lundi 9 juin 2008

Jouer à l'ermite



La photo 1 vous montre comment nous arrivons 3 saisons sur 4 à avoir de l'eau de pluie pour la vaisselle, la douche, le lavage des mains, etc. La photo 2 vous présente notre système de douche en forêt. Il n'y a pas plus simple que ce truc qui ressemble à un gros soluté. Ça a dû être pensé par quelqu'un qui travaillait en milieu hospitalier! La photo 3, c'est l'intérieur de notre camp. Disons que j'ai pris la photo de manière à ce qu'il paraisse plus grand alors qu'au contraire, c'est tout petit tout petit, cet ermitage en forêt où je me sauve si souvent avec Crocodile Dundee!

En réalité, je vous raconte aujourd'hui deux ou trois trucs au sujet de notre camp à Rapide Deux où nous passons beaucoup de fins de semaine et ce, en toutes saisons. Je dis souvent aussi que je m'en vais jouer à l'ermite pour quelques jours, ce qui n'est pas si loin de la vérité. Vous pensiez peut-être qu'il s'agissait d'un chalet? Mais non, c'est plutôt ce qu'on appelle ici un « campe », c'est-à-dire que cet abri sommaire (c'est comme ça qu'on les appelle au ministère des Ressources naturelles du Québec) est soumis à des réglementations très strictes, comme par exemple, ils doivent être situés à au moins 100 mètres d'un cours d'eau, ne doivent pas dépasser 14 pieds par 16 pieds et on paie sur ces camps et sur chaque bail trois taxes : celles du MRNQ, les municipales et les scolaires.

Notre camp a été construit, je devrais plutôt dire reconstruit, en 2001. Mais d'abord, il faut que je vous parle du bail. Ce qu'on appelle un bail, c'est un espace de territoire loué aux « terres de la Couronne » et pour lequel on paie un droit d'occupation annuellement. Si le bail n'existe pas déjà, ce qui est très rare, il faut l'implanter, ce qui coûte autour de 500 $. Comprenons-nous bien, nous ne sommes pas propriétaires des lieux où est situé ce bail et nous ne le serons jamais, la forêt est supposément publique (sauf qu'elle appartiendra toujours aux grandes forestières dans les faits). Ici, les baux sont disponibles à chaque kilomètre carré. Partout, à la grandeur du territoire immense qu'est l'Abitibi-Témiscamingue, il n'existe à peu près plus de baux disponibles, la forêt est quadrillée dans tous les moindres recoins même les plus reculés. Et ça, je dois le dire aux gens de l'extérieur qui pensent encore que « la forêt, c'est à tout le monde ». Désolée de vous enlever vos illusions, la forêt, c'est à personne d'autre qu'aux forestières, même quand on paie les droits exigés au MRNQ pour en être locataires... Là-dessus, je pourrais vous raconter des histoires d'horreur auxquelles nous avons dû faire face depuis l'an 2000.

Donc, en l'an 2000, nous achetions un petit camp minuscule qui tombait en ruines mais qui comportait deux baux en bonne et due forme. Ce n'était pas suffisant pour avoir la paix, alors, nous en avons implanté 3 autres dans notre secteur, avant que d'autres le fassent, ce qui nous fait un total de 5 et je vous assure que c'est un minimum. Tout de suite après, le voisin sur notre bras de rivière (voisin situé à 1 km de nous) vendait son camp et à très fort prix. Nous avons fait l'effort financier de l'acheter afin de choisir plus tard notre voisin, parce que sinon, ceux qui menaçaient de l'acheter, c'était un groupe d'au moins 8 chasseurs, du genre que personne ne voudrait côtoyer parce qu'ils amènent la ville avec eux en forêt. Oui, vous avez raison, la paix, ça coûte un bras! L'année d'ensuite, on vendait ce deuxième camp à mon frère Yves qui y coule des jours heureux autant que nous depuis ce temps, nous ne pouvions rêver d'un meilleur voisin!

