lundi 21 janvier 2013

L'art de ne pas travailler


Un tétras mâle (perdrix) perché dans un pin gris, l'été dernier. 


Je m'approche à pas de loup (très mauvais choix d'expression pour ne pas effrayer mon tétras qui a plusieurs prédateurs, dont le loup). 


Il ne craint rien, visiblement, puisqu'il me fait face. 


Il ne craint tellement rien qu'il vient me montrer ses plumes! 

L'art de ne pas travailler 

Encore une fois, mes photos n'ont rien à voir avec mon billet mais j'avais le goût de partager un petit bout d'été en ce matin de froid sibérien! 

« L'art de ne pas travailler », par Ernie Zelinski, publié chez Stanké en 1998, arbore en sous-titre « Petit traité d'oisiveté active à l'usage des surmenés, des retraités et des sans-emploi ». Je me souviens de l'avoir acheté et d'avoir eu le goût de le lire à l'époque où j'étais dans la catégorie des surmenés! Maintenant dans la catégorie des sans-emploi, je devrais le relire pour voir si ça me parle encore... 

Ce que j'avais beaucoup aimé de ce livre, c'est qu'il posait des questions essentielles et que chacun y répondait à sa manière. La valeur sociale du travail n'y est pas remise en question mais plutôt décortiquée, soupesée, évaluée, en suggérant des pistes pour mieux équilibrer nos vies, entre le travail et notre vraie nature. Tout un programme... 

Depuis que je ne travaille plus, en fait depuis le début de l'année 2013, on dirait que je n'ai jamais tant réfléchi à cet aspect très important de notre vie, le travail. D'en être libérée m'amène à tellement voir et comprendre des choses que je ne saisissais pas encore il y a à peine quelques mois. Beaucoup de personnes autour de moi vivent des situations très difficiles par rapport à leur travail, ce qui ne repose pas du tout le petit hamster que j'ai dans le ciboulot, qui reçoit plein d'informations contradictoires et qui essaie de faire du ménage là-dedans, entre mythes et réalités. 

Dans les années 70, il y avait un succès qu'on pouvait entendre à la radio et dont le refrain me projetait toujours dans une réflexion qui durait bien plus longtemps que la chanson : « On perd sa vie à vouloir la gagner/Tu devrais y penser ». 

Les plus mal pris, à mon avis, sont ceux qui bossent pour des grosses institutions, où ils ont des conventions collectives, des droits et des avantages de toutes sortes. Vient un moment où la structure et l'organigramme les étouffent à tel point qu'ils se sentent comme des numéros et qu'ils finissent par agir comme tels, parce que des décisions administratives totalement imbéciles sont prises ailleurs, loin loin loin de chez nous, et qu'ils doivent en payer le prix, au péril de leur vie personnelle, amoureuse, familiale et sociale. Ceux-là, j'ai peur qu'ils perdent leur vie à vouloir la gagner. 

Ils seraient plus jeunes et moins bien payés qu'ils penseraient à remettre en question tout ça. Ils disent qu'ils ne peuvent pas. Quand je les écoute, je pense aussi qu'ils perdraient beaucoup en quittant leur travail, et sûrement qu'ils perdraient trop. Mais ils ne perdraient pas tout. On a tort d'accorder tant d'importance au travail, surtout quand il nous rend si malheureux. 

Je connais un gars de mon âge qui, s'il quittait tout de suite son enfer qui le rend malade, aurait un fonds de pension amputé de 18 %. En boutade, je lui ai dit que ça lui ferait quand même toujours bien 82 % de plus que moi... Ça ne l'a pas fait rire. D'ailleurs, il ne rit plus beaucoup, c'est ce qui m'inquiète. Il va donc endurer son enfer au péril de sa santé et de sa vie pour encore 4 ans, sans savoir s'il sera toujours vivant à ce moment-là pour profiter de son fonds de pension à 100 %. 

Peut-être que c'est juste sa conception du travail, comme valeur sociale et personnelle, qu'il devrait remettre en question? Je n'oserais jamais opposer mes arguments aux siens, s'il y a une question intime et grave, c'est bien celle-là et j'ai trop peur de me mettre les pieds dans les plats, surtout que je me suis toujours reconnue dans la cigale plus que dans la fourmi. 

