Photo 2 : Même décor, même instant, quand on y regarde de plus près.
Et si le soleil se levait à l'ouest?
Si je classais mes petites histoires par catégories, en voici une qui irait rejoindre les autres au rayon « chocolat chaud » et c'est justement ce que je bois en ce matin frisquet, devant mon ordinateur qui prend les traits d'un vieux chum à qui j'aime bien jaser des anecdotes du quotidien qui mènent à des réflexions que je me fais sans prétention aucune. Je vous les soumets pour les enrichir de vos commentaires et points de vue et jamais je ne voudrais prétendre que j'ai raison ou que je détiens la vérité universelle.
L'anecdote se passe en septembre dernier, en Abitibi-Ouest. Comme une centaine d'autres personnes, partenaires internes et externes, je participais à ce forum ouvert de deux jours où l'on devait abattre un travail considérable pour dégager les priorités qui feraient consensus dans le réseau de la santé et des services sociaux offerts sur ce vaste territoire peu populeux, avec ses particularités, ses contraintes et ses besoins toujours trop immenses à combler pour les ressources dont nous pouvons disposer. Voilà pour le contexte.
Au premier matin, dès les premières minutes, les sujets des ateliers fusent dans le grand groupe réuni dans cette salle où nous nous retrouverons souvent pour faire le point. Je suis déchirée sur les choix que je devrai faire pour en privilégier seulement quatre sur les vingt-huit annoncés où j'aimerais contribuer : maltraitance des enfants, santé mentale chez les jeunes, soutien aux aidants naturels, maintien à domicile, promotion de saines habitudes de vie, bénévolat, contribution et relève, partenariat et milieux défavorisés, stratégies pour faire face aux pénuries de ressources humaines, pauvreté, droits des personnes âgées, entre deux joints, tu pourrais faire quelque chose, sentiment d'appartenance organisationnelle et régionale, auto responsabilisation de sa santé, santé psychologique chez les hommes et plusieurs autres qui me tenaient tous à coeur.
Je n'avais que quelques minutes avant que le groupe se subdivise pour faire mes choix d'ateliers. J'aurais pu y aller en fonction de mes passions ou de mon vécu personnel mais j'ai plutôt penché du côté où je me croyais le plus utile. J'ai eu peur que la santé psychologique chez les hommes soit un atelier boudé, ignoré, ou pire encore, qu'il rassemble autour de la table des bonnes femmes qui réfléchissent en missionnaires qui veulent sauver le monde malgré eux. J'aurais veillé au grain, vous pouvez me croire, pour les ramener sur le plancher des vaches!
J'arrive donc au local où devait se dérouler cet atelier, « santé psychologique chez les hommes » et déjà, je reconnais deux madames que je sais oeuvrer auprès de cette clientèle, l'une d'elles particulièrement au niveau de la prévention du suicide. Je devinais la suite... Mais je me trompais. Et c'est tant mieux. Assise sagement avec mes documents devant moi, j'ai vu arriver les gens à cet atelier qui n'était pas boudé du tout finalement. Et ma surprise a été de voir arriver autant d'hommes que de femmes pour cette discussion qui devait mener à des recommandations bien précises, des actions concrètes sur le terrain.
Les deux dames qui avaient initié ce sujet d'atelier accueillaient chacun des participants(es) et prenaient note des présences. En les voyant s'affairer ainsi, je comprenais qu'elles voulaient animer toute l'affaire. Je connaissais ces hommes de qualité qui s'étaient pointés là parce que je les côtoie régulièrement dans mon travail, juste assez pour savoir qu'ils auraient pu se murer dans un silence frustré s'ils sentaient qu'on les dirigeait même avec une grande finesse. Encore là, je me trompais...
D'entrée de jeu, les deux animatrices nous ont demandé un tour de table pour nous présenter et dire pourquoi on avait voulu prendre part à cet atelier, ce qui était inhabituel comme fonctionnement. En plus, dans le sens des aiguilles d'une montre, j'étais la première invitée à le faire. J'ouvre ici une parenthèse... Quand on doit intervenir de manière aussi spontanée, c'est là qu'émerge vraiment ce qui dormait au fond de soi, quelque chose qui ressemble à son essence, sa vérité, sa motivation profonde, son credo. On ferme la parenthèse.
