jeudi 12 avril 2007

LE PONT



J'ai pris cette photo du petit pont couvert à un kilomètre du village de Macamic mardi dernier, juste avant de me rendre à un colloque auquel je devais participer en Abitibi-Ouest.



Je le dis souvent et assez fièrement que personne ne peut plus l'ignorer, je suis native et profondément enracinée dans ma région, l'Abitibi-Témiscamingue. Pour le bénéfice des gens qui la connaissent moins bien, j'ajoute que ma région se subdivise en 5 secteurs différents (MRC) qui ont chacun leur « personnalité » propre : Abitibi, Abitibi-Ouest, Abitibi-Est (Vallée-de-l'Or), Rouyn-Noranda et le Témiscamingue. Aujourd'hui, j'habite un petit village tout près de Rouyn-Noranda mais je suis née en Abitibi-Ouest, à 90 km de chez moi ou une heure de route, si vous préférez.

Le pays de mon enfance

Chaque fois que je retourne là où je suis née et où j'ai passé ma petite enfance, (0-7 ans) je ressens quelque chose d'indéfinissable, entre la joie profonde et la nostalgie, entre la fierté et la compassion, une très grande familiarité aussi avec les gens et les lieux, des impressions de déjà vu à chaque tournant. Il faut dire qu'à l'époque où j'y ai vécu, Papa m'emmenait souvent avec lui dans le gros camion pour aller livrer des meubles qu'il avait vendus au magasin où il travaillait et qu'ensemble, lui et moi, on a sillonné tous les coins de l'Abitibi-Ouest!


D'habitude, je passe devant la petite maison qu'on habitait et ma première école, qui s'appelle toujours Victor-Cormier, au bout de la rue Déry qui a changé de nom pour un beaucoup moins joli : 1re Rue est, à La Sarre. J'aimerais avoir le courage de cogner un jour à la porte et leur demander si je peux revoir la cuisine si éclairée, ma chambre douce et tranquille, la cour arrière où avec mes petits amis on a inventé des mondes féériques, des constructions de choses recyclées, des châteaux de sable immenses et d'autres projets fous. Que sont devenus Patrick, Alain, Micheline, Danielle, Christine?



Ma journée de travail

J'arrive donc au lieu du colloque avec assez d'avance pour refaire mes liens avec les 120 participants, c'est là, tout de suite, que débute mon implication, d'ailleurs, mon travail va en bénéficier toute la journée durant. Tout me semble facile, agréable, dynamique, généreux, chaleureux et certains me font des bisous, des accolades, des compliments, des déclarations drôles et touchantes, on veut que j'aille m'asseoir avec eux pour dîner, on me fixe rendez-vous à la pause, bref, je reviens dans ma famille chaque fois que je suis en présence des gens d'Abitibi-Ouest. Là-bas, mon nom de famille est connu, je n'ai pas besoin de l'épeler! Il y a toujours quelqu'un qui demande si je suis la soeur de, la fille de, la nièce de, la cousine de, etc. On me traite comme « une fille du boutte » et on m'inclut dans les groupes, les ateliers, on ne m'explique rien du tout, on pense que je sais, parce que ça va de soi...



Cette journée de travail a été un vrai bonheur pour moi, ça non plus, je ne peux l'expliquer. Pourtant, j'ai travaillé très fort, il fallait que je sois présente, allumée et créative en permanence, je devais rédiger plein de choses sur les coins de table, sur mes genoux, les tableaux à feuilles, sur demande, en vitesse, et même des fois en catastrophe, des lignes de presse, des ébauches de communiqués de presse, des résumés d'atelier, des listes de priorités, etc. Ça aurait pu être infernal mais non, je participais, commes les autres, avec tout ce que je suis et de toute mon âme, à l'amélioration des services de santé et des services sociaux dans la région qui m'a vue naître et à laquelle j'appartiens toujours en quelque sorte.



Faire le point ou faire le pont?


