vous ai laissé de la lecture à profusion pour la fin de semaine, en cas de pluie! 


Les Îles 2012 - Billet 6












Photo 1 : On avait rendez-vous sur le quai de la Pointe Basse, à Havre-aux-Maisons, à 3 heures du matin, sur le Cap Pilier, un homardier comme tant d'autres, mais pour nous, il restera toujours le plus spécial, le plus merveilleux puisque nous y avons vécu une journée de pêche au homard, grâce à Fred à mon oncle Will qui en avait fait la demande à son frère, le capitaine, Arthur à mon oncle Will et son fils, Hugo, la relève. Je vous les présenterai... Nous étions conscients de notre chance, cette sortie en mer n'est pas offerte aux touristes, c'est là que ça fait une différence qu'on soit de la famille... 

Photo 2 : De gauche à droite : Fred, Arthur, Hugo. Au début, c'est la pêche au filet, on prend du maquereau qui servira d'appât (qu'ils appellent de la bouette) à remettre dans les cages à homard. On ramène les filets, on sort les maquereaux et on remet le tout dans la mer jusqu'au lendemain, même heure même poste. 

Photo 3 : De gauche à droite : Fred, Arthur, Hugo. Nous, on n'avait pas le droit de les aider dans leur travail, la loi est très sévère en cette matière et ils sont tellement habiles, vaillants et concertés quand il est question de leur métier qu'ils adorent. Arthur, le capitaine, c'est celui qui a le vêtement orange. En plus de conduire le bateau, et je vous dis que c'est beau de le voir aller, il participe à vider les cages, les remplir d'appât bien frais et ce sont Fred et Hugo qui font le reste. Même Fred n'a pas le droit de toucher aux homards depuis qu'il est retraité, c'est Hugo qui s'en occupait, des homards. 

Photo 4 : Soleil levant sur une trawl de cages à homard. Une trawl, c'est une série de 7 cages, exceptionnellement 8, pour que ça arrive au grand total de 279 cette année. Chaque homardier est limité à 279 cages. Avant, c'était 300. En 2008, quand j'étais allée aux Îles, Fred me disait que c'était au-dessus de 280. L'affaire, c'est que, pour protéger la ressource sans affecter trop les revenus, ils partaient de 300 cages par bateau, pour descendre de 3 par année, jusqu'à ce qu'on arrive à 270 et là, ça va bloquer. L'an prochain, ils auront droit à 276 cages à homard chacun d'entre eux. 

Photo 5 : Fred et Hugo s'affairent aux cages pendant que Arthur est aux commandes du bateau, pour repérer les bouées et gérer le trafic. Même s'il y a plusieurs instruments modernes à bord (radio marine, GPS, etc.) quand Arthur regarde le ciel et la mer, c'est sa connaissance et son expérience qui prévalent. Il a tellement de métier. 

Photo 6 : Dans la cabine du bateau, on se croirait dans un petit motorisé. Dans la cale, on y trouve une petite salle de bain et trois couchettes, du matériel aussi, je n'ai pas été là longtemps, ce n'est pas conseillé non plus, à cause du mal de mer. J'ai trouvé ça touchant de voir les photos de ses 4 petits-enfants à la place d'honneur dans la cabine. Arthur a deux fils dont il est très fier,  Hugo, qui prend sa relève et qui a deux enfants, et son frère, capitaine sur un gros bateau, qui en a deux aussi. Une belle famille!

Photo 7 : Soleil levant sur les cages... Un autre homardier à l'horizon. À certains moments, autour de la « p'tite Sheg », il y en aura tout le tour de nous. 

Photo 8 : Le homard, c'est tellement réglementé et nos pêcheurs sont très conscients que ce sont eux qui gagnent en étant « plus catholiques que le pape », quant à ce qui assure la pérennité de la ressource. Ainsi, quand le homard est gros en masse, on lui enfile des élastiques aux pinces et il passe directement dans le vivier. Mais en cas de moindre doute (et je vous assure qu'ils ont la mesure dans l'oeil) ils ont un instrument qui mesure très précisément le crustacé. Beaucoup retournent à la mer. Et quand la mesure passe d'un côté, ils ne prennent pas de chance, ils mesurent aussi de l'autre côté. S'ils se faisaient prendre avec un homard qui n'est pas dans la norme, c'est 1500 $ d'amende. On ne garde pas non plus les femelles oeuvées, elles aussi retournent à la mer. Ils nous ont montré tout ça, ils sont tellement passionnés de leur métier... Nous, on voyait les homards passer par-dessus bord une fois sur deux, c'était impressionnant!

