jeudi 8 novembre 2012

40 ans... et 6 mois









Photo 1 : J'allais bientôt avoir 15 ans et je commençais tout juste « ma carrière » sur le marché du travail. Je n'ai pas de photo de mes premiers emplois, parce que je n'avais pas d'appareil photo! En secondaire 3, je débarquais de l'autobus scolaire à 15 h 45, je courais chez Noranda Bakery pour y travailler de 16 heures à  18 heures et ensuite, je courais chez Lou's Tobacco Shop à deux rues de là, pour y prendre mon quart de travail, de 18 heures jusqu'à 21 heures. La fin de semaine, je travaillais de midi à 18 heures. J'ai beaucoup aimé mon travail chez Lou's Tobacco Shop. Mais disons que je ne consacrais pas beaucoup d'heures à mes études... 

Photo 2 : J'ai 19 ans et déjà quelques années d'expérience sur le marché du travail. Au bureau de courtiers en assurances générales où je travaillais, j'étais responsable des réclamations, et j'avais développé une expertise en assurance habitation. Si un client m'a prise en photo ce jour-là, c'est que je lui avais fait un bon prix pour couvrir les risques et les dommages à son équipement professionnel... de photographe! C'est pas croyable, on fumait dans les bureaux dans ce temps-là... 

Photo 3 : J'avais la mi-vingtaine et à la Sûreté du Québec, au bureau des enquêtes criminelles, j'étais une employée civile très polyvalente. Si vous saviez... Dans mon dossier personnel aux ressources humaines, ils avaient besoin d'une photo de moi pour compléter leur rapport d'enquête avant de m'embaucher. Ce sont les gars du SIJ (Service d'identité judiciaire) qui se sont chargés de me prendre en photo. Ils étaient beaucoup plus habitués aux scènes de crime et aux photos de face et de profil avec un numéro dans les mains! 

Photo 4 : Un retour aux études à l'UQAT en 1985-86-87 m'a permis de sortir de 10 ans de secrétariat intensif... Ensuite j'ai fait de l'animation. Ici, je co-animais avec Marc le Gala Excellence. On faisait une super équipe! J'ai toujours aimé co-animer, c'est plus délicat, ça demande une grande complicité, une confiance réciproque, une bonne préparation et plus d'écoute mais c'est tellement plus facile aussi parce qu'on a une interaction constante et qu'on partage la responsabilité. 

Photo 5 : J'ai souvent animé des groupes de travail, prélude à plusieurs boulots en coordination que j'ai eus par la suite. Bien humblement, après plus de 40 ans sur le marché du travail, je peux affirmer sans aucun doute que j'ai toujours été une fille d'équipe. 

Photo 6 : De 1993 à 1996, j'étais écrivain public... Le plus beau métier du monde... mais pas payant! 

Photo 7 : Coordonnatrice au Salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue. J'étais au début de la quarantaine. 

Photo 8 : Consultante en communication depuis janvier 2005, je ferme mon bureau le 31 décembre prochain. 

40 ans... et 6 mois 

Ça fait spécial de se voir vieillir à l'écran! 

Si à l'approche de la mort, on voit dérouler le fil de sa vie, moi, à l'approche de la fin de mes années sur le marché du travail, je vis un peu la même chose. J'ai tellement occupé différents emplois dans toutes sortes de conditions que « ma carrière » se résumerait avec l'expression de mon père, « 56 métiers, 56 misères ». 

Tour à tour, j'ai eu le statut d'étudiante, stagiaire, contractuelle, surnuméraire, pigiste, employée temporaire, permanente, syndiquée, non syndiquable, fonctionnaire, travailleuse autonome, responsable de tout et maître de rien du tout!

Ah oui, c'est vrai, j'ai déjà été chômeuse mais pas longtemps, pas souvent, entre deux contrats, quand je n'étais pas travailleuse autonome. 

