Photo : Mon grand-papa maternel, mon parrain, à son premier hiver en Abitibi-Témiscamingue, en 1942-1943. On pense que c'était un dimanche, à cause de sa cravate et sa chemise blanche, il devait revenir de la messe... De quoi était-il si fier ce jour-là? De ses cordes de bois! Parti des Iles de la Madeleine en août 1942 pour s'établir en pays neuf avec sa famille, le bois avait une valeur incommensurable pour lui qui n'avait connu jusque-là que la mer, la pêche au homard, la chasse aux phoques, le travail d'une noirceur à l'autre, à se réchauffer l'hiver avec du bois de grève et du bois de naufrage. À l'époque où il est arrivé ici, quand on était rendu à se faire du bois de cordes, c'est que la maison en bois rond était complétée et habitable...
Jeune mais riche d'histoire
Ça m'émeut toujours de revoir cette photo. L'expression sur le visage de Grand-Papa surtout. Parce que j'y reconnais sa personnalité, il me semble presque entendre sa voix que j'aimais tant... C'était un homme profondément bon, courageux, fort et fier. Sensible aux autres. Un coeur vaillant. Tous ceux qui l'ont connu parlent encore de lui aujourd'hui avec la même émotion.
En Abitibi
Le plan du gouvernement d'alors (le plan Vautrin, je crois) leur promettait une terre à bois pour s'en venir ici. Ils devaient d'abord s'y construire une maison en arrivant (en bois rond) et ensuite défricher cette terre pour s'y établir comme colons. Quand ils quittaient leurs chères Iles, mes grands-parents, ils s'embarquaient sur une goélette jusqu'à Halifax, puis on leur remettait un billet de train aller seulement jusqu'en Abitibi-Ouest, plus précisément à l'Île Nepawa, en 1941, pour mes grands-parents paternels, à Ste-Anne de Roquemaure, en 1942, pour mes grands-parents maternels. Ils vendaient ou donnaient toutes leurs possessions en quittant leur patrie pour repartir à neuf avec leur marmaille déjà nombreuse et rien d'autre dans leurs bagages que du courage, de l'espoir, leurs bras solides et leur esprit inventif. Voilà quel était le profil de ceux et celles qui ont construit cette région. La phrase en tête de mon blogue est donc là pour y rester!
Au Témiscamingue
Au Témiscamingue, l'histoire commence vers la fin du XIXe siècle. Ville-Marie a été fondée en 1886. Pour Crocodile Dundee, qui est né là-bas, cette histoire n'a plus de secret, tant il s'est intéressé depuis toujours aux différents parcours des familles de sa mère et de son père qui sont venues, d'une part, de la Bretagne, et d'autre part, de la région de Lanaudière, pour coloniser ces terres si riches et si fertiles sur les rives du grand lac Témiscamingue, un mot algonquin qui signifie « eaux profondes ».
La Société d'Histoire du Témiscamingue vient de publier un ouvrage fort intéressant que je découvre ces jours-ci avec beaucoup d'intérêt. Le titre? « Il était une fois... le Témiscamingue » On y trouve des photos, articles de journaux, lettres d'époque, échanges de correspondance, documents dignes d'intérêt, bref, tout ce qui a constitué le fil de trame de cette région qui n'en finit plus d'être belle!
45 commentaires:
Ce que ça prenait de courage pour tout laisser derrière eux et arriver devant une forêt et l'ampleur du travail à accomplir. J'ai beaucoup d'admiration pour ces gens si courageux.
@ Solange : Là où je les trouve héroïques, c'est qu'ils partaient sans espoir de retour, laissant derrière eux père, mère, frères, soeurs, le pays de l'enfance, la mer, etc. Ma grand-mère me l'a dit, « à partir de ce moment-là, ma famille, c'était mon mari et mes enfants, avec ceux restés aux Iles, on a correspondu par lettres »... Mais la vie a été bonne pour eux, ils y sont retournés souvent en visite aux Iles. Ils nous ont même transmis une vraie dévotion pour les Iles de la Madeleine!
