Voici l'affiche de cette 28e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, dont la soirée d'ouverture coïncidait avec l'Halloween, le 31 octobre. Cette véritable fête du cinéma se poursuit jusqu'au 5 novembre. Ne me cherchez pas ailleurs qu'au FCIAT cette semaine, c'est ma brosse annuelle de cinéma avec mes amis(es) brosseux(ses) habituels(les) et fidèles.
La vie en cinémascope
Je rêve du jour où je pourrai me libérer pour « faire » le Festival au complet, c'est-à-dire les blocs d'après-midi et ceux du soir. Chaque année, pendant toute la durée de l'événement, je me lève aux aurores pour faire toute ma journée en avant-midi, je cours rejoindre les amis pour casser la croûte à 11 h 30 et de là, on part tous ensemble pour assister aux projections au Théâtre du Cuivre, à Rouyn-Noranda. Un bloc au Festival, c'est en général 2 ou 3 films d'animation, 2 ou 3 courts métrages, un moyen métrage, l'entracte, et la pièce de résistance, le long métrage.
Le Festival, c'est un tour du monde cinématographique en 6 jours. Cette année encore, la programmation présente 150 films provenant de 25 pays, 24 longs métrages, 118 courts et moyens métrages, dont 49 animations. Parmi ces films, 26 ont déjà été primés ailleurs dans le monde et nous sommes honorés de 31 grandes premières, 15 mondiales, 13 nord-américaines et 7 québécoises. Le Festival, c'est surtout une fête, une ambiance à nulle autre pareille, un public chaleureux et passionné, trois piliers visionnaires qui y ont cru depuis le début, Jacques Matte, Guy Parent et Louis Dallaire, une armée de bénévoles qui prennent des vacances pour l'occasion, une équipe solide, un comité d'accueil qui a fait école dans plusieurs autres événements culturels d'ici, une façon de faire à l'image des gens de l'Abitibi, une relève avide de tout voir, des ateliers cinématographiques, les classes des maîtres, le cinécole, le ciné-muffin, le volet jeunesse au grand complet, les sorties nocturnes, les expositions et la tournée régionale.
Je ne pourrais jamais en dire assez du FCIAT. Je l'aime. Je le connais bien. J'y ai vécu depuis toujours des moments exaltants, j'y ai été même contractuelle aux communications, trois mois de travail acharné, palpitant, passionnant, où j'ai été en lien avec 265 médias, responsable de la salle de presse et de l'organisation de la tournée des médias nationaux où Jacques allait à toutes les émissions culturelles et d'actualités où l'on nous faisait une place. Je ne suis pas gênée de le dire, comme je le racontais à Louis la semaine dernière, « après un mandat comme ça, t'as plus peur de rien et si ça a été l'expérience de travail la plus enrichissante de toute ma carrière, je ne la referais pas! ».
La Donation
Le troisième film de la trilogie de Bernard Émond était projeté en soirée d'ouverture, après avoir été primé aux festivals de Locarno, Toronto et Pusan, en Corée du Sud. Ce film très attendu ici, une première québécoise, sortira en salle le 6 novembre prochain. Bernard Émond, on l'aime, et c'est réciproque. À tel point que c'est lors d'une de ses présences au Festival, il y a quelques années, qu'on l'a amené faire un tour en Abitibi-Ouest. À Normétal, il a eu un coup de coeur saisissant, c'est là qu'il voulait situer l'histoire qu'il nous raconte dans La Donation.
Cette petite ville minière de l'Abitibi-Ouest incarnait pour lui le décor qu'il voulait pour illustrer des valeurs qui lui sont chères, un peu oubliées, la résistance des gens, une Abitibi non pas idyllique mais sauvage, belle, austère, nostalgique, fabuleuse et méconnue, avec ses splendeurs et ses misères, sa nature indomptable, sa mine fermée depuis 1975, ses personnages plus grands que nature, pas maquillés du tout, authentiques, humains...
L'histoire, je ne vous la raconterai pas mais l'Abitibi-Ouest y tient un grand rôle, au point de devenir le personnage central. Une réalisation sobre de Bernard Émond qui laisse toute la place au jeu tout en retenue des talentueux Jacques Godin, Elise Guilbault, Angèle Coutu, Éric Hoziel et plusieurs autres, dont quelques comédiens vivant ici et des figurants que Soisig saura reconnaître, puisque Norméal, c'est sa petite ville chérie où elle connaît tout le monde. Normétal... L'anagramme de Montréal, mais c'est tout ce que ces villes ont en commun, des lettres mélangées!