Puisque Crocodile Dundee est menuisier, il lui a été facile et pas coûteux du tout de reconstruire un camp qui avait un minimum de confort, à la même place où la ruine gisait encore. C'était le règlement du Ministère mais ça faisait notre affaire. Il a pu obtenir des matériaux de construction recyclés sur tous les chantiers où il travaillait, et ça s'arrangeait bien, tant pour nous que pour ses clients, de disposer de ça en obtenant des petits dollars en plus.

Notre camp est donc à aire ouverte (14 pieds par 16 pieds, ça se divise très mal) et j'ai pris la photo en étant debout sur le lit! Vous remarquez qu'il est plutôt éclairé, c'est que Crocodile Dundee avait eu cette année-là un contrat où il fallait changer toute la fenestration d'une maison assez cossue. Son client se débarassait de ses fenêtres en bois pour les remplacer par... du PVC. Ensuite, il a rénové une maison où l'on changeait toutes les armoires, alors, nous avons des armoires de bois puisque son client les remplaçait par... de la mélamine! La table et les chaises nous viennent d'un autre client qui voulait s'en défaire, enlever ça de son patio à tout prix et qui n'avait pas de camion, on l'a juste aidé. On a retapé tout ça avec beaucoup de bonheur!

Comment on fait pour l'eau? Les gouttières sont installées pour arriver au-dessus d'un baril dont on a percé un carré dans le haut. On y met de la moustiquaire pour filtrer les feuilles et autres débris, on ajoute un machin truc dans le bas (une chantepleure) et quand il pleut, on n'est jamais malheureux, on se dit que « en tout cas, on manquera pas d'eau pour la vaisselle et la douche! ». Cette eau de pluie est très propre mais on ne la boirait pas quand même. Alors, Crocodile Dundee et mon frère ont trouvé une vraie source naturelle, entre nos deux camps, ils ont travaillé très fort pour bien l'installer, l'isoler. À l'analyse, cette eau a révélé une pureté exceptionnelle et ça a été confirmé deux fois. Les gars sont bien fiers de leur source!

La douche, vous la voyez, on la remplit d'eau de pluie dans la journée. Elle chauffe au soleil et au moment voulu, elle est à la température idéale. Sinon, on y ajoute de l'eau bouillante. Crocodile Dundee aime la prendre dehors, accrochée à une branche de pin gris, je le menace toujours avec mon appareil photo mais ça ne le stresse pas le moins du monde. Il chante à tue-tête et fait toujours son annonce de Irish Spring, sauf qu'il ne met pas de savon, lui, à cause de l'environnement. Moi, je la prends en-dedans, nous avons une vraie douche très très petite, récupérée chez un client qui s'en faisait installer une très grande en céramique!

L'énergie? De grands panneaux solaires, installés sur la bécosse (toilette sèche). Ce mot, « bécosse » vient de l'anglais « back house » et ça vous situe bien où elle se trouve par rapport au camp. Mais si l'énergie solaire n'est pas suffisante, nous avons aussi une « batterie de char » qu'on peut recharger à l'infini. Pour le chauffage, un petit poêle à combustion lente, pour la cuisson, un poêle au propane, avec un four et quatre ronds, comme à la maison. Nous avons un mini frigo au propane mais on ne s'en sert pas souvent. Une fois ou deux au plus fort de l'été, pas plus, c'est parce qu'on l'a eu gratuitement qu'il est là. L'énergie, là-bas, on en a si peu besoin. Je sais pas trop pourquoi, on vit dehors beaucoup, je pense.

Vous devinez bien que l'électricité ne s'y rendra jamais même si Rapide Deux, officiellement, c'est un barrage hydroélectrique qui pourrait alimenter des villes complètes avec des industries. La centrale de Rapide Deux, exploitée par Hydro-Québec, c'est là où les voitures s'arrêtent, le chemin ne va pas plus loin. À partir de là, il faut prendre soit le bateau, soit la motoneige, pour se rendre jusque chez nous. Cette centrale est située sur la rivière Outaouais mais la rivière Darlens la croise pas très loin de chez nous.