Évidemment, l'idéal, c'est quand on aime ce qu'on fait, qu'on a le sentiment de participer à construire quelque chose de signifiant pour notre société et qu'on trouve un sens à notre vie dans notre gagne-pain. J'ai entendu dire qu'il y avait même des gens qui se sentaient valorisés dans leur travail. Oui oui, ça existe encore, il paraît. Mais autour de moi, il y a beaucoup de personnes qui ont déjà été heureuses au travail et qu'on a réussi à complètement démotiver et éteindre, à rendre esclaves d'un univers qui leur fait perdre leur vie au lieu de la gagner. 

À ceux-là que j'aime et que je respecte énormément, je leur souhaite de lire « L'art de ne pas travailler », en espérant qu'ils y trouvent une petite lumière qui, dans le temps, m'avait beaucoup aidée à faire des choix plus éclairés et des pas dans une direction plus heureuse.

* * * * *

Petite anecdote personnelle pour vous illustrer combien je suis libérée du travail : Fin décembre, la personne avec laquelle j'étais en lien 10 fois par jour, par téléphone et par courriel, depuis 8 ans, m'avait fait promettre que lorsque j'irais en Abitibi-Ouest en janvier, j'allais passer au bureau les saluer et qu'on irait dîner ensemble. J'avais promis. 

Mardi dernier, je lui envoie un courriel pour l'aviser que j'y allais jeudi. En lui disant deux jours d'avance, je me trouvais pas mal fine! J'ai eu une réponse courriel de sa part le mercredi en fin de journée. Elle s'excusait d'avoir un horaire vraiment trop chargé pour le lendemain (elle me donnait la liste complète de ses réunions, obligations et déplacements) mais qu'elle aimerait beaucoup que je vienne plutôt le vendredi. 

Bzzzzztttt, mauvaise réponse! J'ai simplement réagi (par courriel aussi) en lui disant que je ne pouvais pas retarder d'une journée ce déplacement mais qu'on se reprendrait... à une prochaine!

Je me sentais tellement soulagée. Je sais fort bien que... « la prochaine » arrivera par hasard ou n'arrivera pas du tout. 

29 commentaires:

Le factotum a dit…

"Les plus mal pris, à mon avis, sont ceux qui bossent pour des grosses institutions, où ils ont des conventions collectives, des droits et des avantages de toutes sortes."

Moi, j’ai toujours été un rebelle …

Je me suis toujours fait un devoir d’éveiller chez chacun l’importance de croire en ses convictions et de les respecter malgré les soubresauts de la vie au travail. Peut-être parce que j’ai eu la chance d’être travailleur autonome pendant vingt ans avant d’entrer dans la grande famille gouvernementale.

"Bzzzzztttt, mauvaise réponse!"

Oh, que j’aime cette réflexion.♥
Tu grandis vite à grand pas, ma chère.

Anonyme a dit…

Bonjour Zoreilles .
Encore une fois quel beau texte .... bien exprimé ....
Je suis bien d`accord avec toi .... travailler avec tout ce stress démoli la vie ... la famille ... la santé ...
Je connais un jeune dans la trentaine qui refuse d `entrer dans le moule et de faire des heures de travail dans le stress ....et le non respect ... Évidemment ... il est mit de côté et parfois même ne fais pas partie des équipes qui sont formées ....
Il me dit toujours que dans ces situations ... il apprend beaucoup sur lui et les autres .... mais il y a toujours cette frustration qui mine le moral et l `estime de soi ainsi que le plaisir de travailler
J `ai dirigé du personnel durant des années et j `ai toujours tentés de les rendre performants tout en respectant les aptitudes de chacun ... Ce n `est pas facile j `en convient mais quelle satisfaction et quelle belle équipe j `avais autour de moi ....
presque ma deuxième famille .....
cela se fait de plus en plus rare ... malheureusement ...
Tout comme toi en prenant ma retraite ... j`ai beaucoup réfléchi et crois moi nous n `obtenons pas toujours des réponses ... mais au moins on continue de réfléchir !
Je te souhaite une bonne journée
Toujours heureuse de te lire .
Capucine .

