vendredi 16 janvier 2015

La beauté du monde


Cette photo me fait rire et je me reconnais dans l'expression « complètement sidérée » de ma petite-fille la plus jeune, Blanche, celle qui est née le jour de mes 57 ans. Heureusement qu'elle sourit la plupart du temps et que ses beaux yeux bleus si pétillants nous ramènent à... 

La beauté du monde

Avec les récents événements entourant la tuerie au Charlie Hebdo, ensuite les réactions et réflexions lues, vues et entendues partout dans le monde et qui vont dans toutes les directions, je vous avoue que j'ai encore une fois perdu quelques repères et beaucoup d'illusions sur la nature humaine en général. Je ne comprendrai jamais comment et pourquoi on en vient à tuer au nom d'une croyance, d'un dieu, une idéologie, une religion. 

Ce qui me « répare » à chaque fois où je suis brisée, c'est la beauté et la bonté du monde, de la nature humaine quand on prend chaque être humain un par un. Arrive un moment où je sens le besoin de prendre du recul des médias traditionnels comme des médias sociaux pour m'ouvrir à la vie ici et maintenant. Est-ce de la lâcheté, de la survie ou de la résilience? 

Quoiqu'il en soit, pendant que tous ces événements brassaient les cerveaux et les coeurs à la grandeur de la planète et faisaient surgir le meilleur et le pire de nous, comme humanité, j'ai été plus attentive que d'habitude à ce qui se vivait dans mon univers proche pour trouver refuge dans quelques rencontres marquantes, gestes gratuits et sourires bienveillants qui ont fait une grande différence dans mon quotidien. 

Mardi soir, nous sommes allés à la salle communautaire de la petite ville minière de Cadillac, un salon funéraire provisoire où reposait en paix une grande dame que j'aimais beaucoup. Elle s'appelait Mary. Nous connaissons 2 de ses enfants et quelques grands amis que nous avons en commun. Mary était une fière Algonquine, si tant tellement proche de la vie et de la nature. Il y a des êtres qui sont inoubliables et Mary est de ceux-là qui répandent autour d'eux paix et amour dans un regard, un geste, un sourire, une merveilleuse authenticité et une économie de mots qui, en sa présence, devenaient superflus. Je n'ai jamais vu autant de personnes réunies dans un si petit lieu plein d'amour et d'affection où régnaient respect, recueillement, silences éloquents,  pleurs discrets, poignées de main chaleureuses et câlins réconfortants. 

Je vais très souvent au CHSLD où réside maintenant Belle-Maman. J'y étais encore cet avant-midi et ce midi, pour son rendez-vous chez la coiffeuse au rez-de-chaussée et ensuite pour lui donner son dîner à la grande salle à manger tout près du salon de coiffure, qu'on appelle maintenant « le restaurant » parce que le décor est magnifique et que ça lui amène parfois un sourire. Elle a l'impression d'une grande sortie. Oui, c'est difficile d'accompagner depuis tant d'années une personne en si grande perte d'autonomie mais on rencontre là des êtres d'exception, d'une humanité sans pareille, qu'il s'agisse de membres du personnel soignant ou d'autres proches aidants qui, comme nous, vivent des situations extrêmes qui bouleversent au point où l'on espère tous de mourir jeune... Ces personnes qui accompagnent de tout leur être ceux et celles dont la vie n'en est plus une ont un sourire émouvant, fait de tendresse, de douceur et d'empathie. Un sourire qu'on s'offre les uns les autres sans s'en rendre compte, un sourire entendu, complice, qui contient les mêmes discours sur la vie et la mort qui se côtoient toujours en parallèle sans jamais se croiser. 

En sortant du CHSLD, dans cette froidure hivernale qui n'avait rien pour me réchauffer le coeur, je devais passer à l'épicerie et faire des courses urgentes. Partie tôt de chez moi ce matin, j'avais remis à plus tard la corvée de pelletage de toute cette neige tombée hier soir et cette nuit, avec le banc de neige durcie que n'avait sûrement pas manqué de me faire la déneigeuse de la ville, comme à son habitude. Crocodile Dundee étant absent de la maison, je n'avais pas l'intention de me défiler mais cette corvée de pelletage me pesait comme jamais auparavant. Je manquais de courage. 

Avec mes sacs d'épicerie à débarquer de la voiture, je voulais me stationner dans la rue pour éviter de durcir davantage le banc de neige, j'avais très faim, des appels téléphoniques à retourner et tellement de retard en tout que... ce fut un véritable cadeau de la vie  de me rendre compte en arrivant chez moi que quelqu'un avait tout déblayé la cour, même la galerie et les escaliers avaient été pelletés. Il y avait un ange gardien qui avait tout fait ce travail pour moi. Je n'en revenais pas de la bonté du monde. Quelques heures plus tard, je ne connais pas encore l'identité de cette personne qui m'a rendu service. Est-ce un voisin? Un ami? Mon frère? Mon super gendre? Je ne sais pas mais je saurai bien un jour... En attendant, ce geste m'a convaincue qu'il reste encore tellement du bon monde dans le monde, comme disait mon père. et ces petits événements du quotidien ont contribué à me « réparer » cette fois encore. 