Beaucoup de Suisses sont parties au 19ème siècle et au début du 20ème siècle en Argentine. Parce que la vie était dure dans nos vallées alpines. Je lis donc avec intérêt votre post. Il y a aussi des gens de mon village d'origine qui sont parties à la fin des années 70. Paysans, ils sont partis s'installer au Québec. Ils ont repris une ferme et maintenant les petits enfants des arrivants reprennent le travail de la ferme. Quand ils viennent en Suisse pour les visites, on dirait de parfaits québécois vu leur accent. Ils ont une immense exploitation agricole, rien en comparaison des paysans de montagne de chez nous.
@ Delphinium : Ce que vous décrivez, c'est une belle histoire d'immigration. Sur une génération ou deux, on s'intègre, on s'enracine, on participe à la vie de cette société d'accueil, on prend même l'accent de ce pays mais on n'oublie jamais d'où l'on vient et où ont vécu nos ancêtres, ce qui nous fait citoyen du monde, avec des références culturelles diversifiées, ouvertes sur les autres. Enfin, je suis idéaliste peut-être mais il me semble que ça devrait toujours se passer comme ça.
"Un homme profondément bon, courageux, fort et fier... Sensible aux autres..." qui a légué à sa petite-fille toutes ces merveilleuses qualités !
C'est vrai qu'il en fallait du courage pour tout laisser derrière et repartir à neuf ! En fait, je ne connais pas beaucoup de jeunes qui auraient cette bravoure, cette vaillance et ce coeur au ventre.
Au fait, j'aimerais bien mettre la main sur l'ouvrage que tu mentionnes. Sais-tu où je pourrais m'en procurer un exemplaire ?
Je t'embrasse bien fort, ma belle Zoreilles !
merci de nous faire connaître ton grand-papa....une histoire pleine de courage et de bonté..!
bisous
ly
Je m'étais souvent demandé pourquoi et comment tes 4 grands-parents Madelinots avaient tout laissé derrière eux pour venir s'installer en Abitibi.
@ Rosie : Ah si je pouvais avoir reçu en héritage le quart du dixième des qualités de mon parrain, ça serait déjà beaucoup! Le bouquin dont je parle, « Il était une fois... Le Témiscamingue », a été édité en juin 2009 par la Société d'histoire du Témiscamingue aux éditions La Minerve. Ils donnent un numéro de téléphone : (819) 629-3533, leur télécopieur : (819) 629-2200 et même leur courriel : sht@cablevision.qc.ca. Pour l'histoire de l'Abitibi, région plus jeune encore, je te suggère deux bouquins : « L'Abitibi-Témiscamingue » par Benoît Beaudry-Gourd, les éditions de l'IQRC et si tu aimes le modèle photos anciennes et courts textes, mon préféré, c'est « L'Abitibi-Témiscamingue, terre de bâtisseurs » par Paul Trépanier et Richard Dubé, aux éditions GID. Si tu te procures l'un ou l'autre de ces bouquins, tu me diras lequel et je t'indiquerai les pages où l'on parle de nos familles!
@ Lady : Ça t'explique un peu mon attachement aux Iles de la Madeleine et plus encore à l'Abitibi-Témiscamingue! Mes grands-parents sont très représentatifs des pionniers de cette région. Chaque famille a son histoire mais on y retrouve souvent le même fil conducteur : courage, débrouillardise, solidarité, espoir, goût de l'aventure.
@ Mijo : Ils savaient qu'ils vivaient dans un pays de rêve mais là-bas, quand les enfants grandissaient et partaient pour étudier dans les grandes villes (Québec et Montréal) ils ne revenaient plus aux Iles. Mes grands-parents, comme d'autres de leur village (Havre-aux-Maisons aux Iles de la Madeleine) ont sauté sur cette occasion qui leur était offerte par le plan Vautrin de s'établir ailleurs et garder leur famille ensemble. Ma grand-mère le raconte très bien dans la biographie de sa vie que j'ai faite avec elle, juste avant son décès, en 1993. J'avais eu une sorte d'intuition, j'avais senti une urgence, en fait, mon coeur savait des choses que ma tête ignorait... Elle était heureuse que sa famille soit restée si unie et qu'ils ont tous fait leur vie par ici. Ils n'ont eu aucun regret malgré la peine, ils regardaient en avant, vers l'avenir, mais la mer leur a beaucoup manqué... Pour nous tous, la première destination vacances, c'est toujours les Iles de la Madeleine!