Photo 9 : Voilà « la p'tite Sheg » ou de son vrai nom sur les cartes officielles « La Cormorandière ». C'est là que pêchent Arthur et Hugo, comme c'est là aussi que pêchaient nos deux grands-pères, à Jocelyn et moi. Fred et Arthur nous l'ont redit encore cette fois. Papa devait y aller avec eux lui aussi... Ils nous ont raconté de belles histoires à propos de la p'tite Sheg. Située à la Dune du Sud, on la voit de partout elle aussi. 

Photo 10 : On n'avait pas choisi une journée facile, il paraît... C'est ce qu'un pêcheur qui nous a vus arriver sur le quai à 3 heures du matin nous avait dit : « Vous allez avoir le mal de mer, faites-les pas virer de bord, ils pourront pas! » En fait, on n'avait pas choisi vraiment, quand ils nous ont proposé de nous emmener à la pêche au homard, on a sauté sur l'occasion avec enthousiasme. Mais la température change vite aux Îles et ça brassait pas mal sur le bateau. Quand ils partent, à 3 heures du mat, ils sont en mer jusqu'à au moins midi et ils ne peuvent pas virer de bord pour aller reconduire au quai quelqu'un qui aurait le mal de mer. La pêche au homard, c'est leur gagne-pain, non pas un divertissement exotique pour touristes! Et la saison du homard ne dure que 9 semaines... 

Photo 11 : On n'a pas eu le mal de mer, personne de nous quatre! Fiou... Et on était tellement contents d'avoir vécu ça avec eux. Ils nous ont dit et répété qu'ils étaient fiers de nous, qu'on avait le pied marin, qu'on était des vrais Madelinots, nos conjoints avec! Je ne peux pas résister à terminer ce billet par cette photo, parce qu'elle représente trop de bons moments. De gauche à droite : Guylaine, Jocelyn, moi, Crocodile Dundee, Arthur, le capitaine et Hugo, la relève. C'est dommage que Fred à mon oncle Will ne soit pas là, c'est lui qui a pris cette photo avec mon appareil mais c'est à lui qu'on doit ce moment fort de notre voyage aux Îles, à pêcher le homard à la p'tite Sheg comme le faisaient nos deux grands-pères... 

La pêche au homard 


Et pour la fin de l'histoire, le pêcheur qui nous avait tellement mis en garde qu'il nous a un peu foutu la trouille  sur le quai à 3 heures du matin, (je l'ai trouvé tellement plate, lui) il est repassé à midi, après sa journée de travail et il s'inquiétait vraiment de nous quatre. Je vous dis qu'on était contents de lui dire que tout avait bien été pour nous autres! En plus, Arthur, Fred et Hugo se sont empressés de lui dire qu'on était des Madelinots, pas des touristes et qu'on était de la famille... Tiens toué, l'oiseau de mauvaise augure!!!

On n'avait pas dormi beaucoup, alors on est fatigués, mais tellement heureux. Et on n'avait pas fait un pouce d'ouvrage! Pour ces pêcheurs de homard, se lever à 2 heures du matin et partir à 3 heures, c'est du quotidien pendant les 9 semaines que dure la saison du homard. Après, ils font autre chose, ils pêchent autre chose jusqu'à l'automne. Arthur approche de sa retraite mais Hugo, jeune trentaine et père de famille, trouve du travail dans la construction et la rénovation le reste de l'année. Sa conjointe, Marjorie, a une petite entreprise à Cap-aux-Meules, on est passés lui dire bonjour le lendemain.

La saison de pêche au homard aux Îles de la Madeleine se termine demain, le 7 juillet. 

Merci mille fois à Fred, à Arthur et à Hugo. 

jeudi 5 juillet 2012

Les Îles 2012 - Billet 5







Photo 1 : Comme il avait été convenu depuis un bon moment déjà, nous avions rendez-vous au Musée de la Mer, à Havre-Aubert, avec le coordonnateur, Monsieur Reynald Briand, un passionné d'histoire et de généalogie, un fier Madelinot. J'y apportais tout ce que j'avais d'histoire des Madelinots en Abitibi, une mission que personne ne m'avait donnée mais dont je voulais m'acquitter depuis 4 ans. 

Photo 2 : Monsieur Briand nous a reçus très chaleureusement, mon frère Jocelyn et moi. Pendant ce temps, Crocodile Dundee et Guylaine souhaitaient plutôt rester du côté du musée où ils ont fait de belles trouvailles. 