Si on aime l'univers de Bernard Émond et son propos, on aimera La Donation. Voici ce qu'il en dit lui-même : « Il est selon moi essentiel de transmettre un héritage, de reconnaître notre dette envers nos prédécesseurs et notre devoir face à ceux qui nous suivent ». J'avais entendu quelques commentaires mitigés avant de voir ce film, entre autre que ça ne mettait pas en valeur du tout Normétal, l'Abitibi-Ouest et notre région dans son ensemble. Certains en étaient choqués. Pas moi. Ce film, que voulez-vous, c'est vraiment l'idée que les Québécois se font de notre région, c'est loin loin loin, c'est un peu la misère...
Mais c'est probablement la réalité aussi. Bien sûr, la lumière y est sombre, c'était le choix du réalisateur pour bien camper l'histoire pourtant très belle qu'il nous raconte. Mais on y voit aussi ce ciel plus haut qu'ailleurs dont je vous parle souvent et qui m'émeut toujours, chaque fois que je vais en Abitibi-Ouest. J'ai reconnu nos forêts à perte de vue, ces paysages à vous couper le souffle, ces cours d'eau majestueux vus d'avion, ces petits camps sur le bord d'une rivière où l'on peut s'isoler, ces braves gens qui dégagent une force tranquille, Normétal sous tous ses angles, les couloirs et les chambres du CSSS des Aurores-Boréales à Macamic, le légendaire dépanneur de Val-Paradis et tellement d'autres lieux que je verrai maintenant autrement.
Est-ce que j'ai aimé? Oui mais je ne suis pas une référence, j'aime tout. Crocodile Dundee a aimé aussi mais avec une réserve, je le cite : « Ça meurt ben trop, là-dedans, c'est trop sombre, il y a trop de misère, ça ne va pas arranger les préjugés que les gens ont par rapport à notre région » ce à quoi on pourrait répondre que Bernard Émond ne s'était pas donné le mandat de faire une pub pour l'Association touristique régionale...
BLOC 3
Hier, bloc 3, j'ai vu des petits chefs-d'oeuvre. « Post-it love », du Royaume-Uni, 3 minutes, sans dialogue. Puis un autre que je n'aurais pas manqué pour tout l'or du monde, « Léo » de Carol Courchesne, une première mondiale, « Made in Icitte », comme on dit, tourné à Rouyn-Noranda. Ce documentaire, un moyen métrage, présente Léo Boulet, 70 ans, propriétaire de Moppe Idéale enr., une fabrique située derrière L'Épicerie Léo, rue Pinder Ouest. Absolument suave... Léo, tout seul, sans femme, sans enfant, sans employé, tient son commerce ouvert 7 jours sur 7, 365 jours par année, depuis 27 ans. Quel attachant bonhomme! On y rencontre Léo dans toute sa vérité, son humour bon enfant, sa franchise, son honnêteté, sa candeur. Il a été victime de 8 hold ups, il nous parle de son refus des subventions pour sa manufacture de moppes, les meilleures au monde et il nous explique pourquoi. Une perle de grand petit film. Je tenais aussi à voir ce film parce qu'il y a deux personnes que j'aime infiniment au générique, le directeur photo et la script assistante!!! À la fin, Carol Courchesne et Léo Boulet ont été applaudis à tout rompre, une ovation debout et bruyante des 750 personnes au Théâtre du Cuivre hier après-midi. Un moment de folie collective, de fierté émue et contagieuse.
Le long métrage « Mesjes » ou « The over the hill band », un film hollandais, sera distribué au Québec et en français en mars 2010. Ne manquez pas ce film touchant et drôle.
J'étais assise hier en agréable compagnie pour voir tous ces films du bloc 3. Comme de raison, on ne dit jamais un seul mot pendant les projections. C'était encore plus important hier. Guy, Diane, Carmen et moi, nous étions là comme cinéphiles mais Dominic, lui, devait faire son travail de « M'sieur le juge » pour la semaine, un rôle qu'il prend très au sérieux, avec son fameux oeil de cinéaste et réalisateur. C'est un honneur qui lui échoit ainsi, à 27 ans, ça signifie qu'il a la reconnaissance de ses pairs dans le milieu du cinéma, lui qui est né et qui a grandi dans les coulisses du Ciné-muffin, du cinécole et du volet jeunesse du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Je suis très fière de lui et pas seulement pour son talent dans son domaine, pour l'ensemble de ses réalisations personnelles également! Pour en savoir plus, il faut cliquer sur le site du FCIAT dont j'indique l'adresse ci-haut, dans la bande de gauche de la page d'accueil, cliquez sur « médias » et ensuite, sous 2009, allez à la ligne « Jury Télébec ». Vous verrez pourquoi Félixe est si jolie, enfin, je veux dire... euh... vous aurez la moitié de la réponse!