Tes ancêtres sont originaires de quel endroit (je veux parler de l'autre continent)?
Zoreilles,
ton grand-père, en plus d'être un pionnier, était un très bel homme. Et j'ai aimé ta répose à Rosie, à propos de livres concernant l'Abitibi, que tu aimes tant, TA région.
J'ai deux livres d'auteurs parlant de la mienne, la Côte-Nord, même si je n'y demeure plus (La Côte-Nord contre vents et marées, de Pauline L. Boileau et Histoire de la Côte-Nord, un ouvrage collectif...) et ce sont des trésors pour moi.
Ceci dit, j'ai remarqué deux nouveaux ajoux sur ta liste de blogues amis, et un supprimé. Je n'ai pas de blogue, mais je me suis fait ma propre liste, et autant il y a de tristes individus (pour ne pas dire de méchants fuckés) dans le monde virtuel, autant il y a de belles personnes qui veulent partager des idées, des découvertes, sans insulter ni humilier ceux avec qui ils ne sont pas d'accord.
Et tu es l'une de ces belles personnes Zoreilles!
Désolée pour la faute de frappe...
ajouts, et non ajoux, misère!
@ Pierre : Les miens? Tous de Havre-aux-Maisons aux Iles de la Madeleine. Depuis très longtemps, début 1800. Avant ça, ils étaient à St-Pierre et Miquelon, là où ils avaient été déportés pendant le Grand Dérangement de 1755... De l'autre continent? Tu parles des ancêtres de Crocodile Dundee, peut-être? De la Bretagne du côté de sa mère et de St-Jacques (dans ton coin) du côté de son père. Est-ce que j'ai bien compris ta question?
@ Lise : Mon grand-père, un bel homme? C'est mon frère Jocelyn qui va être content de lire ça, c'est son sosie! Tous les livres qui racontent les débuts d'une région sont fascinants. Parce qu'on y retrouve des valeurs qui nous sont chères peut-être... Tu as remarqué des changements sur ma liste? J'ai enfin fait le ménage. J'en ai enlevé 3 qui étaient devenus inactifs et ajouté deux qui sont mes coups de coeur de la semaine, dont un qui fermait, son dernier billet m'est rentré dedans comme une tonne de briques, j'ignore pourquoi. Ah ma chère Lise, dans le monde virtuel, comme dans la vie réelle, il y a de tout...
Zoreilles,
malgré tous mes efforts, sauf un, je ne retrouve pas les deux autres blogues manquants, mais c'est correct. Nul oeil n'est infaillible.
Tes coups de coeur, je suis allée les voir, deux beaux blogues intelligents, bien structurés, et je suis entièrement d'accord avec tes choix.
Je trouve tellement dommage que des blogues intelligents traînent de la patte, ou disparaissent, alors que d'autres ont la vedette à cause de leur esprit de provocation, insultent ceux qui sont en désaccord avec eux, et n'ont aucun sens de l'humour.
L'humanité est ce qu'elle est, imparfaite...
Et tant mieux si mon commentaire précédent a fait plaisir à Jocelyn. Il paraît que je ressemble à mon arrière grand-mère paternelle, que je trouve mille fois plus belle que moi!
Bon repos de WE...dans la lune..;)
bisous
ly
@ Lise : C'est encore frais dans ma mémoire parce que je viens juste de les enlever, ces blogues qui étaient devenus inactifs depuis des mois. On aurait dit que je tardais à le faire parce que j'espérais tout le temps... La ruche des carnetiers libres, Omo-Érectus et Infimes traces (Marc).
@ Lady : À toi aussi. Fais-nous de belles photos encore!
Je viens d'expédier le lien de ce billet à ma soeur des Iles ...
