mardi 19 février 2008

Mon pays... vu de mon pays



J'ai pris ces deux photos jeudi dernier, jour de la Saint-Valentin, alors que j'étais à Montréal et dans les Laurentides pour un court séjour. Je sais, je ne vous ai pas habitués à ce genre de photos! Par contre, j'ai pris plein d'autres clichés full nature, très beaux, mais où figurent des gens que j'aime, donc, ces photos ne sont publiables ici.

Avec mon beauf et ma belle-soeur, on avait planifié cette sortie au Salon de la pourvoirie depuis quelques semaines. Amateurs de plein air, nous aussi, on allait découvrir ensemble ce que toutes les régions du Québec avaient à offrir aux éventuels clients que nous sommes. En plus, on allait prendre une bouchée en ville et en profiter pour partager ce moment avec leur fils, notre neveu qui voulait aussi se choisir un séjour nature avec sa femme et son petit garçon. Il faisait si beau à Montréal jeudi dernier!

Au Palais des congrès, l'atmosphère était fébrile et animée, les gens attendaient en ligne (interminables files) que l'ouverture du Salon soit proclamée officiellement. Il y a de ces phénomènes qui me questionnent beaucoup dans les villes, comme par exemple celui-là : Pourquoi attendre en ligne sans se parler, sans communiquer avec qui que ce soit, chacun dans son univers et jouer du coude pour ne pas perdre sa place? Nous avons préféré aller manger dans un resto pas loin et j'ai, pour ma part, apprécié cette cuisine méditerranéenne qui nous était proposée.

Étant tous les cinq boulimiques du monde de la pourvoirie, du Québec en entier, des séjours nature, de la pêche et de la chasse, nous avions résolu de prendre chacun notre chemin et de se retrouver à l'entrée, aux heures fixes, pour partager nos coups de coeur et refaire le point. Comme les autres, je pouvais donc aller et venir à ma guise dans toutes les allées, arrêter aux kiosques qui m'intéressaient davantage, qui savaient capter mon attention ou susciter ma curiosité.

Vous savez comme j'aime ma région... Comme j'aime aussi toutes les régions du Québec, certaines que je connais mieux que d'autres mais quand même, je suis ouverte aux découvertes que je peux faire et des beautés, il y en a partout. Il est si beau et si grand, mon pays...

Au fil de ma visite du Salon, je découvrais des endroits magnifiques du Nord-du-Québec, de Lanaudière, la Mauricie, la Côte Nord, le Bas-du-fleuve, la Gaspésie, le Saguenay Lac St-Jean, la Beauce, les Laurentides, la Montérégie, l'Outaouais, ils étaient tous là, bien représentés, chacun essayant de vous donner le goût d'y aller faire un saut pour une semaine ou plus. Évidemment, l'Abitibi-Témiscamingue était là, disséminée dans toutes les allées, forte et fière, avec ses nombreux attraits, ses pourvoiries qui rivalisent d'ingéniosité pour vous accueillir à leur tour, si ça vous chante...

Je connais quelques pourvoiries de ma grande région mais je ne les connais pas toutes, au contraire, j'en ai découvert plusieurs... à Montréal!!! Je m'apercevais souvent après coup que telle pourvoirie était située dans ma région mais j'étais attirée d'abord par la chaleur et la simplicité des gens dans les kiosques, leur approche, les photos magnifiques, les décors de ciel bleu, de plage, de forêts, de lacs et de rivières, dans lesquels je me reconnaissais sans doute un peu. Au bout d'une phrase, je leur épargnais des explications fort longues, en leur disant : « Le Kipawa, oui, je connais, ou Obaska, je sais où c'est, je suis aussi de l'Abitibi-Témiscamingue! » et nous échangions quelques mots joyeux avant que je reparte avec leur dépliant et que je poursuive mon chemin à travers ce microcosme du Québec qu'est le Salon de la pourvoirie.

Il arrivait qu'on me fasse signe de ne pas partir tout de suite, qu'on avait quelque chose à me dire encore. Donc, je pouvais entendre des échanges entre les visiteurs et les gens des pourvoiries de chez nous. J'aurais voulu ne pas entendre tous ces clichés qui perdurent de façon extrêmement tenaces sur notre région. Mes Zoreilles étaient soumises à rude épreuve. Ça me faisait mal. Je ne m'habituerai jamais à ça : « Heille, c'est creux, l'Abitibi, j'irai jamais, c'est ben trop loin », « Il doit y avoir ben trop de mouches l'été », « y a juste 3 ou 4 indiens pis il fait frette », « Ah l'Abitibi, le paradis de la mouche noire et des épinettes » et autres balivernes qui me rentraient dedans comme des couteaux en plein coeur, alors que je n'avais pas la possibilité de défendre cette région de plein air et de grands espaces, de liberté et de gratuité, toujours jeune et en construction, tellement victime de fort préjugés qui frisent le mépris.

