
Photo 1 : La mer couleur aqua, les vagues, tantôt rugissantes, tantôt dentelles, le sable blanc, les parapas où viennent se poser les oiseaux, le vent chaud sur la peau, la musique toujours présente. Varadero...
Photo 2 : Ce sourire-là, en versions multiples et infinies, sept jours de temps, moi, c'est ben simple, j'en suis pas encore revenue! Là-bas, ils l'appelaient Feliz. Ils parlent l'espagnol avec les mots du coeur et toute leur âme, les Cubains. Parce que Feliz, ça signifie bonheur et joie.
Photo 3 : La musique est partout, elle fait partie du quotidien du peuple cubain, les musiciens et chanteurs aux repas, au resto de la plage, sur la place publique en après-midi, aux 5 à 7 dans le lobby, en soirée sur la scène près de la piscine, partout, je vous dis! Et Félixe qui réagit toujours tellement à la musique. Elle dansait tout le temps et tapait des mains. Une vraie petite Cubaine! J'ai laissé mon coeur à Varadero Depuis notre retour dans la nuit de mercredi à jeudi, j'essaie d'atterrir de ce voyage au pays du bonheur, de l'amour, de la famille, de l'amitié, de la chaleur humaine, des sourires et des câlins, de la musique et de la danse, du soleil et de la mer, ah la mer, toujours là, immense et belle, tendre ou passionnée, d'un côté, la baie Cardenas, de l'autre, l'Atlantique, si tant tellement... aqua... qu'en voyant mes photos, je retournerais sauter dans les vagues jusqu'à en perdre haleine!
Je crois que je n'arriverai pas à partager avec vous tout ce que j'ai dans le coeur en ce moment, parce que c'est trop intense, si fort, ce que j'ai vécu là-bas avec ma petite famille, mes amours, mes ancrages... Quand j'y repense pour essayer d'y mettre de l'ordre et vous le raconter avec des mots, l'émotion me submerge et les larmes me montent aux yeux. Alors, comme je ne voudrais pas tout bousiller mon rimmel...
N'empêche que réaliser ce rêve que j'avais qu'on voyage ensemble une fois dans nos vies, ça me remplit le coeur de quelque chose de grand et d'inoubliable à enfouir avec tous mes autres trésors dans mon île secrète au dedans de moi. Un gros coffre archi plein, disons. Vivre cette semaine-là, tous les cinq, partager nos repas à la même table, nos fous rires, nos tendresses, nos baignades dans la mer, nos Mojitos, se sourire comme ça pour rien, à tout moment et sans raison, parce qu'on est bien, là, tout de suite, et que la vie est belle, se savoir heureux des mêmes choses, des silences ou de la musique, des pitreries de Félixe ou de Crocodile Dundee, des complicités entre l'un et l'autre, au fil des heures et des bonheurs du jour... J'ai vraiment laissé mon coeur à Varadero!
J'irai un jour visiter Cuba. Je n'attendrai pas plus que l'an prochain probablement. Parce que je suis tombée sous le charme des Cubains et des Cubaines, heureux et généreux, souriants et chaleureux, amoureux de la vie, du monde, des enfants particulièrement et de tout ce qui donne envie de sourire et de danser. Je n'ai connu que Varadero, j'ai visité toute la péninsule et ça m'a donné le goût d'y retourner, ce sera mon port d'attache pour aller à Matanzas, à La Havane, dans les Cayos et partout où je pourrai laisser encore mon coeur, dans des petits bouts de cette île enchanteresse que je voudrais maintenant connaître.
J'ai été la première de nous cinq à aller sauter dans les vagues un après-midi. Isa et son papa prenaient du soleil et une bière froide en se racontant toutes sortes d'affaires drôles. Dominic lisait son bouquin passionnant sur le cinéma dans leur chambre, en veillant sur le dodo de Félixe. Moi, j'avais cinq ans, j'étais une enfant qui sautait dans les vagues, saoulée de mer, de rires et de larmes, le corps épuisé mais qui ne peut s'arrêter parce que la prochaine qui s'en vient est encore plus prometteuse et je m'abandonnais à la mer que j'aime, que j'aime, que j'aime, ne sachant plus si mes larmes étaient de joie pure, de peines accumulées qui s'échouaient tout à coup sur le rivage ou d'un bonheur trop intense. Mais peu importe, j'avais le sentiment d'être si vivante, seule face à moi-même, protégée de tout l'amour du monde, invincible et fragile à fois, vulnérable mais forte, heureuse comme jamais.
J'ai beaucoup joué dans le sable avec Félixe, on s'amusait tellement. Sa petite chaudière jaune et sa pelle rouge, c'était toute sa vie. J'enterrais ses petits pieds de sable, elle me regardait faire sans bouger, souriant à anticiper la suite, quand je dirais : « Sont où, tes petits pieds, Félixe? » et qu'elle les bougerait pour qu'ils apparaissent et que je dise encore : « Coucou, les petits pieds!!! ». Elle applaudissait comme si j'avais été la plus grande magicienne au monde. On riait comme des folles. On recommençait. Et on regardait les oiseaux. Félixe les voyait tous, elle n'en ratait pas un, s'exclamait « là », « là », « là », avec son index dans toutes les directions. Vraiment impressionnée qu'elle était, la Félixou, à cause des oiseaux et de la mer.