Alors, je me lance, en essayant de faire mes phrases courtes pour laisser plus de place aux hommes à mes côtés... « Je suis là parce qu'il n'y a que des hommes formidables dans ma vie. Si certains ont vécu ou vivent parfois des situations difficiles, et même des détresses, je n'en ai connu aucun qui avait demandé de l'aide, on dirait qu'ils ne savent pas comment ou qu'on ne sait pas comment les rejoindre. Il faudrait qu'ils nous le disent eux-mêmes sinon on va continuer à les materner dans le réseau de la santé et des services sociaux et on va encore passer à côté de ce dont ils ont vraiment besoin. Et ce sont là les derniers mots que je prononcerai dans cet atelier, je vous le promets! »
J'ai vu les hommes rire et pousser comme un soupir de soulagement!
Faire le tour de la table a pris au moins 10 minutes sur les 45 qui nous étaient allouées. Mais ça valait la peine. Il s'est exprimé là des cris du coeur que je n'avais jamais entendus auparavant et qui sont venus colorer les discussions et les recommandations qui ont suivi. Même la psychologue assise en face de moi a su se la fermer et écouter tout au long de l'atelier.
Ces hommes, travailleurs et gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux, n'étaient plus en fonction, ça devenait clair qu'ils n'arboraient plus leur uniforme de travail mais qu'ils nous parlaient d'eux : Comment ils perçoivent la demande d'aide, pourquoi ils se sentent honteux d'en demander, qu'ils ont besoin de guérir non pas en parlant mais en entrant en action, qu'ils expriment leurs émotions de manière différente des femmes, que ça les dérange que les intervenants soient surtout des femmes, qu'ils n'ont pas de modèles masculins auxquels se référer, qu'on ne sait jamais détecter la détresse chez eux avant qu'il ne soit trop tard, etc.
Bref, ces hommes en avaient long à dire mais ils cherchaient dans nos regards et nos silences respectueux des approbations tacites également. Tout en eux posait la question : « Comprenez-vous? » Oui, on comprenait. Nos silences et notre écoute devenaient des claques dans le dos, des bines sur l'épaule, des p'tites frettes à ' taverne dont ils avaient besoin.
Tout au long de ces discussions pour le moins « viriles », je me disais que j'assistais en direct à un changement des mentalités peut-être, à un résultat inespéré qui couvait sous la cendre depuis des décennies, une évolution prometteuse dans les rapports hommes femmes bien au-delà des services de santé de l'Abitibi-Ouest.
Curieux hasard ou conséquence logique, j'ai retrouvé ces hommes bien souvent au cours des ateliers suivants et des travaux de ces deux jours. Chaque fois, ils venaient vers moi comme si on avait noué un lien privilégié. Et pourtant, je n'avais rien dit. J'en viens à la conclusion que la meilleure façon d'aider quelqu'un, c'est surtout de lui demander franchement comment et de s'avouer modestement au départ qu'on n'y arrivera pas nécessairement parce qu'on part toujours bien trop de nos propres critères, de ce qu'on connaît, de notre vécu et de nos vérités qu'il serait dangereux d'ériger en dogmes.
Est-ce que la manière de répondre aux besoins d'aide des hommes dans notre société n'a pas toujours été pensée, proposée, mise de l'avant et offerte par des femmes, à la manière des femmes? Est-ce qu'on est prêt à remettre en question ce qu'on a toujours cru, et même que le soleil se lève à l'est?
47 commentaires:
Bonjour Zoreilles,
Coucou! C'est moi! Je suis le premier arrivé ici. C'est rare que je réussis l'exploit. Tu as l'habitude d'avoir beaucoup de visiteurs et de vistiteuses.
Je ne suis pas surpris de savoir que les monsieurs que tu avais abordés dans les ateliers précédents allaient instinctivement t'adresser la parole quand tu les rovoyaient dans un nouvel atelier.
Tu es comme ça, Zoreilles. Tu sais écouter, reprendre en mieux ce qu'on a exprimer en nous permettant de faire un pas de plus.
Personnellement, j'ai eu de la chance. Je n'ai jamais eu de problème à exprimer mes émotions. Nous avons été habitués à le faire dans ma famille, tout naturellement, sans malaise, sans scrupule.
@ Jacks : Tu es même arrivé alors que je n'avais pas terminé tout à fait ma conclusion! Tu sais très bien exprimer tes émotions, Jacks, c'est vrai, mais saurais-tu demander de l'aide si t'en avais besoin? Ne me réponds pas, c'est trop personnel comme question, mais c'est le lot de beaucoup d'hommes. J'ai été complètement éberlouflée (!) abasourdie d'entendre Daniel dire de sa grosse voix : « On a honte de demander de l'aide » et de voir Fernand, Jocelyn, Martin et tous les autres acquiescer à ça avec tellement de ferveur.