@ Crocomickey : Ah oui? Tu crois que ça va l'intéresser? Quand je suis allée aux Iles la dernière fois, j'ai jasé longtemps avec le directeur du Musée de la mer, à Havre Aubert et si les contingents partis des Iles pour la Côte-Nord ou ceux partis pour Lac-au-Saumon après sont bien connus, celui parti pour l'Abitibi en 1941-42 (ils étaient 102) dont faisaient partie mes quatre grands-parents n'a jamais été documenté, sauf au moment de leur départ sur le Lovatt et la goélette à Clopha, j'ai trouvé ça dans les archives au Musée de la mer justement. C'était très émouvant. Je lui avais promis, au directeur, de lui faire parvenir la biographie que j'avais faite avec ma grand-mère et qui raconte, entre autre, cette véritable épopée. Il était avide de lire ça. Mais je l'ai pas fait encore. Tu me donnes une idée par exemple... Ça pourrait faire l'objet d'un très très très long billet! Mais chaque fois que je la relis, la bio de Grand-Maman, je braille comme... une Madeleine!!! Pas de peine, non, mais d'émotion, c'est parce que je la revois, je l'entends, avec son accent qui chante, ses beaux mots de vieux français, ses expressions pitoute pitoute. Quand je m'ennuie trop d'elle, je ressors les 270 minutes d'enregistrement et je l'écoute chanter à la fin...
Merci, ma belle Zoreilles, pour cette mine d'informations ! :-)
Je vais tenter de me procurer l'un ou l'autre de ces bouquins, et peut-être même les deux, quand il y aura un peu de relâche dans mes échéances toutes plus débiles et débilitantes les unes que les autres... :-(
@ Lise, ma chérie,
Oui, l'humanité est bel et bien ce qu'elle est : imparfaite...
Mais, comme le citait souvent mon papa, "L'humanité est également une bibliothèque dont tous les livres ont été lus. L'humanité est donc aux archives..."
Et toi aussi, tu es une très belle personne, ma Lise, avec ou sans blogue ! :D
C'est une belle page de ce qu'était la vie à l'époque, que tu nous as raconté là.
Et si histoire rimait avec espoir?
@ Rosie : À qui le dis-tu? On vit trop vite, hein? Je n'ai jamais assez de 24 heures dans une journée, moi non plus.
@ Guy : Bien sûr qu'histoire rime avec espoir, c'est pourquoi j'aime tellement les histoires! Je songe présentement à publier d'autres pages de cette histoire de partance, mouvance et souvenance, des Iles jusqu'en Abitibi, c'est-à-dire la bio (par tranches) de Grand-Maman (épurée des histoires familiales ou intimes quand même). Je cherche présentement des solutions aux mille contraintes et hésitations qui m'assaillent...
Ah si je pouvais avoir reçu en héritage le quart du dixième des qualités de mon parrain, ça serait déjà beaucoup!
Tu es bien humble, Zoreilles. Je n'arrête pas d'être impressionné par cette histoire qui est la tienne.
Comme dit souvent ma belle-fille Gaële Le chiens ne donnent pas des chats. Je crois plutôt que tu as enrichi ce qui t'as été donné en héritage.
Quand tu me parles de ton père qui a tout laissé pour repartir à neuf, quand je pense à ce que dit Delphinium, je me souviens du jour où Gaële a pris la décision de quitter la Haute-Savoie pour s'établir définitivement au Québec. Aujourd'hui, elle ne regrette pas son choix. Mais elle dit maintenant ne se sentir ni complètement québécoise, ni complètement française.
Tu dis toujours que ton blogue est ton moyen de communications, Zoreilles. Tu es généreuse dans tes écrits, tes commentaires, tes répliques à chacun. Mais je demeure convaincu que tu devrais laisser une oeuvre chez le libraire pour le bien des générations futures.
Tu es une source d'inspiration, un monument. Ton attachement à tes racines tu le partage avec un art qui nous laisse t'envier.
Bonjour Lise,
J'attends toujours le jour où je pourrai mettre ton blogue dans mes favoris.
Zoreilles,
Je comprend tes contraintes, pas tes hésitations. De toute façon, je ne comprend jamais les hésitations... ni les miennes!
Bonjour Jackss,
Moi aussi, j'attends toujours le blogue de Lise, mais pour le moment, je suis des plus heureuses quand je lis ses merveilleuses paroles qu'elle laisse si généreusement sur le mien et sur celui des autres.