L'heure avance, il faut que j'aille rejoindre ma gang de fous pour casser la croûte, j'ai hâte de savoir ce qu'ils ont pensé de La Donation et des films d'hier! Le bloc 5 s'annonce pour être quelque chose. Je vais me saouler de cinéma encore aujourd'hui!!!
35 commentaires:
Simonak! Ça paraît que t'aime ça.
Bonne brosse... euh bon cinéma!
Ayoye!!!
Quelle superbe porte-parole tu fais pour ce festival.
Il est connu et reconnu ce festival. Il semble très bien organisé, les visiteurs sont superbement bien accueillis, que demander de plus, rien, vous avez compris que le "client" est très important.
Je te dis ça de même Zoreilles, tes tripes ne tromperont jamais.
T'es vraiment authentique, je comprend Crocodile de t'aimer.
;o)
Sera-t-il possible de se procurer "Jos" à quelque part? C'est le genre de film que j'aime bien...
La donation un film qu'on doit aller voir en fin de semaine, on a bien aimé ces autres films.Et en plus je vais voir un peu de ton pays.
Merci pour la critique de "La donation....je t'avais mis un peu de pression, mais je savais que tu voudrais en parler et ça fait un beau clin d'oeil à Soisig.....
Tu sais pour la pensée misérabiliste qu'on présente de l'Abitibi-Témiscamingue, je commence à comprendre beaucoup de choses sur ce sujet.Les gens répètent des pans de leurs histoires, de la colonisation et c'est un peu normal. J'en entends beaucoup et j'insiste pour remettre la pendule à l'heure.
C'est un combat de tous les jours pour moi depuis que je demeure à Lévis, je me sens parfois comme un prisonnier qui sait qu'il est innocent et qui voudrait convaincre le jury......et le soir venu j'entends un journaliste incapable de situer son reportage me parler de 3 mineurs ayant perdus la vie...avant même de les avoir trouver, dans le fin fond de l'Abitibi!!!
Bon là-dessus je te souhaite des heures de plaisir et mes salutations au directeur de la photographie, à l'assistante script ainsi qu'à mon légendaire beau-frère, plus nature que l'indien, tellement nature qu'il attrappera la tordeuse des bourgeons d'épinette bien avant la grippe H1N1 de TVA.
N'ayant pas beaucoup d'attirance pour le cinéma, j'ai tout de même appris que queqlqu'un pouvait partir sur la brosse la dessus!
@ Gaétan : J'adore ça! Et comme ça n'arrive qu'une fois l'an...
@ Guy : Oui, il est maintenant reconnu, ce Festival. Il a sa personnalité unique, il est différent des autres. Plusieurs cinéastes font des films pour revenir les présenter ici, ils nous le disent et ça paraît. En plus, les vraies vedettes, ici, ce sont les films, après, il y a les réalisateurs, les cinéastes, les acteurs, les distributeurs, etc. On prend un grand soin des gens des médias aussi, c'est stratégique!
@ Pierre : Jos? Veux-tu parler du film Léo? Carol Courchesne est en train de faire des pieds et des mains pour le distribuer partout au Québec. Ça se pourrait que le succès obtenu au FCIAT lui ouvre des portes. Je te tiendrai au courant. Si tu parles d'un autre film, fais-moi signe.