Photo 3 : Avec le sentiment du devoir accompli, pour rester dans un contexte historique (!) nous nous sommes dirigés à quelques pas du Musée de la Mer, au Café de la Grave, où l'ambiance nous a une fois de plus transportés dans un univers si chaud, si doux, si délicieux. Dans ce café, on y trouve des livres, des magazines, des journaux, des oeuvres d'art sur les tables, les murs, les chaises dépareillées, les abats-jours crées par les Artisans du Sable et il y a souvent quelqu'un qui vient jouer du piano, comme sur ma photo, ou encore de l'accordéon, de la guitare, etc.  

Photo 4 : Là, on est encore quelques pas plus loin mais encore sur La Grave, chez les Artisans du Sable. On voulait montrer à Félixe que Papi et Mamie avaient visité pour elle les plus grands créateurs de châteaux de sable au monde, des artistes qui savent tirer le meilleur de tout ce qu'ils trouvent à profusion sur les plages des Îles de la Madeleine. C'est là que j'ai trouvé des petites choses à rapporter à ceux et celles que j'aime. 

Photos 5 et 6 : Tout juste à côté des Artisans du Sable, au pied des buttes des Demoiselles, on a passé là un bon moment à se laisser vivre, à jaser de tout et de rien. On redevenait des enfants qui jouaient à ramasser des coquillages, des coquilles vides de couteaux de mer, des bouts de bois usés par la mer, des cailloux, des galets. Ici, un concours de ricochets sur l'eau entre deux gars très compétitifs. Je ne me souviens même plus lequel des deux a gagné mais une chose est certaine, ils prenaient ça très à coeur et ils ne voulaient plus s'arrêter! 

Une page de notre histoire


Je l'ai déjà raconté ici, la dernière fois que j'étais allée au Musée de la Mer, en juin 2008, j'avais demandé ce qu'on avait sur les deux contingents de Madelinots en Abitibi, histoire de compléter ce que j'avais déjà, puisque je m'y étais toujours intéressée. À mon grand étonnement, on m'a répondu qu'on n'avait rien là-dessus, tout simplement parce que personne n'avait documenté cette page de notre histoire, ni le contingent de 1941 dont faisait partie mon père, ni celui de 1942 dont ma mère était. En tout, en deux ans, 206 Madelinots et Madeliniennes avaient quitté leurs chères Îles pour s'en aller en Abitibi et aujourd'hui, nous sommes plus de 1000 à s'identifier comme des descendants de ces courageux bâtisseurs de pays. 

À l'été 1993, j'avais entrepris de faire la biographie de ma grand-mère maternelle à l'aide d'entrevues avec elle, que je réalisais avec la collaboration et le soutien de mon frère Yves. J'avais eu le temps de terminer le tout, retranscrire fidèlement ses propos, lui faire approuver une version finale que j'ai fait imprimer et relier à la bonne franquette et de distribuer ce précieux héritage dans sa famille et ses amis vers la fin de l'été. Elle est décédée à l'automne alors que tous ceux qui voulaient réagir auprès d'elle avaient pu le faire. Je restais donc avec 270 minutes d'enregistrement audio d'entretiens avec elle, ainsi que son point de vue, sa vision, de toute cette épopée. Ce fut le point de départ de tout ce qui est arrivé par la suite. 

Durant les derniers mois, j'avais travaillé à rassembler documents, livres, enregistrements audio, photos, livres-souvenirs, CD et à faire des liens entre toutes ces pièces de puzzle qui me semblaient maintenant s'imbriquer toutes seules comme par enchantement. À mesure que j'avançais dans toute l'affaire, j'envoyais des petits bouts par courriel à mon frère Jocelyn en lui demandant de m'en parler franchement s'il avait le moindre doute quant à l'angle que je donnais à tout ça, est-ce que j'en oubliais des bouts? Est-ce que j'occultais ce qui ne faisait pas mon affaire? Est-ce que je mettais de l'avant quelque chose qui aurait dû prendre moins d'importance? Est-ce que je devais écrire telle ou telle vérité? Bref, Jocelyn m'a encouragée et soutenue tout au long de ma « mission » et il m'avait dit dès le début qu'il aimerait beaucoup aller au Musée de la mer avec moi le jour où nous irions porter notre histoire là où elle doit être racontée. 

Par courriel ou par téléphone, on échangeait beaucoup durant cette période, c'était passionnant et réconfortant de se rendre compte qu'on avait fait souvent la même lecture des événements au cours des années, même celles où nous n'étions pas nés, ni lui ni moi. 

