Photo 1 : L'Halloween se préparait chez nous longtemps à l'avance et il s'agissait toujours d'une fête joyeuse, colorée, fantaisiste et... sucrée! Photo 2 : Cette année-là, Isabelle tenait à se déguiser en clown. Dans son imaginaire et sa créativité qui bouillonnaient depuis des semaines avant le jour J, elle s'amusait beaucoup tout en ne prenait rien à la légère. Plusieurs déguisements et personnages s'ébauchaient, devenaient possibles en mélangeant divers éléments de sa grande malle aux costumes, il suffisait d'y ajouter de la couleur, des gros boutons, un accessoire, une perruque, un chapeau et le maquillage qu'elle tenait à faire elle-même!
Photo 3 : L'année où elle a voulu incarner la schtroumphette à tout prix. En fin de semaine dernière, elle me disait qu'elle ne se souvenait plus des détails de son année schtroumphette, alors, je lui ai dit que j'avais une preuve de ça. La voilà!
D'aussi loin que je me souvienne, la fête de l'Halloween a toujours représenté pour moi l'occasion la plus festive de toute l'année. Sans obligation, elle laissait toute la place à ce qu'on avait de créativité, de sociabilité, de fantaisie, d'amitié et il me semblait que tout le monde devenait plus permissif, tant à l'école qu'à la maison. Et ce qui ne gâchait rien non plus, c'était qu'on avait droit à toutes les sortes de friandises qu'on récoltait, on gérait notre capital comme on voulait, on pouvait partager, faire des échanges, classer notre butin par ordre de préférence, on vivait dans l'abondance jusqu'à l'arrivée du catalogue de Noël qui nous donnait d'autres occasions de rêver!
À Matagami, on en avait aussi pour des semaines à l'avance à planifier notre déguisement. Certains gardaient le secret, d'autres le divulguaient au plus vite pour ne pas se faire voler leur idée. C'était mon cas. Mais malgré tout, je me faisais souvent voler mon idée!!! Aussi, il fallait faire nos invitations pour l'Halloween parce que c'était une chose trop importante pour être bâclée à la dernière minute. Il s'agissait d'être un bon petit groupe mais pas trop gros, question stratégie, vous le comprendrez. La phrase la plus douce à notre oreille à ce moment-là était celle-ci : « Veux-tu courir l'Halloween avec moi? »
Avec mes cousines et quelques amis, on croyait bien faire en débutant notre soirée à l'autre bout de la ville, là où il y avait les grosses maisons de riches des boss des mines où nos pères travaillaient. Là, ils nous donneraient sûrement des « palettes » de chocolat ou des paquets de gomme au complet, ils en avaient les moyens et puis, comme on avait entendu dire que l'Halloween était une fête anglaise, on se disait qu'ils devaient fêter ça en grand... On se gardait les rues Rupert, Eastmain, Nottaway, Allard, de la Savane, etc. pour la fin, étant donné qu'on se rapprochait de chez nous et qu'on savait qu'on y récolterait seulement des « kiss », des suçons verts ou jaunes, des bonbons qu'on n'aimait pas trop. On se trompait royalement. Après avoir gaspillé le meilleur de notre Halloween dans les rues des boss où il n'y avait ni lumières ni ambiance et où l'on ne répondait même pas à la porte, on se rendait vite compte que c'était là où il y avait le plus d'enfants qu'on était aussi le plus généreux!
Sûrement que j'ai tellement aimé cette fête que j'ai transmis à Isabelle le goût de la célébrer avec enthousiasme. Son anniversaire arrive juste après l'Halloween, alors, quand elle avait 11 3/4 mois, nous l'avions déguisée en petite autochtone et comme elle marchait déjà solide, elle se promenait dans nos décors en criant de joie et se garrochait à la porte dès qu'elle entendait frapper. Elle voulait donner des bises à tout le monde, sauf les monstres, et nous nous occupions de donner les bonbons. Après ça, elle a toujours su exactement comment elle voulait se déguiser, célébrer cette fête, nous n'étions, son père et moi, que les accompagnateurs qui rendaient la chose possible...