Mon rôle, jeudi dernier, ne consistait pas à rétablir les faits ou expliquer des choses pourtant faciles à comprendre. J'ai trouvé difficile de rester silencieuse et respectueuse de mon rôle. J'ai vu nos gens d'ici tenter quand même de racoler le client, ils faisaient un bon travail, donnaient des explications logiques et tout mais je suis quand même sortie de là le coeur en miettes parce que je n'avais jamais entendu autant de faussetés pleines d'ignorance par tant de gens en si peu de temps.

Je garde un excellent souvenir de ce mini séjour dans les Laurentides et à Montréal, surtout à cause de l'accueil chaleureux des grandes soeurs de Crocodile Dundee, nos beaufs, les neveux et nièces qui ont parcouru des distances appréciables pour venir à notre rencontre mais je ne peux m'empêcher aussi d'avoir été très bouleversée de me rendre compte d'une manière aussi percutante que mon pays ne sera sans doute jamais un pays, tant que les Québécois(es) ne prendront pas conscience que la terre qu'ils habitent, la culture et la langue qu'ils ne défendent même plus, l'histoire qui est la nôtre, le patrimoine qui nous distingue encore un peu, tout ça, c'est une richesse incommensurable en laquelle il faudrait avoir un minimum de respect, une petite ouverture, un soupçon de connaissance géographique, un quelconque sentiment d'appartenance.

Jusqu'à maintenant, je n'avais jamais connu de peine d'amour ou d'amitié. Je suis d'une autre race, de celle que je n'arrive pas à définir mais depuis jeudi, je me sens étrangère dans mon propre pays et je sais maintenant ce qu'est une peine d'amour. Je suis revenue de Montréal avec une peine d'amour de mon pays, celui qu'on aurait pu avoir si on y avait cru, si on s'y intéressait davantage, si on avait pris conscience que le Québec, c'est grand, du nord au sud, de l'est à l'ouest, avec tout ce qu'on est mais aussi avec tout ce qu'on a, rien de moins. Ce Québec que j'ai vu à Montréal, il n'a plus d'identité mais tout plein de frontières.

Mon sentiment d'appartenance reste toujours aussi fort, je n'y peux rien, je m'enracine dans ma terre si profondément que mon feuillage s'étend maintenant à l'infini...

32 commentaires:

Renart Léveillé a dit…

"Le Québec que j'ai vu à Montréal, il n'a plus d'identité mais tout plein de frontières."

Je ne suis pas certain de bien comprendre de quoi il en retourne avec cette phrase, mais cela me rends tout triste...

Anonyme a dit…

Bon retour dans le "vrai nord" (mais qui sonne peut-être faux pour les gens de Radisson :-) )

Je peux comprendre ce que tu as ressenti à Montréal. La dernière fois que j'y suis allé, je ne me sentais pas dans mon pays. J'étais à l'étranger. Et je me demandais comment j'avais fait pour y demeurer 5 ans.

Zoreilles a dit…

@ Renart : Plus d'identité, parce que nous sommes si peu conscients de l'ensemble du Québec, son immensité, sa diversité, ses richesses. Tout plein de frontières, parce que chacun connaît son petit coin à lui, auquel il s'intéresse sans s'ouvrir aux autres régions. Suis-je plus claire? J'ai encore trop de sentiments mêlés, je réagis avec mes émotions, là...

@ Henri : Je sais que tu comprends. C'est la première fois que Montréal me fait cet effet-là.

Renart Léveillé a dit…

Merci pour la précision. Oui, en d'autres mots, le monde entier s'ouvre à nous tandis que nos frontières personnelles se rétrécissent...

Guy Vandal a dit…

Chère Zoreilles,

Comme j'ai un peu d'expérience dans ce genre de salon, je te dirais de ne pas trop t'en faire, les zigotos que tu as aperçu, sont une plaie dans tous les salons.

Sauf exception, ils sont à l'aise financièrement... et par le fait même, très concentrés sur leurs égos, croyant que parce qu'ils ont des dollars, ils sont intelligents.

Ceux-là, je les voyais venir de loin. J'ai appris, avec les années, à ne jamais perdre mon temps avec eux... parce que vraiment, s'occuper d'eux est une perte de temps.

Je plains les pauvres personnes qui travaillent dans des kiosques et qui sont "pognés" avec ce genre d'épais. Ils te font perdre des minutes précieuses, que tu pourrais accorder à des vrais clients.

En fait, je voulais dire que j'ai reconnu le genre. Ils sont une minorité, mais ils prennent beaucoup de place, malheureusement.