Les communications? Le téléphone cellulaire? Jamais, jamais, jamais, il ne sera possible de l'entendre sonner ou vibrer. Et c'est là que ça devient un refuge sûr, un abri contre la bêtise humaine... pendant la fin de semaine! Quand on veut parler à mon frère, notre voisin, on se donne rendez-vous à une heure très précise avec les talkies-walkies mais on aime mieux se rencontrer en vrai, chez nous ou chez lui, partager une tasse de thé autour de son feu, sur son quai ou le nôtre. Nous, on n'oserait pas faire de feu chez nous, parce que la forêt, vous savez, si le vent se met de la partie, alors que chez mon frère, il y a eu un grand dégagement de fait entre son camp et le bord de l'eau, par les &#<>?!$$$$ forestières (Domtar et Norbord) qui n'ont pas respecté du tout la bande de protection minimale de 60 mètres du cours d'eau.

C'est à la base un camp de chasse. À l'orignal, bien sûr, ici, le chevreuil est encore très protégé. Crocodile Dundee chasse encore, à l'arc surtout et sa conception de la chasse a beaucoup changé. Moi, je le sais maintenant, je ne serais pas capable de décider de la vie ou de la mort d'un animal dont je suis follement amoureuse. (Il n'est le prédateur d'aucun autre animal). Je prends quand même mon permis de chasse tous les ans, je vais au champ de tir aussi, c'est obligatoire si je veux pouvoir me promener en forêt d'une façon sécuritaire (armée) à l'automne. Ce ne sont pas les animaux qui me font peur, ai-je besoin de vous le dire? Nous y allons à longueur d'année, à notre camp, et pas seulement dans la période de chasse. Le printemps, l'été, l'automne, en bateau, et l'hiver, en motoneige.

L'autre différence avec un chalet, à part le fait qu'il s'agisse d'un abri sommaire et que les voisins sont loin, c'est ce dépouillement, ce non confort qui devient... confortable finalement. Difficile à expliquer.

Mais ce qui me donne le goût de jouer à l'ermite, c'est que là-bas, c'est le seul endroit au monde où on laisse le temps au temps, où chaque petit geste simple de la vie quotidienne devient plus riche de sens, comme de préparer une bonne cafetière bloup bloup, une batch de thé, une douche, un repas, une confiture aux petits fruits qu'on vient de cueillir, de faire chauffer l'eau pour la vaisselle, de prévoir avant de s'endormir qu'il y ait deux ou trois petites bûches de bouleau avec des éclisses et des allumettes durant l'hiver, que les croutes qu'on n'a pas finies au déjeuner sont de vrais cadeaux inespérés pour les pies, que la salade restante, au lieu d'aller au compost, deviendra le régal des lièvres, surtout s'il y a de la vinaigrette italienne dedans, un lieu où l'on comprend jusqu'au fond de ses entrailles qu'il vaudrait toujours mieux descendre la rivière avec le courant, que si l'on n'avance pas, inévitablement, on recule, qu'il faut ramer avec son coeur autant que ses bras pour avancer, surtout dans le sens contraire du vent, que de penser aux autres, c'est survivre soi-même, que l'on n'arrivera jamais à être aussi généreux avec la nature qu'elle l'est avec nous, que le dernier biscuit, partagé en deux, avec un sourire et sans parole, c'est un mot d'amour...

21 commentaires:

Anonyme a dit…

ah, c'est donc là que tu te cachais?
Vrai, je commençais à trouver le temps long, mais long!
À voir ton petit paradis je comprends que tu t'y échappes sans fin, quelle paix, on en rêverait - autant que tu rêves de mon île perdue en mer, mais pas mal moins tranquille que ton camp!

crocomickey a dit…

Une parfaire osmose enttre l'homme, la femme et la nature .....

Anonyme a dit…

Eh que je vous envie... dans mon cas, ça demeure un projet pour dans quelques années, mais les endroits sont très rares ici, au sud, même dans le coin de Manawan qui est tout de même situé à 170 km au nord de chez-moi...

Ça me rappelle beaucoup mon passage au Témiscamingue, à Bass Lake, sur la route entre Témiscaming et Ville-Marie. Ça me rappelle aussi beaucoup mes années sur la Côte-Nord...

