
« L'espérance n'est pas un leurre, c'est le pouvoir de rêver grand. » (En hommage à mes quatre grands-parents Madelinots venus s'établir ici, en Abitibi-Témiscamingue, en 1941 et 1942).
mardi 30 octobre 2007
MON Festival du cinéma

jeudi 25 octobre 2007
Comme l'eau vive
jeudi 18 octobre 2007
Le concours de rédaction

Cette photo a toujours été ma préférée, je ne saurais vous dire pourquoi et ce n'est pourtant pas parce qu'on y est à notre avantage! Nous ne trouvons plus l'original mais elle avait fait partie des 50 photos agrandies qui ont servi de décor et de thème lorsque nous avons célébré, en 2001, le 50e anniversaire de mariage de nos parents. Alors, elle fait partie du grand livre souvenir que nous leur avons offert et qui nous fait crouler de rire à chaque fois qu'on le revoit. Très égoïstement, je publie ce récit, pour ne jamais l'oublier. Je veux l'illustrer avec cette photo, chronologiquement la plus proche, parce que l'histoire s'est passée environ 18 mois plus tard. Entre temps, nous étions déménagés de la rue Rupert à la rue Allard, Papa avait eu enfin « un loyer de la mine » et Grand-Maman était venue habiter avec nous à la mort de Grand-Papa. À partir de là, notre famille s'est agrandie, nous n'étions plus 5 mais 6... J'ai emprunté à Maman la semaine dernière son beau grand livre pour numériser cette vieille photo à laquelle je tiens tant et nous en avons profité pour faire ensemble un survol de tous ses albums. Un beau moment... qui s'est prolongé évidemment, nous sommes toutes deux passionnées de photos, des histoires, de la famille, des amis, de la vie. Ce texte qui suit, je l'ai retrouvé dernièrement et j'ai compris tant de choses à le lire avec 11 ans de recul, puisque je l'ai écrit en 1996. Je ne m'excuserai pas qu'il soit si long, vous m'avez appris à ne plus faire ça. Mais j'aime quand même mieux vous avertir... Aussi, il s'agit du dernier de la « trilogie de Matagami », je reviendrai dans notre siècle dès la semaine prochaine! Le concours de rédaction La maîtresse avait été claire et précise : Nous DEVIONS participer au concours organisé par la Matagami Lake Mines! Afin que personne ne discute, elle avait ajouté que cette rédaction-là allait faire figure d'examen pour notre bulletin de Noël, à la ligne rédaction de la section français écrit. Elle avait spécifié qu'un jury proclamerait le 20 décembre un gagnant pour le premier cycle, le concours de dessin, et un autre pour le deuxième cycle, le concours de rédaction. Le titre et le sujet imposés pour tous? « Le travail de mon père ». Le prix à gagner? 10 $, une véritable fortune quand on a 11 ans! Moi qui ne disais jamais un mot en classe, j'avais tout à coup mille questions à poser et ne m'en privais plus tellement ça bouillonnait déjà dans mon cerveau. « Madame, est-ce qu'on prendra en considération le fait que nous sommes en 5e année ou nous juger au même titre que les grands de 7e année? », « Les membres du jury sont-ils conscients de notre différence d'âge? » et encore, « Est-ce que les 10 $ nous seront remis à nous ou seront-ils ajoutés aux salaires de notre père? ». Ces questions qui me semblent aujourd'hui bien anodines s'avéraient à cette époque d'une importance capitale et tous les élèves s'attendaient, comme moi, à des réponses tout aussi claires et précises que le mandat qui nous était confié l'exigeait. À Matagami, notre petite ville minière, tout était à faire. L'école Galinée était neuve et moderne. La ville avait poussé comme un champignon quelques années auparavant à mesure que les mineurs y établissaient leur famille. La Matagami Lake Mines, la Orchan Mines et la New Hosco Mines employaient tous nos pères. Oui, nous étions tous et toutes des fils et des filles de mineurs, alors, je me disais que nous étions tous égaux au concours de rédaction. J'avais quand même quelques doutes sur mes chances parce que, même s'il était le meilleur père au monde, qu'il recevait souvent le « top bonus » et que ses compagnons de travail lui reconnaissaient des qualités de « leader », mon père n'était quand même pas « shift boss » ou capitaine et, pire encore, il travaillait à la Orchan Mines, concurrente principale de la Matagami Lake Mines, celle qui organisait le concours. Je ne m'inquiétais pas du tout de la note que j'aurais à mon bulletin mais l'objectif ultime pour moi, dès cet instant, devenait une vraie mission : remporter ce concours pour que tout le monde sache que mon père était le meilleur mineur, toutes mines confondues, que Maman soit fière de moi parce que comme elle, j'allais