@ Solange : Alors, si tu veux y découvrir ce coin de pays, regarde bien les images prises à partir de l'hélicoptère. À cet instant précis, tu comprendras ce que je veux dire! Bon cinéma. ;o)
@ Joce : Toi, t'aurais aimé la discussion qu'on avait ce midi, avec mon vieux chum Jean, originaire de Joliette, enraciné profondément ici depuis 30 ans, sa femme est médecin, comme dans La Donation, elle a adoré ce film, s'y est reconnue à son arrivée ici, et Fernand était avec nous autres, sa soeur aussi, du monde du Témis, et moi, de l'Abitibi. On pensait pareil. Le film illustre ce dont tu parles. Plusieurs sont arrivés ici en ayant la conviction qu'ils allaient ramasser leur passage en train pour s'en retourner « par en bas » mais finalement, ils sont restés toute la vie. Mais d'autres sont repartis aussitôt qu'ils ont pu... en emportant des images impossibles à oublier... Je sais tellement ce que tu veux dire. Et ces trois mineurs qu'on recherche depuis la nuit de vendredi à samedi, à 1500 pieds sous terre, à la mine Bachelor, de Ressources Métanor, à Desmaraisville, région Nord-du-Québec, ça me brise le coeur. Ce sont trois gars de l'Abitibi encore, partis travailler dans la région voisine, Dominic Bollini, 44 ans, d'Amos, Bruno Goulet, 36 ans, de La Sarre, Marc Guay, 31 ans, d'Amos. Les familles sont sur place à espérer depuis samedi... Les espoirs étaient minces mais là, ils sont vains. Comme je l'écrivais ailleurs dernièrement, on a tous un père, un frère, un fils, un voisin, un ami, pour qui le prix de l'or, c'est bien trop cher payé...
@ Gérard Day : Comme quoi, des dépendances, il y en a plus qu'on pense! ;o)
C'est bien Léo, Zoreilles...
Je regrette et retire les mots "épais" que j'ai écrits à propos du style Bernard Émond que j'apparentais trop (je crois) à Léa Pool que je ne peux blairer.
Des fois on parle "à travers son chapeau" et de toute évidence, ce fut mon cas sur ce billet "verbeux".
Voilà ! Tu me pardonnes ?
:-)
@Zoreilles
merci pour ton opinion à propos de La Donation. Et je me doutais qu'à TLMEP, que j'ai raté, lorsqu'Elise Guilbault était là, il y aurait peu d'occasion d'en entendre parler, Martin Matte, à qui je suis allergique, prennant sans doute toute la place, comme d'habitude.
Je vais très rarement au cinéma, mais j'irai le voir ce film, parce que j'admire Bernard Emond, que j'aime Elise Guilbault et Jacques Godin, et que l'Abitibi n'est pas un univers lointain pour moi, même si Soisig et toi êtes de vraies Abitibiennes.
@ Croco
Tu n'as rien dit de mal, et chacun a droit à son opinion, ses goûts. Zoreilles saura te répondre beaucoup mieux que moi, elle qui lit si bien entre les lignes, en plus d'écouter ce qui n'est pas dit...
Être "sur la go" toute la semaine, assise dans une salle obscure à se laisser transporter dans d'autres univers, à vivre des histoires par procuration, c'est super ça!
Tu peux être cetaine que tu nous as transmis ta passion.
Comme le dis si bien Caboche, c'est toute une passion que tu nous transmets là, ma belle Zoreilles!
En passant, j'ai suivi des cours de théâtre et joué dans des pièces réalisées par Michelle Le Hardy, la soeur de Jacques Godin. C'est un bien petit monde que celui dans lequel nous vivons!
@ Pierre : Déjà, ça avance pour la carrière cinématographique de « Léo ». J'apprenais hier que ce moyen métrage sera présenté à Montréal et à Québec en décembre prochain. Mais Carol, le réalisateur, voudrait qu'il soit présenté partout au Québec. Carol Courchesne, c'est aussi le responsable de Espace Vidéo, l'une des activités connexes au FCIAT, de même qu'il est l'idéateur et le concepteur d'un autre événement chez nous, le Festival du Documenteur, alors, je ne suis pas inquiète, il va trouver un distributeur pour son film!
@ Crocomickey : Ben voyons, donc, Croco! Je n'ai rien à te pardonner. Les gens ont droit à leurs opinions et je n'aime pas seulement les gens qui sont d'accord avec moi dans la vie. Je suis capable de débattre et tenir mon bout, tu sais! Tu devrais voir ça au Festival, ça jase et ça s'obstine dans le hall d'entrée en Simonac! La plupart du temps, ça se règle devant une bière... À propos de Émond et de son film, il y a des discussions qui se poursuivent depuis dimanche...