Quel magnifique temps que l'on passe dans ces endroits tellement vrais et qui nous "reploguent" avec les choses fondamentales.

Merci pour cette visite!

Zoreilles a dit…

@ En direct des îles : Hé oui, c'est là que je me sauve souvent les fins de semaine! Ce qui ne m'empêche pas de rêver à plein d'autres paysages, bien sûr. Tes îles, mes îles, nos îles...

@ Crocomickey : Tiens, parlant des Îles, te v'là. M'étonne pas! ;o)

@ Esperanza : Ah c'est devenu pareil partout, cher ami d'espérance, qu'on soit ici, dans Lanaudière, en Mauricie, sur la Côte Nord ou n'importe où. Il n'existe plus d'endroits paisibles où se construire tranquillement pas vite un petit refuge pas compliqué. Ça se vend trop cher, quand ça se vend, et il y a juste les Américains qui ont le moyen d'acheter ça. Alors, les gens vendent aux Américains, c'est bien dommage... Le Témis, c'est tu assez beau, hein? On y était en même temps, tu sais. On a eu longtemps notre camp dans le secteur du lac Kipawa, on descendait jusqu'à Lorrainville, puis Béarn, on prenait le chemin de pénétration jusqu'au lac Moran, on sautait dans le bateau jusqu'à la passe des... Américains, et là, on tombait sur une baie du Kipawa... la belle nature témiscamienne, un peu différente de l'abitibienne, parce que plus au sud. Je t'en souhaite un, ti campe, pas trop loin de chez toi, pour que tu puisses y aller souvent. Surveille peut-être auprès des vieux chasseurs qui n'ont plus le goût de chasser, qui n'ont plus de relève, des fois, on ne sait jamais...

Solange a dit…

C'est merveilleux un endroit pareil. Quand les enfants étaient jeunes nous louions un chalet à Kamouraska, à notre retour à Montréal après 2 semaines, nous trouvions la circulation trop rapide et le bruit infernal. J'imagine la sérénité d'un tel décor.

Anonyme a dit…

Beau ti-campe Zoreilles. Crocodile Dundee à bien travaillé je vois. En tout cas, les fenêtres y sont ti assez belles pour un petit refuge comme ça et tout bien fini à l’intérieure en belle planche de pins peut-être..

OUI, le calme total dans la nature. Mais je ne pensais pas que c’étais devenue si difficile d’obtenir un tel bail. Même en Abitibi.

Ces vrai que notre forêt nous appartient plus depuis que nos gouvernements en ont donné la gestion au forestières qui la massacre. Faut pas penser à ça !!! En tout cas, j’espère qu’ils n’ iront pas jouer dans votre petit paradis. Ici, tout près, à St-Donat des citoyens ont du se mobiliser et manifester pour que le bois ne soit pas couper près de leur lac. Des pourvoiries aussi sont encerclés par les coupes de bois à blanc. Et ces comme ça à la grandeur du Canada….

Solange a dit…

Ici Normand, le mari de Solange.

Quoi? Ai-je bien lu? Un "campe"? Chère Zoreilles, cette appellation me remémore de doux souvenirs de mon enfance et de la belle parlure de mes grands-parents, de mes oncles et tantes, pionniers de La Reine, Abitibi et de St-Ubald dans Portneuf. J'ai même des cousins et des cousines qui sont nés dans des "campes" (de bois rond comme il se doit)! Merci de m'avoir "attendri" Zoreilles!

Normand l'usurpateur du blogue de sa douce.

gaétan a dit…

Hé ben merci pour ce beau voyage en nature. Encore une fois je suis d'accord avec toi pour dire que le bonheur se trouve souvent dans les petites choses de la vie et que vivre (quelques temps) dans le dépouillement nous fait apprécier ce que l'on possède même si on n'est pas riche.
Quant au sort que font nos gvts de nos forêts j'aime mieux ne pas en parler pour ne pas briser le charme que je garde de ton billet.

Zoreilles a dit…

@ Solange : C'est tellement vrai ce que tu dis, il faut en être éloigné un bout de temps pour que ça nous frappe de plein fouet au retour : on vit trop vite, on fait trop de bruit, on fabrique du stress!