me servir de l'écriture à des motifs louables et que la preuve en serait faite le jour de sa fête, le 20 décembre. Le prix de 10 $ ne paraissait plus à mes yeux qu'une reconnaissance de seconde importance. J'allais écrire pour l'honneur et le faire avec vaillance, ne laissant rien au hasard, besognant sans relâche, peaufinant chaque mot, chaque phrase, sachant que le succès n'arrive qu'après des efforts acharnés... J'entrepris donc d'interviewer Papa au souper sur son travail. Pour commencer, il me dit qu'il travaillait dans les « stopes », il me parlait de « long holes », du « hoist man » et de tout ce qui le passionnait. J'avais un problème! Le langage de nos pères dans leur travail quotidien était incontestablement l'anglais. La loi alors non écrite de la langue de travail s'inscrivait automatiquement comme étant l'anglais dans l'esprit des anglophones qui dirigeaient ces mines et, plus insidieusement encore, dans la tête des francophones qui voulaient y obtenir du travail, un droit de parole ou des conditions sécuritaires. En classe, durant la période prévue à cet effet, on se défonçait littéralement au travail dans un silence relatif où l'on entendait quand même des bruits de feuilles froissées, les sons délicats des crayons à mine (tout à fait de circonstance) et des effaces sur les brouillons, entremêlés des gros soupirs qui fusaient ça et là, entre deux coups de manivelle de l'aiguisoire qui nous donnait parfois un second souffle. À tous les soupers où Papa était présent, c'est-à-dire quand il travaillait de 8 à 4, la conversation à table tournait inévitablement autour du travail des mineurs, ces hommes à l'âme fière et au coeur vaillant, que j'imaginais tous comme lui. J'avais demandé à Maman et Grand-Maman de m'aider à la rédaction parce qu'elles étaient à l'aise avec la plume, étant toutes deux d'anciennes maîtresses d'école. Grand-Maman avait hésité un instant mais Maman avait tranché : « Jamais de la vie! ». Me sentant abandonnée, laissée seule à moi-même, j'avais demandé pourquoi et Maman avait répondu que si je gagnais le concours avec de l'aide, j'allais toujours douter que ce n'était pas réellement moi qui avais gagné et ainsi, je n'allais pas être fière de moi mais d'elles. Alors, dans un de ses élans de fougue et de passion, elle s'était mise à nous parler du droit d'auteur, de la propriété intellectuelle, de la puissance des mots, de la beauté et de la complexité de la langue française, du respect que l'on doit porter à notre langue, notre culture, etc. Papa l'admirait et l'écoutait tout sourire quand elle partait comme ça dans de grandes envolées oratoires. Je ne comprenais pas tout mais je pressentais, à tout le moins, qu'il s'agissait là de quelque chose de fondamental, en tout cas, chez nous! Grand-Maman avait jugé bon après le souper de venir interrompre mon travail pour me proposer quelque chose de bien prometteur. De sa voix toute en douceur, elle avait suggéré qu'en plus de travailler, travailler et encore travailler sur mon texte, je pourrais dire mon Notre Père tous les soirs jusqu'au 20 décembre, en y pensant très très fort et que là, je mettrais toutes les chances de mon côté. Le lendemain, en arrivant de l'école, j'ai remarqué que Maman avait déposé sur la table du salon, bien en vue, notre nouveau dictionnaire anglais-français qu'elle avait acheté le jour même au Hudson's Bay. Il paraît qu'il y en avait juste un. Elle m'avait mentionné la chose négligemment mais je comprenais que cet outil qu'elle venait de mettre à ma disposition était le maximum qu'elle pouvait faire dans les circonstances. J'avais pris ce geste comme un encouragement sincère, attentionné et cette leçon de vie a porté fruit depuis. Le mois de décembre s'écoulait beaucoup trop rapidement et chaque jour, nous avions une période en classe pour travailler à notre rédaction. J'étais la seule, je crois, qui continuais à y travailler chez moi tous les soirs et je m'endormais souvent avec des images de mines et de mineurs, tout de suite après avoir récité un Notre Père bien senti, parfois même deux ou trois. Pour mes amis de la classe, ce concours ne faisait plus partie des préoccupations quotidiennes parce que les fêtes de Noël et du Jour de l'An approchaient et prenaient toute la place. On parlait des cadeaux de Noël, de visites attendues, de retrouvailles avec nos cousins, cousines et de tout ce qui nous faisait rêver. J'étais dans un autre univers avec mes textes à travailler, mon dictionnaire anglais-français et mes Notre Père. Déjà, l'écriture me marginalisait un peu