@ Lise : Je crois que tu aimeras ce film pour son humanité. J'aimerais quand même te prévenir que l'histoire se déroule dans le décor de Normétal et l'Abitibi-Ouest avec « son éclairage » à lui. Comme je le disais aux jumelles S. que je croise tous les jours et qui ont été terriblement déçues par ce film parce qu'elles sont attachées à ce coin de pays, « l'objectif de Bernard Émond n'était pas de faire la promotion touristique de l'Abitibi-Ouest ». Il faut aimer l'univers de Émond, je crois. C'est ton cas. Tu verras Jacques Godin et Elise Guilbault au sommet de leur art. On m'a raconté qu'à la soirée d'ouverture, Jacques Godin a répondu quelque chose de drôle, il était retourné dans la salle et sa voix, en tout cas, il sait la projeter sans micro et sans aucun problème! Un grand homme de théâtre. Quant à Elise, Isa et Dom m'ont raconté comme ils l'ont trouvée si belle et si expressive, que ça contraste beaucoup avec le rôle qu'elle tient dans La Donation, tout en retenue!
@ Caboche : Si la salle est obscure et silencieuse pendant les projections, le hall d'entrée, le grand escalier en colimaçon et la section fumeurs à l'extérieur sont terriblement éclairés et vivants avant, pendant l'entracte et après! Je me souviens il y a deux ans, on jasait dehors à l'entracte, Raoûl Duguay était avec nous, il n'avait pas compris la finale du film de la veille lui non plus. On a émis au moins une dizaine d'hypothèses puis on est repartis en n'ayant aucune certitude mais au moins on avait eu un plaisir fou à en discuter. Lors de la 19e édition, j'ai fumé une cigarette dehors en silence et en sourire avec Roy Dupuis qui se sauvait de la meute de journalistes qui en veulent toujours plus! Un gars de chez nous, Roy Dupuis, le savais-tu? Cette année-là, il était venu présenter son dernier film, Mémoires affectives. Après l'entracte, c'était le long métrage. C'était lui qui devait le présenter, évidemment, il en était l'acteur principal. On sait comme c'est un homme de peu de mots... Je le revois encore s'avancer humblement sur scène, avec tout son charisme et dire... « J'ai tout le temps été fier de dire que je venais d'ici et chaque fois que je reviens, je sais pourquoi. Bon cinéma! » Heille, avec son petit sourire gêné pitoute pitoute, là? Je l'ai pris un peu personnel, moi! Explosion de joie dans le Théâtre du Cuivre. De longues minutes. Puis, les lumières se ferment, le silence respectueux s'installe, l'écran géant s'illumine. C'est parti. Au FCIAT, tout le monde est égal, qu'on soit connu ou pas, les vraies vedettes, ce sont les films!
@ Rosie : Ouais, je m'emballe tellement que je ne t'ai même pas vue arriver!!! Le monde est tellement petit que je vais te raconter un autre moment des coulisses du FCIAT de cette année. Tu sais que mon super Dominic de gendre est cinéaste, vidéaste, monteur et réalisateur dans la vie. Cette année, il membre du jury pour les courts et moyens métrages du FCIAT de cette année... Il a participé très activement au film « Léo » qui a eu un très grand succès lors de sa présentation, dimanche... Petit malaise, Dominic ne peut pas juger ce film, il s'est désisté comme membre du jury pour ce film-là. Es-tu allée le voir, le papa de Félixe? Tu cliques sur le lien que j'ai mis dans mon billet, dans la bande de gauche, clique sur médias et ensuite, sous 2009, tu vas à jury Télébec. Tu vas lui voir la frimousse et comprendre à qui ressemble, à 50 %, la belle Félixou, la reine des ti minous!!!
@ Jocelyn : Dans un tout autre registre, mon bien cher frère... T'as sûrement suivi dans les médias de chez vous le drame qui s'est joué à Desmaraisville avec ces trois Abitibiens qui ont trouvé la mort au fond de la mine d'or Bachelor... Bruno Goulet, 36 ans, de La Sarre, c'est bien ce qu'on craignait, il est le neveu de tante Léa et tante Marguerite. Marié, père de famille, deux enfants. Pas plus drôle pour les familles de Marc Guay, 31 ans d'Amos et Domenico Bollini, 44 ans d'Amos également. Ces heures d'attente ont été angoissantes et comme tu t'en doutes, l'espoir s'amenuisait d'heures en heures. Fatalité. L'absurdité de perdre sa vie en voulant la gagner... Mauvaises mines...
Desmaraisville...rien à voir avec Power Corporation.....à part de rouler sur l'or
Ça m'as bien touché ce drame, je connais si bien ce bled!