Barbe blanche a dit…

Ayoye, tu apprends vite, j'aime ça...
Je me souviens, pendant, les vingts premières années au travail, les gens te demandaient:"depuis combien de temps es tu ici?" et toi de répondre, 10 ans, 20 ans, et les gens te répondaient, wow, ça fait un bon bout de temps ou bien, c'est donc ben l'fun...
Depuis, environ une quinzaine d'années, les gens demandent:"Combien de temps te reste-t-il à faire?"
Comme le langage a changé, le temps qui reste à faire, tout comme en prison, le climat s'est détérioré à un point tel, que l'air y est irrespirable.
À l'époque, les administrateurs avaient encore le sens de l'humain, de l'équipe, mais, tout cela a changé.
Des robots ont remplacés le monde.
Quelle libération ce fût pour moi, de enfin quitter ce lieu sans âme et tellement mesquin.
À la directrice me demandant comment je me sentais, il m'est venu, une seule réponse:
Libéré madame.
C'est comme si on m'avait enlever un lourd manteau de plomb de sur les épaules.
Il était grand temps pour moi,de quitter ce lieu devenu tellement malsain avec les années.
Longtemps, ce qui m'a permis d'y naviguer presque à l'aise, c'est mon implication syndicale.
Au moins, là, je pouvais travailler au mieux être de mes consœurs et confrères de travail, je travaillais enfin, en équipe.
Du marché du travail, il me reste une grande amie, celle avec qui j'ai travaillé pendant 32 ans,
nous nous sommes épaulée l'un l'autre, pendant au moins, les 15 dernières années d'esclavage.
Vive la retraite.
C'est un peu long, mais, avec ton billet, tu as ouvert un long fleuve tumultueux qu'il me fallait libérer.
Merci Zoreilles.

Réjean a dit…

Bonjour Zoreilles,

Tout comme toi, cette petite phrase m'a toujours laissé profondément songeur : « On perd sa vie à vouloir la gagner... ». Mais celle-ci me trouble encore plus : «  Il faut bien que je gagne ma vie ! ». C'est comme si la société nous faisait une grande faveur en nous donnant le droit de gagner cette vie en payant de soi-même, faute de quoi, si nous sommes nés sous une mauvaise étoile, par exemple, nous n'en aurions aucunement droit... ou presque. Est-ce que cela a du sens ? Si tel était le cas, je choisirais dans ma prochaine vie, de me réincarner en tant qu'oiseau, parce que pour moi, la vie telle qu'elle est vécue dans cette société, n'a plus aucun sens.

Tous les gens devraient s'arrêter de temps en temps, régulièrement, pour se poser une des question les plus fondamentales qui soient : «Qu'est-ce que la vie?», et prendre le temps de la méditer. La nature serait l'endroit idéal pour cela, tout en observant... les oiseaux.

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Permets-moi de faire un lien entre deux de tes phrases : « j'ai toujours été un rebelle » et « j'ai été travailleur autonome pendant vingt ans... ». Je pense que ça va ensemble, il y a ici une relation de cause à effet!!!

Tu m'as raconté récemment que tu avais travaillé un an de trop, que tu ne regrettais rien mais que tu avais compris ça après coup. Tu m'avais beaucoup fait réfléchir cette fois-là, tu sais.

D'ailleurs, tu me donnes toujours de bons conseils... même quand tu ne sais pas que tu m'en donnes...

;o)

Solange a dit…

Je comprends très bien ton ressenti, même si je n'ai pas été une femme de carrière. Je me dis quel soulagement ce doit être de ne plus avoir de compte à rendre à personne et de ne vivre que pour soi après avoir tant travaillé pour les autres. Bonne retraite.

Zoreilles a dit…

@ Capucine : Merci pour tes mots gentils...

Le jeune dans la trentaine, je prédis qu'il finira travailleur autonome! Parce que oui, il est difficile de ne pas se conformer à ce qu'on attend de nous, surtout dans le travail et « Ça mine le moral et l'estime de soi », comme tu le soulignes si justement.

Je trouve dommage que des équipes comme tu savais en créer autour de toi sont devenues si rares. On dirait que diviser pour mieux régner est devenu la règle en matière d'organisation du travail.

Quand on sabre dans les budgets, qu'on coupe dans les ressources, qu'on restructure et qu'on optimise soi-disant les performances des ressources humaines, on brise à tout jamais des formules gagnantes, des équipes efficaces, juste parce que sur papier, quelque part dans une tour à bureaux, ça a l'air de faire pareil... Mais c'est toujours à la base que ça pète, jamais en haut.

La pensée magique, ça se vit beaucoup dans des grosses structures administratives complexes.

