jeudi 12 janvier 2017

AUTRE ÉPOQUE!

Je commence ce billet avec ces mots écrits de la main de ma mère, mots que j'avais dû apprendre par coeur, il y a de cela plusieurs années, pour livrer l'hommage qu'elle avait rédigé pour une fête familiale où tous étaient rassemblés à l'occasion du 40e anniversaire de mariage de mes grands-parents maternels. C'était au début de l'année 1968, j'avais 10 ans, et ces mots-là me sont restés gravés dans le coeur ainsi que tous les sentiments et émotions vécus ce soir-là et qui ont imprégné à tout jamais ma conception de la vie, telle qu'elle se déroulait à l'époque et qu'il est encore possible, moyennant de la bonne volonté, d'en garder l'essentiel si on le veut vraiment aujourd'hui. 

AUTRE ÉPOQUE!

« Avant de s'évanouir dans les brumes du passé, le joyeux cortège des Fêtes de Noël et du Nouvel An nous invite à laisser libre cours à une joie profonde et toute intime. 

D'où vient que l'on éprouve toujours bonheur nouveau à exprimer des souhaits déjà anciens? Oh c'est que l'amour et la reconnaissance sont des sentiments qui ne vieillissent pas mais qui, au contraire, prennent plus d'intensité et de chaleur à mesure que le temps fuit... » (extrait d'un texte écrit par Rita Poirier, janvier 1968). 

La suite était très belle aussi, riche de gratitude, d'affection, de reconnaissance, d'amour filial et mes grands-parents en avaient été émus au point d'en avoir les yeux dans l'eau tous les deux, comme toute leur grande famille d'ailleurs. Je me souviens que je ne m'autorisais pas à les regarder pendant que je rendais le texte de Maman, sinon je n'aurais pas pu aller au bout de cet hommage qu'ils méritaient tellement. Mais comme ce qui ne s'exprime pas s'imprime, je n'ai rien oublié et ces mots me reviennent souvent en début d'année surtout, pour me rappeler qu'il est important une fois de temps en temps d'apprécier ce qu'on a et ce qui nous rend heureux. 


Le 24 décembre dernier, en début de soirée, notre réveillon de Noël débutait par la remise des papillotes de Noël de Félixe. Elle avait tellement hâte! La première papillote qu'elle a donnée, c'est à sa petite soeur, Blanche. Je l'aurais parié!


Sa deuxième, sans surprise, était celle de sa Maman. 


Sa troisième, à son Papa, encore là, sans surprise pour moi, elle a une si belle relation avec ses deux parents. 

Ensuite, ce fut le tour de ses 4 grands-parents, son oncle François, etc. Quelques jours avant, lors de sa dernière journée d'école, elle en avait remis 5 et très personnalisées encore une fois, à ses meilleures amies et ce, très discrètement, pour ne pas faire de peine à celles qui n'en avaient pas. On en avait beaucoup discuté ensemble et je trouvais important que dans sa joie d'offrir, elle n'oublie pas qu'il fallait être inclusive... ou alors très discrète. Elle m'avait expliqué que si elle en aimait beaucoup d'autres que ces 5 amies là, celles à qui elle offrait des papillotes de Noël étaient celles qu'elle considérait comme étant les plus proches. Elle m'a dit textuellement « celles qui me touchent le plus » et je comprenais tout à fait ce qu'elle voulait dire. Moi aussi, j'en ai des amies comme ça, « celles qui me touchent le plus »! 

De voir sa joie de donner, d'avoir accès aux sentiments qui l'animaient, pour moi, ce fut un véritable cadeau, particulièrement cette année, à cause de sa grande implication dans le projet qu'elle s'est approprié et qui est devenu « sa » tradition du mois de décembre. 