Et puis j'ai travaillé dans l'entreprise familiale aussi. D'ailleurs, toute la famille chez nous y a travaillé, à différentes époques, c'était la fierté de nos parents de compter dans leur personnel leurs enfants... et de les pousser vers autre chose! Cela nous motivait à se trouver du boulot plus à notre goût, mais ça nous dépannait pendant nos études ou entre deux jobs! Ce sont de beaux souvenirs pour toute la famille, on en rit encore des années plus tard et l'entreprise familiale a été très formatrice pour nous autres. Disons qu'on est devenus systématiquement très « service à la clientèle ». 

Je ne suis pas fâchée ni triste de quitter ce monde du travail dans moins de deux mois. Je ne regrette rien. Ma décision s'est imposée d'elle-même, elle est irrévocable et mûrement réfléchie. J'ajouterais même que c'est très pénible pour moi de me rendre jusqu'au 31 décembre prochain. Est-ce vraiment un choix? Non pas tant que ça mais je l'assumerai quand même et je suis prête à en payer le prix, quel qu'il soit. Je fais tous les pas dans cette direction actuellement. 

Quel a été mon boulot préféré entre tous? Écrivain public. Mais j'ai aimé aussi plusieurs ambiances de travail, de beaux groupes de collègues et je chéris encore aujourd'hui des liens d'amitié avec plusieurs personnes connues dans le cadre du travail. 

Quel a été le job que j'ai occupé le plus longtemps? Mon job actuel : consultante en communication = 8 ans. 

Mon boulot le plus payant? J'ai beau chercher, je pense qu'il n'y en a pas eus! Ah oui, c'est vrai, j'ai travaillé à Hydro-Québec, en 1984. Secrétaire de direction pour un bonhomme imbu de lui-même qui me harcelait sexuellement. J'étais permanente, syndiquée, j'aurais pu me retrousser les manches, me battre, me défendre, mais je n'ai pas voulu faire de vague (j'y aurais laissé ma peau) j'ai quitté cet emploi pour effectuer un retour aux études... et j'ai connu des problèmes de santé quelques mois. Qui se sont résorbés, est-il besoin de le mentionner! J'ai décidé d'oublier l'incident qui m'a servi, en fin de compte, à réorienter la suite de ma vie professionnelle. 

Là où je me suis sentie le plus « à ma place »? Quand j'ai donné des formations de porte-parole à des gestionnaires d'un réseau. J'aurais fait ça toute ma vie si j'avais pu. 

Je n'ai pas fini de faire des bilans, je continuerai d'en faire probablement au cours de l'année prochaine mais je retrouverai une certaine insouciance et une plus grande liberté. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai beaucoup donné et le meilleur de moi-même à mon travail, même si je n'ai jamais été carriériste. Me croirez-vous si je vous dis que je n'ai plus rien à donner? Pas dans le travail en tout cas. La source est tarie. Je ne pourrai pas m'asseoir sur mes lauriers et me bercer, n'ayez aucune crainte, je n'ai aucune difficulté à me sentir utile, il y a des gens comptent sur moi. Et puis j'ai d'autres projets qui nécessiteront que je m'y consacre avec toutes mes énergies. 


35 commentaires:

Barbe blanche a dit…

vous grandissez bien en âge et en sagesse, dame Zoreilles.
Tout un curriculum à ton actif,
si tu cherche une occupation,
il te sera facile de t'en trouver une,
il te suffira,
de regarder dans ton coeur,
tout y est...
Bonne continuité,
et surtout,
longue vie toute en santé...

Zoreilles a dit…

@ Barbe blanche : Merci, sieur de la Barbe blanche!

Tout un curriculum, tu dis? Et ce n'est que la pointe de l'iceberg! Il me semble que ça irait plus vite de dire où je n'ai PAS travaillé, tu sais, il y a eu beaucoup de contrats de 3 mois, 6 mois, 10 mois, etc. Quand ils n'ont plus de budget pour te payer, même si t'es bonne, t'es dehors quand même... Et tu acceptes n'importe quoi à peu près.