Une bien belle plume qu'elle manie, notre Lise... Une plume qu'elle trempe dans l'encre de son coeur si tendre.
@ Zoreilles,
Ah bon... Parce qu'il y a 24 heures dans une journée ??? :D
"Ce que vous décrivez, c'est une belle histoire d'immigration. Sur une génération ou deux, on s'intègre, on s'enracine, on participe à la vie de cette société d'accueil, on prend même l'accent de ce pays mais on n'oublie jamais d'où l'on vient et où ont vécu nos ancêtres, ce qui nous fait citoyen du monde, avec des références culturelles diversifiées, ouvertes sur les autres."
Je suis en accord total avec toi, hihihi!
C'est mon grand-père maternel (immigré avec sa famille de Belfort en 1928-1930) qui a incité mon père, (arrivé seul de sa Bretagne en 1929) ami de ses fils, a quitté quelques années plus tard "le clan des immigrés bretons" pour se mêler à ses nouveaux compatriotes... "Si tu veux t'intégrer, c'est à toi de le faire: ça sert à rien de regretter la mère patrie, c'est ici ta vie!"
Alors je pense qu'on passe facilement le test de l'intégration, toute notre gang, hihihi! En plussss, c'est l'Abitibi qu'on adore, notre terre d'accueil... Bien fière d'être québécoise (mes grands-parents belfortains ont hésité entre l'Algérie et le Québec)!
Mes racines ont été et sont toujours aussi importantes pour moi...
@ Jacks : Tu sais, l'histoire de mes deux familles, maternelle et paternelle, c'est la même dans ses mouvances depuis les débuts de la vie en Acadie, en 1604. Du Poitou en France pour les Poirier, descendants de pêcheurs basques pour les Turbide, mes deux familles se sont toujours suivies, même lors de la Déportation de 1755, ce que ma grand-mère appelait Le Grand Dérangement. À tel point que j'ai découvert un jour et j'ai la copie d'archives de l'extrait d'acte de mariage du Ministère d'état aux affaires culturelles, Direction des archives de France, Archives nationales, section Outre-mer, aux Iles Saint-Pierre et Miquelon, une chose qui m'a sidérée... J'avais remarqué dans mes deux généalogies que mon ancêtre Jean Poirier avait épousé une dame Anne Boudreau. Quelques années plus tard, mon ancêtre Turbide avait épousé une certaine Anne Boudrot. Une petite différence dans l'orthographe était très courante en ce temps-là et je me disais que peut-être... C'est le document que je viens de citer plus haut qui a tout éclairci... L'acte de mariage du 21 novembre 1790 unissait les destinées de Dominique Diturbide et Anne Boudrot, et à côté de son nom à elle, il est écrit en toutes lettres « veuve de Jean Poirier ». J'avais la preuve qu'il s'agissait de la même femme! Elle avait eu des enfants avec son premier mari et d'autres avec son deuxième. L'histoire de mes familles, je la trouve fascinante et j'aime la raconter, du moins en ce qui concerne les mouvances rattachées à leur destin. Je suis certaine que toutes les familles ont une histoire passionnante, il suffirait de s'y intéresser pour découvrir des choses incroyables, je n'ai pas la prétention de croire que la mienne est mieux qu'une autre mais c'est la mienne!
@ Guy : Je vais te donner un exemple de mes hésitations... La bio de Grand-Maman comporte beaucoup de noms, évidemment, quand elle raconte des événements. Oh elle ne dit rien de mal contre personne mais certains sont chatouilleux sur leur identité. Si je publie ici son histoire, que je mets la première lettre du nom qu'elle cite, ça devient difficile à suivre mais si je cite les noms au complet, je pourrais frustrer des gens. Tu n'imagines pas jusqu'à quel point, parfois, j'ai eu à expliquer des choses que j'avais écrites ici. Et pourtant, moi non plus, je dis jamais rien de mal contre personne...