Nous n'obtenons pas toujours des réponses, dis-tu? Encore une chance, parce qu'on serait tentées de les partager, nos réponses, et de ça, personne n'en veut!!!

Zoreilles a dit…

@ Barbe blanche : À ce que je lis, tu n'as rien oublié... « un lourd manteau de plomb enlevé de tes épaules... libéré ».

Tu avais trouvé quand même le tour de donner un sens à tout ça, en t'impliquant pour le mieux-être et les conditions de vie de tes confrères et consoeurs de travail, en te faisant une bonne amie (c'est aussi le meilleur que je conserve de mes années de travail, les amis(es). Pour tout ça, je te lève mon chapeau et je comprends que tu puisses apprécier chaque jour ta libération.

J'avais remarqué aussi que la question obsédante pour pas mal de monde était de savoir combien de temps il te reste avant la retraite. On ne parle que de ça comme si c'était ça, la vie... Il y a tant d'autres choses pourtant!

Est-ce ma génération qui est obsédée par ça? Je ne me souviens pas d'avoir entendu les plus vieux à ce sujet. Les plus jeunes prennent des REER dans la vingtaine, je salue leur prévoyance mais ça me semble un peu prématuré, non? Dans la vingtaine, on construit sa vie, pas son fonds de pension! Mais c'est la cigale qui parle, je n'ai aucune crédibilité en ce domaine...

;o)

Zoreilles a dit…

@ Réjean : Ah oui, « Il faut bien que je gagne ma vie », ça, c'est la réponse à tout! Comme s'il s'agissait d'une condamnation, il faudrait se résigner à être malheureux et malade jusqu'à ce que le jour béni de la retraite ait sonné...

Juste à l'écrire, j'étouffe. Je sais pas comment ils font, comment ils arrivent à vivre avec ça suspendu au-dessus de la tête.

Comme dans une prison... même pas dorée, même pas choisie, enfin, pas choisie tant que ça.

Te réincarner en oiseau? Pas reposant, il paraît... Je te le conseille pas, ils ont tellement de prédateurs. Ils vivent pas vieux non plus...

;o)

Réjean a dit…

«Te réincarner en oiseau? Pas reposant, il paraît... Je te le conseille pas, ils ont tellement de prédateurs. Ils vivent pas vieux non plus...»

Mais, Zoreilles, les hommes sont encore de bien plus grands prédateurs, et pour leurs propres congénères, en plus. Quant au temps, si la vie est vécu pleinement, pour sa vraie valeur, qu'importe sa durée. Il vaut mieux quelques heures à vivre pleinement, que 100 ans à survivre. :-)

Zoreilles a dit…

@ Solange : Moi non plus, je ne me suis jamais considérée comme une femme de carrière. J'ai été 40 ans sur le marché du travail mais je n'ai jamais eu de carrière. Je n'en voulais pas non plus!

Mais ça ne m'empêche pas d'apprécier chaque minute de ma nouvelle liberté, par exemple. Tiens, je m'en vais chercher ma petite Félixou à la garderie dans quelques minutes pour notre sortie bibliothèque. Je la ramènerai chez elle vers 17 h 30, ça rend service à ses parents qui finissent de travailler plus tard ce soir et nous deux, on se paye un beau moment de bonheur! Qui ne coûte rien...

Je ne voudrais donc pas passer à côté de ça. Pour aucune considération. Pour aucun salaire. Pour aucun fonds de pension.

Zoreilles a dit…

@ Réjean : C'est la sagesse qui vient de parler!

Anne-Marie a dit…

Allô Belle-Sops!

Ça me parle beaucoup ton billet aujourd'hui... avec Cher chéri qui se voit dans un genre d'obligation de partir loin de nous cette année...régulièrement.

L'autre jour, j'expliquais à Clarinette tous les déplacements que ton frérot allait devoir faire...Tu aurais vraiment ri!!! Elle me répond du tac au tac:" Bon! C'est qui que je dois apeller"
Je sais pas si Thierry Vandal aimerait recevoir son appel!!!! Moi je me tords de rire juste à y penser!!!!

Et moi...mon travail. Je me pose tellement de questions sur ce dernier! Faudrait s'en reparler moins publiquement, mais ouf...!

J'pense que j'va lire ton petit livre à bien y penser!!!!

Je te souhaite une belle journée Belle-Sops!!!