« Si tu te cherches une occupation... »

Non, surtout pas, je veux pas, dis-le à tout le monde!

;o)

canneberge14 a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
gaétan a dit…

Beau bilan :-) Je suis certain que tu ne t'ennuiras pas...du moins la première année :-))) Ensuite je pense qu'il faut se trouver des projets à réaliser pour soi ou pour les autres.

Anonyme a dit…

Zoreilles,


un coucou en passant. Tes photos, même celle en fumeuse, je les aime. Tu les a publiées, donc c'est que chacune est importante pour toi; elles racontent un parcours qui te ressemblait à ce moment. Je te souhaite le meilleur pour ce qui est de tes projets.

Et pour le temps libre, je crois que tu as, et auras les bras plein à t'occuper de deux mères. Le bénévolat tu connais, et tu le fais de bon coeur avec amour; c'est du temps qui enrichit, bien davantage que le temps donné. Nos aînés méritent les égards qu'ils ne reçoivent pas toujours.

Moi chaque fois que je veux me ressourcer, ma mère est là...et je sais que tu comprends ce que je veux dire.

Ceci dit, bonne fête en retard à Isabelle!

Lise xx

Zoreilles a dit…

@ Gaétan : Moi aussi, je suis certaine de ne pas m'ennuyer une seconde! Je n'aurai jamais assez de temps pour tout faire ce que je veux, il faudrait que je vive jusqu'à 150 ans. Mais si jamais je me retrouvais avec du temps libre, (ça me surprendrait) les besoins sont incommensurables auprès de tant de personnes de mon entourage...

Le pire à s'habituer, ça va être de me retrouver plus cassée que je suis là! Mais on est en train de faire tout ce qu'il faut, Crocodile Dundee et moi. J'en reparlerai prochainement, je suis pas encore prête. Des gros changements...

Zoreilles a dit…

@ Lise : Ah c'est gentil de me faire un coucou! Si je les ai publiées, ces photos, c'est que ce sont les seules que j'avais pour illustrer « Francine au travail »!!! Et puis, j'en suis pas fière mais je fume encore... pas devant le monde, par exemple.

Effectivement, mon bénévolat ne s'exerce pas beaucoup plus largement que mes deux mamans... Nous sommes présentement dans la Semaine de sensibilisation à la cause des proches aidants. Oui, je comprends qu'on reçoit autant, sinon plus, que ce temps qu'on leur donne de bon coeur, mais vient un moment où l'on a besoin de temps pour soi aussi, sinon on craque. Les chiffres sont effarants (40 %) à propos des proches aidants qui tombent malades ou qui meurent avant la personne qu'ils aident. Ça fait réfléchir...

Merci d'être passée.

Lise a dit…

@Zoreilles

tu as raison pour ce qui est des proches aidants, oui c'est épuisant; j'aide ma mère autant que je peux, je l'aime, mais plus ça va plus c'est épuisant en effet. J'en suis à trois fois par semaine juste pour aller la voir, sans parler de son lavage (que je fais) et de l'accompagnement à certains rendez-vous médicaux, ceci sans oublier les journées de travail perdues et non payées.


Nos gouverneux savent que nous n'abandonnerons pas nos proches, et comptent là-dessus, c'est évident. Pour ce qui est de mourir avant ma mère j'espère que ça n'arrivera pas, mais parfois je me dis que j'aurais besoin d'un vrai congé, un mois mettons. Sauf que je n'ai personne pour me remplacer...

Le factotum a dit…

Insouciance et liberté...
Deux mots qui veulent dire beaucoup et le merveilleux temps pour nous-mêmes.
Ce que l'avenir va t'apporter de bien-être et de bonheur!

Zoreilles a dit…

@ Lise : Ce que tu racontes est bel et bien la réalité que vivent les proches aidants, à divers degrés. Nous, ce sont nos parents âgés mais il y en a pour qui c'est le conjoint, l'enfant, etc. Voilà pourquoi il y a des regroupements et associations maintenant, ces personnes ont aussi besoin d'aide et de ressources, ils sont habituellement les derniers à s'en rendre compte, parce que trop pris émotionnellement par la situation.