Nos grands-parents Poirier et Turbide ne sont plus là. Notre cher Papa non plus. Mais il nous reste notre Maman qui a vécu ces événements et qui a une mémoire fidèle de toute cette épopée « Des Îles jusqu'en Abitibi ». Et moi, j'avais vécu quelque chose de très fort avec mon frère Yves au moment de faire la bio de Grand-Maman en 1993 et ça n'avait d'égal que tout ce que je vivais de très intense aussi, avec mon frère Jocelyn, au moment d'aller livrer cette page de notre histoire aux Îles de la Madeleine. 

La veille de notre visite au Musée de la Mer, comme je revérifiais une dernière fois l'ordre des documents, la clé USB et le contenu de la valise, Jocelyn m'a posé une question franche et directe qui m'indiquait jusqu'à quel point il saisissait l'importance et la subtilité de tout ça : « Es-tu prête à faire face à d'éventuelles critiques, à ce qu'on pourrait te reprocher même si ce n'était pas fondé, es-tu prête à assumer tout ça? » et sans l'ombre d'un doute, je lui ai répondu « Oui ». 

Nous savions tous les deux que si cette histoire n'avait jamais été racontée, c'était peut-être parce qu'il y avait de la pudeur, de la souffrance et des incompréhensions là-dessous mais j'avais choisi délibérément, avec son accord et son analyse comme soutiens indéfectibles, de raconter cette histoire le plus authentiquement possible, sans jamais tomber dans le misérabilisme et l'anecdote trop personnelle. Après ça, si quelqu'un a quelque chose à redire, libre à lui de continuer là où j'ai laissé ou selon sa propre lecture des événements. J'étais en paix avec ce que j'allais déposer au Musée de la Mer. 

Monsieur Briand nous a accueillis comme si on était de la famille. On aurait pu y rester des heures dans son bureau. Curieusement, ce n'était pas moi qui parlait le plus cette fois-là. J'écoutais beaucoup. Je goûtais chaque moment, avec lui et mon grand p'tit frère, tout fier. On aurait dit un rêve. Monsieur Briand a dit qu'on était de vrais Madelinots! Il a ajouté que Joce, c'est un vrai Poirier pure laine, il se fait toujours dire ça d'ailleurs, ce à quoi il a rétorqué que c'était bien possible, parce que nous étions aux 3/4 Poirier, avec trois grands-parents sur quatre qui portent ce nom de famille. Quant à moi, je me fais toujours dire que je ressemble physiquement à ma mère et à ses soeurs, pour une fois, on m'a dit que j'avais tout d'une Turbide, les yeux bleus, les cheveux blonds, une caractéristique des Turbide du Havre-aux-Maisons, il paraît. Je n'étais pas peu fière! 

Le coordonnateur des collections historiques du Musée de la Mer m'a dit merci et il me regardait droit dans les yeux quand il a dit ça. Il a ajouté : « Pour tous les Madelinots, ceux d'ici, ceux de chez vous et ceux de partout ». 

Maintenant, tout peut arriver. Je suis prête à assumer!


Les Îles 2012 - Billet 4







Photo 1 : Ma difficulté, dans ce billet comme dans les autres qui précèdent, c'est de trouver des photos où il n'y a personne dessus. Quand je ne peux pas faire autrement, je vous les montre de dos ou de loin... J'espère que ça n'offusquera pas mes compagnons de voyage... Là, on est dans notre petit chalet des Sillons, à la Dune du Sud, Havre-aux-Maisons, c'est pas mal tout le temps là qu'on prenait notre repas du soir, celui du midi se dégustait sur la route, aux quatre coins des Îles, là où l'on était au moment où les deux aiguilles se rejoignaient à 12! Ici, c'est Crocodile Dundee, notre chef pour les pétoncles, qui s'affairait à les faire dorer juste avant qu'on se mette à table. 

Photo 2 : Guylaine, c'est la grande championne des salades et des vinaigrettes. D'une créativité enthousiaste et aventurière, elle fait de tout avec rien et c'est toujours délicieux. Les pétoncles, on se les pigeait dans le plat à mesure mais chacun de nous avait ses pinces de homard et ses crevettes directement dans son assiette, avec son petit verre de vin blanc. Eh que la vie est dure...

Photo 3 : Si vous passez un jour au Café de la Grave, sur le site historique du même nom, à Havre-Aubert, on vous suggère de goûter à la chaudrée aux fruits de mer, servie dans un bol en pain. Un petit verre de blanc, comme de raison, pour accompagner tout ça joliment. Et comme on a été gourmands et que le Café de la Grave est réputé pour ses desserts, on s'en est commandé chacun un. Divin!