En revenant chez moi, pendant le trajet d'une heure sur cette route que je connais comme le fond de ma poche, je n'avais pas le goût d'écouter rien d'autre que la parfaite musique qui jouait dans mon coeur. J'ai cherché à comprendre d'où me venait ce sentiment de bonheur très doux qui m'envahit quand je reviens de l'Abitibi-Ouest et je crois avoir mis le doigt dessus mardi dernier. Quand je retourne au lieu de mon enfance, je fais LE PONT entre l'enfant que j'ai été et la femme que je suis devenue. En fin de compte, quand je fais LE POINT, je crois que les projets et travaux auxquels je participe restent toujours un peu dans la même veine que ceux auxquels je consacrais toute mon énergie et ma vision, tous ces jeux d'enfant dans la cour arrière de la petite maison de la rue Déry ou dans la cour de l'école Victor-Cormier où tout le monde était de la famille...

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste un i de différence.

Peu de ponts couverts subsistent encore, non?

Je te parlais du petit magasin du coin de mon enfance dans ton billet précédent.

Quand j'ai acheté ma maison actuelle, il a fallu que j'aille vérifier la cour de la maison de mon enfance, à quelques rues. Je suis descendue de la voiture et j'ai osé m'aventurer assez pour voir la ...cour. mon territoire, mon espace, mon domaine.

Zoreilles, c'était si, si, si petit!!! Je n'en revenais tout simplement pas. J'espérais que ma cour actuelle était aus moins aussi grande que celle-là. Elle en fait plusieurs!

Oh, ce rêve de revoir l'intérieur, je le connais bien! Les espaces, la lumière, l'air qui aurait certainement changé, tout! Pont plus solide.

Je passe souvent dans la rue, devant la maison, pas loin de l'école, souvent par choix.

Oui, le pont, le point, la continuité.

Quel texte intéressant et juste. :)))

Zoreilles a dit…

Zed, tout est tellement plus petit quand on retourne là où l'on a grandi...

Tu pensais que peu de ponts couverts subsistent encore? Non ma chère, il y en a pas mal, c'en est étonnant. Rien que dans ma région, il y en a une bonne quinzaine.

Je te donne une longue adresse d'un site que j'aurais bien aimé pouvoir te mettre en hyperlien mais je n'ai pas encore trouvé comment! Tu y sauras tout, tout, tout sur les ponts couverts de toutes les régions du Québec. La voici :

http://www.mtq.gouv.qc.ca/fr/reseau/structures/ponts_couverts/visite.asp#carte

Anonyme a dit…

Merci Zoreilles!

Je n'ai pas terminé ma consultation, mais tu viens de régler un autre problème car ce lien renvoie à une carte des régions dont j'avais justement besoin.

Pourquoi couvrait-on les ponts? Le sais-tu, toi? Ou bien je trouverai ça sur le site? Ou alors, c'était pour que les amoureux puissent aller s'y embrasser en cachette. Hihi!

:D

Zoreilles a dit…

Zed, t'es vraiment une incorrigible romantique!

Non, ce n'est pas pour que les amoureux s'y embrassent en cachette même si ça a dû quand même servir à ça un peu. C'est plutôt que la toiture protège la structure (de bois) sinon ces ponts n'auraient pas eu une durée de plus 15 ans, exposés ainsi à toutes les intempéries.

On les appelle aussi ponts rouges, ponts de la crise ou ponts de la Colonisation. Plusieurs ouvrages ont été réalisés sur le sujet. J'ai appris aussi sur le site que 91 de ces ponts existent encore au Québec, 66 au Nouveau-Brunswick, etc.

André Bérard a dit…

La prochaine fois, cognez à la porte de votre enfance. Mon frère l'a fait, et il ne l'a pas regretté. La femme qui l'a accueilli l'a laissé visiter son ancienne chambre, le hangar, etc. Le lendemain, ils rénovaient le logement. Mon frère est passé juste à temps pour voir, une dernière fois, les lieux de son enfance tels qu'ils étaient à l'époque.

Très beau texte.