Les journées de travail perdues et non payées ne sont qu'un exemple, certains en arrivent à ne plus avoir de vie tout simplement. Et que dire de tous ceux qui n'ont plus de vie amoureuse, familiale, sociale, professionnelle, qui manquent de sommeil, qui vivent dans l'inquiétude constamment?

Les réseaux de la santé et des services sociaux comptent sur nous, c'est sûr. Je me demande souvent ce qui nous arrivera quand ce sera nous qui auront besoin d'être accompagné dans notre vieillesse...

Tu n'as personne pour te remplacer, tu aurais besoin d'un congé... C'est le lot de tous les proches aidants, ça, et c'est ce que je trouve le plus triste. Ça aussi, c'est la réalité.

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Voilà! Il y a des obligations et responsabilités qu'on peut laisser tomber (le travail) et d'autres pas (dans la vie en général).

Je compte bien profiter de tout ce qui viendra avec l'insouciance et la liberté! Je pense que je ne sais plus ce que c'est que de faire une chose à la fois mais je sens que je vais apprendre vite, hihihi!

Solange a dit…

C'est un beau bilan, tu peux te retirer la tête haute. Quand tu dis que tu n'auras pas le temps de t'ennuyer tu ne sais pas si bien dire. À la retraite on est tellement occuper qu'il faut planifier pour arriver à tout faire. Mais c'est la liberté.Bonne retraite.

Zoreilles a dit…

@ Solange : Me retirer la tête haute... J'essaie, Solange, si tu savais... J'ai besoin de me convaincre, par exemple, et le fait que tu me l'écrives, ça me fait du bien!

C'est vrai, ce que tu dis, tous(tes) mes amis(es) qui sont à la retraite sont super occupés(es), ils ont l'agenda plus rempli que le mien!!!

Je rêverais quasiment de m'ennuyer juste une petite fois de rien du tout, juste pour savoir... Mais je rêve surtout de liberté, de calme, d'insouciance, de temps pour moi... sans rien enlever à d'autres, sans négliger personne. J'ai le goût d'écrire, de peindre, de jouer de la guitare, de bricoler, de finaliser plein de projets laissés en plan, de jardiner tranquillement, de semer des capucines avec Félixe, de refaire du vélo, de l'aqua-forme, des grandes marches sans but, j'ai hâte de... m'appartenir!

(Un vrai cri du coeur!... mais je ne suis pas désespérée du tout, au contraire!...)

Lise a dit…

Zoreilles,

je me souviens que tu avais écrit à propos d'un ami qu'il était totalement épuisé (dans un commentaire je crois, ma mémoire n'est pas infaillible) et qu'il avait pleuré "sur ton épaule" car sa conjointe était atteinte d'alhzeimer. Il vivait avec sa maladie, 24 heures sur 24; alors je comprends ce que tu veux tu veux dire à propos de ne plus avoir de vie.

Ce n'est pas mon cas, mais j'ai délaissé beaucoup de relations sociales; ma cousine Lina, mes très rares amies parce que je n'ai plus le temps pour les accompagner dans leurs sorties futiles, selon mon jugement. Elles trouvent que je prends trop de temps pour ma mère, selon leur jugement. Alors quoi?

Ceci dit Zoreilles, je suis sûre que le mot ennui sera toujours absent de ton quotitien après ta retraite. L'ennui pour ma part je ne connais pas non plus.

:)

Zoreilles a dit…

@ Lise : Cet ami est toujours mon ami et il est toujours de plus en plus fatigué parce que sa conjointe, de mon âge elle aussi, qui est atteinte d'Alzheimer, ben... ça s'arrange pas, au contraire... J'ai peur qu'il meure avant elle...