Ceci étant, bon retour dans ton Abitibi, vrai nord ou pas.;)

Anonyme a dit…

Je te comprends Zoreilles. J’ai le même sentiment à chaque fois que je vais à Montréal. Et j’y vais souvent ces temps-ci visiter le seul frère que j’ai. J’ai toujours la même impression qu’une partie de mon pays m’échappe. Il y a je crois plus, de frontières comme tu dis que de Québécois pur laine et plein de gens bornés. Pas habitué aux grands espaces.

Si nos gens s’en donnaient la peine ils découvriraient au travers l’Abitibi une belle partie encore sauvage du Québec et ce n’est pas si loin en fait. Ce n’est qu’à 6h00 des Laurentides. Moins loin que la Gaspésie….

Ton texte est très beau. Merci pour ce partage.

Macamic

Anonyme a dit…

Bonjour Zoreilles,
Je comprend bien ton sentiment. Il est malheureux que les gens de Montréal n'ait pas cette fierté d'habiter un si beau pays avec tant de richesses. De toute façon cela nous permet de garder toute notre beauté. Il ne reste plus qu'à en prendre soin pour nos enfants à venir.
Quand nous croyons être fatigué de vivre chez nous il n'y a qu'à aller faire un petit tour à Montréal. Rien de tel pour quadrupler le goût de vivre chez nous.

Anonyme a dit…

Ne t,en fait pas....ceux qui parlent fort ont généralement pas grand choses à dire.
Moi j'ai choisis de ne pas attendre après la reconnaissance des autres, on ne peut pas demander le respect on doit l'imposer, la fierté ça commence de l'intérieur et ça se propage par la suite.
Félix Leclerc a commencé en faisant rire de lui...c'est tout dire
Jocelyn

gaétan a dit…

Ha je comprends que tu comprennes que je comprends ton désarroi moi qui traverse le québec à vélo depuis plusieurs années et que je tente de faire découvrir ce pays si beau et si différent avec ses particuliarités aux autres. ;-)
Et comme tu le dis si bien aussi le désintéressement général des québécois fasse aux propos de mme Marois qui propose ni plus ni moins que le bilinguisme institutionnalisé ne peut qu'expliquer un je-m'en-foutisme face aux autres régions du québec. Pis ça se fait accroire que ça veut un pays ce monde-là quand ça préfère le tout-inclus dans l'sud pis que ça là jamais sorti de son quartier ou de sa région. Bon j'arrête ici. Je ne suis pas chez-moi quand même -))
Pis pour les mouches noires fais-toi s'en pas. Icitte aussi y en a.;-)

Zoreilles a dit…

@ Guy Vandal : Tu as bien reconnu le genre de personnage... Je vois que tu as une expérience terrain dont tu ne dois sûrement pas t'ennuyer en ce moment!

@ Macamic : J'espère ne pas avoir laissé penser aux gens que ces zigotos étaient des Montréalais. En fait, ils étaient bien Québécois, ceux que j'ai entendus dire des énormités mais je ne saurais dire d'où ils venaient exactement. Ce qui m'inquiète, c'est que ces faussetés-là sont dites pas rien qu'au sujet de l'Abitibi-Témiscamingue, j'en ai entendu des semblables au sujet de la Côte Nord, de la Gaspésie, du Sag Lac, etc.

@ Anonyme 13:26 : Montréal est quand même une grosse région du Québec. Celle-là, on ne peut l'ignorer, elle est la plaque tournante médiatique de l'est du Canada. Le Québec, c'est tout ça, Montréal et les régions, un tout indissociable. C'est ce que j'ai voulu dire, sans taper sur les Montréalais. Dans mon histoire, ça se passe à Montréal mais uniquement parce qu'au Salon de la pourvoirie de Montréal, c'est un microcosme de toutes les régions du Québec. J'en connais qui sont fiers d'être Montréalais et fiers d'être Québécois.

@ Jocelyn : Tu as tellement raison à propos du respect et l'exemple de Félix Leclerc est éloquent de ce que nous sommes, parfois, nous, Québécois. Un de nos journalistes avait écrit à propos de Félix : « Il eut mieux valu que cet homme ait les deux mains coupées ». Ça se peut tu qu'on soit si inconscient?

@ Gaétan : Ah je m'en fais pas pour les mouches noires ni les maringouins, je vis très bien avec ça, moi, et je n'aime pas quand on réduit mon coin de pays à cette seule bestiole. Je reconnais dans chacun de tes propos, ici ou ailleurs, les réflexions d'un gars qui aime les voyages et le Québec en entier, ce qui n'empêche pas ton sentiment d'appartenance à ta chère Côte Nord. S'il y a quelqu'un qui comprends ça, c'est bien moi. Tu écrivais un jour que tu avais ta carte du Québec toujours près de ton ordinateur. Même si tu ne l'avais pas dit, je l'aurais deviné.