Anonyme a dit…

Ah! Intéressant, encore merci. Je n'y aurais pas pensé.

Non, je ne suis pas romantique, à peine un brin sentimentale, quelquefois. Ça aurait pu expliquer l'origine du nom de famille, hihihi!

Ces ponts couverts, tu sais, on en parle, si ma mémoire est bonne, dans une oeuvre d'art contemporain. Ma mémoire me trahit à cet endroit et je n'arrive plus à me rappeler qui et quoi. C'est peut-être un Américain.

Comme c'est génial Internet, n'est-ce pas? Toutes ces recherches qu'on peut y faire et ces liens avec des gens, qu'on aurait très probablement jamais connus autrement.

Profitons-en car nous sommes de plus en plus pressés de mettre des pubs sur nos blogues et nous en sommes de plus en plus bombardés, même à l'intérieur des sites ou boite courrielle, partout!

Ceci pour dire que j'aime parler à des gens qui ont le réflexe recherche aussi. ;-)))

OMO-ERECTUS a dit…

Ce qui me facine, c'est de voir à quel point nous demeurons foncièrement la même personne qu'au cours de notre enfance. La pensée s'est rafinée, le geste a pris de l'assurance, des rides se sont doucement installées aux coins des yeux, mais l'essentiel demeure, comme une tache de naissance.

Retourner vers son passé, c'est se rendre compte que ce que nous sommes aujourd'hui n'est pas très différent d'hier. C'est rassurant.

Tout aussi rassurant aussi de se rendre compte que le temps présent sera un jour futur notre propre passé.

Regardez tous bien le présent. Lui aussi est précieux. Mais on s'en rendra compte que dams 10, 20 ou 30 ans.

Beau texte, Zoreilles :)

Anonyme a dit…

Le pont couvert de Macamic,

Voilà Zoreilles, j'ai photographié ce petit pont il y deux ans lorsque je suis retourner dans mon village d'enfance. J'avais un pont à faire bien sur après toutes ces années passés loin de l'Abitibi, 35 ans en fait !!!

Le pont de mon enfance ou nous allions y pêcher, chasser, se promener en vélo et faire du bateau aussi sur la rivière loi.
Tout comme toi j'aurais aimé revoir l'intérieur de la maison ou j'ai grandi, revoir ma chambre. Ouais!!! J'y ai de beau souvenir parce que j'y ai vécu une enfance heureuses sans soucis. L'Abitibi ces un beau pays et l'Abitibi-Ouest en particulier. Comme dirais Richard Desjardins ces un territoire qui coule dans nos veines. Je te comprend de l'aimer. Je suis née à l'hopital de Rouyn.
Et, j'ai remarqué tout au long de ma vie que nous vivons tous un peu en fonction de notre enfance, comme quand que l'on achète une maison, il faudrait qu'elle ressemble a celle que l'on a aimé...
Merci de nous faire partager toutes ces belles choses que tu vis et écrits. Je viens de décourvrir ton Blog. Très cool. J'aime beaucoup.
smen27@hotmail.com
lundi le 18 juin 2007

Zoreilles a dit…

J'ai été ravie de vous lire et je vois que nous avons beaucoup de choses en commun.

Revenez me visiter quand vous voulez, votre présence est un rayon de soleil!

Anonyme a dit…

Bonjour zoreilles .Je voudrais savoir ton nom .Merci

Zoreilles a dit…

Cher(e) anonyme,

J'aimerais pouvoir vous répondre mais il est de mise, dans les blogues, de prendre un pseudonyme pour éviter justement qu'il y ait possibilité de compromettre l'anonymat de la personne qui écrit.

Déjà que dans mon cas, j'ai mis ma photo, ce qui n'est vraiment pas habituel mais je me disais que pour ceux qui me connaissent, ce serait sympa et pour ceux qui ne me connaissent pas, ça ne ferait pas de dommage...

Mais pourquoi voudriez-vous connaître mon identité? Si votre raison est bonne, je pourrais accéder à votre demande.