Quant à ceux qui nous reprochent d'en faire trop, il ne faut pas trop tenir compte de leurs commentaires ou leurs « conseils d'ami », on les remet en question sans le vouloir, il faut leur pardonner leurs justifications qui n'ont souvent pour but que de les déculpabiliser eux-mêmes. On se fait confiance, on reste vigilants mais on suit nos élans du coeur, ça ne trompe pas d'habitude.

Pour connaître l'ennui, il faudrait ne pas aimer la lecture... ce qui n'est pas notre cas! J'ai réussi à lire deux livres cet automne, je pense que ça va me revenir, j'ai bon espoir.

Bon dimanche...

Le factotum a dit…

Conseil d'un ami ...
Vive les élans du ♥ !

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Eh qu'on se comprend!

Zoreilles a dit…

@ Facto : C'était bien, ton show de vendredi? T'as vu notre ami commun? Tu dois lui avoir fait chaud au coeur de ta présence...

Le factotum a dit…

Malheureusement, j'ai dû annuler ma sortie avec notre ami commun, vendredi.
Une visite imprévue du papa poète à l'hôpital vendredi après-midi qui se prolongea tard en soirée.
Tout va bien, aujourd'hui.
Ce n'est que partie remise.

Grand-Langue a dit…

Je ne sais pas quoi écrire, il manque quelque chose ou il ME manque quelque chose.

J'ai hâte de lire vos billets de l'année prochaine, j'espère vivre cette "retraite" avec vous.

Ça me déprime d'entendre les nouveaux retraités affirmer qu'ils manquent de temps, comme si on ne pouvait pas "rien faire", regarder passer le temps, méditer, observer et surtout réfléchir.

J'espère que vous réfléchirez par écrit, sur ce blogue. Vous faites le tour des accomplissements passés mais il y a une synthèse qui Manque, des conclusions, de nombreux bilans. Cela me semble si soudain.

À suivre...

Grand-Langue

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Ah bon... Je vois. On prévoit des choses, on s'organise et à la dernière minute, tous nos plans sont chambardés. La vie de proche aidant, c'est une suite d'imprévus et d'ajustements!

Heureusement que tout va bien maintenant et que ton papa poète se porte mieux.

Ce n'est que partie remise, comme tu dis... Euh... Partie remise pour quoi exactement? Changer tes plans à la dernière minute et annuler ce que t'avais organisé? Non je blague, partie remise pour ce que t'avais prévu! ;o)

Zoreilles a dit…

@ Grand-Langue : Je comprends donc qu'il vous manque quelque chose : l'essentiel de l'histoire, au moins les 3/4 des morceaux du puzzle!

Ce que je raconte sur mon blogue, c'est toujours la stricte vérité mais jamais TOUTE la vérité, voyons donc, je me garde une petite gêne quand même.

Je vais tenter d'être plus claire un peu tout en n'ennuyant personne... Pas facile... Allons aux faits!

Consultante en communication depuis 8 ans, j'avais depuis quelques années le même client, une institution employant 800 personnes. J'ai vécu avec eux d'heureux moments, relevé de nombreux défis et je les ai souvent « sortis de la bouette », c'était mon rôle.

Entre les campagnes de communication, les aléas du quotidien et la routine de cette institution, je fais pour eux les relations de presse, la vigie médiatique, etc., ce qui me rend esclave des médias écrits, radio, télé et web.

L'année dernière, en 2011, j'avais vu ralentir la somme de travail qu'on me confiait, on m'interpellait moins souvent, mais il me restait toujours la partie « esclavage » de mon travail. Mes factures diminuaient sensiblement, j'ai terminé l'année financière avec un revenu médiocre. Je croyais à un ralentissement, une période tranquille, surtout que mon d.g. n'est vraiment pas à l'aise avec les médias, ça l'arrangeait que je me disais.

L'année 2012, depuis janvier, a été encore plus désastreuse pour moi financièrement. Mais toujours aussi esclave, accrochée aux médias pour la vigie médiatique.