Photo 4 : On peut tu imaginer du homard plus frais que ça? J'y reviendrai dans un autre billet mais nous avons eu la chance, que dis-je, le privilège de faire partie de la famille, d'aller vivre une journée à la pêche au homard et au maquereau avec Fred à mon oncle Will, pêcheur de homard retraité depuis peu, son frère Arthur, le capitaine, donc Arthur à mon oncle Will, et la relève, son fils Hugo, ces hommes de la mer qui nous ont fait vivre une expérience que nous n'oublierons jamais, avec à l'esprit que nos grands-pères  et nos grands grands pères pêchaient à la même place qu'eux, à la « p'tite Sheg » à la Dune du Sud. 

Photo 5 : L'un des comptoirs de La Factrie, à Gros Cap, où l'on s'arrêtait souvent en fin de journée pour choisir le souper qu'on allait se faire en arrivant au chalet. Même que le dernier soir, on en a acheté de surplus pour rapporter chez nous, et surtout comme souvenir de voyage à Maman. J'ai eu de la misère à passer à la sécurité de deux aéroports avec ma can de homard de Gros Cap pour Maman. Sa terrine de homard, elle passait sans problème au détecteur, dans un petit pot de verre et rien de liquide dedans mais pour la can de homard de Gros Cap, en métal, et le homard conservé dans l'eau salée à l'intérieur, il a fallu que je m'obstine un peu, on voulait me la confisquer. Je l'avais mise dans mon bagage à main parce que c'était trop précieux. Désespérée, presque suppliante, je leur disais : « Mais c'est pour Maman! », ça n'avait pas l'air de les émouvoir beaucoup. Non mais t'sais, pour un vol intérieur, ils ont mis du temps à comprendre, j'ai tu l'air d'une terroriste qui camouflerait des armes de destruction massive dans une can de homard? 

Photo 6 : Encore à La Factrie, Joce est en train de régler sa facture, et on sait bien que pour manger la même chose, juste un étage plus haut où ils servent des fruits de mer et des poissons des Îles, ça nous aurait coûté trois fois le prix. En sortant de là, on arrêtait s'acheter une petite bouteille de vin à Cap-aux-Meules, des fruits et légumes à salade à la Coop de Havre-aux-Maisons (il faut encourager l'achat local, même en vacances).  

Qu'est-ce qu'on mange aux Îles?


Disons que pour la bouffe, on n'est pas passés à côté de l'essentiel là non plus. Homard, pétoncles, crevettes, petites et grosses, moules bleues, coques, maquereau fumé, couteaux de mer, lasagne aux fruits de mer (celle de la Boulangerie La Madelon à Cap-aux-Meules est divine), chaudrée aux fruits de mer du Café de la Grave, comme je vous le mentionnais plus haut, et tout près de là, des délices à la morue du Four à Pain, à Havre-Aubert, ainsi que leurs fameux pâtés au maquereau, au saumon et à tout ce que vous voulez,  c'est Fred à mon oncle Will qui nous avait amenés là après avoir marché le Sandy Hook.  

Une autre poissonnerie qu'on a essayée une fois, c'est celle de l'Étang-du-Nord. On aurait pu y retourner plus souvent mais on avait nos habitudes à La Factrie et c'était plus sur notre chemin. 

Ah oui, j'oubliais, sur le bateau, la nuit où nous sommes partis à la pêche au homard, Fred à mon oncle Will nous avait apporté un plein sac de croxignoles, une spécialité locale, c'est sa nièce Chantal qui les lui avait offerts pour partager avec nous : Une sorte de pâte très peu sucrée qu'on tresse d'une manière tellement jolie et fine, c'est comme de la dentelle qu'on fait frire dans l'huile de loup-marin ou moitié-moitié huile de loup-marin et huile d'arachide. J'en avais déjà goûté à mon dernier séjour aux Îles, en plus que Maman et Grand-Maman en faisaient à l'occasion, pas souvent, quand j'étais petite, mais j'ai préféré vraiment les croxignoles à Chantal, moitié moitié, que j'ai goûtées sur le bateau. Avec ça et un bon bol de thé chaud, tu peux juste pas avoir le mal de mer...  Faudrait qu'on en parle à Capine!