C'est ça de la honte, l'homme doit être fort d'après se qu'on lui a apprit et de confier ses problèmes à une femme ou même à un autre homme c'est avouer une faiblesse. A-t-on manqué l'éducation de nos garçons ou est-ce dans leur nature je ne sais pas.
@ Solange : C'est à peu près textuellement ce qu'ils nous ont dit. Ils en prennent conscience et se battent contre ça. C'est dans leur nature plus que dans leur éducation, ils nous le disaient aussi. Ils voulaient faire comprendre aux grandes institutions que sont les réseaux de santé et de services sociaux que c'est dans l'action qu'il fallait aller les chercher là où ils sont et avant qu'il ne soit trop tard. Parce qu'ils ne suivent pas nécessairement les étapes prévues dans les programmes sociaux. Un exemple? Quand un gars dit : « À souaire, je vas en virer une câl... », c'est qu'il en a pesant sur le coeur.
Quelle belle question, Zoreilles!
Tu es géniale. Tu sais bien percevoir, viser l'essentiel, mettre le focus à la bonne place.
Tu ne demandes pas de réponse. Mais je crois utile d'en donner une. Tu as raison: il n'est pas dans ma nature de demander de l'aide. Je crois que j'irais jusqu'au bout de mes forces avant de le faire.
Je ne saurais dire cependant pourquoi et si c'est une caractéristique que l'on retrouve davantage chez les mâles.
@ Jacks : ET VOILÀ! Il me fait plaisir de te confirmer, cher ami, que tu es un homme, un vrai, un classique, un conventionnel, le modèle de base, éprouvé, qui a fait ses preuves, notre plus gros vendeur!
Et ben voilà,
Il ne reste plus qu'à donner mon corps à la sciences. J'ai mieux donner mon corps à la science que de mourir pour rien.
Et si l'inverse était vrai?
Elevée en aînée sérieuse et raisonnable , j'ai dû apprendre à me débrouiller, à ne rien demander de plus que ce que j'avais et à travailler dur pour avoir ce que je voulais.
Et je me retrouve dans ces gars que tu décris.
"No complain, no explain"...
Tout comme Jackss, il n'est pas dans ma nature de parler de moi, de demander de l'aide...
En fait, il y a des gens qui savent donner et d'autres qui savent recevoir.
Et c'est là que le bât blesse...
@ Jacks : Tant qu'à le donner, tu serais mieux de l'offrir à Laure qu'à la science, elle en ferait un bien meilleur usage, parce que la science, ces temps-ci, elle te vaccinerait contre le code postal à 5 lettres, du genre A(H1N1).
@ Claire : Je me reconnaissais beaucoup dans ces hommes-là moi aussi. Ce n'est pas typique qu'aux hommes, on le sait. Jacks l'a bien exprimé lui aussi. Ce n'est pas parce qu'on est capable de traduire nos émotions en phrases qu'on est capable de demande de l'aide. Moi non plus, je sais pas comment et ça fait que je n'en demande jamais. Pour certains hommes, c'est pire encore, ils disent qu'ils ont honte...
Quelle belle réflexion. Je n'avais jamais cru que des colloques et tables de discussions il pouvait émaner des choses semblables.
J'abonde dans le fait qu'il n'est pas dans ma nature de demander de l'aide que que je m'épuiserais à vouloir tout régler seul, sur mes propres forces. D'où ça vient? Très certainement de mon père et, ad vitam eaternam.
Ça pose l'obligation d'y réfléchir.
J'ai été élevée avec 4 frérots et je confirme: aucun n'aime demander de l'aide et ... moi non plus, hihihi! Quoique ça change en vieillissant: je me dis maintenant que le pire, c'est que ça ne peut qu'être un NON!
Et c'est moi qui demandait de l'aide pour mon chum, même à son propre père, qui venait toujours avec plaisir. Remarque c'est aussi moi qui lui suggérait d'en donner aussi! Et je dois dire que fiston et fillette n'aiment pas non plus demander de l'aide... Mais vraiment pas du tout!!!
J'ai cependant beaucoup plus de facilité à demander de l'aide pour les autres... ;)
Tout d'abord, je tiens à souligner que tes photos sont belles à couper le souffle... Tout comme ton billet, d'ailleurs, qui porte à sérieuse réflexion...