Zoreilles a dit…

@ Grand-Langue : suite...

Avant de partir en vacances, j'ai mis à jour ma comptabilité 2012. Je faisais à peine mes frais d'opération... J'en étais rendue à faire du bénévolat pour cette institution et je travaille avec des gestionnaires qui font plus de 100 000 $ par année. Je suis externe, ils n'ont aucune idée de ce qu'est ma situation de travailleuse autonome et ça ne les intéresse pas non plus.

Je suis allée les rencontrer, leur exposant ma situation... Ils m'ont suppliée de rester à leur service, je leur ai dit que je ne demandais pas mieux mais qu'ils devaient comprendre que s'ils ne me confiaient pas plus de travail, je n'allais pas continuer à bénévoler plus longtemps que le 31 décembre 2012.

Et ils n'ont rien fait...

Mais ils me disent à tout bout de champ qu'ils ne savent pas ce qu'ils vont faire quand je ne serai plus là quand ils m'appellent en panique et que je les sors de la bouette!

Donc, je leur ai donné plus de trois mois d'avis, je me trouve pas mal fine, parce que mon contrat stipule qu'à une semaine d'avis, l'une ou l'autre des parties peut y mettre fin.

Mon client est en Abitibi-Ouest, moi à Rouyn-Noranda. Je suis toujours toute seule dans mon bureau, moi qui suis une fille d'équipe.

Je n'ai plus le feu sacré pour tout recommencer ailleurs, avec un autre client ou même plusieurs. Alors, je ferme boutique. Comme salariée, j'aurais pu encore dernièrement devenir la conseillère en communication d'une plus grande institution. J'aurais eu de grandes chances d'obtenir ce poste mais ces responsabilités-là m'auraient empêchée de prendre mes responsabilités personnelles. Et puis, après 40 ans et 6 mois, je trouvais que j'avais assez donné.

Comment je vais faire, maintenant? Parce que le problème qui se pose est bien plus d'ordre économique, on s'en doute!

Crocodile Dundee, un menuisier d'expérience capable de coordonner des gros chantiers comme des plus petits, des équipes de travail de différents corps de métier, des délais imposibles, des imprévus et tout ce qu'on imagine... ben, Crocodile Dundee est autant à bout de fatigue que moi.

Donc, on va faire équipe comme on l'a toujours fait et on a pris de grandes décisions... que je ne suis pas prête à partager pour le moment mais ça viendra, je vous le promets. Non pas que je veuille faire du mystère mais chaque chose en son temps, rien n'est officiel encore mais tout est enclenché.

Merci d'avoir posé « LA » question, vous ne la posiez sans doute pas comme je l'ai comprise mais j'y ai répondu avec la franchise et la transparence que je prône en toutes circonstances.

Grand-Langue a dit…

Vous répondez à ma question, tout à fait. Il y a quelque chose qui m'échappait.

J'ai parfois l'impression qu'on accouche de la retraite, après une gestation. Je ne sentais pas le travail terminé... sans jeu de mots!

Grand-Langue

Caboche a dit…

Ton récit m’amène à plusieurs réflexions.
D’abord je pense au pouvoir qu’on a de faire des choix. Tu as eu à prendre des décisions, à faire des choix, à soupeser le pour et le contre et à réfléchir sur les conséquences de ces choix. Ce sont souvent des moments difficiles, Mais ça fait partie de la liberté qu’on a d’agir. Je crois que l’important, c’est de ne pas avoir de regrets et de vivre dans le présent.