J'aurais bien aimé retrouver cette année ce que Marcel à mon oncle Edmond me cuisinait en me contant des histoires drôles, lors de mon premier voyage aux Îles en 1972 et qu'il appelait des barachois. Selon les villages et les familles, ça peut s'appeler aussi des banax, des tortillettes, de la pâte levée et que sais-je encore? Quand j'en ai vu passer une assiette, c'était à la fin de notre dîner au Four à Pain. Juste à les voir passer, je salivais... J'ai demandé à la serveuse : « Mais c'est des banax, ça, vous en aviez sur le menu? » ce à quoi elle m'a répondu que si j'appelais ça des banax, c'est que je venais de Fatima! Pourtant non... Comment ils appellent ça, au Four à Pain? Des tortillades! Celle-là, je l'avais jamais entendue. On sert ça avec soit un caramel maison, du tamarin (ah du tamarin, ça, c'est plein de souvenirs pour moi!...) ou de la confiture aux oeufs. La prochaine fois, je le saurai!

Les Îles 2012 - Billet 3









Photo 1 : La mythique, l'attirante, la mystérieuse et l'enchanteresse Île d'Entrée... De partout ou presque, on la voit, ainsi elle devient un repère lorsqu'on se trouve sur l'archipel. Elle est la seule île habitée à ne pas être reliée aux autres, ce qui lui confère son statut particulier. Elle est habitée par encore environ 80 personnes à temps plein et ça monte à 100 durant l'été. Ses habitants sont des descendants d'Irlandais. On y parle l'anglais, comme à Grosse-Île d'ailleurs, alors que tout l'archipel est francophone. 

Photo 2 : Oui, on la voit de partout... Ici, du haut du Cap-aux-Meules, où l'on aperçoit le Ivan Quinn, traversier qui fait la navette entre l'Île d'Entrée et le port de Cap-aux-Meules deux fois par jour, matin et fin d'après-midi. Ce traversier est gratuit pour les habitants de l'Île d'Entrée, il s'agit d'un service essentiel. Nous aurions pu y aller sur le Ivan Quinn (personnage attachant et célèbre de l'Île d'Entrée aujourd'hui décédé) comme Joce et Guylaine l'avaient déjà fait à quelques reprises mais nous avons plutôt choisi d'y aller avec le bateau Béatrice Hubert de l'entreprise Excursions en mer, parce qu'ils ont des guides qui nous racontent des faits historiques et le quotidien des habitants de l'Île d'Entrée, des pêcheurs de homard qui font face à de nombreux défis et ce, très courageusement. 

Photo 3 : Nous voilà sur l'Île d'Entrée. Jusque là, il faisait beau et frais avant qu'on débute l'ascension de la fameuse Big Hill, une sorte de rituel quand on va aux Îles, de là cette phrase qu'on entend sans cesse : « Es-tu allé su'a Big Hill? », « Quand est-ce que vous allez grimper su'a Big Hill? », « Il doit venter en masse en haut de la Big Hill »,  ou encore « J'ai grimpé su'a Big Hill avec un tel ou une telle ». Ici, la tombe du cheval Farmer, une belle histoire vraie (c'était en 1923) que je connaissais déjà mais là, j'ai rapporté dans mes bagages le livre qui la raconte, c'était mon petit cadeau pour Félixe et j'ai ajouté plein de photos dedans pour la rendre plus vivante, plus personnalisée pour elle, avec Papi et Mamie sur les lieux, les paysages, les buttes, etc. Je croyais qu'elle aimerait l'histoire de Farmer plus tard, quand elle serait plus grande, mais elle raffole de cette histoire, encore hier soir, elle m'a demandé de la lui raconter. Elle ne s'en lasse pas. Elle la vit intensément, c'est drôle de voir ses réactions et son intérêt pour Farmer et les enfants de l'Île d'Entrée. Je pense qu'on vient de semer quelque chose!

Photo 4 : La température change vite aux Îles et de manière imprévisible, c'est la particularité du climat maritime. Et le vent incarne ici un personnage puissant. On avait apporté notre pique-nique (une généreuse salade aux crevettes) puisqu'on arrivait sur l'Île à l'heure du dîner. Disons qu'on a mangé vite un peu, et qu'on devait tenir notre lunch à deux mains, même si c'était délicieux! Et puis l'ascension... Il fallait être de retour au bateau à 15 heures et même idéalement 15 minutes avant. La Big Hill, c'est pas le Kilimandjaro, il faut prendre le temps de monter là-haut, c'est le plus haut sommet de toutes les Îles de la Madeleine. Et puis, il faut redescendre aussi! Mais la vue est à couper le souffle quand on y arrive. Sur 360 degrés. On peut même déguster des petites fraises des champs en montant mais nous, on n'avait pas le temps tellement. Crocodile Dundee m'en a offert quelques-unes en s'en allant, j'ai pris ça comme des bouquets de fleurs! Il pleuvait, il ventait, il faisait froid mais j'en garde un souvenir impérissable de la Big Hill. J'y retournerai... 

