
Photo 1, le feu alimenté par mon frère, qui ne m'en voudra pas, j'espère, j'ai recadré jusqu'à ce qu'on ne voit plus que lui, son geste surtout, parce qu'il me fallait bien illustrer mon propos. La photo 2 vous montre ce qui s'offrait à ma vue de l'autre côté, avec cette lune pleine et généreuse qu'on devinait entre les arbres, avant de la voir très haut dans le ciel, samedi soir dernier, au camp de mon autre frère, à Rapide Deux, à un kilomètre du nôtre. Et j'aurais bien voulu vous montrer ce ciel étoilé d'abondance que ma petite caméra n'a pas pu capter mais que mes yeux ont contemplé entre deux instants d'un bonheur tout simple. Pas d'idée à expliquer ou défendre aujourd'hui. Trop besoin de m'en tenir à quelque chose de doux et de bon pour l'âme. Mais besoin d'écrire quand même. Malgré la tête et le coeur en février.
Donc, je vous raconterai tout bonnement ma fin de semaine, c'est ce qu'on fait quand on revient travailler en début de semaine, non? Puisque je travaille toute seule, vous voulez bien être mes collègues ce matin?
Vendredi matin, je constate avec bonheur que rien ne semble se dessiner d'urgent pour moi et que je viens officiellement de me retrouver en congé pour trois jours. Cette avance me procure déjà la sensation exceptionnelle d'une liberté si chère à mon coeur. Avec Crocodile Dundee, on décide de s'en aller tout de suite à notre camp et je prépare dans l'enthousiasme nos petits baluchons, sors de la bouffe du congélo et quelques bricoles. Surtout, ne pas oublier le vin, une bonne bouteille d'Afrique du sud à faire découvrir et partager avec Joce et Guylaine qui viendront nous rejoindre demain, avec Jean-Mi, secondaire 2, qui débute sa semaine de relâche, Noémie, secondaire 5, étant en voyage d'études en Équateur, la chanceuse!
Est-ce que Yves viendra aussi à son camp, demain? Oui, il y sera, c'est confirmé, dès que Louis-Vincent, secondaire 2, aura terminé son implication avec son équipe de hockey. On soupera tous ensemble, la famille presqu'au complet, réunie dans la forêt! D'ailleurs, on nous annonce un temps superbe et c'est ce qu'on aura. Soleil mur à mur le jour, nuit étoilée, ciel clair et lune pleine, température exceptionnelle.
Le téléphone sonne. Ah non, pas une urgence au travail... Fiou, c'est notre fille, Isa! Elle aimerait qu'on aille la rejoindre à 9 h 30, au resto qu'elle suggère, qu'on déjeune ensemble (à cette heure-là, nous, ça fait longtemps qu'on a digéré le nôtre) et c'est avec plaisir qu'on accepte. Autre petit bonheur, elle arrive avec Dominic. Bisous, câlins, on s'attable tous les quatre et ce déjeuner s'avère très animé avec tout ce qu'on a à se raconter, comme toujours. Ils ont un projet d'achat d'un triplex, ils vont le visiter tout à l'heure, ils ont besoin d'en jaser avec Crocodile Dundee, en tant que Papa mais aussi en tant que menuisier d'expérience qui en a vu d'autres. Et toi, Maman, qu'est-ce que t'en penses?
On arrive au camp en début d'après-midi. Quel soleil aveuglant sur cette neige si blanche. On fait un bon feu qui réchauffera le camp pendant qu'on va faire le tour des sentiers en motoneige. Est-ce que les lynx sont venus? Oui, il y a tellement de lièvres. Les pistes dans la neige nous dévoilent bien des histoires de vie et de mort, de survie surtout. Les martres se sont servies à bouffer dans les cabanes que Crocodile Dundee met à leur disposition avec des « lunches gratisssses » comme il dit et les loutres entrent et sortent aux abords des ruisseaux, on peut voir leurs glissades, c'est drôle de les imaginer. Un loup rôde dans le secteur, un esseulé, on l'appele un loup franc, est-ce que ça expliquerait qu'on ne voit plus de pistes d'orignal?