Comme toi et Claire, je me retrouve dans l'âme de ces hommes que tu décris... Demander de l'aide, moi? Pas capable. Et Jackss a si bien résumé la question qu'il serait superflu de ma part d'y ajouter mon grain de sel. Sauf que je suis incapable de me la boucler, parfois...
J'aime croire qu'être capable de demander de l'aide est une force qui s'apprivoise et que savoir choisir les personnes à qui on demande de l'aide est un art qui se cultive. Voilà... C'est dit.
Salut
J'ai eu besoin, j'ai demandé,j'ai consulté j'ai tout trouvé. Je crois même en être sorti grandi...je m'en porte que mieux aujourd'hui.
Je suis même fier de cela
@ Gérard Day : Je ne suis pas une fanatique non plus de ces gaspillages de temps que sont certains colloques mais celui-là faisait partie d'une grande démarche entreprise en 2005 par mon client et c'est incroyable ce qu'on arrive à faire dans un contexte de pénurie de ressources, de budgets, avec des besoins toujours grandissants. Vraiment, ça me réconcilie avec ce genre de grands rassemblements où l'on consulte les représentants de la population... En plus, il s'est fait là des jumelages et des alliances qui produiront des effets pour longtemps. Ça pose l'obligation d'y réfléchir, comme vous dites!
@ Soisig : On se demande si c'est pas génétique... Demander de l'aide, que ce soit pour des travaux ou pour des services, dans la tête de plusieurs personnes, c'est s'avouer incapable d'y arriver tout seul. Demander de l'aide pour sa santé psychologique, c'est encore plus difficile.
@ Rosie : Tu touches là un point sensible... Ça se cultive, ça s'apprend et on peut choisir, dans certains cas, la personne à qui l'on va faire confiance. Dans un petit milieu comme l'Abitibi-Ouest, les gens se connaissent, se côtoient et il n'est pas évident pour un homme d'aller consulter la travailleuse sociale quand son fils joue au hockey dans la même équipe que le vôtre... T'sais? Mais on devrait en arriver à considérer ça comme si c'était aussi normal qu'un rendez-vous chez le dentiste. Ça nous dérange tu de rencontrer notre dentiste à l'épicerie? ;o)
@ Joce : Et tu as toutes les raisons du monde d'en être fier. Je le suis aussi, comme toujours! Et comme nous le savons tous les deux, j'ai consulté aussi une fois. Deux rencontres seulement ont été suffisantes. Et j'en ressens encore les bienfaits. C'est faire preuve de lucidité et d'humilité d'admettre qu'on a besoin d'être accompagné parfois pour voir plus clair.
quelles belles photos et un texte qui en dit long. J'aime assiter à des ateliers de ce genre, en général on en sort grandi.
demander de l'aide, un excellent sujet de discussion. Alors mon côté masculin doit être très fort parce que je ne suis pas du genre à demander de l'aide. Peu importe le genre d'aide. Mais je comprends très bien qu'on peut en avoir besoin et je ne crois pas que ce soit une faiblesse d'en demander. C'est juste que j'ai appris jeune à me débrouiller toute seule et je l'ai fait longtemps et je le fais encore.
Mais je suis toujours la première à offrir mon aide aux autres!
@ Voyageuse du monde : Allo, t'es revenue de la Grèce? Après l'Italie et la Grèce, le Québec ne te semble pas trop froid? Bienvenue chez vous! Sais-tu que tu me fais réaliser, comme les autres femmes qui ont laissé des commentaires ici, que demander de l'aide ou consulter, pour sa santé psychologique ou autre, c'est une difficulté très répandue et surtout pas particulière aux hommes.
On pourrait s’attarder longuement sur les causes qui amènent les hommes (et certaines femmes) à réagir ainsi face à la demande d’aide : l’éducation, les modèles sociaux, la constitution hormonale, mais ce serait bien long avant de passer à l’action.
Comme tu le dis à la fin de ton billet, la meilleure façon d’aider quelqu’un c’est d’être vraiment à l’écoute de ce qu’elle dit, de ses besoins, et c’est souvent là qu’est la difficulté. Nous sommes souvent centrés sur nous-mêmes et envoyons des « messages tu » (tu devrais faire ci ou ça, tu es comme ci, comme ça). Il faut être capable d‘ouverture d’esprit, de se remettre soi-même en question, de laisser tomber nos préjugés, nos certitudes et d’avoir l’humilité et l’honnêteté de reconnaître qu’on ne détient pas la vérité ou qu’il y en a plus d’une.