Guy Vandal a dit…

Non vraiment, je ne m'ennuie pas...

Anonyme a dit…

Montréal...

Oui, plein de frontières, culturelles, religieuses et sexistes, le quartier chinois, le quartier italien, le quartier gai. les quartiers voilés, les quartiers noirs et hispanos. Le quartier latin et universitaire, en plein quartier rouge. Je te dis que c'est cool de se rendre à l'UQÀM entre deux sex-shops, en tassant des revendeurs de drogues, évitant des prostituées (des femmes dans ce coin). On voulait s'intégrer aux quartiers populaires
(SIC(K)).

Je suis souvent en minorité dans le bus, dans le wagon de métro. À parler ma langue. Point de vue couleurs, c'est vraiment chouette. Point de vue voiles, burka, niqab, c'est lourd en ost... ensoir. Dans le bus, on a régulièrement peur. Montréal... et ses nouveaux visages agressifs, agressants, violents en symboles de toutes sortes.

Les outils pour en faire une? On oublie ça. Faut bien accepter (tolérer ;-) ) la différence et puis, ce ne sont pas nos affaires...

Bien souvent, de plus en plus souvent. le lien, l'union, s'opère via une langue étrangère, des restaurants, des artères commerciales, une indifférence envers les autres, pour ne pas être questionné soi-même.

Pourquoi on ne se parle pas plus en file? Parce qu'on découvre rapidement qu'on n'a rien à se dire, qu'on n'a pas plus rapport hé si on était chacun sur notre côté de rue, qu'on est même potentiellement des ennemis qui seront pris à attendre, attendre, attendre, côte à côte. C'est de près qu'on garde le plus nos distances, parce que le rapprochement n'est que physique et forcé, de plus.

Rien n'est plus embêtant que lorsque la personne à côté de nous, dans un long trajet en bus se met à nous parler quand on a juste envie de silence, souvent pour raconter ses maladies, des trucs super sexistes ou racistes ou alors complètement déplacées ou alors simplement qui ne nous intéressent pas. Je te passe les odeurs, les grossièretés, l'absence totale d'hygiène.

Internet est en train de changer ce que tu n'aimes pas, Zoreilles. Il nous réunit. Toi, entre autre, tu nous réunis. Ce qui nous divisera tant qu'on n'aura pas de colonne vertébrale et continuera à nous diviser de plus en plus, c'est l'absence de contenu, de balises, pour se faire respecter, ce beau mot qui a perdu son sens politique ici.

Toute la journée je n'ai pas réussi à accéder à ton blogue. J'y suis arrivée en passant par mon blogue au lieu de mes favoris!

C'est un très beau billet, très profond, que voilà.

Je comprends ta peine d'un pays. Je la partage. Je suis à concocter, depuis quelques temps un truc là-dessus. Parce que je suis tannée qu'on tourne en rond et qu'on ne mette rien dans ce projet dessiné dans les nuages... u pays.

Zed xx

Solange a dit…

Oui, je comprends très bien ce que vous devez ressentir, Des imbéciles on en a notre lot. C'est dommage que vous n'ayez rencontré que ceux-là.

Zoreilles a dit…

@ Guy Vandal : Ça doit te sembler très loin et en même temps, très près, tout ça...

@ Zed : « C'est de près qu'on garde le plus nos distances... » Voilà qui définit très bien, à mon sens, le phénomène que j'ai du mal à accepter et qui ultimement, nous éloigne du projet d'un pays. Je le répète, je n'ai rien contre Montréal, c'est une région comme une autre, avec ses particularités. Mais ce que je déplore, c'est que beaucoup de gens n'ont pas de sentiment d'appartenance. Ce sont les mêmes qui n'ont pas de conscience sociale et environnementale. Tout se tient.

@ Solange : Oh non, Solange, je n'ai pas rencontré que des imbéciles, au contraire, j'ai eu l'occasion de discuter et d'échanger avec des gens charmants, ouverts, brillants, allumés, intéressants. Mais les imbéciles qui ont un esprit fermé (et je le répète, ces gens ne venaient pas nécessairement de Montréal) m'ont rentré dedans comme jamais auparavant. C'est comme si j'avais vu un visage du Québec que je ne connaissais pas...

Guy Vandal a dit…

Cliché: Très loin et je m'en porte que mieux...

Anonyme a dit…

Je vais te revenir ce soir, avec plus de temps car je veux ajouter autre chose.

Mais... Garder ses distances quanplus on est près... physiquement, aurais-je dû dire. Et il faut le garder dans son contexte.