Le 24 décembre dernier, en avant-midi. Il y avait de la belle neige à bonhomme fraîchement tombée et pour faire patienter les petites jusqu'au soir, en même temps qu'on donnait un coup de main à nos enfants qui s'affairaient à préparer le souper, on a été aider à déneiger leur grand escalier extérieur de pierre (celui au bas duquel je m'étais cassé le pied cet automne!...) leur cour et leur stationnement. Par la même occasion, on a décidé de faire un gros bonhomme de neige avec les petites. J'aime la complicité incroyable qu'il y a entre mes deux petites-filles. Je dis merci à la Vie pour cela aussi. Remarquez que Blanche ne laisse jamais de côté son bébé. Son papa, Dominic, dit qu'elle se l'est fait greffer dans le bras gauche! 

Ce fut un temps des Fêtes axé sur le plein air et les joies toutes simples avec glissades, rencontres familiales, petite virée au campe les 29, 30 et 31 décembre, soupers de famille les 31 et Jour de l'An, etc. 

L'un des beaux moments que nous avons vécus ensemble et qui appartient lui aussi à une autre époque, je vous le raconte aussi simplement que ça s'est passé. On était tous les 6 au campe depuis le 29 décembre : Crocodile Dundee, moi, Isabelle, Dominic, Félixe et Blanche. Au matin du 31 décembre, comme on discutait tout bonnement de la logistique de transport à mettre en place pour notre retour en ville pour ce grand souper de famille, on appréhendait un peu la longue randonnée en motoneige par ce froid sibérien jusqu'à nos voitures stationnées au barrage de Rapide Deux. Tout à coup, entre deux toasts au Nutella sur le poêle à bois, Isabelle dit à son père : « Là, Papa, on est entre nous, en pyjama, les couettes dans les airs, on a bien dormi et on est heureux, il fait chaud, le café est bon, alors, même si c'est pas le Jour de l'An encore, j'aimerais ça que tu nous donnes ta bénédiction! » 

Est-ce que je vous ai dit déjà que notre fille demande la bénédiction à son père chaque année au Jour de l'An? Eh oui, elle a reçu la bénédiction paternelle de ses deux grands-pères alors qu'elle était petite et cette tradition, elle l'a fait sienne depuis.  

Pour elle comme pour Crocodile Dundee, la bénédiction paternelle du Jour de l'An ne revêt pas le caractère religieux (ou si peu) comme ce que nous avons connu, nous, avec nos grands-pères d'abord et nos papas par la suite, mais quand même, c'est un moment unique, un rituel empreint d'affection et d'admiration chaque année. Quelques mots d'amour, des souhaits chaleureux et une certaine gratitude envers la Vie nous remplissent de quelque chose de précieux et de doux qui finit toujours par des gros câlins, des sourires attendris et des regards aimants. On a même notre petite danse rien qu'à nous pour sceller ce moment avec un grand éclat de rire... et ainsi on s'assure de ne pas pleurer, parce qu'on est tous des ti cœurs sensibles. On est de même, nous autres!

Au fait, je ne sais pas trop lequel d'entre nous a inventé cette petite danse...  On ne la fait que dans les grandes occasions. C'est comme un gros câlin familial qui rit, qui saute et qui chante. On fait une petite ronde, où on est tous collés-collés. Pour que les petites soient de la même grandeur que nous, on les porte dans nos bras. Là, on saute en tournant et en chantant : « Toute la famille est réunie, toute la famille est réunie, toute la famille est réuniiiiiiiiiiiiiiiiiiiie, TOUTE LA FAMILLE EST RÉ-U-NIE! »

VRAIMENT D'UNE AUTRE ÉPOQUE!

J'ai défait mes décorations et mon sapin de Noël plus tard que d'habitude cette année. Normalement, c'est la première chose que je fais le 2 janvier au matin mais cette année, comme nous partions en forêt, Crocodile Dundee et moi, du 2 au 4 janvier, c'est seulement le 5 au matin que je me suis lancée là-dedans. Mais pour mes cartes de Noël, ah là, j'étais incapable de les décrocher de ma « corde à linge » jusqu'à ce matin. Pourquoi? Parce que j'aime les relire et je le fais souvent. C'est plein d'amour et d'amitié là-dedans.   


Une partie des cartes de Noël reçues chez nous cette année... 

L'autre partie... 