Cher chéri repart demain matin!
Vais aller en profiter un peu :)

xxx

linda a dit…

Bonsoir Zoreilles

J'ai connu une dame,qui travaillait à temps plein`à un endroit,et qui travaillait à temps partiel à un autre.
En plus,elle faisait beaucoup de temps supplémentaire,elle avait depuis quelques années l'âge de prendre sa retraite,mais elle retardait sans cesse.

Pour elle,prendre le temps d'observer la nature,c'était du temps perdu,du temps où elle aurait pu faire encore plus d'argent.

Résultat?
Elle a eu un anévrisme au cerveau,du peut-être au surmenage,ou manque de sommeil,elle a faillit paralysé,mais heureusement,avec le temps,tout s'est amélioré.

Maintenant,elle fait des voyages pour observer les oiseaux,elle a enfin du temps pour voir ses petits enfants,bref,sa vie a compètement changé.

Elle est quand même chanceuse de pouvoir enfin vivre ces beaux moments,en santé.

D'elle-même,elle se sentait incapable de décider de quitter son travail.
Aujourd'hui,elle savoure la vie avec sa famille,elle s'en tire bien...

Zoreilles a dit…

@ Anne-Marie : Vous faites partie de tous ces gens que j'avais à l'esprit et qui vivent des situations difficiles au travail... Si Clarinette téléphonait effectivement à Thierry Vandal, elle pourrait lui expliquer quelque chose d'enfantin que le haut de l'organigramme n'a pas encore compris, que de couper trois postes là où il y en avait cinq, ça fait que les deux qui restent vont vivre l'enfer et ça va péter un jour ou l'autre...

Ton Cher Chéri repart « en mission à l'étranger » ce matin, comme souvent il devra le faire dans la prochaine année, ce n'est pas du tout « le contrat de départ » mais vous devez tous vivre avec cette décision prise en haut lieu loin d'ici, et très loin de nos réalités régionales. Sur papier, ça se peut, c'est même la chose la plus facile à faire. Mais quelles en seront les conséquences? Ça, on s'en fout, du moment que l'opinion publique est sauve.

Malheureusement, c'est très représentatif de ce que plusieurs vivent dans leur travail, particulièrement dans nos régions.
Devoir s'exiler pour gagner sa vie quand c'est pas ça que t'avais choisi, c'est choquant.

Zoreilles a dit…

@ Linda : Comme quoi, il n'est jamais trop tard... Tant mieux pour elle et pour son entourage.

Mais comment se fait-il qu'il faut parfois passer par une grande épreuve, un anévrisme, une crise cardiaque, un cancer, pour comprendre ces choses-là?

Tu dis : « D'elle-même,elle se sentait incapable de décider de quitter son travail » et je crois qu'il est là, le problème, pour ces personnes, c'est leur perception du travail comme valeur personnelle qu'ils devraient remettre en question. L'importance que ça prend, c'est terrible, ces personnes ne savent pas qu'elles pourraient ralentir ou même arrêter, ça ne leur effleure pas l'esprit. Elles se définissent par leur travail. Sans ça, elles ne sont rien du tout, n'ont aucune valeur. En ce sens, le bouquin que je suggère, L'art de ne pas travailler, les rebuterait probablement, rien que le titre les angoisserait.

Merci d'avoir partagé cette histoire. Elle finit bien, je trouve.

crocomickey a dit…

Moi j'aime bien mon rythme : petite entrevue et texet ici et là. Même que des fois j'en prendrais davantage. OK ... les retombées monétaires ne me font pas pavaner mais la vie roule à un rythme qui me convient par les temps qui courent ...

Noémie Turbide a dit…

Ils me font beaucoup réfléchir tes billets, surtout que je ne suis qu'à l'aube de ma vie professionnelle... Je suis au moment décisif où l'on doit décider du chemin à prendre afin d'orienter le reste de sa vie.

Tes mots me trottent dans la tête tous les jours depuis quelque mois et encore plus depuis les fêtes. Tu m'as fait réaliser sans le savoir que les années à venir seront probablement les plus importantes de ma vie. J'ai toujours eu envie de faire mon propre chemin plutôt que de suivre les balises, et si j'y parvient, ce sera en partie grâce à toi.

J'espère pouvoir te lire encore plus souvent maintenant que tu est libéré du travail, car les réflexions d'une demi centenaire ( ;) ) sont bien utiles aux ptites jeunes qui te lisent assiduement.