@ Macamic : Malheureusement, oui, Domtar est passé chez nous à la fin des années 90 et ils ont bûché en sauvage en plus. Un vrai massacre. C'est à la suite de ça que les deux camps se sont vendus, les anciens propriétaires de ces camps ne pouvaient pas accepter ça, qu'ils aient détruit un tel paysage. On s'implique beaucoup, on fait toutes les représentations possibles, on va aux rencontres, on prend la parole, on rapporte des aires de nidification d'espèces protégées, on se bat avec les armes qu'on a, c'est-à-dire pas d'autres arguments que la protection de certaines espèces de la faune, (la martre, l'aigle à tête blanche, etc.) Avec les forestières, on essaie de sauver des secteurs, et pour ça, il faut être trappeur, avec tout ce que ça implique, sinon, on n'a pas notre mot à dire. Les seuls utilisateurs de la forêt qui sont un petit peu considérés, ce sont les trappeurs. On a pu sauver des secteurs mais des miettes mais c'est mieux que rien. Domtar et Norbord reviennent bientôt chercher les « patches » qu'ils avaient laissé là il y a 10 ans. C'est complexe... et décourageant. J'écrirai un billet là-dessus un jour mais là, j'ai trop de rage en-dedans de moi, ça sortirait tout croche...

@ Normand : Bonjour et bienvenue chez nous, je suis enchantée de « rencontrer » le mari de Solange! Un tout petit mot, parfois, comme un parfum, peut nous ramener instantanément un souvenir enfoui dans notre mémoire affective et qui nous revient comme un élan de tendresse. Je suis ravie d'avoir déclenché ça, sans m'en rendre compte, chez vous. C'est donc votre maman que Solange a immortalisée sur sa toile, avec son regard si doux, fier et déterminé comme le sont ceux et celles qui nous ont bâti ce pays en « sol mineur »?

@ Gaétan : Oui, nous sommes riches au fond, parce qu'on ne manque de rien quand on peut jouer à l'ermite de temps en temps. Tu en sais quelque chose. Quant à ce qu'on pense de la gestion gouvernementale de nos forêts et du pouvoir des forestières, t'auras l'occasion de te reprendre, je ne suis pas inquiète! Mais disons que Desjardins avait raison d'affirmer que tout ce monde-là couchent ensemble...

Solange a dit…

Encore moi, le Normand à Solange.

Je voulais vous dire... Pourquoi est-ce que souvent je sens ma gorge se nouer quand je vous lis. En particulier, ce billet ("Pourquoi écrire") où on vous voit, à trente ans, tenant votre petite Isa sur votre coeur. Et cet enfant qu'elle a croisé au Maroc. Bouleversant ! Continuez encore longtemps à nous enchanter, chère Zoreilles !

Oui, c'est ma maman Brigitte que Solange a immortalisée comme vous dites si bien. Ah si vous saviez comme je suis fier et honoré d'être le fils d'une telle femme !

Fier aussi d'être le descendant de pionniers de l'Abitibi. Je me remémore ces vers d'Alfred Desrochers:

Je suis un fils déchu de race surhumaine,
Race de violents, de forts, de hasardeux,
Et j’ai le mal du pays neuf, que je tiens d’eux,
Quand viennent les jours gris que septembre ramène.

Anonyme a dit…

Zoreilles,

j'aime imaginer les gens dans leur décor naturel lorsque je pense à eux, et maintenant que je sais à quoi ressemble votre refuge, grâce aux photos , je comprends tout à fait que tu aies envie de t'y évader le plus souvent possible.

Magnifique ! Mais jamais je n'aurais imaginé tous les ennuis administratifs reliés à un "campe".

Et ton Crocodile Dundee a fait des merveilles !

Ça ressemble tout à fait à ton chez-toi virtuel, où on se sent à l'aise et en confiance car il n'y a pas de chausse-trappe. On respire bien ici et on a toujours envie d'y revenir, ce que je fais un peu trop d'ailleurs...

