J'ai pris ces photos l'été dernier à notre camp à Rapide Deux. Pour les tites fraises, ça devait être autour de la Fête Nationale mais pour les ti thé (chiogène hispide) je ne me souviens plus de la date où les fruits sont mûrs comme sur la photo. Ce ne sont que deux des cadeaux que la nature nous offre généreusement, il suffit de se pencher pour les ramasser...
Les plantes de la forêt boréale me fascinent tellement que je les prends en photos constamment comme si je voulais m'en faire une sorte d'herbier virtuel. Je pousse même l'exagération jusqu'à les admirer pendant l'hiver en attendant la saison prochaine. Il m'arrive de chercher pendant longtemps à identifier une plante, un arbuste, à savoir si un fruit est comestible ou utile à l'humain. Les champignons, j'aimerais vraiment les connaître mieux mais je ne me fie pas encore à moi. Un gars que je connais un peu vient de publier un ouvrage fascinant et très bien illustré que je me suis procuré et que je dévore ces temps-ci : « Les plantes de la forêt boréales » par Roger Larivière, publié aux éditions de l'Homme.
Mais là, je suis bien énervée parce que ma saison débute à peine. Ce que je goûte en premier, en mai, ce sont les fruits du thé des bois, je viens d'apprendre leur vrai nom : gaulthérie penchée. C'est grâce à Roger et à son livre que je sais ça mais il m'a fait découvrir en plus que les feuilles peuvent être mâchées ou infusées. Quand je pense à ce que j'ai gaspillé en ne mangeant que les fruits! Ce que je cueille ensuite, ce sont les jeunes pousses de sapin. Vous savez peut-être qu'elles sont d'un vert plus pâle, gorgées de sève et de vie. Ça sent tellement bon. Ça ne fait pas mal au sapin du tout, c'est comme nous, quand on se fait couper les cheveux. J'en cueille des pleins sacs. Qu'est-ce que j'en fais? Du sirop de sapin. Bien sûr, je m'organise pour pouvoir en faire toute l'année, alors, je congèle le plus gros de ma récolte. Un jour, je vous partagerai ma recette secrète. Je vous le dis, le sirop de sapin, ça peut réveiller un mort!
Après, vient le temps des tites fraises. Rien à voir avec des fraises cultivées, ces grosses fraises obèses de la Californie semblent inodores, incolores et sans saveur à côté de ça, je vous assure. Ça demande de la patience et un bon dos ou alors, il faut être passionnée très énormément beaucoup. Le phénomène étrange, c'est que quand on croit qu'on achève la cueillette parce que notre dos n'en peut plus, c'est toujours là qu'on tombe sur une talle qu'on ne peut pas laisser là.
Puis, la saison se poursuit à son rythme ensoleillé qui lui est propre et là, je deviens hyperactive. En juillet, il y a les framboises, les poires sauvages, les gadelles, les ti thé, les bleuets, ça dure jusqu'en août. Les ti thé, je ne les cueille pas en grande quantité d'habitude, je me contente de profiter de ce qui s'offre à moi quand je passe à côté mais comme il y en a tout le tour de notre camp, cette année, je me propose de congeler les petits fruits blancs et les feuilles. Ça goûte tellement bon, ce thé qu'on fait avec les petites feuilles, on dirait une boisson faite de peppermint roses. On dit que ça goûte la menthe mais je trouve que c'est mieux que ça. En prime, je viens d'apprendre que ça contient une substance proche de l'aspirine. Ça ne m'étonne pas du tout, je n'ai jamais mal nulle part quand j'en mange ou que j'en bois!
Les merises (fruits du cerisier de Pennsylvanie) en général, je les laisse aux oiseaux qui en raffolent plus que moi. J'ai entendu dire que ça les saoule. Je pense que le mâle tétras qui fait son macho en avant de notre camp est pas mal porté sur les excès de merise, il me semble qu'il agit parfois comme un gars en état d'ivresse qui cherche la bagarre!
Je sais qu'en septembre, je devrais cueillir les champignons qui sont variés et nombreux près du camp. Je connais bien les talles mais je n'en profite pas. Un jour, je vais suivre un cours de base, c'est certain, ça manque vraiment à mes connaissances. Et en octobre, là, c'est le summum, la cerise sur le sundae, les atocas ou ce qu'on appelle les canneberges sauvages. Un vrai délice. Des bonbons acidulés, je vous dis. En plus, au moment où elles sont mûres, il n'y a plus d'insectes qui nous dérangent et la température est vraiment idéale pour la cueillette. Les talles sont rares, on les trouve seulement dans une tourbière mais depuis quelques années, j'en ai découvert une au bout de notre territoire. Vous dire ce que ça m'a fait ce jour-là...
Ça faisait longtemps que « Ti-Cric » (Roger Larivière) travaillait à l'édition de son bouquin, ça faisait aussi très longtemps que nous étions nombreux à attendre avec impatience le fruit de son travail et de ses recherches. Professeur en biologie au Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue, il a surtout enseigné aux étudiants en foresterie, dont mes deux frères, c'est comme ça que je l'ai connu. Pour moi qui ai toujours été passionnée par la faune et la flore boréale, son bouquin m'arrive comme un des nombreux cadeaux, un des grands bonheurs de cette saison.
4 commentaires:
T'as oublié les noisettes... ;-)
J'ai bien aimé ce "voyage" chez les petits fruits. Tu m'as ramené chez-nous.
Et j'adore les merises. La prochaine fois, je vais essayer d'en manger jusqu'à me saouler. :-)
Ben non, Guy, je les ai pas oubliées, les noisettes, c'est parce que j'en n'ai pas trouvé de talles encore!
Te saouler avec les merises? Ça marche juste pour les volatiles emplumés! Non mais, tu te vois saoulé de merises grimper sur un petit monticule, bomber le torse et chercher la bagarre avec les mâles des alentours?
;o)
Hahaha! Mais il y en a beaucoup, ici des excès de merises! Ils bombent le torse et gonflé à bloc, celui des haut-parleurs de leur armure métallique à excès d'essence. C'est là un des cetaines d'exemples.
Ouiii, quand on n'en peut plus arrive LA talle.
Poires sauvages? Connais pas.
Très rigolo. :D
comme c'est exotique pour une française du sud de la france.
j'aime les cueillettes et explorer à vos côtés les mannes que nous offre la terre
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