Merci pour tout

Zoreilles a dit…

@ Crocomickey : Tu sembles avoir le meilleur des deux mondes! Un peu de travail (t'en prendrais plus, je le comprends) et beaucoup de liberté. On dirait que tu maîtrises « L'art de ne pas travailler ».

Le plus beau de ton histoire, c'est qu'elle commence par « Moi j'aime bien mon rythme »!

Zoreilles a dit…

@ Noémie : « À l'aube de ta vie professionnelle... » dis-tu. Que c'est beau à entendre et à imaginer, toute cette vie devant toi, avec la sagesse de savoir l'orienter selon ta vision, tes rêves, tes passions et tes aspirations qui se conjuguent si bien avec les projets de vie de ton prince (comme dirait Félixe!...)

Et parlant de la Félixou, je voulais te dire que depuis les Fêtes, elle veut toujours qu'on lui dessine des licornes! Ensuite, elle met la couleur. Manifestement, elle a été charmée par toi et tes dessins!

Tes projets emballants dont nous avons parlé aux Fêtes, moi aussi ça continue de me trotter dans la tête! Tu vas voir que tu vas y parvenir à faire ton propre chemin et lorsque tu y parviendras, tu te féliciteras parce que ce sera grâce à toi et aussi à ceux qui te sont proches mais surtout parce que tu y auras cru plus fort que tout et que tu auras fait beaucoup de petits pas dans cette direction.

Te souviens-tu de ce que tu avais dit une fois, quand tu étais petite? « Je la trouve tellement belle, ma vie! »

Ce jour-là, tu avais fait un cadeau à tes parents et à tous ceux qui t'aiment, un cadeau hors de prix, je dirais, un cadeau communicatif... Mais ça disait aussi beaucoup sur la personne que tu étais, que tu es, que tu seras toujours...

Tu m'inspires beaucoup, tu sais, ma belle Noémie... On se fait pas de tort ni l'une ni l'autre, disons!



Ta marraine xx

crocomickey a dit…

En passant, la demoiselle Noémie a toute une plume ! C'est de famille cou donc ?

Zoreilles a dit…

@ Crocomickey : Ouais, pis t'as rien vu, elle n'a pas que du talent pour la plume, elle est bourrée de talent, ma nièce et filleule!

Son plus grand talent, je dirais que c'est son aptitude au bonheur... Elle est venue au monde de même et elle a des parents formidables. Amoureuse de la vie et de son prince, belle comme le jour, on est tous amoureux d'elle!

Grand-Langue a dit…

Vaste sujet.

Il n'y a pas que le travail rémunéré. Faire du pain c'est travailler, retourner la terre du potager c'est travailler. Le travail ne rapporte pas toujours d'argent mais il produit quelque chose.

Vous faites allusion au travail rémunéré. Si on a de l'argent pour faire ce que l'on veut, inutile de travailler pour de l'argent, inutile de retourner la terre du potager, de faire son pain ou de bosser pour un autre.

La source des malheurs reliés au travail moderne est peut-être ailleurs. Je pense au mode de vie d'une façon générale, à cette manie de vouloir tout de suite ce que l'on désire. On ne prend même plus le temps de rêver à ce que l'on veut, on l'achète. On emprunte, on hérite de paiements mensuels à vie, des paiements importants.

L'endettement est l'ennemi de la liberté, du choix de disposer de son temps (souvenez-vous, remplacez le mot "temps" par le mot "vie")à sa guise. Par effet d'entraînement et sans qu'on ne le réalise, on acceptera un travail qui ne nous plaît pas ou on ne quittera pas un boulot qui ne nous plaît plus.

Évidemment, il y a des tas de problèmes propres au marché, propres aux grandes entreprises comme aux petites.

À 18 ans, j'entendais les vieux dire que ce n'était plus comme avant, qu'il était temps de prendre sa retraite. Je lis les mêmes choses ici. Rien n'a changé. Nos enfants diront la même chose.

On prend de l'âge, on ne supporte plus ce qui ne nous dérangeait pas il y a 20 ans. Je crois que le marché du travail était bien plus rude il y a 100 ans. Il n'y avait pas de garderies, pas d'assurance dentaires, pas de vacances d'un mois ni voyages dans le sud en hiver, pas d'assurance chômage ou de CSST, pas de fonds de retraite et on travaillait plus d'heures par semaine.