Et puis, tout en cherchant à offrir des services adéquats, il ne faut pas s'acharner non plus.
C’est vraiment un bon chocolat chaud que j’ai pris ici en ta compagnie, devant un paysage magnifique au lever du soleil, à l’ouest par surcroît.
@Zoreilles,
demander de l'aide, que l'on soit homme ou femme, ce n'est jamais facile. Comme Soisig, j'ai beaucoup moins de mal à en demander pour une autre personne (ma mère, entre parenthèse) que pour moi même. La crainte d'être jugée (une personne faible, centrée sur elle-même, qui s'écoute...), et pourtant, personne ne sait à quel point mes bibittes entre les oreilles auraient besoin d'une oreille attentive!
La maladie mentale, l'incapacité d'exprimer ses émotions, ça tue à petit feu. Je crois que notre "culture", chacun pour soi et au diable les autres, y est pour beaucoup. Et consulter une personne spécialisée (psychologue ou autre) est parfois le seul recours. Il faut payer mais au moins l'incompréhension ou le rejet n'existent plus...
Dernièrement j'ai appelé Tel-Aide à Montréal; j'ignore si vous avez ce recours chez-vous, mais une ligne téléphonique anonyme peut faire des miracles parfois...
Zoreilles,
et la vie n'est facile pour personne, que l'on soit homme ou femme. Nous avons tous, peu importe le sexe, besoin d'amour, de compréhension, de réconfort et de tendresse: c'est ce que je crois profondément...
En fait, à mon avis il ne s'agit pas de sexe (masculin ou féminin) mais bien d'éducation. On m'a enseigné à m'organiser seul, j'ai engrangé le message et je l'applique.
Maintenant on me le reproche. J'ai fait quoi de pas correct? On me reproche de ne pas demander d'aide alors qu'on m'a toujours dit de ne pas en demander.
Il y a quelque chose de tordu la dedans.
@Zoreilles,
oups! Le mot sexe était employé dans le sens homme ou femme. Désolée de m'être mal exprimée...
C'est vraiment une question d'éducation. Pendant toute ma jeunesse, on parlait de "sexe fort et sexe faible". Qui dit "fort" dit "n'a pas besoin d'aide"...
En fait, c'est un peu Darwinien je trouve...
@ Caboche : À ce que je lis, on ne partage pas seulement le chocolat chaud mais plusieurs idées également! Personnellement ou socialement, je suis d'accord avec ce que tu amènes, il ne faut pas s'acharner. Proposer de l'aide, d'accord, mais comprendre aussi que pas mal de monde n'iront pas dans cette voie-là. Respecter ça.
@ Lise : J'ai beau te relire, je ne vois pas du tout où tu te serais mal exprimée! Tes réserves au sujet de la demande d'aide sont bien compréhensibles, on les retrouve tant chez les hommes que chez les femmes. En région, nous avons aussi accès à ces centres d'appel et lignes d'écoute que tu mentionnes. Ce sont des services gratuits. Heureusement d'ailleurs parce que j'ai l'impression qu'ils font un travail formidable et que bien souvent, ils sont le seul lien possible pour briser l'isolement.
@ Gérard Day : Sans que personne ne fasse de reproche à personne, n'est-il pas temps de remettre en question ce bagage trop lourd qu'on a reçu dans notre éducation lorsqu'il ne convient plus? Pas facile, j'en conviens, de se poser la question « Et si le soleil se levait à l'ouest? ».
@ Pierre : Pour moi, un être fort, c'est une personne capable d'admettre qu'elle a des failles, des vulnérabilités, qu'elle puisse faire des erreurs, agir selon ses patterns tout croches même avec la meilleure volonté du monde mais qu'en définitive, au-delà de ses « faiblesses », cette personne s'en sorte toujours gagnante. C'est comme dans la fable du chêne et du roseau, dans la tempête, le chêne a cassé alors que le roseau, lui, a su plier avec le vent, s'adapter à la situation et à la fin, c'est lui qui était debout, fort et fier...
Je suis d'accord Zoreilles. Mais dans la pratique, nous avons été élevés dans le sous entendu que la force signifiait la capacité à se débrouiller seul. Je comprends ton allusion à la fable et je suis d'accord. Cependant, ce n'est pas avec cette définition de la force que nous avons été élevés.