Photo 5 : Pour Joce et Guylaine, c'était la quatrième fois qu'ils grimpaient su'a Big Hill. Les autres fois d'avant, ils y étaient avec leurs enfants. Ça leur a rappelé de beaux moments... C'était la première fois qu'ils y allaient par temps maussade et quand je dis maussade, je suis beaucoup trop nuancée! Joce et moi, ça faisait des mois qu'à chaque fois qu'on se parlait au téléphone, on terminait ainsi notre conversation « Je te conterai ça quand on sera su'a Big Hill » mais je peux vous dire qu'une fois là-haut, on n'a pas jasé du tout mais on était heureux d'être là. Ensemble. Tous les quatre. Vite vite, quelques clichés à la sauvette qu'on ne prenait pas le temps de cadrer et on s'est dépêché à redescendre (ça va plus vite en redescendant) pour arriver à temps au bateau! La Big Hill, c'est une section non fumeur. On n'a pas vu d'écriteau mais c'est impossible de s'en allumer une là!

Photo 6 : Du haut de la Big Hill, on a un point de vue sur les buttes environnantes où vont galoper les chevaux et brouter les vaches. Des paysages à couper le souffle là aussi. Normalement, je veux dire, quand la visibilité est bonne. Ici, on regarde vers l'Europe, c'est la grande bleue à l'infini. 

Photo 7 : En cliquant sur la photo pour l'agrandir, vous pourriez voir le Sandy Hook dont je vous parlais précédemment. Ce crochet de sable (un haut fond) vient presque rejoindre l'Île d'Entrée mais de forts courants marins empêchent toute tentative à cet effet. Je connais seulement le cheval Farmer qui y est arrivé en 1923 et on en parle depuis ce temps-là. 

Photo 8 : On quitte l'Île d'Entrée... Nous sommes à 10 milles ou 16 km de Cap-aux-Meules, Havre-aux-Maisons, etc. Elle disparaît plus vite que prévu, on la perd dans les grosses vagues. Quelques-uns auront le mal de mer dans le bateau, dont « Capine » qu'on avait surnommé ainsi, parce qu'il mettait tout le temps sa capine quand il filait pas... Et Dieu sait comme il filait pas... On l'a rencontré ailleurs dans l'archipel les jours suivants. On l'a salué chaque fois avec un sourire de compassion, on pense qu'il est resté sur le plancher des vaches après son aventure à l'Île d'Entrée. Pauvre Capine! 

Su'a Big Hill à l'Île d'Entrée


Ah je pourrais vous en parler longtemps de l'Île d'Entrée. Elle me fascine depuis toujours. On y trouve des histoires et des phénomènes incroyables. Ces gens-là sont des héros inconnus. Elle suscite plein de questions, on trouve parfois des réponses mais qui suscitent encore d'autres questions. 

Au petit Musée de l'Île d'Entrée, je me suis procuré un document en français qui racontait un peu de son histoire et de ses habitants. Je l'ai dévoré littéralement. 

Un fait parmi tant d'autres, à l'école primaire de l'Île, une petite école anglophone à niveaux multiples, cette année, il y avait 9 enfants. La grande tristesse, c'est qu'en septembre prochain, il n'y en aura plus que 5... En mai dernier, quand le directeur de l'école de Grosse-Île est venu sur l'île d'Entrée en compagnie d'un responsable de la Commission scolaire Eastern Shores, il y a eu un moment de grande émotion sur le quai, alors qu'un silence lourd régnait pour les accueillir. Les gens se sont approchés, inquiets. Et puis des pêcheurs de homard sont revenus à quai eux aussi, la tête basse et le regard plein de larmes. L'un d'entre eux s'est avancé et s'est adressé aux deux hommes venus par le Ivan Quinn : « Vous êtes venus fermer l'école? » 

Non, ils ne sont pas venus fermer l'école mais c'est peut-être seulement un sursis... 

Les Îles 2012 - Billet 2







Photo 1 : Plage de la Dune du Sud. J'y suis tellement attachée à celle-là... Située à Havre-aux-Maisons, elle  s'étire langoureusement sur 22 km, en passant par la Cormorandière ou ce que nos grands-pères appelaient « la p'tite sheg », et ils pêchaient le homard à cet endroit. Les levers de soleils y sont époustouflants avec tous ces homardiers à l'horizon... 

Photo 2 : La Grande Échouerie. Située à Old Harry, dans le haut de l'archipel, elle s'offre sur 8.5 km et elle est riche d'histoire puisque c'est là que, bien avant l'arrivée des premiers Madelinots, les Micmacs et les Basques venaient y faire des expéditions annuelles de chasse aux vaches marines (morses). 