Une autre fois qu'il fallait qu'elle fasse son dodo, je l'ai amenée avec moi sous un parapas, et dans la chaise longue, je l'ai bercée en lui chantant nos chansons à nous deux, on se regardait dans les yeux, elle chantait avec moi puis s'est endormie dans mes bras, le vent soufflait doucement sur ses petits cheveux et j'ai été envahie d'une grande émotion. À ce moment précis, Isabelle et Dominic sont arrivés jusqu'à moi avec un Mojito pour que mon bonheur soit complet. J'ai même pas pleuré!
Dans le lobby extérieur du Bella Costa, j'avais mes petites habitudes de fumeuse après les repas. J'ai connu là des gens formidables, Cubains et touristes. Dominic m'accompagnait parfois. Il parle français, anglais et espagnol, comme Isabelle d'ailleurs, et moi, seulement français et anglais. Ça m'a donné le goût d'apprendre l'espagnol pour communiquer avec plus de monde. Mais déjà avec deux langues, j'ai fait connaissance avec ces deux Ontariennes sympathiques, trente ans qu'elles avaient, les filles, complètement sur la rumba, sautées comme des pop corn, elles venaient toujours à moi, je comprenais pas pourquoi mais probablement parce que j'étais bon public. Des gens de Sudbury, qui auraient pu être mes parents, un couple de Français Québécois, de St-Basile-le Grand, ils en étaient à leur 10e séjour à Cuba, très intéressants aussi. Et Marie-Diane, de Gatineau, une voyageuse exceptionnelle, un coup de foudre amical entre nous deux. Et tellement d'autres personnes qui venaient s'asseoir près de moi, m'abordant gentiment pour un brin de jasette, en français ou en anglais, des quatre coins du monde et de chez nous.
Avec Félixe, tout le monde nous parlait. Parce qu'elle faisait de la façon à tout le monde. Certains même avaient droit à ses bisous avec sa main. Elle tendait les bras à d'autres, parfois aussi, elle disait « lola » parce qu'on lui avait montré à dire « Hola » comme font tous les Cubains. Elle avait leur rythme et leur expression mais sa version toute personnelle se disait « lola ». En dernier, les membres du personnel qu'on côtoyait le plus lui disaient « lola Feliz ». Elle était contente! Elle aimait marcher toute seule, libre, alors, on la suivait, et quand elle croisait d'autres enfants dans les poussettes, elle allait vers eux pour leur faire un baise-main. Irrésistible! Félixe a conquis tous les coeurs là-bas, il y a vraiment quelque chose dans sa personnalité, son sourire et son goût du monde...
Et je ne vous ai même pas encore parlé de Ana, Yseldse, Lisselle, Beatriz, Melchor, Lucia l'infirmière, des Cubains et Cubaines au coeur d'or qui m'ont donné d'eux-mêmes, des bisous et des câlins, des tendresses infinies que je n'oublierai jamais. Il faudra que j'écrive encore une série de billets pour partager tout ça.
Voir Dominic et Isabelle si heureux, si amoureux, si complices dans la vie comme au cours de ce voyage. Et de si bons parents. Aimants, ouverts, attentifs, délicats, passionnés, curieux, soucieux du bonheur d'être et de vivre, l'un pour l'autre, pour leur petite aussi, une jeune famille si unie et ouverte sur le monde.
À Varadero, où j'ai laissé mon coeur, j'ai compris et vécu mille choses. Des petites comme des grandes. De celles qui bercent les endormissements dans la douceur, les moments de silence, les accords de guitare joués nonchalamment, les soirs d'hiver, et tous mes prochains cafés du samedi matin, les yeux perdus dans l'horizon, le sourire aux lèvres, l'âme à la tendresse.
J'aurais voulu vous parler du Tropicana, de ma visite de la péninsule, de nos déplacements en calèche avec les chevaux, de notre marche au centre-ville et de mon magasinage éclair de 15 minutes au marché public des artisans du Calle 46, des Pina colada de fin de journée sur le balcon de nos chambres voisines, à s'envelopper les conversations des couchers de soleil enflammés sur la mer devant nous, du bon rhum vieux de 7 ans que Dominic m'a fait goûter un soir, de voir Isabelle épanouie et magnifique dans sa robe rouge de La Havane, l'entendre raconter son bonheur d'avoir chanté un soir avec les musiciens d'un bar de La Havane, de Crocodile Dundee qui faisait crouler de rire Dominic et nous aussi, en ramenant tout à son univers de forêt ou son métier de menuisier, ses théories uniques et terre à terre, son mélange de français anglais espagnol, lui qui parle uniquement le québécois coloré, de mon inspection personnelle des services de santé cubains qui sont réputés dans le monde entier. C'est vrai, je peux vous l'assurer. Je l'ai testé. Et l'intoxication alimentaire dont a été victime Crocodile Dundee vers la moitié du voyage et jusqu'à la fin, ce qui lui a gâché le voyage à lui mais pas à nous, bref, j'aurais voulu, j'aurais aimé, j'aurais souhaité, j'ai essayé mais j'en suis encore incapable, que voulez-vous, j'ai laissé mon coeur à Varadero...