Tu sais... Le père pourvoyeur et la mère nourricière...
Cet héritage peut être lourd à porter parfois et pousse les hommes à se rendre à des limites qu'il ne devrait pas côtoyer.
@ Pierre : Ah je le sais ben trop! On a beau le raisonner avec notre tête, il reste qu'on a de la misère à se sortir de ces patterns tout croches qu'on a « achetés » des générations précédentes. Quand j'ai entendu ces hommes-là pourtant tellement sensibilisés, des gars qui ont étudié et travaillé depuis toujours dans le domaine de la santé et des sciences sociales, des pros dans le domaine, tu comprends? Même eux en arrivaient à dire qu'ils avaient honte de demander de l'aide et de consulter. Mais cet atelier a produit d'excellentes recommandations pour aller rejoindre les hommes là où ils sont. Et dans l'action. J'étais contente d'y avoir participé en me fermant la trappe...
Un autre atelier que j'ai bien aimé s'intitulait « Entre deux joints, tu pourrais faire quelque chose » et c'est incroyable comme de faire se rencontrer (par choix) des gens du monde de l'emploi, de l'éducation et de la santé a pu produire des projets de jumelage efficaces pour la jeunesse.
Et sur un autre sujet dont tu parlais ailleurs, si tu veux toujours savoir ce que j'en pense, il te faudrait aller dans ma liste des blogues-amis, chez un autre Pierre, où tu seras accueilli avec son dernier billet, « Pas de chantage ». Tu y seras accueilli par une image d'une très jolie infirmière!
J'y cours merci!
Zoreilles,
je me doutais bien que les lignes téléphoniques d'écoute existaient partout au Québec. Pour ma part, je n'ai utilisé ce service que deux fois; récemment, et la précédente à 18 ans. Aucun abus du système...:)
J'aime beaucoup les réflexions suscitées par ce billet, et les messieurs sont présents...
Merci à toi chère Zoreilles, comme toujours...
Je me rends compte que mon observation précédente a touché un point sensible, mais je crois malgré tout qu'être capable de demander de l'aide est une force qui s'apprivoise et personnellement, j'ai beaucoup de difficulté à apprivoiser quoi que ce soit...
Et en effet, Zoreilles, ma chérie : ça ne devrait vraiment pas nous déranger de rencontrer notre dentiste à l'épicerie. ;)
Tout comme notre Lise, je tiens à te remercier pour ce billet très pertinent qui a suscité moult réflexions tout aussi intéressantes et passionnantes les unes que les autres. En fait, je te remercie pour TOUS tes billets, ma chouette! Sans eux, mes jours seraient beaucoup plus sombres...
"Dans un petit milieu comme l'Abitibi-Ouest, les gens se connaissent, se côtoient et il n'est pas évident pour un homme d'aller consulter la travailleuse sociale quand son fils joue au hockey dans la même équipe que le vôtre... " Tu as bien raison, dans les régions (j'imagine que c'est le même problème ailleurs), nous sommes très loin de l'anonymat des villes. Ça multiplie les difficultés d'approche et de suivi...
As-tu pensé aux jeunes qui ont le même problème? Quand le lieu de rencontre est sur la place publique, c'est très difficile de les y amener sans qu'ils soient ensuite victimes d'ostracisme par leurs pairs. C'est si fragile un être en peine mais encore plus si c'est un enfant ou un ado. Et un jeune qui a besoin d'aide et n'aura pas été "secouru" fera un adulte de plus en plus mal dans sa peau...
Des ados et des parents désemparés, j'en ai vu quelques-uns se rendre à Rouyn, Vald'Or ou même Timins pour ne pas être repérés.
Une grande détresse...
@ Lise : Tiens, c'est vrai, tu m'y fais penser, les messieurs sont présents ici à peu près à égalité avec les dames, c'était pareil lors de l'atelier. Finalement, ce sujet concerne tout le monde. D'ailleurs, un participant avait dit une chose très juste : « derrière chaque homme en détresse, il y a toute une famille qui mange de la misère ».
@ Rosie : Tout le plaisir est pour moi, j'aime tellement entendre tous ces points de vue qui viennent enrichir la discussion. Tous mes billets ne sont que des amorces, tu sais! ;o)
@ Soisig : Dans ton beau village de l'Abitibi-Ouest, oeuvrant dans l'enseignement, tu as dû en voir passer des cas où l'anonymat devenait impossible à imaginer. Consulter à Rouyn, Val-d'Or ou même Timmins en Ontario, ça fait image pour expliquer la situation de façon claire. Ça signifie surtout qu'il est parfois impensable pour certains de demander de l'aide. Les grandes villes sont remplies des gens qui viennent des petits milieux et qui n'y retourneraient pas pour tout l'or du monde...