20 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour zoreilles .
Oui ... il reste encore du bon monde qui nous réconcilie avec la race humaine malgré toute la laideur des évènements des derniers jours ....
Je ne désespère pas car tout comme toi .... je rencontre de ces personnes pleines de bonté et de générosité ..... et ces rencontres me nourrissent et m `habitent .... pour mon plus grand bonheur
Toujours heureuse de te lire .
Bonne fin de semaine .
Capucine

Barbe blanche a dit…

Merci Zoreilles, pour cet autre beau moment de vie, si finement raconté.
Cela me fais tellement de bien, de venir te lire.
Après ces atrocités galvaudés dans tous les sens, partout dans les médias, un moment de tendresse, une minute de joie, c'est tout ce qu'il faut, souvent pour reprendre espoir en l'humain et remettre le cou au collier.

Zoreilles a dit…

@ Capucine : Ça me fait tant plaisir que quelques amis(es) fidèles me lisent encore! Ce sont aussi des rencontres qui nourrissent et nous habitent, comme tu dis si bien. Au-delà des mots, ce sont des sentiments semblables qui nous rassemblent, sur un blogue ou sur un autre, dans nos questionnements comme dans nos joies et nos minces espoirs partagés. Bonne fin de semaine à toi aussi!

Zoreilles a dit…

@ Barbe blanche : On a tous besoin les uns des autres, dans ces moments difficiles, qu'ils se vivent ici ou ailleurs dans le monde.

Et ce monde a besoin d'écoute, de respect, d'un peu plus de silence et de beaucoup de beauté, de bonté et d'humanité. Parfois, il faut prendre une pause, fermer la télé, la radio, écouter son cœur qui bat, ce que tu sais très bien faire toi-même, je le ressens à chaque fois que je vais sur ton blogue!

Le factotum a dit…

Plusieurs gens autour de nous sont un exemple d’authenticité, de douceur et d’empathie.
Ce que vous avez vécu, de plus en plus répandu chez nous, c’est le karma yoga.
J’ai l’occasion de le pratiquer dans mon quartier.
Cela nous donne espoir à un avenir nouveau loin de toutes ces mauvaises nouvelles et atrocités que projettent nos quotidiens.
Bonne réparation.

Anonyme a dit…

cette bonne surprise, cela fait partie des petits bonheurs qu'il faut savoir reconnaître et apprécier.
geneviève.

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : J'ignorais que c'était le karma yoga, moi j'appelle ça la beauté du monde mais j'achète le karma yoga aussi!

Tu sais, dans notre ancien quartier, au lac Dufault, ces choses-là étaient courantes, on s'entraidait beaucoup, on ne comptait pas c'était le tour à qui, ça venait tout naturellement avec le style de vie au bord du lac et nos enfants du même âge... Mais dans ce quartier qu'on habite depuis bientôt 2 ans, on n'avait tellement pas ces attentes-là que c'en est encore plus... réconfortant et prometteur pour l'avenir. Plus ça va, plus nos « soupçons » convergent vers le voisin immédiat... ou son ado, on le saura aujourd'hui!

Oui, beaucoup d'espoir en effet quand on regarde autour de nous!

Zoreilles a dit…

@ Geneviève : Bonjour et bienvenue ici. On se connaît?

Tu peux être certaine que ces petits bonheurs, je me fais une joie et un devoir de les reconnaître et de les apprécier quand ils passent!

Ils peuvent changer le cours d'une journée... ou d'une année...

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

Parce que tu le mérites Zoreilles, parce que tu le mérites. C'est du "Donner au suivant" tout craché ça!
Y'avait un bout que je n'étais venue lire tes billets. J'ai bien aimé celui de la "bûche dans le poêle".
Tu sais si bien dire... écrire...

geneviève a dit…

Nous ne connaissons pas mais je suis une fidèle de ton blog depuis longtemps, sans poster, mea culpa!
J'ai fait plusieurs séjours, en toutes saison dans ton beau pays et je suis sous le charme, cela vient peut-être d'une première lecture, vers 10 ans, "au pays des cinq rivières" qui m'a fait rêver, imaginer. C'était un cadeau de Noël, cadeau unique, pas comme maintenant.
Tu as un vrai talent pour nous faire partager des moments de vie.

Geneviève. a dit…

L'auteur se nomme Franklin Georges Cory.
Je ne suis pas sure que que cela se passe au Canada, mais dans les Rocheuses.

Zoreilles a dit…

@ Fitzsou : Tu es bien gentille... de me dire que je le mérite! Tu sais quoi? Cet ange gardien, en fait c'était deux anges gardiens, mon voisin et son ado. Je leur dirai jamais assez combien ils ont fait mon bonheur vendredi dernier!