@ Jacks et Rosie : Je souhaite que Lise « lise » (!) vos commentaires et qu'elle les reçoive pour ce qu'ils sont : une très grande appréciation de sa plume et de sa présence par nous tous qui avons la chance de l'accueillir dans nos maisons virtuelles et non comme une pression qu'on lui met sur les épaules. On voudrait lui rendre la politesse parce qu'il nous semble impensable de recevoir d'elle sans pouvoir lui redonner mais d'abord et avant, nous la laissons libre...
@ Soisig : Depuis qu'on se connaît, c'est probablement l'amour qu'on porte à nos racines, à notre région et au Québec, sans oublier notre « mère patrie » qui a été à la base de toutes ces affinités que nous avons découvertes qui ont été à la base de notre amitié.
Oups. Il semblerait que j'ai fait erreur sur les hésitations. Ce n'est pas à quoi je pensais...
@ Guy : À quoi pensais-tu alors?
Je pensais que hésitation voulait dire doute...
@ Guy : Ah ça, c'est pareil, je douttttte de touttttte! ;o)
Lise a lu. Merci Zoreilles, Rosie et Jacks!
Fallait-il en avoir du courage pour tout quitter pour l'inconnu! Pas question de retourner en arrière avant longtemps!
Pas d'internet, de télé, de portable pour savoir comment c'est vraiment dans cet univers qu'on a à bâtir... Zéro point de référence ou presque... Quitter le confort (même si peu) ou le réconfort de sa famille, de son village, de sa région...
Tu as bien raison d'être fière de tes ancêtres ma chère Zoreilles... Ils ont tellement été malmenés en plus...
Un site intéressant à visiter, pour ses anecdotes:
http://www.blaquiere.org/
Exclu du voyage spatial de Guy Laliberté, le poète Gaston Miron a aussi écrit ce magnifique poème qui me semble en lien avec ton message:
L’homme rapaillé
J’ai fait de plus loin que moi, un voyage abracadabrant
Il y a longtemps que je ne m’étais pas revu
Me voici en moi comme un homme dans une maison
Qui s’est faite en son absence
De l’index, j’ai tracé quelques lignes
Droites, obliques ou courbes, sur le sable dans l’argile.
Dans le ciel sur toutes choses
Nous ne serons jamais plus des hommes
Si nos yeux se vident de leur mémoire …
Souvenirs, souvenirs, maison lente
Un cours d’eau me traverse
Je sais, c’est le Nord de mon enfance
Avec ses mains d’obscure tendresse
Qui voletaient sur mes épaules
Ses mains de latitude, de plénitude
Dans un autre temps, mon père est venu du sol.
Il s’avance en moi avec le goût du fils et des outils.
Mon père, ma mère, vous saviez à vous deux
Nommer toutes choses sur la terre, père, mère
J’entends votre paix se poser comme la neige …
Je ne suis pas revenu pour revenir
Je suis arrivé à ce qui commence
L’avenir est aux sources…
Oups! Ce n'était pas un ppème de Gaston Miron mais bien de Claude Péloquin que Ti-Guy devait lire...
Désolée!
@ Lise : ;o)
@ Soisig : Sais-tu ce dont je suis le plus fière? Malgré ce qu'ils ont dû subir, la Déportation n'est qu'un exemple, la domination du seigneur Coffin aux Iles de la Madeleine pendant au moins un siècle, le manque de ressources quand la pêche n'était pas bonne, que le prix du homard baissait, qu'on leur interdisait de chasser le phoque qui bouffait tout leur poisson, qu'on les traînait dans la boue à la grandeur de la planète et qu'ils ne parvenaient pas à se défendre ni à se faire écouter... malgré tout... ils n'ont jamais arrêté de parler français, de rire, de chanter, de danser, de jouer de la musique, de faire des bébés, de s'entraider, de se raconter des histoires, de s'écrire des lettres et des chansons, de s'occuper de leurs vieux, de se faire des gros soupers de famille et des veillées de cardage de laine, de cannage de poisson, de tissage de catalogne, d'huile de loup-marin et de croxignoles, de marinades à l'automne, de confitures à l'été. Tout était prétexte à s'amuser, se rassembler, s'entraider, rire et faire de la musique.
Merci pour ce poème de Miron. De toute beauté...