Et encore je ne parlais pas des jeunes de mon village mais de ceux de La Sarre et des environs. Tous les services et les institutions y sont facilement repérables évidemment: pas facile de garder l'anonymat et la discrétion dans ces cas-là. Ça devient un lieu à éviter tout simplement, ce qui nous ramène à la case départ: on a beau offrir des services, la difficulté de s'y référer est quasi infranchissable!
@ Soisig : Tu as si bien exposé la difficulté supplémentaire pour les gens des petits milieux (La Sarre étant plus populeux que Normétal, ça reste tout de même un très petit milieu) que tu auras toute la sensibilité nécessaire pour apprécier les recommandations soumises par notre atelier!
1. Proposer des modèles masculins auxquels les hommes pourraient s'identifier pour démystifier la demande d'aide, des modèles positifs ayant déjà vécu des situations difficiles.
2. Établir des lieux neutres et de confiance sur le territoire.
3. Sensibiliser les intervenants(es) par rapport à la clientèle masculine.
4. Soutenir et sensibiliser les familles, les proches.
5. Rejoindre les hommes là où ils sont (sortir de nos bureaux). Les travailleurs(ses) de rue et organisateurs communautaires font un travail remarquable, s'en inspirer.
6. Promouvoir et mettre en place des projets pilotes comme « Pairs aidants », « sentinelles » et autres qui rejoignent les hommes dans leur milieu de travail et de vie.
7. Éduquer, sensibiliser, contrer les préjugés par tous les moyens possibles.
Zoreilles et Soisig,
mille merci à vous deux, vous m'avez fait prendre conscience que vivre dans une grande ville anonyme (telle Montréal), n'est pas toujours synonyme d'isolement, contrairement à ce que je croyais.
Étant partie à l'âge de 16 ans, avec ma famille, de ma Côte-Nord natale, elle me semble moins sympathique, même si Baie-Comeau (où j'ai grandi, de manière sporadique) n'est pas un village.
L'herbe est toujours plus verte ailleurs décidément...
@ Lise : Oui, on peut vivre de l'isolement, qu'on soit à Montréal ou dans n'importe quel petit milieu de vie de n'importe quelle région. Ce sont deux formes d'isolement différentes. L'herbe est toujours plus verte ailleurs? Encore vrai. Il nous faudrait développer la faculté de trouver les moindres petits brins d'herbe verte qu'il y a chez nous! ;o)
Ça fait 4 jours que ton billet est publié, ça fait 4 jours qu'il me dérange.
J'ose pas le commenter, ce serait un aveu...
Très belles photos!
@ Guy : Je sais pourquoi ça te dérange... Pour toi, le soleil se lève pas à l'ouest mais au Nord!!! Merci pour ton clin d'oeil.
Zoreilles,
j'ignore si j'aurais osé téléphoner à une ligne d'écoute, si j'étais dans un endroit où je risquais d'être reconnue. L'appel que j'ai fait m'a amené à prendre deux importantes décisions. Il reste à savoir si j'aurai le courage de les mettre en pratique, et ça c'est tout un défi pour la peureuse que je suis...
@Zoreilles Wow! Que de belles suggestions vous a avez trouvées en gang! Espérons qu'elles seront mises en place le plus tôt possible... Déjà que des gens "connus" et concernés en aient parlé, c'est un gros plus!
@Lise
ma chère Lise, dis-toi qu'une décision met fin à une période d'incertitude!
Personne n'est à l'abri... Je te souhaite l'énergie pour vivre cette nouvelle étape de ta vie, quelle qu'elle soit.
Tu sembles avoir déja fait de grands pas, ne lâche pas! xox Soisig
@ Lise : Les gens ne sont pas reconnus au téléphone, les lignes d'écoute restent toujours anonymes. Souvent, ce sont des numéros d'appel sans frais et ceux qui y répondent sont dans d'autres villes. Ces ressources existent heureusement. Encore faut-il qu'elles soient connues pour être utiles et efficaces.
@ Soisig : C'est très encourageant en effet et déjà, les choses se mettent en place puisqu'on a privilégié des recommandations qui ne demandaient que de la bonne volonté, de la collaboration, une meilleure cohésion des équipes et pas de budget supplémentaire. C'est ça, le grand défi, faire toujours plus avec toujours moins de ressources (humaines et financières).