Pour ce qui est du temps qu’on a ou pas pour gérer notre vie, alors là je rejoins complètement ce que Grande Langue exprime dans son commentaire. Ça me déprime et m’exaspère même un peu cette histoire de manquer de temps. J’ai même parfois l’impression que « ça fait bien » de dire qu’on manque de temps, comme si on devenait important aux yeux des gens quand on leur dit qu'on est très, très occupé. Tiens, des anciennes compagnes de travail me demandent si, comme retraitée, je manque de temps, et lorsque je leur réponds que j’ai tout mon temps, elles ont l’air déçues et complètement déstabilisées par ma réponse. Bien que j’aie travaillé, que j’aie eu des enfants, que je me sois occupée de ma mère vieillissante, que je m’occupe encore de mes enfants et de mes petits enfants, j’ai encore le temps de flâner, de lire, de jouer, de ne rien faire, de réfléchir, d’écouter de la musique, d’aller marcher avec mon appareil photo, d’observer la migration des oiseaux. C’est aussi une question de choix. Je l’avais à 30 ans et je l’ai aussi maintenant. Mais c'est compliqué à expliquer.

Je pense à toi pendant tes dernières semaines de travailleuse autonome.
J’ai hâte de te lire.

Zoreilles a dit…

@ Grand-Langue : Je suis très contente d'avoir bien compris la question!

J'ajouterais (pour être tout à fait franche) que le petit sentiment bizarre qu'on ressent quand on me lit entre les lignes, ce n'est pas de la nostalgie ni des regrets mais plutôt une déception qui sera très vite effacée : j'aurais aimé que ça se termine autrement qu'en queue de poisson comme ça. Mais au fond, ça me ressemble beaucoup de partir sans faire de vague!

J'avais prévu de fermer mon entreprise à 58 ans, dans 3 ans, j'aurais eu hâte, j'aurais été ultra prête, dans tous les sens du mot. Alors là, je m'ajuste à la vitesse grand V... et je m'organise pour que ça marche!

Ce qui me guide? Comme toujours, l'empowerment, (ou en français prendre tout le pouvoir qu'on peut sur sa propre vie) c'est ma « religion »...

Zoreilles a dit…

@ Caboche : Ton premier paragraphe, je l'endosse et le contresigne à deux mains tellement tu donnes une fameuse belle définition de ce qu'est « l'empowerment »!

Et cette manie qu'ont les gens de continuer de propager l'idée que pour être « adéquat » dans la vie, il faut courir,
s'étourdir, ne pas s'appartenir et constamment produire, je leur pardonne facilement parce que c'est leur propre insécurité et leurs idées bien ancrées qu'ils projettent sur nous. Au fond, je les plains. On trouve toujours du temps pour ce qui est important, une question de choix comme tu l'expliques, et non, ce n'est pas si compliqué à expliquer, moi je t'ai comprise du premier coup!

Tiens, un exemple : Hier en fin de journée, à l'épicerie, je rencontre un gars de mon âge, oh peut-être quelques années de plus, retraité depuis peu, qui me dit : « Je suis content de te voir, comment ça qu'on te voit plus jamais? » et je lui dis qu'il risque de me rencontrer plus souvent après la fin de l'année, que je ferme mon bureau, etc. Il me dit « ben voyons donc, t'es trop jeune, je suis pas inquiet pour toi, tu vas te trouver autre chose pour t'occuper », et je suis partie à rire en le rassurant que ça, ce n'était tellement pas un problème, de m'occuper, mais il n'entendait pas du tout ce que je disais, il me trouvait des idées pour occuper mon temps, des emplois, il cherchait à me consoler, en m'apprenant une grande vérité, que la vie n'était pas finie après la job, etc. J'en ai conclu que lui, il s'ennuyait royalement depuis qu'il ne travaillait plus... Il est reparti avec la conviction qu'il m'avait « encouragée » beaucoup!!!

Merci de « m'accompagner » pendant ces dernières semaines de travail et nous trouverons plus agréable encore d'échanger dans les semaines et les mois qui suivront... « Stay tuned » comme disent les Chinois!

Le factotum a dit…

Pour répondre aux questionnements de certaines gens concernant ma jeune retraite, hummm!
Pour moi, la retraite amène le choix de faire, selon ses propres affinités et surtout selon l'horaire choisi.
Je ne crois pas qu'on doit se bousculer aux portes à offrir nos services et ainsi se sentir utile à cette société qui nous a amenés dans des situations souvent incongrues.
Il faut apprendre à bien se connaitre et à s'écouter.
Je sens qu'on aura beaucoup de plaisir à cheminer dans cette nouvelle vie qui sera tienne.