Zoreilles a dit…

@ Normand : Ah là, c'est vous qui me bouleversez! Et ces vers d'Alfred Desrochers, que vous nous offrez, ils sont tout simplement magnifiques. Il y a de ces poètes, chansonniers, conteurs et artistes qui ne mourront jamais tant que nous nous souviendrons de ce qu'ils nous ont légué en héritage. Vous êtes le digne fils d'une pionnière de ce pays, je vous ai reconnu...

@ Lise : Hé oui, c'est mon « habitat naturel » de fin de semaine que t'as vu en partie! Crocodile Dundee a fait du beau travail avec des matériaux ramassés çà et là, mais il est tellement débrouillard! Tu vas croire que j'ai un gros parti pris (et t'auras 100 % raison) mais je crois de tout mon coeur qu'il est le meilleur menuisier AU MONDE. Ma grand-mère qui l'aimait tant disait qu'il faisait le métier le plus noble, celui de Saint-Joseph!!! Alors, quand il bougonne après le client ou les délais de livraison ou les difficultés inhérentes à son métier, je m'empresse de lui rappeler qu'il fait un métier très noble, celui de Saint-Joseph...

Anonyme a dit…

Bonjour Zoreilles,
Mes parents ont un "camp" comme le tien, mais plus grand, car 13 enfants. Nous sommes encore plusieurs à y aller. Tant qu'à eux 70 ans passé y vont début mai et reviennent en ville octobre ou novembre.
Pompe à bras (tu dois connaître), pas d'électricité. Lampe à l'huile ou chandelle, mais l'été il fait clair tellement tard que pas besoin. Feu de camp à la noirceur si nous voulons veiller.
Avoir pareil endroit, c'est le paradis sur terre.

Anonyme a dit…

Oh Zoreilles...

Que c'est chaleureux et rempli de soleil. Et que vous ayez pu profiter des trésors de personnes qui ne les appréciaient pas, c'est tant mieux.

Ta rage... oui... je comprends parfaitement. Tu dis :

« qu'il vaudrait toujours mieux descendre la rivière avec le courant, que si l'on n'avance pas, inévitablement, on recule, qu'il faut ramer avec son coeur autant que ses bras pour avancer, surtout dans le sens contraire du vent, que de penser aux autres, c'est survivre soi-même, que l'on n'arrivera jamais à être aussi généreux avec la nature qu'elle l'est avec nous, que le dernier biscuit, partagé en deux, avec un sourire et sans parole, c'est un mot d'amour... » Que c'est beau, ça!

Pour moi, c'est une métaphore au sujet de toute notre société humaine aussi, qui détruit tant ses propres conditions de vie, sans parler de celles des autres espèces. Notre société québécoise, qui se meurt et recule et se meurt encore, sous les regards indifférents de ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

Parfois, il faut avoir le courage d'aller contre le courant des idées reçues, contre le vent de celles que l'on voudrait nous faire avaler, ramer, ramer, ramer, pour partager les derniers biscuits avec d'autres, qui ne nous accueilleront pas à la pointe du fusil, mais auront envie d'en faire d'autres avec nous, s'il n'est pas trop tard.

Il y a des jours où on aurait envie de poésie à temps plein jusqu'à la fin de ses jours.

Magnifiques vers du poète que je ne connaissais pas ou peut-être de nom de bien, bien loin. Plein de découvertes riches de sens sur mon pays et malheureusement, son état.
Et heureusement, sur la qualité de certaines personnes qui l'habitent, au sens le plus fort du terme.

Merci Zoreilles, Zed

Zoreilles a dit…

@ Anonyme : Bonjour... toi, que j'aimerais bien pouvoir identifier par un prénom... On se connaît? Treize enfants? Ils méritent bien, tes parents, de se reposer de mai à octobre, dans leur petit paradis! Leur camp est plus grand, probablement parce qu'il date de plusieurs années, c'est ce qu'on appelle un « droit acquis ». Oui, je connais la pompe à bras mais on n'en a pas, nous, on sort sur la galerie pour aller chercher l'eau de pluie. L'hiver, on creuse un trou dans la glace de la rivière. Le soleil suffit pour s'éclairer l'été, surtout qu'après avoir passé la journée dehors, sur l'eau, en forêt, on est comme saoûlés d'une bonne fatigue, on tombe de bonne heure!!!