Il fallait bien un jour que j'en vienne à les décrocher, ce que j'ai fait tout à l'heure après avoir pris ces deux photos mais ne comptez pas sur moi pour en disposer dans le bac de recyclage. Pas question! Je les garde toutes, bien enrubannées dans la corde à linge, comme je le fais chaque année. C'est plus fort que moi. Je pourrai les relire encore et encore. 

J'en ai des faites à la main, des brillantes, des colorées, des anciennes, des contemporaines, des futuristes, des artistiques, des nostalgiques, une musicale même, et toutes sont écrites comme des lettres. Des belles lettres manuscrites, en plus! Elles nous ont été postées de la Corée du Sud, des Îles de la Madeleine, de Baie Comeau, Berthier-sur-Mer, Québec, Beauport, Mont-Saint-Hilaire, Montréal, Boisbriand, St-Jérôme, Ville-Marie, Chibougamau, Matagami, Amos et bien sûr, quelques-unes sont de Rouyn-Noranda. Ce n'est pourtant pas parce que c'est loin, certaines nous proviennent de trois coins de rue d'ici mais on peut y lire des mots qu'on n'avait jamais entendus de vive voix, des mots qui s'écrivent, des mots qui restent, qu'on aime à relire... 

On a reçu plusieurs cartes virtuelles aussi mais ce sont celles qui ne sont pas 2.0 qui sont pour moi, comme le dirait Félixe, « celles qui me touchent le plus! »

Que voulez-vous, je suis... d'une autre époque!  

10 commentaires:

Solange a dit…

Une autre époque dont on aime se souvenir. Cette année je n'ai reçu que 4 cartes de souhait, avec internet maintenant les voeux sont différents, mais ça manque de chaleur. Heureusement qu'il y a encore les repas en famille, mais les familles aussi rapetissent. C'est toujours un plaisir de lire tes billets, tu fais bien d'écrire de temps en temps.

Le factotum a dit…

À la dame d'une autre époque, je dis: "Moi aussi, j'en ai des amies comme ça, celles qui me touchent le plus !
Oups, excuse-moi, je t'ai copiée.

Zoreilles a dit…

@ Solange : Une autre époque... qu'on peut actualiser pour qu'elle perdure d'une autre façon peut-être. En tout cas, c'est ce que je crois. Tu as reçu 4 cartes de souhait et tu réalises comme moi que de recevoir une enveloppe par courrier postal, de l'ouvrir, de découvrir ce qu'il y a à l'intérieur, écrit à la main, c'est beaucoup plus chaleureux qu'un petit clic de souris effectué à la hâte, assez peu personnalisé!

J'écris beaucoup de cartes moi-même en décembre. C'est un rituel que j'ai conservé, j'ai tant de plaisir à le faire. Il y a des personnes avec lesquelles je ne communique pas de façon virtuelle, et aussi celles avec lesquelles je peux échanger souvent mais qu'une fois l'an, au temps des fêtes, on prend le temps de s'écrire pour vrai, des mots personnels, comme dans les lettres d'autrefois.

Les familles rapetissent chez vous? Chez nous, elles s'agrandissent! Ça, c'est un peu plus compliqué, par exemple, de réunir tout le monde en même temps. On voudrait être partout à la fois. Et puis, il y a les distances, au temps des Fêtes, ce n'est pas la meilleure période pour les déplacements, avec les tempêtes de neige, le verglas, les routes glacées, etc. Heureusement qu'à travers le tourbillon des Fêtes qui commence chez nous avec l'anniversaire de ma mère, le 20, on a pu s'organiser un petit séjour en forêt avec notre petite famille, les 29-30-31 décembre, avant de replonger dans les partys de famille au retour.

Je te remercie, Solange, de cet encouragement à écrire encore des billets. Comme beaucoup de blogueurs/euses, je me demande souvent pourquoi je continue mais j'ai ralenti le rythme, tu l'auras remarqué puisque tu me lis fidèlement mais ne crains rien, je continuerai encore, parce que j'aime ça, c'est comme d'écrire des cartes de Noël... et d'en recevoir!