Dans un contexte où on est forcés de se toucher, d'être dans la bulle de l'autre, c'est à mon avis une excellente idée de tracer sa frontière psychologique. Ça dépend aussi du genre d'événement, de ce qui nous rassemble. plus c'est large ou plus c'est politique, si on a longtemps à attendre, plus on a intérêt à ne pas se faire d'ennemi, déjà qu'on est quasiment forcé de l'écrabouillé, de l'être. Il y a aussi, à la base, quelque chose de très animal là-dedans.

Il n'y a pas de sentiment d'appartenance parce qu'on ne s'appartient pas. Le Québec est de plus en plus largement un territoire, voire un terrain qi appartient à tout le monde qui a les papiers reqis. Pour les valeurs, les décisions politiques pour les défendre, on repassera.

Zed Bonne journée Zoreilles! ;-)

Zoreilles a dit…

@ Modotcom : Rassure-toi, je ne suis déjà plus triste maintenant que j'en ai parlé. Mon sentiment était trop fort, il fallait que je le partage, c'est fait. J'ai juste peur d'avoir été mal comprise (moi qui passe ma vie à dire que j'aime mieux mourir incomprise que de passer ma vie à m'expliquer!...)

Alors, je précise : Que les gens viennent de Montréal ou de Tombouctou, de la Chine, de l'Italie ou du Portugal, ce que j'ai constaté à Montréal (mais ça aurait pu être ailleurs) c'est que plusieurs n'ont pas de sentiment d'appartenance à leur ville, leur région, leur Québec. Que les gens voyagent partout dans le monde, je dis bravo, ça ne fait que leur ouvrir des horizons et c'est tant mieux. Ce ne sont pas ces gens-là habituellement qui ont l'esprit fermé, comprends-tu ce que je veux dire? Que Montréal ait ses quartiers chinois, latins, populaires ou universitaires, encore là, tant mieux, Montréal devient de plus en plus une ville ouverte et multiculturelle, je m'en réjouis. Et lorsque des gens ne peuvent s'éloigner de leur ville ou de leur coin de pays, ça, je peux le comprendre mais il faudrait qu'ils soient au moins conscients que la vie ne s'arrête pas à leur petit univers et ça vaut pour l'ensemble des Québécois, pas seulement pour les Montréalais, à qui, je le répète, je ne reproche absolument rien, enfin, à ceux qui ne sont pas bornés. Tu n'as pas à te sentir concernée. Avec ce que tu nous dis et tout ce que j'ai lu de toi jusqu'à maintenant, tu ne fais pas partie de ces gens-là qui ont un petit esprit fermé et qui méprisent ce qu'ils ne connaissent pas. Merci pour la « flamme », elle me fait chaud au coeur!

@ Guy Vandal : Je m'en doutais pas mal!

@ Zed : Que le Québec appartienne à tout le monde, je n'ai aucun problème avec ça, c'est quand il n'appartient à personne (appartient comme dans appartenance) que ça me rend triste... Mais là, ça va, j'ai compris, j'en ai seulement pris conscience tout d'un coup, le jour de la Saint-Valentin, ça me faisait une grosse bouchée à avaler!

Palm. a dit…

Bravo Zoreilles d'aimer et de défendre son territoire comme tu le fais ci-bien d'ailleurs.

Moi, dans mon autre vie j'ai vécu trois ans à Rouyn et j'ai découvert la chaleur humaine dans sa vraie nature.Ce que je regrette le plus c'est qu'à chaque jour j'écoute les nouvelles TVA et R.C. et on parle de toutes les régions excepté de l'Abitibi-Témiscamingue. Pourtant il se passe de belles choses là aussi.

J'y retourne régulièrement et c'est un bonheur à chaque fois.

gaétan a dit…

@ Zed j'aime bien votre vision de Mtl vu de l'intérieur. Peut-être qu'à force d'y vivre (à Mtl)ces différences que je trouve charmantes se transformeraient en agacement quotidien. Quant à la malpropreté ou la connerie il y en a partout.

@ Modotcom je n'ai rien contre ceux qui allent dans le sud chaque année j'ai ai contre l'hypocrisie de ceux qui veulent un pays sans avoir pris le temps de le visiter. Et puis dites vous que si les régions représentent quelque chose d'exotique pour les habitants de la grande ville, l'inverse est aussi vrai. -))

Anonyme a dit…

Zoreilles,

La fatigue est là, mais avant de quitter Internet aujourd'hui, je voulais ajouter ceci. Je suis en lien avec l'Abitibi-Témiscamingue, heureusement, avec plusieurs parties ou régions de la Rive-Sud de Montréal, avec Saint-Hyacinthe et ses environs, Saint-Hilaire, si je ne me trompe pas, Lanaudière, Laval et, tristement, Saint-Adèle. Zoreilles, Accent Grave, mes amis professeurs et enseignants, Marcel le peintre charmant, Esperanza, Zylag (Après Tout) André Bérard, m'ont mise en lien. Et d'autres aussi.