Chère et belle Zoreilles !
Ici le Normand...
J'ai sursauté en voyant cette photo de ton grand-papa, car chez nous, maman en conserve une de son père dans une pose semblable. Il est appuyé sur une corde de bois, sa main droite tenant plantée dans la neige une paire de raquettes. Au lieu d'une cigarette au bec, il a une pipe. C'était l'hiver de 1918-1919 à La Reine, Abitibi dont il était un des premiers colons. Comme toi, je me dis que si j'avais le quart du dixième du courage de mon grand-père! Et je me remémore ce poème du grand Alfred Desrochers:
Je suis un fils déchu de race surhumaine,
Race de violents, de forts, de hasardeux,
Et j’ai le mal du pays neuf, que je tiens d’eux,
Quand viennent les jours gris que septembre ramène.
Lise... Je t'aime, toi ! :D Oh, et en passant, je vous aime toutes et tous, tiens ! En passant par ma Zoreilles adorée à toutes les âmes virtuelles qui écrivent leurs commentaires sur son blogue. Car, après tout, vous êtes sûrement toutes et tous aussi formidables que notre Zoreilles, puisque vous prenez le temps de la lire et de savourer ses superbes textes et photos... :D
Mets-en @Rosie qu'on aime "notre Lise" et sa présence lumineuse...
Et Zoreilles est notre fil d'Ariane, notre fil conducteur, celle qui nous amène dans son monde à la fois si riche et si simple mais avant tout très convivial. Que des gens intéressants et intéressés enrichissent sans cesse ce site où nous nous croisons avec autant de plaisir.
@ Normand à Solange : Tu parles d'une affaire... Ton grand-père maternel toi aussi? Même pose, même décor, même pays neuf, même attitude de pionnier... C'est drôle, ces deux derniers jours, je travaillais sur place, en Abitibi-Ouest, et j'ai côtoyé lors d'un colloque pas moins de 150 personnes différentes et je retrouvais chez plusieurs d'entre d'elles et particulièrement chez les plus âgés, ces attitudes et mentalités de solidarité, d'implication, de participation, d'enthousiasme, de « remontage de manches » de « serrage de coudes » qu'avaient sûrement nos pionniers de grands-parents. Chaque fois que j'y retourne, je vis des retrouvailles chaleureuses avec ces gens-là qui me sont familiers et qui m'accueillent comme si je faisais partie d'eux. À l'hiver 1918-1919, c'était vraiment les tout débuts de l'Abitibi, ils ne pouvaient pas être plus pionniers que ça...
@ Rosie : Arrête, je suis gênée là! Si mon blogue est devenu un forum de discussion, j'en suis ravie. J'ai probablement tout fait pour ça, inconsciemment. Au moment où la blogosphère québécoise s'effrite, s'épuise et s'étiole, où je me remets en question moi-même à ce sujet, ton commentaire m'apporte la réponse toute simple qu'il me fallait voir : ici, c'est un lieu de rencontre. Certains s'y sentent à l'aise, d'autres pas. Mais c'est correct. Je pense à quelque chose, une photo, un texte, une idée, un souvenir, une préoccupation, une question, une réflexion et on discute de tout ce qu'on veut après...
@ Soisig : Voilà comme on se retrouve, au temps des forums de discussion où l'on s'est connues. Ton commentaire vient renforcer mon impression, celle que je viens d'exprimer à Rosie. Vous êtes tellement sensibles et allumées, vous autres, que vous répondez à mes questions avant même que je les pose!
Zoreilles,
j'ai supprimé les commentaires après avoir réalisé que la manière dont je les ai formulés pouvait être blessante pour tes blogues-amis (outre celui mentionné), qui m'ont toujours bien reçue chez-eux, partout où j'ai écrit.
J'écris ceci après avoir lu ce qui est arrivé à Renée Wathelet, et je me dis que tout semble tellement futile lorsqu'une telle tragédie se produit. Cette belle dame ne méritait certes pas une fin aussi affreuse. Je n'en reviens pas que des choses pareilles arrivent...
Prends soin de toi Zoreilles, je sais que tu es sous le choc.
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