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Petit coquin, tu ne m'as pas copiée, moi, tu as copié Félixe, c'est elle qui m'expliquait ça!

Je trouvais ça bon quand même qu'à son jeune âge, elle sache bien comprendre les liens du cœur, les différentes subtilités de l'amitié. Oui, on les aime tous, nos amis, mais bien sûr que certains peuvent nous atteindre différemment. Chacun est unique, nous apporte quelque chose d'enrichissant à sa façon. Par exemple, il y a ceux qui font partie de notre vie depuis qu'on les connaît, auxquels on pense régulièrement, dont on s'ennuie aussi, qu'on ne voit pas souvent mais qu'à chaque fois, on reprend là où l'on avait laissé... C'est précieux, tout ça!

Et pour Félixe qu'on copie chacun à notre façon, elle baignera dans une grande mer d'amitié aujourd'hui, c'est son 8e anniversaire de naissance et ses parents lui ont organisé, à son désir, un party de filles... avec 12 filles du même âge et sa petite sœur, Blanche! Ça va danser dans ce party-là, c'est son Papa qui fait le DJ, il est le seul homme invité à ce party de filles. Isabelle va faire l'animation. Nous, on la fêtera demain, dimanche, on ne voulait pas augmenter la moyenne d'âge de ce party de filles, hahaha!

Jerry OX a dit…

Bonjour Zoreilles, voila un beau retour et une occasion pour moi de te souhaiter une belle année 2017 pleine de petits bonheurs au quotidien . Joli billet sur les fêtes ! Il est vrai que ce "joyeux cortège des Fêtes de Noël et du Nouvel An " (bien dit !!) nous invite tout un chacun à un moment donné à laisser libre cours à une joie profonde et c'est, je crois ce qui fait partie de la magie de ces instants là . Passe une merveilleuse semaine !

Zoreilles a dit…

@ Jerry OX : Et à toi pareillement (on dit ça au Québec!...) une belle année 2017 remplie de bonheurs au quotidien, la réalisation de tes désirs, le partage de tes passions et talents!

Ce que tu cites, ce sont les mots de ma mère et je suis d'accord avec toi, c'est bien dit. Ma mère avait une belle profondeur lorsqu'elle écrivait. C'est dommage qu'elle n'écrive plus... Quand j'étais une petite fille, j'allais fouiller en cachette dans sa grosse malle bleue pour y trouver des trésors, lire ses anciens cahiers de composition française. J'y découvrais une auteure attachante que je ne reconnaissais pas, j'avais accès à une part d'elle qui m'était totalement étrangère... que j'aurais aimé mieux connaître!

Jerry OX a dit…

Alors que cette année 2017 se poursuive encore mieux !! Peace , Love and Respect !! Gros Bec Zoreilles !

Zoreilles a dit…

@ Jerry OX : Merci et que Peace, Love and Respect soient aussi dans ta vie chaque jour de l'année, particulièrement aujourd'hui en cette Saint-Valentin!

mijo a dit…

Félixe s'était habillée en mère Noël pour sa distribution de papillotes !!

C'est drôle, on fait une ronde sautillante chez nous également pour souligner un bel évènement. La dernière ronde sautillante, à la mi-mars : mon fils cadet venait de réussir son examen du code de la route et de recevoir une excellente note en français pour un examen blanc qui avait lieu dans tout son établissement. Une des meilleures notes. Une note inespérée pour lui. Une note soulignée par l'ensemble de ses professeurs, la copie était anonyme et il ne pouvait pas tomber sur sa prof. Une note qui lui a redonné confiance car il traversait une mauvaise passe. Une note a sautillé en ronde en famille.

Zoreilles a dit…

@ Mijo : Eh oui, Félixe s'était endimanchée en Mère Noël, ça faisait plus théâtral!

J'aime t'entendre raconter et tu me fais réaliser que tes fils grandissent vite eux aussi. Ton cadet avait réussi son examen du code de la route? Ce sont des hommes, tes p'tits gars!