Tristement Saint-Adèle, pour l'histoire d'André, au début incompréhensible pour moi, de l'extérieur, puis, devenue beaucoup plus claire. Pour moi qui garde dans mon coeur des souvenirs de jeune adulte de cette montagne déjà amputée et où je ne remettrais plus les pieds car ce qu'on a fait de cette région devenue waltdisneyéenne, non merci (on s'en était parlé, tu te souviens, lors de ta visite là-bas)!

Maintenant, je ne veux pas avoir l'air d'une rebelle qui se rebelle pour se rebeller... Mais... Pour moi, un territoire qui appartient à tout le monde n'appartient à personne. Voulons-nous vraiment accueillir tout le monde, indistinctement ici? C'est ce qu'on fait en tout cas. Largement.

Tandis que nous nous complaisons dans nos questionnements sans contenus, sans balises politiques et idéologiques, les gens qui viennent ici, ne pouvant s'intégrer malgré leurs efforts - car... à quoi? demandent plusieurs que je connais - développent un esprit de propriété. Tout est permis.

L'appartenance, le pays, il faut mettre quelque chose, pour moi, là-dedans. Un sentiment doit s'appuyer, se développer à partir d'une réalité. pas seulement d'un concept vide, jamais réellement discuté.

Les vrais débats, au Québec... Bien peu. La peur des conflits... L'humour comme fin en soi, ça, oui, en masse.

Visiter les régions du Québec? C'est immense le Québec. Jeune, célibataire, sans responsabilités, ni aux études ni au travail, avec de l'argent, c'est certainement plus possible. Pour moi, ça ne l'est pas, ne l'a jamais été. D'autant plus précieuses toutes ces connaissances que tu m'apportes, que mes liens m'apportent, parfois plus géographiques, faune, flore, parfois plus idéologiques, politiques - comment ça se passe par chez eux - peu importe. Internet nous connecte. Permet le débat.

On fait quoi...

Zed ;-)

Anonyme a dit…

Esprit de propriété : ma phrase est mal construite, J'aurais dû dire parmi les gens, car d'autres ressentent un grand vide, un grand manque. D'autres encore sont plus souverainistes, plus indépendantistes que nous. Et bizarrement, ont plein d'idée sur ce qu'ils veulent dans ce pays.

Zed ;-)

En direct des îles a dit…

Montréal est une mosaique de couleurs, de cultures, j'y vis depuis 25 ans et je n'ai jamais ressenti ni peur ni dégoût.
Dans cette ville, l'immigrante que je suis a été bien accueillie et jamais je ne voudrais la quitter complètement. Des gens fermés, il y en a partout, sur tous les continents. Zoreilles, cela me fait de la peine que ma ville t'ait blessée, et je suis triste aussi de lire certains commentaires sur Montréal - qui n'est pas parfaite, comme tout ce qui se trouve sur la planète Terre. Ainsi va la vie, nul endroit ne peut contenter tout le monde...

Anonyme a dit…

Bon retour à la maison Zoreilles !

Les beaux moments passés parmi des gens aimés, l'accueil chaleureux que vous avez reçu (comme tu le dis si bien), et le souvenir que vous en garderez, c'est ce qui importe.

C'est étrange de voir des photos de ce paysage Montréalais , trop bien connu, chez-vous. Mais hier soir il y avait une belle Lune rousse, qui promenait un oeil indifférent au-dessus de nous tous, peu importe l'endroit où nous vivons...

Zoreilles a dit…

@ Palm : Bonjour et bienvenue ici, où tu te sentiras toujours chez toi, j'espère. T'as remarqué aussi qu'on fait abstraction de nous dans les médias nationaux? Ça contribue à donner une image incomplète et faussée du Québec. T'as mis le doigt dessus!

@ Gaétan : J'aime toujours entendre ton point de vue, toi qui as pleine conscience du Québec en entier pour l'avoir pédalé presque d'un bout à l'autre! J'aime aussi ta curiosité de connaître des lieux, des gens, des phénomènes, pour mieux nous les faire partager.

@ Zed : Je ne crois pas que tout cela se fera avec des débats, des commissions, des définitions de concepts, des lois. Notre sentiment d'appartenance, c'est en dedans que ça se passe... ou pas.

D'ailleurs, parlant de débats, il y en a eu un, télévisé, en septembre 2006, à Télé-Québec, Il va y avoir du sport, animé par Marie-France Bazzo. Quatre panelistes d'un côté, quatre de l'autre. La question? « Doit-on fermer les régions? » J'en suis encore révoltée de ce que j'ai entendu là. Une telle ignorance, un tel mépris de certaines régions du Québec, dont la nôtre.