Photo 3 : Le Sandy Hook comme tout le monde l'appelle dit bien plus ce que c'est que son nom en français : le Bout du banc. Les Îles de la Madeleine, vues d'avion, c'est un hameçon, et cette plage en est le crochet. Au début de cette plage située à Havre-Aubert, on doit laisser notre voiture. Une dune divise les deux côtés sablonneux mais à un moment donné, il n'y a plus de dune et les deux côtés se marient pour ne former qu'un. Pour se rendre au bout, il faut marcher 12 km... et en revenir ensuite, donc 24 km. Un jour, je la ferai au complet... Je veux absolument voir l'Île d'Entrée à partir « du bout du banc ». 

Photo 4 : L'Île Boudreau. Celle-là, on ne la répertorie même pas parmi les nombreuses plages des Îles. Mais  moi, j'y trouve un charme parce qu'elle est presque inaccessible. On peut y aller à pied, en marchant l'Île Boudreau mais on arrive à une interdiction d'aller plus loin là où vous voyez une personne sur ma photo. Le plus sûr moyen de l'atteindre, c'est en kayak, à partir du Bassin aux Huîtres. D'un côté, l'eau y est plus chaude et de l'autre, on est en plein dans le Golfe St-Laurent. 

Photo 5 : La Dune du Nord, 16,5 km. On y a accès par le chemin de l'Hôpital, à Fatima, et à plusieurs endroits également sur la route 199, jusqu'à Pointe-aux-Loups. Cette plage est réputée dangereuse à cause des forts courants marins. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'eau est plus chaude sur la Dune du Nord que sur la Dune du Sud. Crocodile Dundee a vérifié personnellement en s'y plongeant jusqu'au cou alors que Joce, Guylaine et moi, on s'est risqués jusqu'aux cuisses seulement, on ne voulait pas mouiller notre linge!!!

Photo 6 : Plage du Corfou, Étang-du-Nord. Je n'ai pas de données précises sur celle-là, on ne la répertorie pas non plus parmi les plages des Îles de la Madeleine. Elle porte ce nom à cause du naufrage du Corfou Island qui laisse encore des traces ensablées qui nous donnent le goût d'en savoir davantage. En passant, au fil des années, il y a eu 400 naufrages autour des Îles de la Madeleine... Ceux qui vont prendre une bière brassée aux Îles, À l'Abri de la Tempête, risquent de la bien connaître... 

Laquelle est la plus belle?


J'ai fait mon petit sondage très très très scientifique pour savoir laquelle de ces plages était la plus belle. Évidemment, tout le monde a ses critères qui diffèrent. Depuis 4 ans, il y a un désaccord là-dessus entre Crocomickey et moi. Il dit toujours que la plus belle, c'est La Grande Échouerie et moi, à cause d'un attachement inconditionnel et d'un amour aveugle, je vote toujours pour la Dune du Sud. Alors, j'ai fait mon sondage maison et définitivement, c'est Crocomickey qui l'emporte haut la main, même mes proches, Crocodile Dundee, Joce et Guylaine ont voté La Grande Échouerie bien avant la Dune du Sud. 

Là, j'ai demandé à d'autres personnes. Pour que mon sondage soit crédible, il fallait que mon échantillon soit plus grand et donc représentatif d'une plus forte majorité. Et puis, je ne vous ai pas présenté toutes les plages non plus, il y avait encore la Plage de l'Ouest (3,8 km), la Plage du Cap (13 km), la Plage de la Martinique (13 km), la Plage de la Dune de l'Ouest (8,7 km), la Plage de la Pointe-aux-Loups (16,5 km) et finalement la Plage du Bassin Est (1,5 km). 

Ma référence aux Îles, c'est toujours Fred à mon oncle Will. Lui, il connaît ça! Je lui ai donc posé la question  si difficile. Savez-vous quelle a été sa réponse? Le Sandy Hook!

Donc, je m'incline, ma Dune du Sud ne remporte pas le concours. La Grande Échouerie à Crocomickey a obtenu le plus de votes mais Fred à mon oncle Will, c'est un vote très pesant que j'aurais tendance à considérer, surtout après avoir marché une grande partie du Sandy Hook en sa compagnie avec ma gang  par un avant-midi ensoleillé et heureux. On a fini ça en allant déguster au Four à Pain, à Havre-Aubert, des pâtés au maquereau, des délices à la morue et beaucoup d'autres nananes de la mer qui nous ont charmé les papilles.