J'ai vu là des choses hors de l'ordinaire, un mineur finir son "Shift" un jeudi, arrêter prendre une tite bière avant les vacances, au Bar Bachelor (maintenant disparu en fumée) et y passer 2 semaines....puis refaire le 12 km en sens inverse pour retourner travaillé.
Une autre fois une gentille dame attablé au bar splendide (maintenant aussi disparu en fumée) elle sirotte tranquillement en attend son mari qui tombe "off" et il continuerons leurs routes dans la nuit vers Chibougamau.......4 km plus loin direction Waswanipi, une plaque de glace et bonsoir, dans le décor.
La police a appelé au bar pour demander si quelqu'un pouvait ramasser les effets personnels demeurés dans l'auto. Le lendemain r-v avec la sureté ...question de routine; pis la madame pas trop maganée....ben...elle est décédé!
J'y ai aussi vu les plus beaux cours d'eau, les forêts plus grandes que l'imaginaire.....tsé la sensation qu'on n'arrive pas à définir .....ne pas regarder la nature, mais comprendre qu'on en fait parti! et qu'on est pas trop pesant dans cet univers
@ Joce : Fameux, ton parallèle entre Desmarais et Power Corp., y avait juste toi pour penser à ça! Je savais que ça réveillerait tes souvenirs... de nature et de toute nature. J'y suis passée une fois seulement à Desmaraisville, j'étais même arrêtée au restaurant bar de l'endroit, probablement le même dont tu parles et qui est parti en fumée... Ouf. Un univers... On dirait un film... La beauté la plus sauvage environnante côtoie quelque chose d'indéfinissable, un no man's land pour lequel on ressent instantanément un attachement. Je me souviens de tout, c'était marquant. Dernièrement, Desmaraisville n'était plus une place de runmakers, c'était devenu un gagne-pain pour les gars d'ici qui ont perdu leur job lié à la foresterie, des gars d'Amos, de La Sarre et surtout de Lebel-sur-Quévillon... Quand Tembec, Norbord, Temlam, Domtar ferment, les gars montent à Raglan, Eastmain ou Desmaraisville...
Mazette, c'est le dernier jour du festival. Je te laisse retrouver ta gang.
@ Mijo : Mais oui, déjà, la dernière journée de MON Festival... J'ai dans le coeur un texte à écrire, un genre de bilan sans trop de recul pour vous faire part de mes coups de coeur, coups de gueule, moments de coulisses, et particularités de cette année. Est-ce que je saurai résister? ;o)
Soit je ne suis pas trop intelligente, soit je lis trop vite, mais je n'ai compris où il fallait cliquer qu'après avoir lu ta réponse à mon commentaire... Pourtant, tu l'as bel et bien expliqué dans ton billet!... Ai besoin de me faire examiner la cervelle...
Enfin, ma belle Zoreilles, tout ça pour te dire que j'ai FINALEMENT cliqué aux bons endroits et j'ai VU!!!! C'est incroyable à quel point Dominic ressemble à la belle Félixou, la Reine des ti-minous! :-) Au fait, pourquoi a-t-il fallu que Dominic se désiste? Et t'as fumé une cigarette avec Roy Dupuis???? Chanceuse, va! :-)
Ça fait quelques années que je me dis, "il faut absolument que je me prenne une semaine de congé l'année prochaine pour y aller" (je suis à Québec), mais ensuite j'oublie complètement et année après année j'ai la même réflexion lorsque j'apprends que le festival bat son plein!
Mais là, tu viens vraiment de me décider. Je trouve ton texte incroyable. C'est tellement rafraîchissant de lire les textes de gens passionnés. J'ai donc très hâte que la date de l'année prochaine soit annoncée afin que je l'inscrive à mon calendrier et que j'y aille, finalement!
"Comme je l'écrivais ailleurs dernièrement, on a tous un père, un frère, un fils, un voisin, un ami, pour qui le prix de l'or, c'est bien trop cher payé..."
Ouin, ça vient pas mal nous chercher nous les enfants de mineurs, t'as bien raison! Partout dans le monde d'ailleurs mais encore plus quand c'est dans la région... Je me souviens, petite (y a bien longtemps!) de notre inquiétude quand on entendait (sous nos pieds) les "air blast" et qu'on savait notre père là! Et j'ai encore un frérot et 2 neveux dans ces environnements...
@ Lise. Effectivement, Élise a peu parlé du film, monsieur Matte interrompant sans cesse les conversations. Irritant!