La fin de semaine dernière, on jasait tout bonnement de ça, en s'en allant au campe, Isa, Dom et moi, en allant rejoindre Crocodile Dundee. J'étais scandalisée d'avoir vu dans un dépliant publicitaire une centaine de déguisements pour enfants, dont les prix variaient entre 50 $ et 100 $ et d'ailleurs, je voyais dans ces déguisements achetés quelques dangers : cette fête était devenue trop commerciale, on tuait la créativité et l'imaginaire des enfants, on leur faisait croire que tout s'achète, sinon, on s'en passe, et pire encore, les modèles proposés aux gars comme aux filles étaient tellement clichés qu'ils me désolaient.
C'est alors que Dominic nous a raconté des souvenirs très précieux de ses Halloween d'enfant. Il était trop petit pour dire comme il faut le mot Superman qu'il déformait toujours en Supernam mais il tenait mordicus à incarner le personnage. (Lui aussi, c'est un petit bonhomme qui a probablement toujours su ce qu'il voulait!...) et comme ses parents lui avaient aidé à préparer son costume de Supernam, il avait très hâte de le porter. Le soir de l'Halloween, il faisait froid, alors ils ont voulu lui faire porter un habit de neige en dessous. Pas question. Non négociable qu'il était le petit Dominic. C'est là que son père au eu une idée géniale, il lui a dit que bien bourré en dessous de son costume, Supernam aurait l'air bien plus musclé, un Supernam gonflé à bloc. Ça a marché, Dominic en rit encore et il m'a promis de me montrer la photo!
Isabelle se souvenait, quant à elle, de son année préférée, celle où elle s'était déguisée en femme d'affaires, probablement influencée par ma vie professionnelle de l'époque. Se trouver des vêtements sobres et de bon ton ne lui avait pas été difficile, se coiffer non plus, se maquiller en madame, trouver une petite valise avec des documents et imiter l'accent du personnage non plus mais elle trouvait qu'il lui manquait quelque chose... Un accessoire qui ferait la différence... Que si elle avait des cartes d'affaires, elle pourrait entrer en communication très facilement avec les gens... Juste avant qu'elle parte pour l'école, je lui ai fabriqué en catastrophe une cinquantaine de cartes d'affaires, à son nom, utilisant l'ordinateur, l'imprimante, la photocopieuse, c'était facile, j'avais aussi mon bureau à la maison dans ce temps-là. Ce fut l'accessoire magique qui donna vie et crédibilité à son personnage!
Au fond, notre discussion sur l'Halloween avait commencé quand je suis allée les chercher chez eux pour qu'on descende ensemble à Rapide Deux. Sur le buffet dans l'entrée, j'ai vu qu'ils ont déjà préparé des sacs avec des friandises dans un grand panier en osier et ils commencent à installer les décors d'automne partout dans la maison. À plus de six mois de grossesse pour Isa, ils n'iront pas dans des fêtes costumées organisées en ville mais ils ont prévu une fête à la maison, avec plein d'amis(es) dont quelques-uns qui ont déjà des petits bébés. Isabelle a inventé un potage absolument délicieux à la citrouille et Dominic ira de quelque chose de très festif lui aussi, je n'ai pas le moindre doute.
Si le sens de la fête et le goût de s'amuser sont des vertus qui se transmettent, je crois que la petite Félixe héritera sûrement de quelque chose! Je sais que ses parents ne seraient tellement pas du genre à lui acheter un déguisement du magasin alors, je me réjouis que cette fête, encore aujourd'hui, prenne pour certains des allures de préparatifs enjoués, de rencontres amicales et d'explosions de joie, d'invention et de créativité.
Et en dernière heure, au moment de terminer ce billet, je viens de répondre au téléphone. C'était Isa. Elle me fait deux invitations : d'abord, la première, me demandant d'aller la rejoindre dans une heure pour qu'on lunche ensemble, c'est qu'elle voudrait qu'on colore aujourd'hui les espaces blancs de nos agendas (elle me lit parfois) et deuxièmement, son père et moi faisons partie de ceux qui sont invités à aller passer chez eux la journée et la soirée de l'Halloween 2008. Non mais, vous en conviendrez, je peux bien aimer l'Halloween!