Noémie Turbide a dit…

je t'aime beaucoup et je te souhaite tout ce qu'il y a de meilleur pour ta retraite bien méritée. Prend soin de toi!

xxxxx Noémie

et Hubert est du même avis ;)

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Oh que oui, on aura beaucoup de plaisir à cheminer là-dedans, je le sens!

D'ailleurs, tu m'as donné cette année (ou bien était-ce l'année dernière?...) une piste toute simple mais pourtant une révélation pour moi : « Si tu ne peux pas t'accorder 1 heure par jour de temps pour toi, autorise-toi tout de même 15 minutes, ce sera déjà un bon début » et je t'en remercierai jamais assez!

Une autre chose que tu m'avais déjà racontée et qui m'a fait beaucoup réfléchir, tu disais que tu avais peut-être travaillé un an de trop, que tu aurais pu être libéré plus vite et que si c'était à refaire... J'y ai repensé souvent à ça, au cours de l'été!

Zoreilles a dit…

@ Noémie : Oh moi aussi, je vous aime beaucoup, Hubert et toi. Je reçois toutes vos bonnes pensées au sujet de ma « libération » prochaine. Qui sait, on pourrait se voir plus souvent de l'autre côté de notre « transition », c'est pas loin, Québec! On a beau habiter à Loin-Noranda, quand on a du temps libre pis un char, t'sais? C'est ta grand-maman Rita qui serait contente que je l'amène avec moi! J'ai passé la journée avec elle aujourd'hui, pour ses courses et son épicerie, elle me fait rire des fois, on ne dirait jamais qu'elle arrive à 81 ans. Elle me racontait que le matin, elle se trouve une bonne émission à la télé et elle s'installe devant pour faire ses exercices!

Merci d'être passée en compagnie de Hubert. Gros becs majuscules à vous deux XX XX

Noémie Turbide a dit…

ah c,est certain que j'aimerais ça qu'on se voit plus souvent! Y va falloir qu'on se parle d'ailleurs, parce que hubert est tombé en amour pas juste avec la fille, mais avec la région :) Donc va falloir y retourner bientôt! On as un long congé de noël à cause des grèves (plutôt grâce aux grèves ;) ) Alors on risque d'en profiter!

Ah et ça m,a fait sourir d'imaginer grand-maman faire des exercices devant la télé XD C'est peut-être pour ca qu'elle a pas l'air d'avoir 80!!

Passe une belle journée et jvous donne pleins de becs, à toi et à toute notre belle gang :)

Zoreilles a dit…

@ Noémie : Vous viendrez « profiter de la grève » en Abitibi, ça vous consolera!

Si vous pensez toujours venir vous promener au début janvier, je serai une toute nouvelle retraitée...

Toi et ton côté « sainement belle », tu dois tenir ça de ta grand-maman! En tout cas, elle est inspirante, moi aussi je trouve. Elle est la seule au monde qui a un vélo d'exercice... et qui s'en sert régulièrement! Et ça, c'est en plus de sa technique Nadeau qu'elle fait devant la télé!

Si tu voyais « MON » lac ce matin, avec sa mince couche de glace toute neuve partout partout et le soleil qui s'y reflète comme dans un miroir... Ça me prendrait des verres fumés dans la maison!

Une belle journée à vous autres aussi!

Mijo a dit…

ça on n'en doute pas que tu ne vas te reposer sur tes lauriers et que d'autres occupations t'attendent.
Encore un peu plus d'un mois...

Zoreilles a dit…

@ Mijo : Même que je dirais... À peine un mois!

Je me sens déjà pas mal libérée... Je travaille toujours sérieusement, je fais ce qu'il faut mais mon coeur n'est tellement plus là!