@ Joce Bon jeu de mots avec Power Corporation, lol. Les paroles d'un oncle des Laurentides passant par Desmarrais ville: l'abomination de la désolation! Édifiant n'est-ce pas?
Je me demande toujours pourquoi il y en a qui trouve ça long traverser le parc La Vérendrye: quel magnifique endroit avec sa diversité de paysages. Je ne comprends pas qu'on puisse trouver ça ennuyant... Être cinéaste, ce serait un décor que j'aimerais mettre en boîte! (ou la Côte nord de Lise!)
Bon retour à la vie "réeelle" Zoreilles!
@Soisig
Exactement ce que j'avais imaginé, concernant M. Matte, et je crois qu'il a une carte chouchou en plus. Pas le mien en tout cas!
Hier soir j'ai enregistré Enquête à Rad-Can où on parle de la future mine à ciel ouvert et du peu de scrupules des compagnies minières. Je vais l'écouter ce soir, histoire de me coucher moins niaiseuse...
@ Rosie : Pourquoi a-t-il fallu qu'il se désiste comme membre du jury? Seulement pour un film, « Léo » de Carol Courchesne. Il ne pouvait être juge et partie pour ce film-là pour deux raisons : Primo, Carol Courchesne, c'est son collègue et ami, et deuxio, il a agi comme directeur photo sur ce film, il ne pouvait pas savoir en 2007 qu'il serait membre du jury en 2009! Ce sont les deux autres membres du jury qui ont évalué ce film-là. Pour le reste de la programmation des courts et moyens métrages, ils étaient trois membres du jury. Roy Dupuis? C'était en 2001, si je me souviens bien. Les journalistes lui tournaient autour comme des mouches autour du miel. Nous avons eu un contact visuel complice, il se dirigeait vers la sortie, je connaissais bien tous les coins, je l'ai amené où c'était tranquille, ne lui ai pas dit un mot, je lui ai allumé sa cigarette avant la mienne, on s'est beaucoup souri. Une belle rencontre... silencieuse et tout en complicité. On peut juste vivre ça au Festival.
@ JiPi : Bonjour et bienvenue JiPi. Il y a plein de gens qui viennent prendre des vacances ici pour le Festival. D'ailleurs, j'ai croisé toute la semaine cette charmante Diane, une passionnée, de Québec aussi. Vous pourriez presque co-voiturer!!!
@ Soisig : Quand ton papa travaille à la mine... et que c'est le principal employeur de ta ville... Tu sursautes à tous les air blast, oui, et t'as de la misère à te concentrer sur ta dictée mais la maîtresse aussi, parce que son mari travaille à la même mauvaise mine que ton père. Tu angoisses chaque fois que t'entends la sirène qui signale un accident sous terre ou à la surface, t'espères ton père tous les soirs avec sa boîte à lunch et t'as le goût de lui sauter dans les bras parce qu'il a survécu à une autre journée. Tu vas te coucher le soir inquiète quand il est sur le shift de quatre à minuit. Tu respires de la boucane de mine aussi quand tu joues dehors. Normétal, Matagami, Joutel, Noranda, Val-d'Or, Malartic, Desmaraisville...
@ Lise : J'ai écouté hier soir l'émission Enquête. Le reportage que tu as enregistré, j'aurais voulu que tout le monde puisse le voir. C'est ça, notre réalité. On parle surtout là-dedans de la mine à ciel ouvert à l'entrée de la ville de Val-d'Or, la Sigma, opérée par Century Mining. Un désastre écologique très représentatif de comment ça se passe ici, sous l'oeil indifférent du reste du Québec. André Pelletier, ex-maire de Val-d'Or et ex-député péquiste d'Abititi-Est, y livre des propos et des constats d'une grande justesse. La vérité, c'est ça et elle ne se rend que très rarement dans les médias nationaux. Le projet Osisko, à quelques kilomètres de là, à Malartic, ça va être encore pire que ça mais avec de meilleures relations publiques. Pour qui veut comprendre comment opèrent les minières, comment nos gouvernements se déresponsabilisent, comment les mines partent les poches pleines en se fermant les yeux sur ce qu'ils laissent derrière, le désarroi, etc., il faut voir ce reportage. Quand on dit que c'est payant les mines, on ne pense jamais aux mineurs. Century Mining n'a pas encore payé ses travailleurs qui réclament leur dû depuis 13 mois. Ils sont en faillite technique, c'est toujours comme ça qu'ils s'en sortent les mains blanches.
