

Photos 1 et 2 : Vous souvenez-vous de la semaine dernière, quand une gélinotte huppée est venue parader devant moi pour me souhaiter une bonne Saint-Valentin? Une semaine plus tard exactement, ce qui se profilait à mon horizon, dans mon champ de vision, ne déclenche pas du tout les mêmes émotions...
Les envahisseurs
La voyez-vous, la cabane à pêche? Moi, je vois juste ça. Je l'ai dans la face à la journée longue depuis hier matin. Ça me pompe l'air. C'est rien ça, vous n'avez pas entendu la réaction de Crocodile Dundee quand il est arrivé de travailler hier. Il n'en croyait pas ses yeux lui non plus. Il s'est dit des gros mots là!
Le gars s'est installé en face de nos maisons. Nous sommes quelques-uns à l'avoir dans notre champ de vision mais sa façade est tournée plus particulièrement vers chez nous, comme s'il voulait nous espionner. On se sent envahis. De là, le nom qu'on leur donne, à ce genre de monde-là.
Vous allez me dire que le lac ne nous appartient pas. C'est vrai. On en prend soin depuis 20 ans, on paie des taxes foncières faramineuses pour habiter ici, on aménage en pensant environnement et faune, on l'a quasiment dans la maison, il fait partie de notre paysage, même intérieur, mais le lac, c'est vrai, il ne nous appartient pas.
Le lac Dufault, que j'appelle affectueusement « MON » lac est la source d'approvisionnement en eau potable pour la ville de Rouyn-Noranda et les environs. Ça devrait lui conférer un certain respect. Mais c'est pas le cas. Sauf pour quelques riverains.
Mon lac a quelques rivages habités mais pas beaucoup, grâce aux lois qui y ont vu pour mettre un frein il y a 25 ans au développement anarchique qui s'est arrêté là : le chemin des Voiliers, la rue Gagnon, l'avenue des Iles, le chemin des Castors, et le chemin England. C'est tout. Sa superficie est d'environ 8 km par 4 km. VOULEZ-VOUS BIEN ME DIRE CE QUI SE PASSE ENTRE LES DEUX ZOREILLES D'UN ENVAHISSEUR QUI VIENT S'INSTALLER AVEC SA CABANE À PÊCHE EN AVANT DE CHEZ NOUS, DANS NOTRE BULLE?
Il n'y a pas de loi qui nous protège de ça, les envahisseurs. Ils ne pensent à rien du tout, surtout pas aux autres. C'est quoi, la prochaine étape? Il va venir nous emprunter une tasse de sucre? Nous demander de venir faire pipi dans notre salle de bain? Ou pire encore, faire pipi dehors sur le lac en dessinant un signe de peace and love en jaune sur la neige blanche, en nous faisant beubaille? Il va s'apporter une boîte à musique qui crache à 120 décibels et nous imposer son boum boum? Y a pas de limite à la bêtise humaine!
Le gars travaille probablement. Il viendra pêcher la fin de semaine. Mais sa cabane, on l'a dans la face toute la semaine, nous autres. Ça y en fait tu, de la peine, lui? Simonac, on est en Abitibi, un pays d'espace et de liberté. C'est bien pour dire qu'on n'est pas à l'abri de rien, nous autres non plus, surtout pas des envahisseurs.
Ça me fait penser à une anecdote. Un fait vécu, comme disait l'autre. Nos amis Bob et Marie-Claude habitent chemin des Voiliers. Sur leur terrain en pente vers le lac, il y a des petites buttes qu'ils ont laissées au naturel, avec des arbres, des bleuets, etc. Un bon soir d'août, Bob arrive de travailler, il y a un bazou dans son stationnement et il voit un homme et une femme qui cueillent des bleuets dans sa cour. Toujours cool, mon Bob, il dit : « Une belle talle, hein? ». Les envahisseurs se sentent dérangés, ils opinent du bonnet mais ne rallongent pas le discours. Ils cueillent à pleines mains les beaux fruits mûrs et sucrés. Mon Bob se reprend, toujours enclin à faire un peu d'éducation : « C'est parce que vous êtes chez nous ici, vous voyez la maison blanche... ». Alors, les deux moineaux, insultés et arrogants, lui lancent : « Le bois, c'est à tout le monde ». C'est là que Bob a perdu son calme légendaire. Il les a escortés jusqu'à leur bazou, et bon garçon, il leur a laissé les bleuets, en leur disant que pour faire des tartes, ils avaient déjà une bonne base.
« J'overeact », je le sais, mais ça m'a fait du bien de vous en parler...
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Petite note ajoutée à 14 heures : La fin de l'histoire. Ça pourrait se titrer ainsi : La fois où j'ai pété ma coche pour rien, ou bien, Le steambath de mon voisin me donne des chaleurs, ou encore, C'est en parlant qu'on se comprend.
Bref, j'arrive de la ville tout juste. En face de moi dans le stationnement de l'épicerie, il y avait mon 3e voisin, Yvan, tout content d'être heureux de me dire qu'il s'en va à la pêche à la baie James pour trois jours. Je vous raconte notre conversation :
- En tout cas, tu vas avoir du beau temps pour partir!
- Mets-en!
- Pourquoi tu vas si loin, Yvan, en avant de chez vous, y en a qui pensent qu'ils sont à Ste-Anne de la Pérade?
- Ah tu parles de la cabane brune?
- Ouais, c'est ça, celui-là qui a une belle vue sur nos maisons...
- C'est la cabane à Ti-Blanc (le voisin entre nous deux) il veut se faire un steambath avec sa cabane à pêche!
- ...???... T'es sûr de ça?
- Tu pensais toujours ben pas qu'il y avait du monde assez épais pour venir s'installer collés sur nous autres de même, en face de chez nous?
- Ah nenon nenon, je pensais rien pantoute, je disais ça de même. Bonne pêche Yvan!
J'ai pas d'ego, je viens de vous le prouver. Mais comme il me reste encore un petit peu d'orgueil, je souhaite de tout mon ♥ que mes voisins ne lisent pas mon blogue. Sinon, ma nouvelle marotte, ça deviendra : « Je me fous du ridicule » et j'essaierai de me souvenir de ce que me disait ma mère quand j'étais petite : « Quand on ne vaut pas une risée... »