Zoreilles,
parfois la seule écoute que l'on trouve est dans un appel anonyme. Et je suis contente de savoir qu'il a de l'aide partout, pas seulement dans les grandes villes.
Et je me permets de dire que je t'admire de persévérer avec ton blogue. Je n'en ai pas, et je crois que j'aurais été incapable, si j'en avais eu un, de voir les lecteurs disparaître, malgré les nouveaux qui s'ajoutent.
Je ne fais que laisser des commentaire, qui restent sans réponse, sans écho, sauf ici et chez quelques autres (trop rares) personnes. Plus capable!
Ma merveilleuse estime de soi est descendue plus bas que terre dernièrement, et il est temps que ça cesse. Dans le monde virtuel et le réel. Il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, à ce qu'on dit, et je sais que tu n'es pas de ces gens-là.
J'ai eu beaucoup de chance que tu me répondes toujours aussi gentiment depuis le début, et je t'en suis reconnaissante.
Merci Zoreilles!
Lise ♥
"Installer" des lieux de solidarité et de compréhension autour de nous, c'est un peu la base d'une société plus juste.
@ Lise : Oh tu sais, je n'ai aucun mérite de persévérer sur mon blogue ou de répondre à chacun, c'est un plaisir pour moi. Chaque commentaire qu'on écrit ici, qu'il s'adresse à moi ou à d'autres, c'est un cadeau qu'on me fait, un peu ou beaucoup de soi-même à travers des mots, une valeur inestimable. Comme j'ai fait mes premiers pas dans l'univers virtuel sur des forums de discussion, je serais incapable de laisser un commentaire sans réponse ou au minimum un sourire qui serait un accusé réception. Bien sûr, je me remets en question constamment, chaque fois que je perds un(e) lecteur(trice) et puisque je n'aborde pas ou peu les questions politiques ou d'actualité, je doute souvent qu'on s'ennuie avec mes petites histoires et réflexions quotidiennes, celles d'une fille ordinaire d'une région éloignée, et même ça, je crains toujours que la source soit tarie. Et puis, un bon matin, un moment libre, une nouvelle photo, un élan très fort, une anecdote qui se produit, une rencontre étonnante avec un être d'exception, un souvenir qui remonte à la surface et voilà que les doigts me démangent, que j'ai le goût de vous raconter quelque chose... Merci d'être là, on ne le dit pas assez souvent, je trouve!
@ Pierre : Oui, et pour ça, on n'a pas besoin d'attendre après les programmes du Ministère ou la solidarité des organismes communautaires. Il n'y a rien de plus beau qu'un village, une petite ville, une région, n'importe quelle communauté qui se prend en main et invente ses propres solutions avec les ressources de son milieu. Si le Québec pouvait donc comprendre ça...
Même un blogue Zoreilles... même un blogue...
@ Pierre : Un blogue? Tu veux dire... un blogue comme lieu de solidarité et de compréhension pour en arriver à une société plus juste? Oui, pourquoi pas! Quand est-ce que tu nous annonces ton retour triomphal? ;o) Gnan gnan gnan gnan, tu m'avais ouvert la porte grande de même...
Bonsoir Zoreilles!
J'avais le goût de vous faire un "cadeau" comme vous dites dans votre réponse à Lise... un tout petit commentaire, un clin d'oeil pour vous signifier que je vous lis toujours avec autant d'intérêt!
Demander de l'aide, c'est exigeant...
C'est, entre autres, accepter de faire confiance...
Faire confiance à qui? Pas toujours évident...pas toujours facile...
Heureusement, de plus en plus, dans les écoles, il existe des gens pour qui cette réalité est signifiante et qui créent des lieux et des liens de confiance.
Bonjour mon p'tit fruit préféré!
Merci pour ce cadeau, je les déballe tous avec une grande fébrilité... Vous avez raison, demander de l'aide, c'est faire confiance. Je dirais même qu'il faut savoir s'abandonner un peu, ce qui n'est ni simple, ni facile. Dans les écoles, les jeunes sont sûrement plus encadrés et des ressources (toujours insuffisantes) existent mais dans la vie? C'est pourquoi j'ai tellement confiance en des initiatives locales et des programmes comme « pairs aidants » et « sentinelles ».
Et merci encore pour le beau cadeau!
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