Je viens de lire quelque chose dans les nouvelles régionales, j'ai pensé à toi, à Papa Fitzsou, à ta famille. Attends, je reviens...

Zoreilles a dit…

@ Fitzsou : C'est ce reportage sur Ici Radio-Canada Abitibi-Témiscamingue :

http://ici.radio-canada.ca/regions/abitibi/2015/01/18/002-amos-aeroport-aerogard-magny-famille-denomme-hommage-aviateur-radio-canada.shtml

J'imagine que t'es au courant?

Zoreilles a dit…

@ Geneviève : Je me demandais bien... vu que je connais trois Geneviève! Aucun mea culpa si tu n'as jamais laissé de commentaires avant, rien ne t'y oblige, c'est juste une surprise et un grand bonheur lorsque je découvre que quelqu'un me lit ou me lisait depuis un moment. Je n'ai vraiment aucun moyen de le savoir sauf si on me laisse un commentaire. On pense souvent qu'on écrit pour soi-même et quelques amis proches et puis voilà, il nous apparaît tout à coup une Geneviève bien sympathique qui nous dit qu'elle aime notre région et qu'elle y a séjourné à quelques reprises.

Pour ce bouquin reçu en cadeau pendant l'enfance, « Au pays des cinq rivières » déjà le titre, ça me fait rêver moi aussi!

À la prochaine et merci pour tes mots gentils qui m'encouragent à poursuivre...

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

Oui, oui, je savais qu'ils avaient fait une entrevue mais je ne savais pas que ça passerait aussi aux nouvelles régionales.
Il y aurait des précisions à apporter, mais qu'importe... L'essentiel a été dit...
;-)

Zoreilles a dit…

@ Fitzsou : Super! C'était même aux actualités régionales télévisées sur RNC Média hier soir. Je ne travaille plus dans les communications ni les relations de presse mais je reste très proche de cet univers-là par intérêt personnel alors j'avais vu, entendu et lu ça!

Solange a dit…

C'est vrai qu'il y a encore du bon monde, ça nous console de toutes les atrocités dont nous abreuvent les médias.

Lise a dit…

Zoreilles,

j'ignore si tu liras ce commentaire mais je voulais dire que petite Blanche avec ses yeux d'un bleu pur (quasi identique à ceux de mamie Zoreilles)semble voir très très loin dans l'avenir.

Ces petits trésors, Félixe et Blanche je comprends tout à fait à quel point ils sont précieux. Et je comprends aussi à quel point tu as besoin de te ressourcer à travers l'espoir qu'ils représentent concernant les désolants bipèdes que nous sommes. Ils seront ceux du futur, les courageux qui compendront que notre planète n'a pas de ressources renouvelables illimmitée, ni d'espace illimité pour des milliards d'humains au dépens d'autres espèces.

Ceci dit, pour ce que vous vivez en tant qu'aidants proches,je comprends tout à fait; si je m'écoutais j'écrirais au moins dix paragraphes..

Zoreilles a dit…

@ Solange : Bien sûr qu'il y a encore du bon monde, il y en a même plus que du mauvais monde. C'est ce que je crois toujours fondamentalement... surtout si je ferme la télé, la radio, que je saute une journée ou deux à lire les journaux et que je m'éloigne de certains médias sociaux! Parfois je prends une pause de tout ça, je regarde autour de moi et c'est là que je me rends compte qu'il y a toujours du ben bon monde dans le monde!

Mais des fois, comme tout le monde, j'ai besoin de me le rappeler...

Zoreilles a dit…

@ Lise : Bien sûr que je lis ce commentaire, j'ai de la chance, j'en ai été avisée automatiquement par courriel de Blogger, c'est plus risqué que je ne le reçoive pas sur un billet « passé date » par exemple mais là j'ai été chanceuse...

J'ai gardé Félixe de dimanche à hier au souper, en plus, il y a eu annulation des cours (elle est à la maternelle) à cause des grands froids d'hier. T'aurais dû voir la joie dans la maison! On a eu beau de bricoler et de jouer à notre goût. Blanche a presque 7 mois, elle est une bonne nature et déjà, elle a commencé à me tendre les bras quand je l'y invite. Quels beaux moments. Que j'aime cette période de la vie de bébé!

Oui, ça compense, ça ressource, ça console quand on côtoie autant la fin de vie qui s'étire à l'infini... Tu pourrais en écrire long, je le sais.

Les bipèdes que nous sommes ne sont pas tous décourageants. En fait, j'en connais de tout âge qui sont sages mais lorsque je regarde les tout petits d'aujourd'hui, j'ai confiance qu'ils rejetteront en force des comportements qui nous mènent à des injustices de toutes sortes. Les défis seront nombreux mais ils auront beaucoup de ressources.