C'est vrai que nous faisons tout en vitesse (inutilement?). La technologie, à peine vendue est désuette, la mode dure quelques minutes, une vedette en remplace une autre, on achète du prêt à porter, prêt à manger en regardant une émission de cuisine et on achète sa maison clé en main.

Ce que je veux dire:

Oubliez ce rendez-vous avec cet ex-client. Il n'a pas le temps et n'aura pas l'écoute pour ce que vous aimeriez lui dire.

Il y a moyen de vivre autrement, cela a toujours été le cas. Il faut juste ne pas se sentir mal de ne pas faire comme tout le monde. Vous avez toujours vécu à un rythme disons.... moins accéléré qu'ailleurs.

Grand-Langue

Lise a dit…

Zoreilles,

un petit coucou en passant. J'ai beaucoup aimé ta réponse à Solange, pour ce qui est d'accompagner petite Fé(fée)lixe à la bibliothèque en attendant le retour de ses parents. Moment qui n'a pas de prix, du bonheur total, je suis d'accord avec toi.

Pour ce qui est de l'ex-collègue de travail, sa mauvaise réponse lui aura coûté une belle rencontre et des regrets...si son emploi du temps le permet.

Ceci dit en ce qui me concerne j'ai décidé de trouver trois petits bonheurs quotidiens, pour ma santé mentale. Ce n'est pas trop difficile (jusqu'à maintenant), et te lire est un bonheur certain.

:)

Zoreilles a dit…

@ Grand-Langue : Vaste sujet en effet! Et il y a dans votre commentaire tellement de contenu que j'aimerais discuter...

D'abord, je n'ai jamais autant travaillé que depuis que je ne travaille plus, au sens rémunéré du terme, comme vous le faites remarquer. Maintenant, je décide par où je commence et ça fait toute la différence du monde, on s'en doute.

Que l'endettement soit l'ennemi de la liberté, j'en ai toujours été consciente. Je n'ai jamais donné de leçon à personne mais je n'ai jamais vécu à crédit, j'avais peur de ça comme de la peste, et ça ne me dérange pas d'être à contre-courant. C'est peut-être pour ça que lorsque je reçois des offres de cartes de crédit pré-autorisées à peu près 3 fois par semaine, ça me met en rogne. On s'attaque à ma liberté et moi, je la défends becs et ongles!

Cigale plus que fourmi mais cigale pas si insouciante que ça dans le fond. La vraie richesse, c'est le temps, celui qui fuit, vous savez? C'est sur cette base que je mène ma vie. Cette sacrée urgence-de-vivre-que-je-suis-venue-au-monde-avec, ne m'aura pas apporté que des désagréments après tout. La liberté est l'autre richesse à laquelle j'accorde une grande importance et c'est toujours aussi présent. Est-ce qu'on atteint un jour ses objectifs de liberté? Non. Comme le bonheur, tout aussi volatile, ça relève bien plus de la perception qu'on en a que de la réalité, mais on essaie de s'en approcher le plus possible, on marche dans cette direction.

La réalité du travail aujourd'hui n'est pas la même que dans le temps de nos vieux parents et grands-parents. C'était plus rude, vous avez raison mais l'asservissement, le sens qu'on n'y trouve plus et le stress qui nous submerge nous bouffent le meilleur de nous-mêmes bien au-delà des heures de travail rémunérées. C'est ce que j'ai quitté sans aucun regret et ce que mon homme va délaisser peu à peu lui aussi dans les prochaines années. C'est là où nous en sommes, lui et moi. On ne cherche pas à être compris (ça insécurise tellement de gens si vous saviez!...) on cherche à être plus heureux. Ils s'arrangeront avec leur insécurité ceux que ça déstabilise, on ne peut rien y faire...

Zoreilles a dit…

@ Grand-Langue (suite)

Quant à cet ex-cliente, une institution pour laquelle je travaillais depuis 8 ans, je ne vais pas la relancer pour un deuxième rendez-vous. J'ai tenu ma partie de cette promesse qu'elle m'avait fait faire, ma conscience est en paix! Et je ne me sens pas mal du tout de les oublier, j'en ai été soulagée, je le répète. Ça a toujours été contre mes principes de retourner à mes anciens lieux de travail après que j'en sois partie, même quand on m'y invitait avec insistance. Par contre, j'aime beaucoup les rencontrer par hasard et plusieurs sont encore dans ma vie, à titre d'amis(es) ou de connaissances agréables. Non, j'ai vraiment tiré un trait définitif sur cet aspect de ma vie passée qu'était le travail.