quand je m'y abandonnais... À la date limite où nous devions remettre notre rédaction, comme tous mes amis, j'avais soigné mon écriture, vérifié une dernière fois l'orthographe et c'en était fait de ma participation. Advienne que pourra! Au retour de l'école ce jour-là, Maman m'avait demandé si je ressentais quelque chose comme une fierté, une sérénité, une sorte de joie. J'avais dit oui. Elle m'avait dit que cela s'appelait « la satisfaction du travail bien fait » et qu'en ce sens, j'avais déjà gagné. Pour ma part, j'étais plutôt étonnée qu'elle se souvienne qu'on était à la date limite. J'avais une drôle de mère et je le savais bien! Pendant les quelques jours qui restaient avant de connaître les noms des gagnants, j'oubliais parfois pour quelques minutes le concours de rédaction. J'avais quand même ouvert un compte de banque au cas où j'aurais à échanger un chèque! Je flânais après l'école chez Nell's Sundries et Hudson's Bay pour trouver de jolies choses à acheter si jamais je recevais un montant d'argent. Mon texte étant remis, il me restait toujours la possibilité de continuer à dire mes Notre Père, je ne prenais aucune chance! J'avais la conviction profonde, la foi inébranlable et la confiance absolue de mes 11 ans. Le jour J arriva enfin. Je m'étais levée plus à bonne heure pour préparer le déjeuner de Maman et lui souhaiter un joyeux anniversaire. Mes petits frères m'avaient aidée à transporter jusqu'à sa chambre le jus et les rôties et nous lui avions chanté ensemble la chanson de circonstance. Tout était parfait. Papa travaillait de 8 à 4, il serait donc avec nous au souper. J'avais revêtu ma plus belle robe parce que j'allais peut-être devoir rencontrer les grands « boss » de la Matagami Lake Mines dans le bureau du directeur. Vraiment, un parfait 20 décembre! Après la récré de l'après-midi, quand tout le monde fut bien installé à son pupitre, j'avais un trac fou. Nous étions tous fébriles, même la maîtresse. Le directeur ouvrit l'intercom et prit la parole, mais là, je suis certaine d'en avoir perdu des bouts. Il a annoncé le gagnant du concours de dessin du premier cycle et nous a expliqué que les membres du jury avaient décidé de désigner deux gagnants au lieu d'un seul, pour le deuxième cycle, à cause de la différence d'âge des participants. Il a annoncé qu'il y aurait alors deux prix de 10 $ décernés à chacun des deux gagnants du deuxième cycle. Pour le reste, je me souviens parfaitement de ses paroles... « Dans la classe de 7e année, le gagnant est Claude P....... ». Après une petite pause pour nous permettre d'applaudir, il continua : « L'autre gagnante du deuxième cycle est une élève de 5e année, Francine T....... » et j'étais debout avant même qu'il ait fini de prononcer mon nom, je m'étais reconnue avant, il me semblait que c'est à moi qu'il s'adressait, Monsieur le directeur! Sous les applaudissements chaleureux de la classe de 5e année et des autres classes dont les portes s'étaient ouvertes pour voir passer les gagnants qui se dirigeaient vers le bureau du directeur, j'imaginais déjà la réaction de Papa, Maman, Grand-Maman et les petits à qui j'offrirais des cadeaux. C'était la première fois que je voyais en personne le directeur de l'école Galinée. Jusque là, il n'était qu'une voix sans visage, la voix de l'intercom. Derrière sa porte toujours close, je l'avais imaginé grand, austère et chauve alors que là, je constatais qu'au milieu des représentants de la Matagami Lake Mines, il était petit et plutôt sympathique. Ils nous ont serré la main à tour de rôle et nous ont remis à chacun un chèque de 10 $. Ces grands messieurs en complet foncé m'impressionnaient beaucoup mais malgré tout, quand ils nous ont demandé dans quelle mine nos pères travaillaient, le grand Claude de la 7e année et moi avons répondu haut et fort, à l'unisson : « À la Orchan Mines! », ce qui les a bien fait sourire. De retour dans ma classe, on a recommencé à m'applaudir. Tout le monde voulait voir mon chèque. La maîtresse m'a demandé ce que j'allais faire de tout cet argent. En m'entendant défiler la liste de tous mes achats imminents, elle a pu se rendre compte que j'y avais beaucoup réfléchi, alors elle m'a dit : « Je vais te donner ton bulletin tout de suite et tu pourras partir en congé avant les autres, si tu veux arriver à la banque avant que ça ferme ». Elle comprenait vraiment tout, notre maîtresse. Je suis sortie de l'école toute seule en ce 20 décembre inoubliable. Entre l'école Galinée et la succursale de l'unique banque de Matagami, tout le monde me