As-tu remarquer que les compagnies ont souvent les mains blanches avec leurs argent sales...pendant que les travailleurs ont les mains sales et qu'ils leurs restent pas moins d'argent net, parce que les gouvernements brutes ont pigés dans leurs avoirs bruts pour subventionnés les mines sales qui agissent en brutes et font maison nette:
(1. (Figuré) (Familier) Congédier tous ses domestiques, tous ses employés.)
une fois qu'ils ont exploités
les richesses et et surtout leurs travailleurs!
Et ce n'est rien à côté de ce que l'on prévoit à Launay...
"Si le projet Canadian Malartic évoque un géant, le projet Dumont de Royal Nickel à Launay fait figure de titan. Située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest d’Amos, cette mine à ciel ouvert renferme des ressources évaluées à 2,6 milliards de livres de nickel. Cette richesse proviendrait de 365 millions de tonnes de minerai.
Le gisement pourrait cependant receler 1,7 milliard de livres de nickel supplémentaires qui restent à confirmer. Celles-ci seraient extraites de 258 millions de tonnes de minerai additionnelles. Si tout ce minerai devait sortir du sol, la fosse de la mine Dumont serait trois fois plus imposante que celle de Canadian Malartic."
http://www.magazinemci.com/supmetal/articles/2009/08/abitibi_trou.htm
Le titre de l'article en dit long: "L'Abitibi-Témiscamingue n'est-elle qu'un trou ?"
Alors que je quitte la région par un bord ou l'autre, j'aurai la nausée...
Un très bel anniversaire à ta fille! Beaucoup d'amour dans cette famille...
@ Joce : T'as jamais si bien dit. Les minières repartent les mains blanches avec leur argent sale. Ça donne le vertige... Mais toi, t'es super. Quel savoureux commentaire, mon frère!
@ Soisig : Merci pour le lien, cet article résume bien la situation. Ça donne le vertige mais c'est tout à fait juste. On ne verrait jamais ce texte de Patrick Rodrigue publié chez son employeur, Québecor, dans aucun de nos hebdos régionaux. Trop vrai, justement.
@ Claire : Merci pour elle. C'était toute une fête en effet. Ses 23 ans, on n'est pas passés à côté, disons! La maison était pleine chez nous hier au souper et en soirée. J'avais cuisiné toute la journée. Elle croyait qu'elle venait souper chez nous avec son chum, sa petite Félixe, elle ne se doutait de rien mais son chum et moi, on s'était croisé toute la semaine au Festival, on avait fait des plans, hihihi!!! On avait invité ses amis(es) à son insu. Elle a dit cet avant-midi que c'était sa plus belle fête à vie!!!
Avec un peu de retard et beaucoup d'amour, je profite de ton billet pour venir souhaiter un joyeux anniversaire de naissance à ton Isa adorée, ma belle Zoreilles! Tant d'amour, de bonheur, de chaleur et de générosité tant dans ton coeur des plus accueillants que dans ta maison virtuelle, ma chouette.
Puisse la santé, l'amour, le bonheur et la sérénité combler ta belle fille aujourd'hui et toujours!
Et en passant, merci d'avoir éclairé ma lanterne quant à Dominic et à... Roy Dupuis! Il n'est pas nécessair de parler quand un sourire vaut parfois mille mots, pas vrai, ma belle? ;)
@ Rosie : Merci pour elle, qui célébrait ses 23 ans. Je lui faisais remarquer combien elle avait accompli déjà pas mal de choses pour une si jeune femme. Mais de son côté, elle voit plutôt tout ce qui lui reste à faire. Évidemment, elle n'est pas, comme moi, à l'âge des bilans! Pourtant nous avons souvent des discussions très riches et animées où nous avons l'impression d'être sans âge, ou du même âge, elle et moi.
je me promets bien daller voir la donation....je sais que je vais adorer....et me nourrir de cet environnement grand air...!
je vois que Félixe te tiens en forme..;)
bon dimanche
bisous
ly xxx
@ Lady : Bon cinéma! Si tu es familière avec l'univers de Bernard Émond, tu vas aimer sans doute La Donation. En forme avec Félixe? Tiens, ce serait un bon titre pour un DVD d'exercices!
Ces conversations sont les plus belles, d'ailleurs, pas vrai? Où l'âge ne devient plus qu'un chiffre qui ne veut absolument rien dire? Il s'agit du type de discussions et de partages que ma fille et moi avons le bonheur de vivre tous les jours... Ou presque! ;)
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