Vous croyez que j'ai vécu à un rythme moins accéléré qu'ailleurs? Ce sont des illusions! Et je sais d'où elles viennent, vous me lisez depuis 6 ans (mon blogue a eu 6 ans la semaine dernière) et quand j'écris, c'est le seul moment où je me fous complètement de l'espace temps. Dans la réalité, ma vie est un tourbillon mais c'est comme pour la liberté, je vise de m'en approcher comme j'aspire à prendre mon temps. Ce que vous me dites, c'est que j'arrive à vous en donner l'illusion, c'est déjà une très bonne nouvelle!

L'expression « prendre son temps », j'aime l'imaginer au sens propre plus qu'au figuré, comme quelque chose qui nous appartient, un gros paquet de temps qu'on nous dépose dans les bras au début de chaque mois. On en donne à tout le monde et à la fin, on s'aperçoit qu'il ne nous en reste plus. C'est ce qui vient de changer, mon temps, je le « prends » dans mes bras, je le tiens au chaud, je le cajole et je le dorlotte, et lorsque j'en donne, c'est de tout mon coeur, avec bonheur, avec le goût de partager cette richesse mais de m'en garder pour moi, parce que je sais ce que ça vaut pour l'avoir gagné à la sueur de mon front.

Zoreilles a dit…

@ Lise : Ce temps que je prends avec Félixe à la bibliothèque toutes les semaines, ça nous rend heureuses toutes les deux. Et ça me permet d'avoir cette relation privilégiée avec elle, de connaître qui elle est vraiment, en dehors de la famille, ses traits de caractère, ses goûts, ses perceptions, ses talents naturels. Et ça commence quand je vais la chercher à la garderie à 3 heures. C'est drôle de voir comment elle est perçue, comme elle sait se faire aimer, de ses éducatrices, de ses petits(es) amis(es). Avant de partir, elle fait des câlins à tout le monde mais il y en a qu'elle serre plus fort que d'autres (!) et elle n'oublie vraiment personne!

Je sais déjà qu'elle écrira... Je vois ça en elle comme j'ai vu la même chose un jour chez sa mère... On ne commande pas ces choses-là, on les laisse émerger si elles sont là, c'est tout, mais ça m'émerveille et m'enchante de reconnaître chez elle une conteuse, une raconteuse, une imaginative qui a déjà tout son univers qu'elle aimer partager...

Oh non, mon ex-patronne ne regrettera rien du tout, elle n'est pas dans ce courant-là! Avec le recul, je sais qu'elle m'avait fait promettre très sincèrement de lui donner ce rendez-vous mais qu'en réalité, ce temps-là, elle ne l'a pas du tout à sa disposition. Ma directrice générale adjointe reste une femme formidable avec laquelle j'ai bien aimé être en lien depuis 8 ans. Elle a 37 ans, mariée, deux enfants, un plan de carrière très au point avec des objectifs précis. Qu'elle atteindra, je n'en doute pas une seconde. Et même que je lui souhaite. Il n'y aura aucun regret, ni de sa part ni de la mienne, j'en suis convaincue.

Trois petits bonheurs quotidiens, quelle belle idée! Et de savoir que j'en suis, ça me fait aussi un petit bonheur aujourd'hui. Et qui sait? Tu pourrais trouver cela de plus en plus facile ♥

linda a dit…

Bonsoir Zoreilles

Doit-on attendre d'être bien malade pour comprendre enfin que la vie est précieuse?

Je viens de regarder une émission,où il y a le témoignage de Guy Corneau,cet homme qui avant travaillait sans cesse et s'accordait peu de période de repos,suite à ses cancers,il a grandement réfléchit...

http://www.radio-canada.ca/emissions/second_regard/2012-2013/#

Zoreilles a dit…

@ Linda : J'ai suivi un peu de loin le parcours de Guy Corneau. Il n'a pas eu peur de tout remettre en question, de toute manière, il n'avait plus le choix. Ça lui a été salutaire.

Le travail prenait trop une grande place dans sa vie, ça venait sûrement combler un vide, il l'a reconnu.

La suite de sa vie et sa santé retrouvée sont très inspirants. Une source d'espoir... Et pour tout ce qui touche au cancer, on a besoin de tout l'espoir qu'on peut.