souriait... Sur le bout des pieds, j'ai tendu mon chèque et mon livret à la caissière, assez fièrement, je dois le dire. « Je veux déposer 3 $ et en garder 7 $ s'il-vous-plaît ». Dehors, il neigeait de beaux gros flocons bien dodus et Matagami était le plus bel endroit au monde. Mon bonheur immense n'avait d'égal que la splendeur de ces grands espaces qui nous appartenaient et la bonne étoile qui me guidait. Quelle chance j'avais dans la vie... Chez Hudson's Bay, j'ai acheté le chandelier de Noël qui allait être mon cadeau à Papa et Maman. Grand-Maman aurait des jolis savon avec de la poudre Chantilly. Chez Nell's Sundries, j'avais choisi à chacun de mes petits frères une voiture Matchbox, une de police et une de pompier, pour que ce soit juste et qu'ils puissent jouer ensemble. Pour moi, j'achetais ce disque 45 tours de Jenny Rock. Pour les sous qui restaient, j'avais acheté un plein sac de bonbons mélangés à partager avec les petits. Ployant sous le poids de tous ces trésors en m'en revenant à la maison toute seule, je flottais dans ce paysage de village minier, au nord du nord, là où il peut faire si beau parfois, où le ciel est plus haut qu'ailleurs, où l'on s'enracine de manière si profonde jusqu'au ventre en or de cette Terre en sol mineur qui permettait qu'une petite fille dont le père travaillait à la Orchan Mines puisse être récompensée par la Matagami Lake Mines. Ce monde extraordinaire s'avérait aussi empreint de vraie justice, d'une noblesse de l'âme assez répandue qui avait le don de m'émouvoir. Arrivée à la maison avant l'heure, j'avais les bras chargés de cadeaux mais surtout, le coeur débordant d'émotions de toutes sortes. Maman a tout de suite su. Grand-Maman voulait que je raconte tout en détails. Les petits sautaient partout avec les bonbons et les voiturettes neuves. Maman ne disait rien, elle m'écoutait raconter. Je crois qu'elle aurait aimé dire quelque chose mais elle en était incapable. Je venais de comprendre ma mère et l'importance qu'elle accordait aux mots, spécialement à ceux qu'on doit écrire parce qu'on n'arrive pas à les dire. Quand Papa est arrivé de la mine, il y avait un joyeux comité d'accueil dans l'entrée. Son sourire était encore plus large que d'habitude et ses yeux étaient d'un bleu plus foncé, plus brillant. Il riait sans arrêt en essayant de nous écouter tous à la fois, avec nos cadeaux, nos éclats de voix et nos rires, les bonbons qu'on lui offrait, mon livret de banque que je lui tendais comme une preuve irréfutable, etc. C'est là que Grand-Maman a dit qu'il fallait penser à remercier Notre Père. C'est pourtant vrai, j'avais oublié! Le travail de mon père qu'on appelait mineur venait de prendre une importance majeure et j'en étais tellement fière. J'avais appris aussi que les « stopes » s'appelaient en réalité des chantiers d'abattage et Papa allait me faire l'honneur par la suite de se reprendre en français chaque fois qu'il en ferait mention, en me lançant, bien entendu, un clin d'oeil complice, fier et attendri.
lundi 15 octobre 2007
Si je savais peindre... je n'écrirais pas!
samedi 13 octobre 2007
Mon éducation sexuelle... au nord du nord

Cette photo a été prise en mars 1965 comme on peut le voir dans la bordure à droite. Cela m'indique que nous n'habitions pas sur la rue Rupert depuis longtemps, c'était notre premier hiver à Matagami. D'ailleurs, s'il y avait moins de neige, on pourrait voir que notre roulotte n'était probablement pas encore cédoppée. Vous me reconnaissez à droite? J'ai 7 ans et 3/4, mon frère Yves, presque 3 ans, bébé Jocelyn a 10 mois, dans les bras de notre Maman de 34 ans. Ce qui ne se voit pas sur la photo, c'est que je suis en train de vivre mes derniers jours d'innocence...
jeudi 11 octobre 2007
Le printemps de mes 10 ans

jeudi 4 octobre 2007
La fièvre de l'automne chez nous


La première photo, je l'ai prise à l'été 2006, en cette saison où une très jeune femelle orignal et son petit tout fragile avaient presque passé l'été près de notre camp. J'en ai parlé abondamment dans des billets précédents. Les deux autres photos ne sont pas de moi, je n'en connais pas les auteurs, malheureusement, elles font partie de ma collection personnelle, puisqu'on sait que je suis fascinée, émerveillée par ces « magnifiques bestioles » et qu'on m'en envoie très souvent, plus spectaculaires les unes que les autres. C'est ce que Crocodile Dundee appelle « de la pornographie pour chasseurs » parce que mes photos font fantasmer bien du monde, surtout ces jours-ci.
lundi 1 octobre 2007
Nounours en détresse, suite et fin