@ Zed : Tu y as vu une métaphore au sujet de notre société? Ouais, ça se peut, là-bas, j'arrive à comprendre des choses « naturellement », sans me forcer, sans réfléchir à rien de difficile, juste à observer la vie et la nature, le temps qui prend son temps. Quand je n'en peux plus de mon tourbillon ou qu'il y a trop d'incompréhension et de doute dans ma vie, je me sauve là-bas et tout devient poésie, simplicité, authenticité, sérénité, solidarité avec la Vie. Si tu savais comme je souhaiterais un tel lieu de ressourcement à tout le monde. Notre pays s'en porterait tellement mieux si on pouvait l'habiter vraiment, en vivre de temps à autre les grands bienfaits, on saurait mieux pour quelles raisons on devrait se retrousser les manches et se tenir debout, s'allier dans un objectif commun, s'enrichir de nos différences, et protéger ce qu'on a de plus précieux... notre Terre Mère.

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Comme c'est beau dans ton Eden, ma belle Zoreilles ! Beau comme dans ton coeur et dans ton âme... Et quel beau métier il fait, ton Crocodile Dundee ! Comme tu l'écris si bien, il a une profession remplie de noblesse, soit celle de Saint-Joseph. Doué, ton chum, très doué... Nous aussi, nous nous évadons en famille quand nous le pouvons pour communier avec la nature, cette Dame qui nous a légué tant de merveilles... En regardant tes superbes photos, je vois la vie qui palpite dans le bois de votre table, dans le soleil éclatant qui traverse vos fenêtres et dans l'amour si chaud et si vivifiant qui semble habiter votre havre de paix. Qui peut t'en vouloir de te sauver avec ta douce moitié pour trouver refuge dans un monde qui ne semble plus comprendre que le bonheur n'est en somme que des moments passés avec ceux et celles qu'on aime dans un cadre naturel... Merci Zoreilles de partager... ;)

Zoreilles a dit…

@ Rosie : Pourtant, ces photos ne sont pas les plus jolies, elles avaient pour but d'expliquer deux ou trois petits trucs pratico pratiques mais je comprends que tu en saisis tout ce que tu ne vois pas mais que tu imagines, la nature, qui est bien présente autour du camp, de la douche et du baril d'eau de pluie! Tu as la chance de le vivre aussi. Ne me remercie pas de partager, tu sais comme moi qu'on aimerait partager encore bien plus que ça, si on pouvait, n'est-ce pas?

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

En effet, ma belle, mais je te remercie personnellement malgré tout... ;)

Soisig a dit…

Bonsoir Zoreilles

De retour de "vacances", je reprends le temps perdu!
Que de souvenirs de ma vie "d'avant" me sont revenus à la mémoire!

Les meubles "gossés" à la hache par beau-papa, le système D (débrouillardise) pour la douche, la "glacière" creusée dans le sol, à l'ombre, les "toasts" ou le bouilli sur la truie, ... les bonnes odeurs!
Profites-en bien de ton petit jardin secret...

amitiés

Zoreilles a dit…

@ Rosie : Clin d'oeil et câlin, ma belle Rosie!

@ Modotcom : T'es trop gentille. Oui, je réalise ma chance, t'en fais pas. C'est le rêve de deux personnes, le mien, mais aussi celui de Crocodile Dundee. À deux, quand on rêve et qu'on passe à l'action, je crois qu'on fait plus que doubler nos chances.

@ Soisig : Tout cela ne t'est pas étranger, j'y ai bien pensé. On pourrait donner des exemples à l'infini pour illustrer comment on peut, dans la plus grande simplicité, retrouver notre vraie nature, nos petits bonheurs simples.

Mijo a dit…

Voilà donc l'histoire de ce fameux camp où tu aimes t'échapper. C'est beau, ça me plaît énormément.

"...le dernier biscuit, partagé en deux, avec un sourire et sans parole, c'est un mot d'amour..."

J'aime beaucoup ces mots si simples qui disent tant.