Nous sommes ouverts à accueillir des gens de partout dans le monde, c'est tout à notre honneur mais pour qu'ils se sentent chez eux chez nous, il faudrait d'abord qu'on soit fiers et conscients de ce qu'on est nous-mêmes, comme territoire, comme peuple. Dans mon texte, que je n'arrête pas d'expliquer depuis que je l'ai écrit, ce que je trouvais dommage, c'était de constater combien certains Québécois, comme toi et moi, méprisaient des parties du Québec qu'ils ne connaissent pas. C'est tout. Ce n'est ni politique, ni idéologique, il n'y a pas d'action à entreprendre non plus, c'était simplement un constat qui m'a fait de la peine. Je suis déjà passée à autre chose. Je n'essaie pas de changer le monde, ça m'épuiserait...

@ En direct des îles : Combien de fois me faudra-t-il le préciser encore? Non, Montréal ne m'a pas blessée. Et ce n'était pas ma première visite à Montréal non plus, j'y vais régulièrement. Ça aurait pu se passer n'importe où ailleurs qu'à Montréal. Simplement, ce Salon de la pourvoirie se déroulait à Montréal et rassemblait un véritable microcosme de ce qu'est le Québec dans son entier. Donc, ce qui m'a blessée, c'était d'entendre les commentaires de plusieurs Québécois qui méprisaient certaines régions du Québec. Je sais bien que des gens fermés, il y en a partout, mais moi, j'en ai rencontré trop dans une même journée, ça m'a foutu un tel cafard... Il est heureux que tu te sois sentie accueillie comme immigrante au Québec, c'est ce que nous sommes, une terre d'accueil et j'en suis fière. C'est ce Québec-là que j'aime. Nous venons tous d'ailleurs, ne l'oublions pas.

@ Lise : Merci. Oui, la lune pleine et généreuse d'hier soir (avant l'éclipse) projetait sur notre hiver une luminosité calme et bienveillante. Tout dormait paisiblement. Comme un ange, tu as survolé tout ça dans les jumelles de ton imaginaire et tu as aperçu notre beau et grand Québec dans son entier. Merci d'être là, toujours fidèle!

Anonyme a dit…

Elle était magnifique cette éclipse. Il ne fallait pas la manquer car la prochaine (totale) ne sera qu'en 2015. Qui sait où nous serons alors, il en passe de l'eau sous les ponts en sept ans...

Mais le spectacle devait être mieux chez-vous, le ciel n'étant pas voilé par trop de lumières.

Zoreilles a dit…

@ Lise : Oh oui, on l'a bien vue l'éclipse! D'ailleurs, nous verrons la pleine lune de cette fin de semaine si le ciel n'est pas nuageux, je serai en forêt, sans aucune pollution lumineuse, j'aurais le goût qu'on fasse un feu dehors samedi soir... Nous aurons de la bien belle visite! Je me réjouis à l'avance de ces beaux moments...

Anonyme a dit…

J'ai l'impression que l'ensemble de ces commentaires pourraient être entendus un peu partout en Occident.

N'est-ce pas un rêve qui se réalise? Les frontières disparaissent? Souvenez-vous des années '70, c'est un rêve qui se réalise.

Ça ne se passe pas comme prévu on dirait, tout comme cette société des loisirs qui nous était promise...

J'adore la démarcation des divers quartiers, j'aime cette faune humaine mais... en même temps quelque chose n'est plus, c'est tout simplement cette identité propre à chaque lieu dont l'empreinte historique et populaire qui devrait être visible mais qui ne l'est plus.

Accent Grave

crocomickey a dit…

Les kriss de tatas qui parle du Nord en ne s'arrêtant que sur les mouches noires et le frette, ce sont justement ceux qui n'y ont jamais mis les pieds et qui n'ont peut-être jamais vu une vache autrement qu'à la télé. Des mouches noires y en a à 75 km de Montréal = j'me suis fait piquer les jambes au golf en plein mois d'octobre viaaarge. Si t'es pas capable de survivre à un nuage de mouches noires, ben ... reste donc chez vous pi fais-toi venir du St-Hubert BBQ ...

voyageuse du monde a dit…

Bravo pour ce beau texte plein d'amour de ta région. Surtout aussi plein de regrets qu'un région comme l'Abitibi Témiscaminque soit si mal connue.
Mais avant tout, je t'admire pour tes racines, c'est quelque chose qui malgré mon désir de voir le monde et de bouger me manque. Car je n'ai pas de vraies racines. Née d'un père Beauceron et d'une Saguenéenne qui se sont rencontrés à Québec et ont décidé d'y vivre. J'y suis demeurée toute ma jeuneesse et pour moi il était clair que ce serait mon chez moi même si dans le fond comme ma famille n'appartenait pas à ce village, je n'y avais aucune autre parenté, j'étais étrangère. ensuite la vie a fait que j'ai dû déménager à quelques reprises, Matagami, Rouyn et finalement les Laurentides. Ce qui fait de moi un globe trotter du Québec.
Parfois, quand je vais dans la beauce natale de mon père, j'y sens quelque chose de très fort comme si mes racines partaient de là et qu'une partie y étaient encore. Et il m'arrive d'en vouloir à mon père de ne pas être retourner vivre là ou toute sa famille sans exception vit toujours. Mais peut-être que ce fut un bien pour un mal, sinon je ne serai peut-être pas devenue voyageuse du monde...