Retour au camp à la tombée du jour. Il fait chaud maintenant, ça va. Nos pies viennent nous accueillir, l'air de dire : « Et nous, on a faim aussi! » alors pendant que je réchauffe notre souper, Crocodile Dundee leur donne des miettes de pain, la sorte qu'il aime moins, mon préféré. Je trouve qu'elles ont un traitement royal. On en rit, chacun pour des raisons différentes. Dans la soirée, il essaie d'écouter le match de hockey à la radio mais le sommeil nous gagne, je n'arrive pas à me concentrer pour lire moi non plus. On s'abandonne sans trop s'en rendre compte dans les bras de Morphée.
Samedi matin, soleil radieux, les pies virevoltent avec impatience autour des fenêtres. Elles sont insatiables, vraiment. Vite, la cafetière bloup bloup, une bûche dans le poêle, est-ce que tu m'as laissé une tranche de pain ou deux, Croco? À dix heures, on a rendez-vous au barrage (de Rapide Deux) où l'on va chercher notre belle visite. On lunche vers midi, avec tout notre butin mélangé, offert et partagé au milieu de la table, on rit, on se raconte plein d'affaires, avez-vous des nouvelles de Noémie depuis son arrivée en Équateur? Non mais on espère en avoir bientôt et là, on a hâte d'aller marcher en forêt, on n'aura même pas besoin de raquettes, on marchera tout l'après-midi dans les sentiers, en passant par les anciennes écuries et jusqu'à ma petite maison dans les arbres, dans la « swamp aux atocas », en se poussant dans la neige, en changeant de place dans la file indienne, pour jaser avec l'un, avec l'autre, avec des arrêts fréquents juste pour le fun, à chaque fois qu'il y aura quelque chose à voir, à comprendre ou à photographier.
Fin de l'après-midi, on est de retour à notre camp. Louis-Vincent arrive en motoneige. Yves nous attend à son camp qu'on avait réchauffé le matin. Ça y est, on va tous se rejoindre, j'apporte le souper, c'était convenu. Joce et Guylaine veulent aussi nous faire découvrir un nouveau vin. Décidément, on aime les découvertes! Les cousins du même âge s'amusent, leur complicité est évidente, ça m'étonnerait qu'ils parlent de leur secondaire 2... L'un joue au hockey, l'autre au basket, il a une nouvelle blonde et ils partagent la même motoneige, la conduisant chacun leur tour.
Dans notre famille, un point commun : ben de la jasette! On est juste sept autour de la table mais on dirait qu'on est vingt-sept. Pendant qu'on déguste nos verres de vin, les ados vont commencer le feu dehors. Bonne idée. Je sors aussi en griller une, Guylaine m'accompagne, on trouve que les gars ont l'air d'enregistrer l'émission 110 %, le hockey prend toute la place dans leur conversation, ça nous fait rire un peu mais on les fuit, nous, on s'en va admirer les étoiles. Wow!
Les gars du 110 % viennent nous rejoindre. En fait, ils continuent leur émission mais dehors. La soirée va se passer comme ça, à regarder la lune et les étoiles, autour du feu, celui qui rassemble, celui qu'on alimente sans cesse parce qu'on ne veut pas qu'il tombe sur la braise, celui qu'on entretient, qu'on ne veut jamais laisser mourir parce qu'on ne veut pas aller se coucher. Il y a des nuits qu'on voudrait éternelles. On ne l'a pas dit mais je suis certaine qu'on y a tous pensé à un moment ou à un autre de la soirée : Et Papa, c'est laquelle de ces étoiles, tu crois?
On a veillé tard, la lune était trop belle. On s'est levé tôt, dimanche matin, le soleil était trop radieux. On a fait tout et rien, on a juste passé du bon temps ensemble et comme un bonheur n'arrive jamais seul, au retour, il y avait un courriel de Noémie, directement de l'Équateur. Dans chacun de ses mots, écrits sur un clavier espagnol qui n'a pas nos accents, on a reconnu son amour de la vie, son émerveillement face à tout, à d'autres contrées et d'autres gens avec une culture différente, ouverte à apprendre tout ce qui peut la rendre meilleure, tout en gardant un esprit critique. Et son carnet de voyage compte déjà 5 pages bien remplies, qu'elle nous dit, elle veut tout noter, ne rien oublier. Elle nous les fera partager à son retour, elle l'a promis!
Et si c'était ça, la vie?