Anonyme a dit…

Personnellement, je pense qu'il n'y a qu'à se réapproprier notre amour du pays, loin des considérations polico-socio-logiques...

Aimer son pays par et avec le coeur, simplement. Regarder, sentir, jouir de ce que l'on voit et sent. C'est tellement simple pourtant. Mais on n'y pense plus et on ne le fait plus.

Mon pays c'est comme l'odeur du dégel, la chaleur dans la maison quand il fait froid dehors, la vue des montagnes laurentiennes, le fleuve, l'éloignement et la proximité à la fois. Mon pays, c'est moi et toi, nous et vous, eux et ils...

On ne pourra jamais me déraciner de ce que je suis, même en promiscuité, parfois, dans le métro à Montréal.

Je suis chez-moi parce que j'y crois. Juste ça!

Soisig a dit…

Bonsoir Zoreilles

En lisant tous les commentaires, j'essayais de me situer. Fille d'immigrants, je suis née en Abitibi, y ai toujours vécu... J'ai voyagé au pays de mes parents mais ne me suis pas du tout reconnue là dedans... Je suis profondément québécoise, encore plus abitibienn, plus que mes amies d'ailleurs, va donc y comprendre quelque chose!

J'imagine combien ces paroles t'ont chagrinée, ça aurait été pareil pour moi! J'adore voyager au Québec et ailleurs, découvrir les autres, leur histoire, leur culture qui est parfois à l'opposé de la nôtre. Fils ou fille des bois, c'est ben différent de fils ou fille de la mer ou encore fils ou fille de la ville, mais tout aussi intéressants à côtoyer!

Je me sens chez moi et bien partout au Québec! J'adore Montréal, j'y aime la foule cosmopolite et bigarrée; "faire la St-Denis", ses petites boutiques, ses restos sympathiques;ses musées, sa ville sous-terraine.

Mais je déteste les "imbéciles heureux" comme je nomme tous ces gens qui ne voient que leur nombril, qui n'ont pas d'ouverture aux autres.

Mais je suis toujours contente de revenir "chez-moi"! Je commence à me réjouir lorsque je suis dans le parc La Vérendrye que j'ai toujours trouvé magnifique: et je l'ai traversé à chaque été depuis ma naissance, hihihi!

bisous à toi, Soisig

Zoreilles a dit…

@ Accent Grave : Peut-être bien qu'en ne se souvenant plus beaucoup, dans la province qui clame pourtant « je me souviens » sur ses plaques d'immatriculation, on a perdu un peu de notre identité et de notre sentiment d'appartenance. Finalement, la culture et le patrimoine, c'est beaucoup plus important et plus politique qu'on le pense.

@ Crocomickey : Voilà, c'est dit!

@ Voyageuse du monde : Ne m'admire surtout pas pour mes racines, je n'y suis pour rien et n'en ai aucun mérite! La Beauce, c'est sans doute l'endroit où les tiennes, comme celles de ton père et d'autres avant lui, se sont le plus profondément enracinées. C'est probablement ce que tu ressens quand tu y retournes. Je crois qu'on aime une terre, un coin de pays, pour les efforts et le travail qu'on y a semé ou que d'autres avant nous y ont semé. Comme le Petit Prince avec sa rose...

@ Esperanza : Que je suis d'accord avec toi. Juste ça, comme tu dis, et c'est déjà beaucoup. J'ai remarqué que ceux et celles qui sont fiers de leur région, sont également ouverts aux autres régions de leur pays et de partout dans le monde.

@ Soisig : Ton attachement, ton enracinement à notre région n'a d'égal que ton ouverture aux autres régions et aux autres cultures. C'est d'ailleurs presque toujours proportionnel. Là, je te reconnais, fière Abitibienne, j'oublie toujours que t'es fille d'immigrants. Ton frère Yves et toi, (je ne connais pas les autres) vous êtes deux personnes qui avez grandement contribué à l'essor de cette région et du Québec, par votre implication, vos convictions et votre travail. Vous êtes ici chez vous, évidemment. On le serait à moins!